Pages

samedi 22 mars 2008

Vaut-il la peine de prendre au sérieux ce qui ne l'est pas?

Voilà l'histoire précise du fou de Kundera. Quand j'y pense, c'est bien la première chose que j'ai lu de lui, puis je l'ai lu pas mal hormis ses essais un peu lourd sur le roman!

"Suppose que tu rencontres un fou qui affirme qu'il est un poisson et que nous sommes tous des poissons. Vas-tu de disputer avec lui? Vas-tu te déhabiller devant lui pour lui montrer que tu n'as pas de nageoires? Vas-tu dire en face ce que tu penses?"

Son frère se taisait, et Édouard poursuivit:"Si tu ne lui disais que la vérité, que ce que tu penses vraiment de lui, ça voudrait dire que tu consens à avoir une discussion sérieuse avec un fou et que tu es toi-même fou. C'est exactement la même chose avec le monde qui nous entoure. Si tu t'obstinais à lui dire la vérité en face, ça voudrait dire que tu le prends au sérieux. Et prendre au sérieux quelque chose d'aussi peu sérieux, c'est perdre soi-même tout son sérieux. Moi, je dois mentir pour ne pas prendre au sérieux des fous et ne pas devenir moi-même fou. "
(Milan Kundera, Risibles amours, Folio, 1987.)

Voilà, j'ai longtemps rêvé d'être un écrivain... Mais bon, il y en a qui l'ont mieux que moi!

Le morceau s'applique tellement à la situation actuelle en éducation... J'ai aimé dans Kundera la description du communisme au quotidien.

Les sociétés ne visent pas vraiment à former des gens critiques parce que le véhicule idéologique d'une époque demeure toujours simple. En épousant le discours de son époque, on se taille une place. Voilà où la réflexion de Kundera arrivait dans un de ces derniers bouquins: L'identité. Son personnage retourne dans son pays devenu capitaliste et le nouveau discours est dans la bouche de tous ces gens qui autrefois adoptaient le discours du parti avec les mêmes airs convaincus!

On est dans le discours du renouveau pédagogique... Ne le prenez pas trop au sérieux, ça va passer comme tout finit par passer!

1 commentaire:

Le professeur masqué a dit…

Je connais presque par coeur cet extrait de Kundera (dont j'ai lu quelques romans) et je l'utilise souvent quant on parle de pédagogie. Bizarre comme on a des atomes crochus!