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lundi 28 décembre 2009

Razzia de librairies: pour mes réflexions cet hiver

De passage à Montréal, j'ai couru les librairies. D'abord pour un livre, puis finalement j'en ai acheté  des quantités. Je suis tombé sur plusieurs critiques de l'école moderne et de cette réforme. Et aussi j'ai vu la quantité de bouquins assez importante de livres de pédagogies orientées par la réforme. Les structures de cette réforme produisent une littérature abondante. J'en ai pris un ou deux au hasard, mais disons que l'exercice de les examiner à fond me semble pour le moment prématuré.

Le projet qui m'est venu est de revoir un peu l'histoire et les fondements de l'éducation et pour le moment, c'est dans les critiques de la pédagogie actuelle qu'on rencontre vraiment l'étendue des débats que l'éducation a suscité dans les dernières décennies.

La pédagogie progressive a connu un élan, à ce qui me semble, avec les écrits d'un certain Dewey. Déjà, dans les années 40 aux États-Unis, on vantait la pédagogie active par projets qu'on rencontre dans notre réforme actuelle comme le montre une vidéo qu'a trouvé Missmath.

Le rapport Parent faisait déjà la promotion de ces nouvelles approches. La réforme des années 2000, bref n'est pas que le prolongement, avec beaucoup plus de muscles, de la pédagogie centrée sur l'enfant que le rapport Parent en 1963 souhaitait voir s'établir dans nos écoles modernes.

Au Québec, enfin, nous avons été influencé par un certain Glaserfeld  et son constructivisme radical qui affirme des choses assez surprenantes. Dans le monde de Glaserfeld, il n'y a plus de savoirs objectifs à transmettre, car il y a une infinité de façons de se représenter le réel et de se le construire dans une interaction avec les autres. L'école doit permettre aux jeunes d'apprendre à construire des représentations du monde fidèles à leur expérience. Bref, il n'y a plus de représentations jugées plus valables ou plus vraies du monde. Il y aurait même plusieurs façons de construire sa conception des nombres, des langues, etc.

Le problème évidemment, et il n'est pas mince, est aussi que nos représentations construites peuvent être clairement fausses, ou incohérentes, bref, invalides...

Je doute qu'un enfant ait encore ce qu'il faut intellectuellement pour avoir autre chose que des représentations assez parcellaires et peu coordonnées de son expérience.

Selon les écrits de Glaserfeld, la qualité des représentations construites est assez secondaire. C'est le processus qui prime.

Je découvre enfin que je m'en fais beaucoup avec cette réforme. Dans le fond que mes élèves écrivent bien n'est pas l'important. C'est qu'il découvre par eux-mêmes comment écrire! Et si ce n'est pas parfait ce n'est pas important, ce qui comte, c'est qu'ils écrivent même s'ils demeurent illisibles et incapable de maîtriser la phrase. Je dois même arrêter de m'en faire avec mon problème d'inattention orthographique sur ce blogue. Je suis un co-apprenant, non? Je pourrais même leur offrir ma propre conception de l'écriture, sans trop m'en faire avec la norme. Tiens, je vais leur montrer un dialecte de mon cru. Enfin, si cela les intéresse bien sûr...

On va discuter de tout cela. Et peut-être même décider ensemble que l'écriture avec une certaine maîtrise n'est pas si importante que cela finalement. Je vais arrêter de m'en faire avec cette grammaire à la noix de Madame Chartrand qui est si compliqué... Le SMS est beaucoup plus en vigueur dans leur réalité... Je vais co-apprendre... Enfin, puisque de toute façon l'école m'impose de laisser des petits cons négocier une socio-construction radicale, pourquoi ne pas les laisser faire? Ils vont bien prendre les choses en main, d'ailleurs ils savent toujours mieux que moi comment on devrait enseigner... Avec leur walkman sur les oreilles, c'est plutôt cool...

Bon, je vais m'acheter quand même des bouchons pour les oreilles et peut-être même un équipement de hochey ou de footballeur au cas où leur socio-construction deviendrait agressive...

mardi 22 décembre 2009

Les origines du monstre ou le détournement idéologique du système de l'éducation

Voici une petite histoire à répandre sans modération dans les milieux de l'enseignement. Il s'agit d'un long essai-critique sur le livre: Contre la réforme pédagogique, publié sous la direction de Robert Comeau et de Josiane Lavallée. Ça se lit assez bien, un bel effort de synthèse qui nous permet enfin de voir comment cette réforme qui défie l'entendement a pu s'imposer.

Cela fait du bien de voir les contours précis d'une forme floue que l'on perçoit derrière tout cela: la gang de l'establishment.

Je suis en train de lire: Contre la réforme de Normand Baillargeon. Mon premier grapillage, je ne peux m'empêcher de me donner une idée globale du plat avant de déguster, m'a fait rencontrer en précision une argumentation qu'avec mes faibles moyens je finis par développer maladroitement depuis quelques temps sans les éclairages de la réflexion sur l'éducation. Et aussi un retour à une réflexion fondamentale sur ce qu'est d'abord l'éducation... Entre deux party, je vais bouquiner vous vous imaginez bien!

Bref, y a un travail considérable que certains ont mené, il est temps de prendre connaissance de leur lumière. J'y reviendrai.

Tout cela pour dire, allez vous armer un peu contre le discours idéologique actuel en méditant ces textes un peu.

L'heure du retour au bon sens va demander notre collaboration éclairée.

C'est une conception de l'école qui éduque au savoir, qui forme l'intelligence qu'il nous faut retrouver. En nous dépêtrant d'abord de l'immense toile d'araignée idéologique qui nous paralyse depuis plus de 10 ans.

samedi 19 décembre 2009

La grande noirceur (Grammaire traditionnelle: l'outil oublié du développement intellectuel )

Si on s'arrête à tout ce que développe l'apprentissage de la si compliquée langue qui est la nôtre et de sa grammaire  en terme de processus intellectuels, on se rendra compte que ces apprentissages ne sont pas du tout une perte de temps.

Ne voir que l'aspect utilitaire de l'apprentissage de la langue est une vision à courte vue et peu subtile de ce potentiel que nous avons, de ce qui caractérise la complication francophone.

Écrire des lettres développe la main et l'oeil, la dextérité. Apprendre le relation grapho-phonétique exerce l'analyse des détails dans un ensemble. Oui , en français, plusieurs graphies développent  le même son. Voilà une complication qui permet l'exercice de l'observation de phénomènes qui ont le même effet. Oui, il y a de très nombreuses lettres muettes qui ont une fonction néanmoins précise: faire discriminer visuellement des homophones comme toute langue en produit. Tous ces gestes orientés en premier lieu vers la lente construction de la maîtrise de la langue concourent en plus à développer utilement l'appareil intellectuel dans ses fonctions simples: la discrimination, le sens de l'observation, mémorisation, apprentissage d'automatisme qui pourront être coordonnées aisément et économiquement au plan cognitif pour gérer des tâches plus complexes.

La grammaire fait développer l'observation d'une structure sous-jacente, elle initie petit à petit à l'abstraction, au principe, à la règle, à l'organisation des choses... Évidemment, pour obtenir un certain effet, la tradition a observé depuis toujours qu'il faut partir avec des structures simples, partir du connu, et utiliser l'entrée du sens que l'enfant lentement intègre dans son rapport constant avec les faits de langue.

Voilà d'ailleurs toute l'erreur de la nouvelle grammaire. Elle part d'un système logique complexe pour  initier à l'abstraction grammaticale à un âge où la capacité d'abstraction est balbutiante.  Encore un truc lancé dans la mêlée par le ministère influencé par une éminente universitaire et son argumentation convaincante mais invalide comme une vérité indiscutable sans pourtant aucune validation sérieuse auprès de différentes clientèles d'étudiants.

La pratique de cette grammaire nous place dans une situation intenable. Expliquer ce système à des enfants incapables de se représenter une description si lourde et organisé logiquement, nous fait travailler pour rien. Les exercices de manipulations syntaxiques sont lourds et difficiles à gérer dans une exposition. La terminologie est absurdement surchargée et manque souvent d'utilité. Les définitions que produisent cette nouvelle grammaire visant à rendre compte de tous les cas sans exception ont le défaut d'être lourdes et remplies de trop de détails qui rend impossible leur mémorisation. En enseignant ce monstre , on ne voit plus les élèves, mais les point d'interrogation dans leur figure si ce n'est pas l'abandon résignée de toute volonté d'apprendre.

Pour moi, la nouvelle grammaire est la mort de l'apprentissage de la grammaire. Il est devenu carrément impossible de l'enseigner efficacement. Et depuis, la grammaire a disparu comme outil de développement des qualités intellectuelles... Je mets au défi quiconque de trouver un seul jeune au secondaire capable de bien se servir d'une grammaire de nos jours pour répondre à un questionnement sur la langue.

L'apprentissage des déclinaisons des verbes, dont la connaissance précise permet de gérer un accord courant en écriture, est excellent pour la mémorisation  et même  pour le développement de réseaux de connaissances plus complexes. L'idée de verbes modèles et la présence de verbes irréguliers  rendent l'exercice de maîtrise assez sollicitant pour l'appareil intellectuel en éveil. On n'a pas à pester contre la complexité de la langue, mais à y voir le formidable outil de développement de l'intelligence que nous avons la chance d'avoir.

On ne sait plus trouver dans sa mémoire, ni dans un conjugueur d'ailleurs, la 3e personne du pluriel au subjonctif présent du  verbe aimer de nos jours. Ses routines fondamentales manquent d'exercices.

Devoir organiser ses mémoires doucement en fonction de différents paramètres comme les temps de verbes n'est pas une pure perte de temps, mais une chance à prendre de développer son cerveau...


L'analyse grammaticale traditionnelle fait aussi travailler l'analyse, mais encore sollicite les mémoires, les active, les consolide, en plus de faire écrire des mots qui fixent dans le geste et le regard en action une mémoire des mots. Cette routine de nos enfances faisait faire des classements de mots, s'interroger sur le genre, le nombre, la personne du verbe, et préciser la fonction de chaque mot dans la phrase. Quel outil de synthèse des connaissances nécessaires à la maîtrise de la langue quand on y pense! En plus, elle ancrait dans une pratique régulière ces réseaux de connaissances pour développer une maîtrise de la langue. On a dévaloriser cette pratique: elle était ennuyeuse et en plus prenait beaucoup de temps en classe. De nos jours, on trouve plus important de faire écrire des textes bourrés de fautes, dans une syntaxe malmenée, et insignifiants à des jeunes qui n'ont pas vraiment eu le temps d'avoir une réflexion importante à communiquer.

L'analyse logique des propositions faisait aussi bien ordonner une connaissance précise des phénomènes syntaxiques en plus de stimuler les catégories logiques préalables à une réflexion sur la logique et la rigueur des démonstrations que dans notre système québécois on abordait à  un âge plus avancé au Cégep.

Pour moi, la notion de compléments circonstanciels, évincée de la nouvelle grammaire pour des raisons obscures, faisait doucement intégrer celle de contexte et les liens logiques entre les événements. On était au fondation de la pensée logique. On abordait ses notions dans l'analyse de la phrase simple vers la fin du primaire, puis on y revenait dans le contexte de la phrase complexe au secondaire avec cette fondation pour pousser l'analyse logique des subordonnées circonstancielles. Aujourd'hui, ce premier entrainement a été banni et le second fait l'objet d'une approche superficielle sans bien établir ni entraîner la relation entre la subordonnée circonstancielles et ses rapports avec l'idée principale.

Le complément de phrase (la re-nommée circonstancielle), traité comme un vulgaire machin déplaçable et supprimable pour le repérer fonctionnellement et espérer faire mettre les virgules est une connerie sans nom, une dilapidation du capital intellectuel de l'apprentissage de la grammaire. Les circonstances d'une action ou d'une idée sont pourtant importantes pour comprendre la valeur d'une idée et son champ d'application. C'est comme si on avait dénaturé cette activité préparatoire à la formation du jugement nuancé qui peut se développer à un stade ultérieur de la pensée élaborée. Enfin, la maîtrise de la virgule et des faits syntaxiques est loin d'avoir pris du mieux dans ces nouvelles pratiques de la grammaire. On attend encore en vain une évaluation de son rendement.


J'ai été sensible en 1992 à l'argumentation de Madame Chartrand qui nous a lancé dans cette aventure que personne à ce jour ne remet en question (je dois avoir une maladie spéciale! en fait, le dossier de la grammaire est d'une complexité assez difficile, contester la nouvelle grammaire n'est pas très simple à faire, j'y réfléchis depuis des années en constatant ses limites et les pertes que l'abandon de certaines activités ou stratégies apprises dans ma jeunesse occasionnent chez mes élèves)

À y réfléchir, avoir différentes entrées (syntaxique, sémantique, graphique) pour maîtriser la grammaire n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Écarter la dimension du sens, notamment, n'est malheureusement pas possible. On apprend toujours à faire comprendre la notion de nom avec celle de la définition (mot qui désigne une chose, une personne, un animal). Et à partir de cette saisie qui renvoie à un représentable possible pour un enfant qui déjà stimule doucement sa représentation abstraite de concepts, on peut greffer le reste, tranquillement aborder l'abstrait, et les autres constituants de la phrase, doucement, pas à pas.

L'abolition du questionnement (qui est-ce qui? quoi? à qui? etc.) au profit de stratégies de remplacement pour ne pas utiliser le sens comme entrée est une aberration du même type.  Les stratégies de la nouvelle grammaire sont trop lourdes pour le jeune appareil intellectuel. Le jeu des question avant et après le verbe sans être parfait rendait actif autant que les manipulations mais d'une manière clairement plus économique.

La lourdeur des stratégies de la nouvelle grammaire est une évidence qu'on observe constamment en situation d'enseignement. Des adultes parfaitement constitués ont mis des années à maîtriser cette nouvelle grammaire...
Un enseignante d'expérience m'a confié avoir mis 11 ans à rendre son enseignement de la nouvelle grammaire efficace. 11 ans! Et encore, je me permettrais de lui demander comment elle valide ce jugement.

Le modèle nouveau de la phrase de base  de la nouvelle grammaire GS-GV-(CP) n'a pas la fonctionnalité pratique de la structure sujet-verbe-complément (S-V-C). On traine la notion de groupe pour un maigre gain potentiel. De fait, cette présentation exhaustive fait fi d'une observation constante en éducation et en recherche en éducation qu'il faut partir du simple vers le complexe en construisant de façon systématique les connaissances pour permettre aux mémoires et au cerveau d'intégrer ces connaissances. Surcharger de détail un apprenant ne l'aide en rien dans son processus d'acquisition.

La logique des exceptions ou cas rares qu'on veut dépasser dans ce nouveau modèle n'y arrive tout simplement pas de toute façon. Il est ridicule de faire encadrer des groupes-sujet quand ce qu'on a besoin dans un premier temps est de discerner l'agent de l'action dans une phrase. Trouver simplement le sujet puis son verbe, que franchement, pourquoi faut-il de nos jours le renommer prédicat ou groupe verbal. Pour faire joli? Pour faire sérieux? Pour embrouiller tout le monde? Pour donner du vocabulaire?

Le sens en grammaire est très important: une phrase, c'est une idée qui parle de quoi?

Quelqu'un ou quelque chose fait (ou est pour les verbes d'état) quelque chose. Ces structures organisent un sens, ne sont pas des en-soi. Ce sont les véhicules de la pensée. Pas la pensée...

La logique des groupes syntaxiques (GN, GP, G adj, etc.) rend opaque la discrimination de données essentielles du fonctionnement de la langue et crée une  lourdeur dans  la description des phénomènes de langue. Un accord sujet-verbe résume tellement mieux, ça tombe pourtant sous le sens, que l'accord du ou des noyaux du groupe sujet avec le verbe receveur d'accord.  C'est contre-productif de traîner des règles de grammaires exhaustives dans nos mémoires limitées de toute manière. L'exhaustivité et la nuance est une maladie universitaire que peut se permettre un appareil intellectuel en voie de maîtrise mais, de grâce, épargnons les enfants!

D'aiileures La première chose à apprendre en enseignement au primaire comme au secondaire est de se dépouiller de l'esprit exhaustif et sur-nuancé qui est prisé à l'université quand on s'adresse aux enfants et à l'adolescent moyen. Il faut apprendre à simplifier les expositions, à garder la forme primaire de la connaissance à donner pour l'habiller ensuite de ces nuances. Il faut apprendre à donner un peu à la fois, doucement, ne pas aller trop vite, ne pas surcharger l'apprenant de ce qu'on a mis beaucoup de temps nous-même à ordonner dans notre tête. Il faut renoncer à jouer à celui qui sait tout et épate la galerie. Les jeunes ne vont rien apprendre... et on va se dire qu'on ne comprend pas puisqu'on leur a tout expliqué. Si c'était si simple bâtir une intelligence, cela se saurait...

L'enfant, pour s'approprier le savoir, a besoin de routines simples qu'il va répéter et qu'il va maîtriser, après quelques erreurs, ce qui va créer une vraie estime de soi. Ce qu'on nous montre en gestion de classe, la répétition de consigne qui permet d'intégrer un fonctionnement travaille de la même façon. L'animal et l'humain apprennent beaucoup en se calant progressivement dans une habitude que le maître va raffiner, orienter, canaliser. Prendre une habitude est un travail d'apprentissage qu'il faut méditer, car tout l'édifice du savoir repose sur cette observation. Pourquoi ne parle-t-on pas de l'apprentissage chez les animaux, de l'art du dressage, de cette science raffinée de l'apprentissage dans nos facultés d'éducation? Alors que la psychologie place cette étude au fondement de la compréhension de l'apprentissage chez l'homme. Y a-t-il un seul chercheur qui s'intéresse à ces questions dans le monde de la recherche en éducation?

Il n'a vraiment pas besoin de se perdre dans les détails qu'arrivent à gérer un adulte... Il n'a pas besoin  d'un adulte couvant qui cache ses échecs. Il n'a pas besoin de vivre l'échec constant d'être dépassé par des exigences débilement devenues normales de nos jours sous prétexte qu'on décide en haut loin des enfants ce qui devraient les développer le mieux sans jamais prendre le soin d'aller vérifier si cela fonctionne effectivement. Mais évidemment, sans la nécessaire répétition régulière de structure simple, l'acquisition ne pourra pas germer. Mais on n'a plus le temps, pensez-y, y a tout ce qu'il faut apprendre...

C'est pourtant tellement évident, je ne sais pas ce que je fais encore 14 ans après ce monstre qui a miné ma vie d'enseignant à un point qu'on ne peut pas imaginer, à encore y revenir en espérant que quelque part une intelligence réponde et que l'idée se répercute pour la fin de la grande noirceur en grammaire et pour le développement intellectuel des enfants.

On peut prendre les maths dans la même optique. La contextualisation et l'obsession de  la résolution de problème utilitariste a tué l'essence de cet autre outil majeur du développement de l'appareil intellectuel.

L'informatisation de la pédagogie n'implique pas nécessairement le renouveau...

Hier,

En rédigeant ma conclusion m'est venue clairement l'idée que la réforme et l'informatisation ne sont pas liées nécessairement. Comme je l'ai observé, de nombreux profs se servent des outils de l'informatique pour partager du matériel de base, des tests, des exercices supplémentaires. On n'est pas du tout que dans le partage de projet ou d'idées de projet. 


Les promoteurs de la réforme la justifient sans cesse comme étant la seule approche moderne. Selon eux, nous n'avons pas le choix avec l'explosion de l'information et les nouvelles technologies.

S'il est clair qu'il faudra faire quelques ajustements, il faudrait justifier cette idée répandue par la propagande réformiste que la pédagogie socio-constructiviste est la seule à pouvoir intégrer les TIC. Pour moi, il devient clair que cette orientation n'est absolument pas nécessaire et qu'une pédagogie plus traditionnelle peut se prolonger aussi dans la technologie. Je parle surtout pour les maths et le français qui ont des outils de base qui demandent des années d'entrainement pour se développer et qui participe selon moi au développement de l'appareil intellectuel qui a permis la civilisation.

Or, l'ordinateur peut offrir des outils d'entraînement efficace s'ils sont pensés en ce sens. L'ordinateur est un moyen pas une fin.

Nous sommes encore au balbutiement de la culture informatique. Nos sociétés sont pour l'instant hypnotisées par ce médium. Nous sommes sans recul. Et voilà qui a entraîné pas mal de dérives. Quand on y pense, cette pédagogie et ces programmes ont été conçu alors qu'Internet ne faisait que voir le jour pour une majorité de la population.

On nous fait avaler que le savoir-écrire se développe aussi bien dans un Powerpoint, dans un logiciel pour faire des bandes dessinées avec photo, ou des pamplets publicitaires avec Publisher. C'est de la frime. Toute l'énergie qu'on doit mettre en marge de la rédaction n'est pas accessoire. Pendant ce temps, le cours de français est de moins en moins un cours d'entrainements aux exercices qui développent la maîtrise des mots, de la grammaire, de l'orthographe, de la syntaxe, des connaissances à mémoriser pour devenir un scripteur efficace. Tout le monde sait qu'un correcteur dans un traitement de texte sans une connaissance intégrée de la grammaire ne fait que faire prendre des décisions erronées devant les questions que les logiciels de correction nous posent? Mais on continue de nous faire croire que l'apprentissage d'une certaine maîtrise de la langue est une perte de temps.

On va même jusqu'à vouloir simplifier le  français trop compliqué pour un apprentissage rapide et économique qui nous permettrait de faire autre chose...

Or, c'est tout à fait discutable comme je le développe dans mon autre texte aujourd'hui. Je pourrais faire le même exercice avec les mathématiques. Ne voir que le côté utilitaire des maths, et même que la beauté des mathématiques, c'est oublier le formidable outil de développement des facultés de l'intelligence que permet l'apprentissage systématique des mathématiques et de ses méthodes de travail.

Bref, il ne faut pas évacuer l'importance de ces nécessaires gammes du développement de l'intelligence dans une révolution informatique.

Et toute ma critique du renouveau en fait se fonde sur cette observation que l'apprentissage systématique de la langue et des mathématiques est encore ce que la civilisation occidentale a trouvé de mieux pour développer l'intelligence, la discipline et la rigueur de pensée qui ont permis le développement de la civilisation moderne, de la démocratie et la société des droits de l'homme.

En dénaturant cette longue tradition formatrice, en rendant ces apprentissages de vulgaires disciplines subordonnées à des tâches plus importantes comme la résolution de problème ou l'expression de la communication, dans une vision bêtement utilitariste, on a perdu l'essence de la formation de base.

L'informatique permet certes de faire beaucoup de choses qui ont l'apparence de l'intelligence. Mais l'intelligence met bien davantage de temps à se former. Plonger les enfants dans l'univers infini du virtuel sans leur avoir permis de développer les outils pour apprendre à distinguer des éléments dans un ensemble, sans leur avoir fait développer la capacité de voir des structures, des patterns, des principes sous-jacents, c'est les plonger sans filets, sans filtres, sans outils dans un monde où tout devient égal, même le faux, même l'irréalité...

Si on veut bêtement faire développer le sens critique des jeunes en  essayant de leur faire comprendre que les seules sources crédibles d'informations sont les institutions reconnues par l'autorité, on sombre dans la propagande et le contrôle de la pensée. L'obligation d'une démocratie est de faire développer la capacité de pensée par soi-même, ce qui suppose un appareil intellectuel bien stimulé, entraîné non à faire des choses qui le dépassent, mais construit progressivement dans des disciplines structurées dans un contexte dépouillé du bruit, de l'utilitarisme, de la densité du monde.

Ce n'est que par la suite que cette formation permettra de reconnaître, voir, comparer, extraire, organiser  la complexité du monde et de réfléchir l'expérience de vivre pour évoluer.

L'informatique ne doit pas éluder ce programme de base indispensable. La réforme doit être remise en question, la nouvelle grammaire aussi qui s'avère insatisfaisante pour stimuler le développement de l'intelligence et n'arrive pas à développer la maîtrise de la langue de manière probante. Enfin, la contextualisation forcée et systématique depuis 1994 en math est aussi à questionner. Enfin, depuis 1981, mais l'effet de ce programme a mis plus de temps à faire des dégâts, le programme de français tourné vers la communication à outrance aurait aussi à être revu dans le même état d'esprit.

Quand je parle de revisiter la tradition scolaire, c'est de tout cela dont je veux parler: de ma préoccupation que l'école demeure un endroit où tous avons la chance et le droit de développer notre intelligence de manière consistante. Tous ces artifices de la modernité ont malheureusement dilapidé l'héritage des humanités. La révolution technologique ne doit pas nous égarer devant les taches critiques que nous devons mener en ce moment pour redresser la dérive renouvelée. C'est ce qu'on tente de faire en ce moment.

vendredi 18 décembre 2009

FGA et le renouveau

Hier, on m'a fait un topo sur la situation de la formation générale des adultes.

Je réagissais à une observation que je fais depuis plusieurs jours. Le programme est sur la table depuis plus de deux ans. On y trouve quelques changements cosmétiques amusants, comme les compétences transversales qui sont ici des compétences polyvalentes, mais nous sommes essentiellement dans la même poutine: partir de situations significatives pour l'adulte, de projets, pour revenir ensuite l'outiller de connaissances qui sont attention ici maintenant des savoirs essentiels (enfin on le reconnaît! surtout que la plupart des décrocheurs qui arrivent ne les ont pas eus dans la formation générale au primaire et secondaire!), pour revenir à l'application de ces savoirs essentiels en situations significatives (projets) pour l'adulte pour évaluer des domaines de compétences machin chouette (je ne maîtrise pas le jargon, mais je me déforme à leur terminologie petit à petit!). On dit que le programme en math est assez bien fait dans son articulation. En français, c'est plus confus. Bon, je n'ai pas zyeuté tout cela encore, la poutine ministérielle est assez insipide avec ses abstractions pures comme vous savez! Enfin, je vais sûrement m'y mettre un de ces quatre...

Bref, dans le milieu, sur Internet, j'observe des communautés d'enseignants branchées sur Moodle qui produisent encore plus qu'on le supposerait du matériel assez pré-réforme, bien que les nouveaux sigles de cours nous inondent de leurs points d'interrogation et que quelques rares profs expérimentent apparemment du nouveau matériel et ces nouvelles approches. On en cherche 4 pour l'enseignement d'un cours de français en secondaire 2 sur FGA Montérégie. Les maisons d'édition, timides, mettent sur la table au compte-goutte des manuels orientés vers cette réforme. J'ai vu des extraits intéressants en secondaire un et deux en français d'une maison d'édition, ça parait mieux fait que nos Visa qu'on a entre les mains au niveau de la présentation des connaissances pour ce que j'en ai vu sur leur site promo. Ce n'est pas vraiment dure de battre Visa, remarquez...  Il parait qu'on retourne poliment les livres d'une autre maison d'édition qui n'impressionne pas beaucoup. Je n'ai encore rien croqué en maths!

Parait que les profs de l'Alliance des Profs aurait fait reculer la ministre cette année. L'année passé, on était en année d'essai ou d'application facultative. On aurait dû cette année normalement appliquer la réforme à la FGA. Là, c'est l'absence de signal qui est constaté... Bref, le système a l'air de «buzzer»!

Bon, franchement, on ne semble pas prêt malgré, parait-il, un contexte de libération des enseignants pour être formés, moins sauvage que ce qui a été vécu au primaire et au secondaire, et préparer la réforme.

Il y a peut-être aussi des problèmes plus importants à relever.

J'observe dans ma situation une réalité aux adultes particulières où il y a un roulement des effectifs étudiants assez déconcertants. Je croyais que c'était propre au contexte particulier où je suis, mais j'ai appris que partout le roulement de la clientèle est assez important comme phénomène. On a des groupes assez imposants en début de session qui se désagrègent assez rapidement. Dans certains milieux, on démarre plusieurs sessions nouvelles dans l'année ou on les raccourcit pour intégrer de nouveaux élèves. Les administrateurs parlent d'en débuter une par mois dans certains milieux, c'est dire le roulement. On comprend leur perspective, il faut des élèves pour toucher les sous. Les enseignants chignent et on en débute aux deux mois...

Bon, la réalité est là: il y en a qui se trouve un job ou une formation professionnelle de programme d'insertion au travail. D'autres qui se découragent. La méthode individualisée a ses limites. Nous ne sommes pas spécialement entrainés ici ni équipés pour dépasser les difficultés d'apprentissage de certains qui ont besoin de la relation pour avancer, car leur capacité d'entrer en relation avec un cahier est plutôt limitée. Plus le groupe est gros, moins l'enseignant peut facilement encadrer chaque élève dans sa démarche. Plus le groupe s'effrite, plus c'est possible de développer une relation significative avec les apprenants qui restent. Paradoxe... Mais c'est toujours sans garanti de réussite, tellement d'éléments agissent dans la réalité des adultes: enfants, travail, la vie sociale débridée, la toxicomanie, violence conjugale, urgence familiale à gérer, etc.

C'est des réalités.

Ensuite, on a beau vouloir tout changer. On travaille en FGA dans le multi-niveaux. On ne va pas facilement là faire suivre en parallèle 15 dynamiques de projet d'apprentissage comme ça en criant ciseaux! On «pacte» des groupes de 25, on m'a dit. Wow! Pas étonnants que ça s'effrite. Même quand on en a au même niveau, ils ne progressent pas au même rythme nécessairement. On souhaite faire travailler les gens en équipe, mais avec des effectifs qui se désagrègent toujours, on peut aisément concevoir la difficulté de gérer ça autant pour l'enseignant, que pour les élèves qui perdront des coéquipiers. Enfin, comme l'humain est humain, les coopérations, imposées pour des raisons fonctionnelles d'enseignement, ne vont pas toujours naturellement bien se passer. On résiste et à raison à ce genre de ménage forcé.

On observe que, dans des petits groupes formés ainsi, si un élève performe mieux, il devient souvent exploité par ses coéquipiers, comme bizarrement on peut en faire l'observation dans les travaux d'équipe scolaires depuis la nuit des temps! Ce qui marche spontanément, c'est l'aide ponctuel d'un plus avancé qui a des affinités de personnalités avec un autre et qui en aide un autre moins avancé, sans se faire siphonner puisqu'il veut normalement avancer aussi. Et parfois, comme le soulignait un enseignant, ça permet à cet avancé de revoir des préalables... Bon, ce que j'ai spontanément mis en place et observé a été ailleurs vécu comme une expérience qui remettait en cause des pratiques bien généralisées des classes en rangs d'oignon bien silencieuses avec un numéro à piger pour avoir accès au prof! Bon, évidemment dans mon cadre plus libéral il y a du temps qui se perd, mais bon, j'aime bien circuler d'ilot en ilot, me tirer une bûche et travailler avec les élèves, c'est le style FGA qui m'est venu spontanément.

Comme vous commencez à le comprendre, je m'imagine, l'imposition de la nouvelle philosophie d'éducation ne sera pas de la tarte ici non plus. Faut aussi penser qu'ici la culture de l'individualisé  a ses habitudes. Faire travailler en équipe des gens en démarche d'apprentissage sur des rythmes différents n'est pas facilement transmutable en cette vision féérique des élèves qui s'entraident à découvrir dans la joie et ensemble les savoirs essentiels pour conclure leur projet significatif pour eux... On se croirait dans le monde des élus des témoins de Jéhovah où les enfants flattent la crinière des lions! Vous ne trouvez pas?!

Et franchement,  quand je regarde la description des cours, je me dis que ça peut peut-être aller pour des gens qui ne feront jamais un secondaire 5 (c'est des réalités  et en plus grand nombre qu'on le croirait), pour les occuper et espérons-le les équiper un peu mieux en connaissances de base. J'en ai qui ne se démêlent pas dans le sens des 4 opérations mathématiques, c'est dire. Qui ne peuvent pas utiliser dans leur vie le calcul pour faire un budget, car ils n'ont manifestement pas la connaissance de base en maths pour en faire un...

C'est dire...

Mais bon, c'est prendre un chemin long pour d'autres qui peuvent rapidement s'approprier enfin des connaissances de base pour avancer rapidement leur formation générale pour se trouver une formation précise au professionnel.

De tout façon, je ne vois pas encore comment on peut gérer cela sans un support  de la démarche bien pensée pour un maximum d'autonomie des élèves, parce que le prof n'a qu'une tête et qu'un corps, bref il n'a pas la faculté d'ubiquité. Si le processus est trop compliqué, on ne va pas s'en sortir...

J'ai soulevé une idée qui m'est venue en regardant tout ce monde sur les plate-formes Moodles et en découvrant la banque Alexandrie de matériels pédagogiques. Mon idée est simple: pourquoi le ministère n'embaucherait-il pas des enseignants pour développer du matériel au lieu de donner le contrat à des maisons d'édition? En fait, si on passe à l'ère de l'informatique, il faudra que des informaticiens travaillent en interrelation avec des enseignants pour développer des manuels électroniques. Des démarches structurées non dans un cahier ou des volumes, mais sur support informatique dont on peut imaginer les possibilités assez infinies.

Une telle méthode pourrait franchement être en plus très aisément rectifiable ou adaptable à des différents contextes. On pourrait même une fois les ossatures bien lancées, imaginer des communautés  de partage où les apports de chacun viendraient compléter ou aménager la méthode pédagogique dans une grande banque d'instruments d'évaluation et d'exercices où chacun irait piger des textes ou des séries d'exercices en fonction des besoins.

Parait qu'on n'en est pas là! Les maisons d'éditions ont leurs entrées à la Maison Blanche! Faudrait cependant être cohérent, on y va ou on reste dans l'univers de l'imprimé?

Pourtant, on commence à le dire, le portable pour tous les élèves s'en vient. Franchement, les manuels ne seront plus aussi pertinents dans cette possibilité de développer des univers pédagogiques virtuelles. Ces derniers pourraient offrir l'avantage de rendre le matériel pédagogique dynamique...

Bref, comme vous voyez, je suis de mon temps. Je crois bien que l'informatique va révolutionner notre manière de travailler, je constate tout de même que l'utopie de la pédagogie de projet mur à mur n'est pas même évidente à intégrer dans un monde d'adultes. Cette réforme qui se moque des traditions disciplinaires et s'impose sans discussion sans avoir fait ses preuves est la pire aventure qu'un système éducatif pouvait entreprendre au nom de la modernité technologique incontournable. Pour moi, cette révolution technologique va fonctionner et l'éducation gagner en efficacité si on comprend un peu mieux certaines réalités de l'apprentissage et la structure formatrice de la pédagogie traditionnelle et si on respecte l'esprit des disciplines. Ce moulage forcé dans un modèle pédagogique unique est vraiment à remettre en question, ainsi que l'aberration de l'intégration des élèves en difficulté qui ne reçoivent plus de services adaptés et nous arrivent finalement au terme d'un parcours inutile en FGA avec toujours leurs lacunes incontournables et ingérables dans notre réalité. Je suis loin d'être convaincu également qu'une pédagogie utilitariste dans les formations de base soit la voie à explorer.

La formation de base doit former aux bases intellectuelles et à ses savoirs qui ont permis de sortir les masses de l'analphabétisme et de l'innumérisme et permettre aussi l'exploration des talents. Pour moi, certaines compétences polyvalentes requises dans certains jobs se développent dans le cadre de milieu orienté vers des formations professionnelles précises, spécifiques. Pour le reste, il y a la vie pour développer aussi l'application des différents savoirs de base. Quand on vient d'une famille curieuse, la polyvalence est naturelle. L'école doit fournir une structure, un référent, une colonne vertébrale.

Dans les pays dominés par les occidentaux et sous-instruits, ce n'est pas une pédagogie de projet qui a permis l'émancipation politique mais bien la plus terre à terre des alphabétisations et les disciplines scolaires traditionnelles. Peut-on m'expliquer comment le Mexique arrive à remplacer de plus en plus nos ingénieurs chez Bombardier? Avec une pédagogie de projet? Y a de quoi se marrer ou brailler, c'est selon...

Nous sommes les générations gâtées d'une société dans son âge d'or qui ont eu tout cuit dans le bec. L'infantilisation fait rage. Il y aura des retours de réalités assez surprenants quand nos marges de crédits se seront taries et que nous serons déclassés par des sociétés plus disciplinées.

L'histoire pourtant se répète et personne ne le remarque. Le déclin de l'empire américain n'est pas seulement qu'un titre de film...

Voilà donc ce qui devrait conclure mes réflexions pour cette année 2009.

Je vous souhaite à tous un bon temps des fêtes!

lundi 14 décembre 2009

Décalages: Moodle, drôle de Mood et drôle de modèles!

J'ai finalement un peu brouter le drôle de message chez Missmath qui s'intitulait "Mauvaises fréquentations" pendant la journée à l'école. A la maison ici, on est à une vitesse de l'âge des cavernes. Aussi, zyeuter les vidéos, fouiller des liens n'est pas trop possible... Il me faut donc trouver du temps à la job pour fouiller l'univers des TIC qui m'est sous bien des aspects étrangers. Terra incognita.

Pourtant, je suis de mon temps, je farfouille dans des logiciels assez souvent depuis presque 25 ans depuis mon VIC20 pour jouer aux échecs et qui m'a au passage appris des rudiments de programmation qui ne s'appliqueraient plus trop aujourd'hui, bien qu'Excel m'y fait penser...

Et je venais de tomber, dans la matinée, pendant mes recherche, sur un site intéressant FGA Montérégie où j'avais aperçu l'univers Moodle qu'on semble mettre à profit dans un enseignement FGA, que j'imagine à distance, enfin, je n'ai pas fini d'explorer leur site en partie protégé par des mots de passe.

Qu'est-ce que Moodle? Ben un environnement informatique ou virtuel commun, comme un forum ou un blogue, où un prof met à la disposition des élèves ses ressources, les activités, les projets, les lectures à faire, les notes, bref, c'est comme une classe virtuelle, j'en ai l'impression. En jasant avec la collègue qui suit ses cours à l'Université de Sherbrooke, je me suis rendu compte qu'elle connaissait Moodle parce qu'un de ces cours l'utilise et elle m'a fait voir certaines possibilités. Ainsi, dans ce lieu de rencontre pédagogique, on peut notamment voir les travaux des autres participants  après avoir déposé le sien pour l'évaluation et pas avant! Comme par hasard, tous ces gens en maîtrise se sont mis au Powerpoint pour présenter les concepts du programme de formation avec ses compétences transversales comme s'il présentait à des élèves de bac première année! Je ne vous dis pas ce que je pense de tout cela!Je ne sais pas si une idée fausse peut apparaître plus vraie parce qu'on a passé des heures à la rendre intelligible. C'est une question qui me vient...

Bon, j'ai une conception très fragmentaire encore des possibilités pédagogiques de l'environnement Moodle, c'est assez nouveau, même si certains semblent très avancés dans cette voie d'exploration de ces possibilités pédagogiques. Comme si nous ne vivions pas sur la même planète.

N'empêche que, quand j'en ai parlé à ma conjointe qui suit aussi en ce moment une formation à distance, sa réaction m'a interpelé: «Je n'aurais pas nécessairement envie que les autres voient mon travail»... Il est clair que toute cette exposition est assez particulière. Mais bon, en classe, parfois on montre aux autres ce qu'on a fait, ou le prof lit un travail en exemple, etc. Dans ce concept à distance, avec le lieu commun, il y a cependant toutefois une donnée fort différente: les participants ne se sont jamais vu, ne se connaissent pas, n'ont qu'une relation virtuelle. Donc pauvre...

Pour revenir à ce message de Missmath, disons que je découvre en arrière-plan un ange Gael qui finalement fait dans l'enseignement de l'informatique  et qui initie les jeunes à tous ces nouveaux gadgets informatiques. Disons que je ne connais pas l'école où il enseigne (ses élèves ont l'air poli en M'Sieur S.V.P?), mais bon je sais en tout cas qu'il n'enseigne pas des matières de base: français et maths comme je l'ai toujours fait.

Et franchement, je sens des décalages importants: oui en info, y toujours un nouveau truc logiciel à s'approprier. Et avec leurs connaissances, on peut les mettre à profit dans un projet... C'est même en tentant un projet que souvent on entre dans la connaissance d'un logiciel alors qu'effectivement une démonstration point par point des fonctionnalités est tout à fait improductive.  Oui on peut sûrement montrer un peu à apprendre à utiliser par soi-même des logiciels. Je fais cela tout seul depuis des lustres. Notre génération a appris sur le tas l'informatique... Je suis même un peu fatigué des fois de cette galère de changements perpétuels...

La maîtrise approximative d'un logiciel permet quand même de tirer profit de l'outil sans nécessairement en exploiter tous les ressorts. L'an passé, j'ai apprivoisé comme ça à peu près et en expérimentant avec plein de logiciels. J'ai ainsi fait du montage vidéo et fait quelques projets personnels. Je suis moins tarte en montage. Je suis loin de connaître beaucoup les ressorts de Powerpoint, mais bon je sais très bien que j'aurais besoin de me donner un projet de présentation pour m'attaquer à cette bête et finalement apprendre à mieux l'utiliser et peut-être même éventuellement l'incorporer à mon travail plus souvent.

Ce n'est juste pas mon truc tant que cela... J'aime écrire, c'est mon médium, pas faire des présentations orales «flashantes» et en classe, s'il fallait que je pense à tout mettre en powerpoint pour monter mes leçons, je me demande quand je dormirais. En plus, je ne vois même pas ce que cela donnerait de plus. Pour un monde contre les présentations magistrales, qui déclare la chose morte, une powerpoint n'est-il pourtant pas l'apothéose du magistral? Ma craie est beaucoup plus interactive et s'ajuste à la demande sans préparation en plus... Mais bon, je dois être fainéant...

Bref, dans ce genre d'univers des logiciels, évidemment apprendre, selon le bréviaire des réformistes, a plus de sens que dans ma matière: le français. Ou dans les maths, ma deuxième matière de base. En effet, comment s'approprier un logiciel sans l'essayer? Et cela me ramène à ce problème: pourquoi tous devons-nous nous mouler à ces paradigmes issus de l'informatique américaine visiblement exhibitionniste, avec ces twitters, ses blogues, ses moodles, ses waves, ses interactivités tonitruantes?

J'ai un rythme un peu différent, je me cogne à des cailloux souvent, je suis moi-même assez caillou, ma mère est une Lapierre!

J'aime réfléchir, écrire, comprendre, discuter, et je m'isole pour arriver à élaborer une pensée, je nuance souvent, je n'aime pas les communications, les slogans, les phrases et les shows qui empêchent trop de penser plus loin que le bout de son nez.

Par exemple, je ne peux pas ne pas tiquer devant une phrase comme:

"Peut-être faut il (sic) aujourd’hui abandonner l’idée selon laquelle « Il faut du temps pour apprendre » pour laisser place à « J’apprends tout le temps »" (rencontré chez le fameux ange). Ça me fait l'effet d'un slogan, d'une coquille vide, en plus d'être clairement absurde. Quand je lis ce type, je le trouve sans réflexion, c'est un répercuteur d'idées qu'il ne réfléchit pas. Il est dans le vent, à la mode, sans une once de réflexion. C'est un twitt! Twitter...! 


Non, on n'apprend pas tout le temps: on dort, on divague, on rêve, on déconne, on bûche, on est fatigué, parfois saturé, on se cabre, on laisse reposer, on peut aussi réfléchir, remettre les choses en perspective, je passe aussi beaucoup de temps à enseigner! A montrer et oui au passage, j'apprends des choses, mais pas tout le temps, je m'adapte, mais aussi plus doucement, je m'accommode, je m'ajuste et souvent je discerte!

 

 Mais bon, je lis sur le site du twitter qui ne veut pas de flux privé, dans un truc sur la gestion de temps, qu'il a trop de cours, qu'il se demande comment les occuper ces jeunes parfois...

Dans mes matières, ce n'est pas le problème...

dimanche 13 décembre 2009

L'anonymat du moment

Ai-je le courage de mes propos? Pour répondre au premier commentaire de Raéquien à ma salve contre leur réforme. Franchement, non! Allez sur la place publique m'opposer au système, non, je n'ai pas encore assez mûri ma réflexion et je n'ai pas aussi l'habitude des escrimes publiques. Le corps enseignant n'est pas encore mûr non plus pour l'opposition. Ça s'en vient.

Non, je fais mes classes, je suis sur le terrain, j'observe, je réfléchis, j'analyse, j'exprime le chaos d'idées contradictoires qui naît de la rencontre de leur idéologie dans mon quotidien et de son effet sur les apprenants et  des conceptions que je me fais de l'enseignement et de l'apprentissage.

Tranquillement, une contre-réforme mûrit dans ma pensée et dans mon expérience, un jour j'irai peut-être travailler à la nouvelle direction pédagogique à donner pour recadrer le monde de l'éducation. Pour le moment, je critique, j'oppose des arguments, je lance mes réflexions, je regarde les réactions et je reste anonyme.

On aimerait bien utiliser la force du groupe et des copains en place pour me bombarder sur la place publique.

Mais bon, je reste dans l'ombre. Si seulement, j'arrive à formuler avec d'autres un nouveau discours de contre-réforme et que des gens ici et là s'approprient cette pensée ou alimentent leur propre réflexion critique, déjà je considère mon action pertinente et justifiée.

Personnellement, j'en ai rien à taper des gens en particulier, je travaille contre une idéologie au pouvoir. Et une idéologie se démonte, dans un premier temps, sur le terrain des idées. Qu'on sache précisément qui je suis ne changera rien au débat.

Et pour le  moment, vu que j'ai un job à temps plein de terrain qui demande le gros de mes énergies et un combat idéologique à temps très partiel, je me ménage et me protège de ces messieurs en cravates qui tirent les ficelles.

samedi 12 décembre 2009

Dehors les réformistes!

Missiles chargés envoyés sur le planète Raeq, à un Raéquien, qui ne semble plus capable de faire publier ces réflexions douteuses au Devoir. Comme le Raélien, le Raéquien est en passe de perdre toute crédibilité. Le vent tourne. Continuons le combat! Nous sortirons de leur brouillard.



A force de nier la problématique des enfants en difficulté en noyant la classe ordinaire avec vos moins forts en besoin de services réels et adaptés, nous voilà à remarquer que les jeunes décrochent toujours sinon plus qu'avant...

Mais il y a aussi que l'école poursuit maintenant des objectifs mal définis orientés vers des compétences (terme issu du monde des adultes en passant qui exige un appareil intellectuel mature) dans une pédagogie tournée vers l'utilitaire et le contextualisé qui ne favorise pas la maîtrise de savoirs de base, mais l'en distrait.

Bref, la classe ordinaire de secondaire 3 est remplie de jeunes qui arrivent à un cul-de-sac effectif dont personne ne peut plus camoufler la carence. Ils décrochent, et on les laisse aller pour sauver les apparences comme j'ai pu le voir dans différentes écoles ces dernières années...

Je ne militerais pas pour l'égalité des chances de recevoir une éducation douteuse basée sur une compréhension si peu convaincante de la réalité de l'apprentissage dont cette réforme bafoue systématiquement les données objectives dont la connaissance des stades du développement de l'intelligence.

S'offrir pour lire votre conte à dormir debout, jamais! Vous nous prenez vraiment pour des imbéciles avec vos solutions factices. Le pire, c'est que vous y croyez sûrement...

Le soutien académique rendu au bord du décrochage est trop peu trop tard. L'école doit être plus performante en amont, et votre réforme improvisée sans vision claire, que vous avez remise entre les mains des enseignants chargées d'accomplir vos élucubrations sans fondements en les accusant de tous les maux, n'a pas remplie ses promesses. On en a marre de prendre la responsabilité et le stress de cette utopie sur nos épaules. C'est assez!

Il est temps de prendre votre retraite, Monsieur. Que du sang neuf prenne la relève et reformule une vision plus réaliste de la scolarisation de masse...

Il est temps aussi que l'opportunisme politique et le libéralisme, qui a pourtant abondé longtemps dans votre promotion de gourous de l'éducation, arrête de saigner les budgets d'éducation et qu'on remette les moyens d'offrir une organisation décente en place pour répondre intelligemment aux nécessités de scolarisation moderne ou nous laisserons notre place à des nations montantes plus travaillantes et plus intelligentes.

L'école a besoin de structures fonctionnelles, bref de revenir à la classe spéciale et à une segmentation fonctionnelle permettant la formation d'expertises qui s'étaient pourtant développées avant qu'on ne les sacrifie à l'idéologie de l'intégration et à votre renouveau.

L'école a besoin de se dépouiller de toutes ces illusions cognitivistes appliquées prématurément à l'enfant en développement. L'enfant a besoin de retrouver le guide, l'entraineur, le maître qui travaille dans une didactique ciblée accessible en développant les bases et des méthodes d'acquisition disciplinaire. Qu'on remette votre socio-constructivisme à sa place dans le monde adulte.

L'école a besoin du retour d'une approche plus systématique et de sortir de l'utilitarisme de courte vue où chaque acte doit avoir un sens visible pour l'enfant qui ne peut concevoir, il n'est pas équipé pour cela, il faudra le reconnaître, la destinée de sa démarche. On doit le remettre à l'apprentissage qui est répéter pour maîtriser d'abord. Il n'y a qu'à l'école où cette évidence peut être remis en cause à cause de perroquets dans votre genre qui pourtant nous endoctrinez avec ce que vous niez, c'est quand même inouï. Sortez de nos vies, Monsieur.

Il faut cesser de prôner des modèles uniformes pour toutes les disciplines et laisser l'interdisciplinarité aux professionnels et aux adultes. Laissez les spécialistes des disciplines rendre pédagogiques leur connaissance. Sortons les pédagogies indiscutables des écoles qui tuent le dialogue et la collaboration professionnelle dans le monde de l'éducation depuis 10 ans. Ne laissons plus jamais les solutions miracles panacées qui n'ont pas fait leur preuve détruire la tradition scolaire comme vos œuvres l'ont faites avec tant de brio.

L'école est un outil qui doit résister à l'opportunisme et aux modes. Rentabiliser le monde de l'édition ou celui de l'industrie de l'informatique n'est pas son affaire. Elle doit être une organisation prudente, car la destinée de la nation en dépend dans une large mesure.

Enfin, il faut sans jamais oublier les visées finales de l'éducation, oser redéfinir et réfléchir aux acquisitions de bases qui édifient l'appareil intellectuel. Il faut à tout prix enlever la notion de compétence, cette obsession professionnelle, de notre chemin. Elle n'a pas de sens dans le contexte de l'école primaire et secondaire. Qu'on arrête de nous faire évaluer un construit inadapté qui dévalorise nos leçons qui pourtant misent bout à bout peuvent déboucher sur la possibilité, en temps utiles, de développer une compétence: une maîtrise dans un domaine précis, professionnel. La formation de base générale n'a pas à s'occuper de compétences qui est un concept qui rend compte de ce qui est spécifique.



La pédagogie de projet a à retrouver sa place, un outil dans la palette des interventions éducatives et non l'impératif irréalisable et inefficace qu'elle est. On doit laisser cohabiter dans le respect différents styles pédagogiques et non imposer des méthodes uniformes qui ne respectent pas la diversité des personnalités chez les éducateurs.

Voilà ce pourquoi entre autre je milite, démonter votre pédagogie qui nous enfume tous depuis dix ans. Si j'en avais le pouvoir, je virerais illico vous et vos semblables du monde de l'éducation. Vous avez fait suffisamment de dégâts.

De grâce, vous et vos amis, laissez donc la place et tirer votre révérence avec élégance alors qu'il en est encore temps. Car, la grogne va bientôt vous broyer.

mercredi 9 décembre 2009

La rencontre malheureuse de deux mondes

Préambule: j'utilise l'occasion d'un échange commencé chez Missmath et poursuivi dans les commentaires de l'entrée précédente, pour développer la thèse que la réforme peut être vu comme une rencontre malheureuse entre le monde de l'adaptation scolaire et celui de l'enseignement régulier. Même si nos penseurs de la réforme aime à nous dire que l'intégration des élèves en difficultés en classe ordinaire et la réforme sont deux choses. Quand on regarde l'esprit, les outils, les concepts et les questionnements du monde de l'adaptation scolaire entrer dans le monde de l'enseignement régulier qui a une longue tradition, on ne peut pas ne pas voir un lien fort. Bon, j'explique ici de mon point de vue la réforme du Québec à des Français.

Bonjour Chloé,

Désolé, j’espère que tu (sans hum!) te remets de ta grippe, ne prends pas trop personnellement mes exposés. Dans ton témoignage, j’ai repris des thèmes qui me semblent importants de travailler, de développer, de réfléchir collectivement par ici. Dans ces dialogues avec les protagonistes de la toile naît ou se déploie une pensée qui de plus en plus s’articule. Je comprends que nous ne menons pas le même combat. Je connais très bien la situation de l'enseignement adapté pour y avoir travaillé des années dans une école spécialisée pour des élèves en difficulté d'apprentissage au secondaire. J’y suis encore dans un autre contexte . Mais bon, j’ai fait mon chemin de croix dans l’enseignement régulier aussi et franchement, ce que j’y ai vu, entendu et vécu m’a profondément déconcerté. Enfin, je ne saisis que fort partiellement le monde de l’éducation en France. Vous semblez aussi être aux prises avec des approches tout à fait similaires à ici inspirés de la psychologie cognitive des années 70 et 80 et aussi par le globalisme, une curieuse orientation pédagogique à mon sens qui viendrait des Américains, mais probablement trouve ses origines dans la Gestalt allemande du début du siècle dernier. Enfin, c’est l’influence de tout le développement des sciences humaines récent dans l’histoire qui a pris davantage de place depuis 50 ans dans nos vies à de multiples niveaux dans un contexte de mondialisation et d’informatisation de nos sociétés. Nous sommes tous dans cet effet de champ!

Tout en essayant de décrire l’atmosphère et les grandes lignes de la réforme au Québec, je vais développer l’idée ici (que ton commentaire m’a rappelé) que cette réforme a essayé d’intégrer des concepts essentiellement issus des questionnements dans le monde de l’adaptation scolaire a un enseignement de masse. Cette voie se heurte à la réalité dans la mesure où les conditions d’enseignement, les ratios en enseignement régulier ne permettent pas une stratégie globale et effective orientée vers l’individualisation de l’enseignement.

En gros, pour moi, c'est la réforme au Québec qui a court depuis l’an 2000 et l'imposition d'un modèle unique à toute la formation de base du primaire et du secondaire (collège et une partie de votre lycée pour l'équivalence) qui ne vont pas du tout. Le modèle prône une approche de fondement socio-constructiviste qui prétend que le jeune construit par confrontation de points de vue ses connaissances, ce qui est pour moi accessoire et erronée dans l'acquisition des savoirs de base qui demandent une construction fort guidée des apprentissages pour atteindre de la consistance. On nous a dépeints comme de simples facilitateurs, accompagnateurs ou animateurs pédagogiques, tout en nous donnant du professionnel quand on est réforme et du technicien sans envergure de l’éducation quand on est trop traditionnel et qu'on se plaint de l'inconsistance des manuels autorisés. On a bouleversé nos habitudes pour rentrer de force une idéologie non validée par des expériences sérieuses sans discussion dans une atmosphère digne du sectarisme à la manière des communistes en profitant du renouvellement du corps enseignant qui a pris massivement ses retraites depuis la demi de la décennie précédente. Depuis dix ans, on subit des formations patentées qui sont surtout des endoctrinements menés par des hurluberlus et des jeunes qui assistent à leur fantaisie et reviennent en bon jésuite répandre la bonne nouvelle dans leur milieu. Je caricaturise mais à peine!

On prône une pédagogie de projets, des approches inductives (par découvertes) dans des contextes signifiants et on a empêché l'évaluation d'objectifs précis tout au long des apprentissages au profit d'évaluation globale en situation d'exercices de compétences complexes. Bref, on évalue l'impossible compétence depuis une décennie. Cette approche par compétence qui se veut interdisciplinaire nous en a fait voir de toutes les couleurs dans une atmosphère d’improvisation que subit le corps enseignant d’ici depuis trop d’années. Sa santé est d’ailleurs en péril et nombreux sont ceux qui tentent de se recycler dans d’autres domaines tant la vie de l’enseignant est devenue périlleuse et stressante pour qui tente honnêtement de bien faire son job tout en restant intègre et entier. Il est difficile de décrire sommairement cette réforme et sa pensée qui est un «patchwork» d’un ensemble de concepts approximatifs développés par divers penseurs et chercheurs des sciences humaines liées à l’éducation qu’on a fixé dans une sauce prématurément et qu'on a décrété en vrac avancée de la science pour mieux nous l’enfoncer.


Enfin, point capital, on a imposé une démarche devant favoriser le développement de l’esprit d’équipe des jeunes et d’habiletés sociales diverses et dans une certaine liberté de l’élève dans sa démarche dans le cadre de la pédagogie de projet sans revoir une seule seconde les ratios. Nous devons gérer au secondaire toujours des groupes de plus de 30 élèves, format pensé dans une école traditionnelle à une époque où l’expressivité des jeunes n’était pas ce qu’elle est devenue. On nous a demandé de différencier notre pratique, de prendre chaque élève et de le mener là où il pouvait aller tout en maintenant avec un flou artistique une certaine structure de programme avec des objectifs communs à atteindre tout en rendant l'évaluation subjective pour mieux contrer sa force. On a mis en place des concepts du monde de l’enseignement adapté dans la tête d’enseignants réguliers qui gèrent des volumes d’élèves trop grands au secondaire pour vraiment entrer dans cette individuation de l’enseignement en ne s’y perdant pas.

Quand nos syndicats ont accepté en 2004-2005 le principe de cette réforme lors des dernières négociations dans une entente globale qui gagnait d’autres combats sans rapport avec cette réforme, un grand nombre d’enseignants se sont vraiment sentis trahis… Le problème de fond est que nous n’évoluons pas dans des ratios permettant ce genre d’angle de travail sans sombrer dans un certain chaos. Déjà en 96, dans un cours en adaptation scolaire que je suivais l’époque, on affirmait que des superprofs capables d’intégrer des élèves en difficulté et d’individualiser l’enseignement en classe normale étaient l’avenir. Je sentais déjà à l’époque que si on pouvait dire de telles inepties dans une université à des profs ou futurs profs dociles, les choses allaient tourner mal pour le monde de l’enseignement adapté et aussi pour celui du régulier…

En soi, aucune de ces approches pédagogiques nouvelles n'est mauvaise et en des temps propices et dans des conditions qui le demandent, elles ont toutes leurs pertinences. Le problème, c'est l'imposition de ces approches murs à murs à des enfants de tout âge et la condamnation de toutes les approches traditionnelles, allant jusqu'à condamner l'enseignement trop systématique, la mémorisation ou l'utilisation de manuels ou méthodes trop traditionnelles. Enfin, le déni des limites de l’enseignement individualisé et de la nature déstructurée des projets dans des conditions de travail toujours semblables à celui des classes traditionnelles. On demande aux profs de tout inventer dans une classe pensée au moyen âge sans fournir de fonds vraiment, sans se donner des conditions humaines de réalisations.

Cette situation a créé dans le milieu une sorte de guerre de tranchée où finalement pour avoir de beaux postes et les faveurs des directions, il faut faire et affirmer la réforme, cette idéologie enfermée dans des dogmes indiscutables et formules lapidaires envers les critiques répétées avec la conviction d’élus de Dieu ou on se fait en douce reléguer aux tâches moins intéressantes ou carrément exclure dans le cas des enseignants à statut précaire quand on manque d’enthousiasme (Ici, on n'a pas l’éducation nationale où on a la permanence garantie tout de suite un coup les concours assurés. Ici les limbes qui mènent à la permanence ne sont pas toujours commodes à négocier, même en temps de pénurie d’enseignants. Il est de toute façon devenu tellement facile d’engager n’importe qui pour un prix nettement avantageux pour le gouvernement... Nos syndicats enseignants n’ont pas la force de leurs égaux en France). Le libéralisme (moins d’état, moins de ce qui entrave la libre entreprise qui va s’occuper du social) en Amérique a une vigueur, nous sommes tous des enfumés, que le Sarcozisme envie sûrement… Je peux comprendre la France d’en avoir marre parfois de sa gauche, ici on en voudrait une plus vigoureuse.

De ce côté-ci de l'Atlantique, la plupart des gens qui se montrent fort critiques face à la réforme doivent pour ne pas subir de représailles fermer leur gueule et endurer et jouer un enthousiasme forcé. On a vu plein de postes de chefs d'équipe être donnés à des jeunes aux compétences fort discutables en terme de maîtrise des matières qui font la morale aux profs expérimentés ou dénoncent aux patrons les récalcitrants. Pour ces gens la réforme est une évidence et ses pratiques vont de soi. On ne veut pas savoir nos difficultés, on nous veut en mode solution. Or, rien ne va de soi, c’est tout à fait contraire à ce qu’on vit dans nos classes : rien de ce discours n’est évident. On est en pleine schizophrénie étatique. Les universités ont bien fait leur job d’endoctrinement. Bref, avec son armée de jeunes ambitieux, tels des jeunesses hitlériennes ou des militants de parti communiste, la recette des organisations totalitaires ou sectaires n’est pas neuve, cette réforme a fermé la discussion pédagogique et nous sommes nombreux à la subir.

Les résultats de cette aventure inconcevable sont de l'avis de tous assez catastrophiques. Les élèves sont d'année en année de moins en moins solides dans leurs préalables et la situation devient périlleuse tant on commence à manquer d'idées pour colmater les brèches abyssales qu'ont occasionné ces approches réductrices et inconsistantes...

Nous sommes toujours sous le joug de cette idéologie de l'éducation même si le gouvernement commence à se sentir concerné par les dérives de la réforme. On le sent jongler avec la patate chaude de plus en plus. Mais rien ne change beaucoup, même si on commence à parler de réévaluer des connaissances dans les bulletins sans nous dégager des ésotériques évaluations de compétences.

Bref, personnellement, j'essaie de réfléchir cette situation catastrophique en essayant de démonter l’illusion de ce discours et en essayant aussi de transmettre des connaissances que ma formation en psychologie m'a données. Pour moi, tous ces concepts de la recherche psychologie cognitive ont trouvé une place dans cette réforme, mais en en détournant la nature et en généralisant à outrance ses applications.

Je veux bien qu'on varie les pédagogies, mais bon j'observe qu'on retient tout de même ce qu'on pratique souvent, autrement on ne fait qu'occuper avec apparence d'apprentissage. La notion de show d’éducation ici rend compte de toute une manière ostentatoire de jouer les profs plein de projets. Mais on continue, et ça empire d’année en années, de recevoir des élèves qui n’ont pas une capacité d’apprendre développée et qui ne maitrisent pas un minimum les préalables nécessaires à une formation au secondaire. On continue de nous proscrire certains vocabulaires traditionnels en grammaire par exemple. Je ne me lance pas ici dans le délire de la nouvelle grammaire, on n’en sortirait pas…

L'approche, pour moi, pour les élèves en difficulté que j'ai vu faire ses preuves n'est pas la pédagogie de projet, mais le ciblage d’ objectifs stratégiques qu'on travaillera sans relâche en développant des stratégies avec l’élève en individuel avec un encadrement serré pour endiguer les faux-fuyants nombreux des élèves en difficulté. Je comprends très bien la difficulté de vivre l'échec de ces jeunes, mais ce n'est pas en leur faisant croire qu'ils réussissent dans des apprentissages sans consistance qu'on y parvient. Non, c’est en leur faisant réussir enfin sur le terrain de leurs échecs antérieurs en développant leurs forces. On faisait écrire 4-5  fois le même genre de textes dans l'école où j'ai travaillé, on les entrainait à l'esprit des évaluations en lecture, on les outillaient de stratégies. On ne les éparpillait pas dans des projets...  bien qu'on en faisait à l'occasion.

Les jeunes continuent de décrocher en grand nombre de l’école malgré cette réforme censée les rejoindre. La pédagogie de projet ne répond pas bien avec des élèves en difficultés en terme de résultats. Enfin, ce miracle attendu pourrait peut-être se produire si l'on s'en donnait les moyens au régulier. Les ratios 1 prof par une quinzaine d'élèves dans le secteur adapté donnent une chance d'atteindre ce genre d'objectifs. Évidemment, pour certains autres plus rétifs à toute éducation qui ont des contraintes majeures liés au milieu familial ou culturel, il y a d’autres choses à tenter. Les projets sont peut-être pertinents, mais on ne doit pas trop en escompter. Quand on a du mal à s'investir à l'école, c'est rarement un projet compliqué  même plein de sens qui va changer la donne pour le jeune. Passé l'enthousiasme de idées de grandeur, la réalité des efforts à faire et des contraintes sous-estimées dans le projet démobilisent beaucoup. C'est encore l'enseignant qui doit mener à bout de bras un événement qui se déploit dans le temps aux imprévus nombreux dont l'issus est souvent incertaine. Je crois qu'on exige beaucoup trop des enseignants. C'est irréaliste de lancer dans de telles aventures constamment tout le système d'enseignement.

Je comprends le monde de l’enseignement adapté capable de se retrouver dans les concepts de ces vents de réforme, néanmoins ce monde ne voit pas combien appliquer une logique pour l’adaptation scolaire à la masse des élèves dans des contextes de grands groupes hétérogènes est une aberration.
Ainsi, avec des élèves en problématique de comportement ou de personnalité, c'est autre chose, j'en conviens. L'objectif de scolarisation n'est pas toujours non plus un objectif raisonnable pour plusieurs élèves. Je suis très d'accord avec vous, Chloé, à ses élèves, il faut offrir autre chose. Quoi, ben, je ne suis pas dans ce domaine. Je laisse cette réflexion à d’autres.

Mais ce n'est pas mon point. En parallèle avec la réforme, le gouvernement, épaulé par des parents fanatiques, imposent l'intégration des élèves en difficultés diverses en classe normale ou «ordinaire» (le dernier jargon officiel!), si bien qu'au final, on tend vers le déni pur et dur de la difficulté d'apprentissage et d’adaptation en éliminant les services complémentaires, car si on avait maintenu les critères ayant cours avant cette intégration, on devrait payer beaucoup trop d'auxiliaires accompagnants ces élèves en classe, ce qui est coûteux. Les professionnels censés soutenir cette intégration ne sont pas assez nombreux, mais de toute façon cette idée est contraire à bien des points de vue au bon sens.

Pour moi, cette intégration condamne le fonctionnement de la classe normale et on se retrouve donc avec des classes comparables à des situations d'enseignement adapté dans tout le réseau à ne pouvoir donner une formation cohérente et consistance à une majorité de jeunes qui en seraient pourtant capables. Bon, je suis certain depuis près de 15 ans que ces orientations, qui nient des principes de fonctionnement élémentaire des organisations humaines (créer des unités fonctionnelles), visaient, depuis le début, des sapes majeures dans les budgets de l'éducation qui, depuis le début des années 90, ont connu des coupes majeures dissimulées dans le maintien des chiffres sans suivre l'indexation du coût de la vie, en plus d’absorber ceux de d’autres ministères fusionnés avec celui de l’éducation. Nous avons un ministère de l’Éducation, des Loisirs et des Sports, (MELS, oui les Melseux!) le croirez-vous?

Bon, donc, désolé de te donner l'impression de te placer dans une case, je suis aussi très atypique (Jonathan Livinston, mon avatar, cherchait toujours de nouvelles techniques de vols et ne se satisfaisaient pas de la vie grégaire de ses congénères) et, finalement, je me plais bien davantage dans les défis de l’enseignement adapté quand j’ai les conditions pour le faire. Le problème, c’est que ces dernières années, on a voulu tout intégrer pour faire des économies sous la pression du libéralisme qui veut abolir l’état, ce même libéralisme qui est en train de tuer le capitalisme devenus sans règles et l’économie de marché qui s’effondre malgré les sommes colossales investies ou engagées par les état pour sauver l’économie mondiale en chute libre, ce qui va mettre encore plus de pressions sur les budgets sociaux. On nous demande de répondre en même temps à la diversité fort complexe des besoins de cas problèmes tout en assurant un enseignement pour les élèves moyens. Mais même chez les plus aptes, on constate qu’ils ont une formation en bout ligne moins solides et consistantes que celles des générations précédentes. Personnellement, je trouve qu'on leur demande beaucoup trop de ce qu'ils ne sont pas capable et pas assez de ce qu'ils seraient aptes à développer. Mais bon, les  élèves doués vont toujours s'en sortir peu importe la pédagogie. Ce n'est pas pour eux qu'on doit la penser, mais pour ceux qui ont besoin d'une formation structurante, pour ceux chez qui l'enseignement a un impact.

Je crois qu’on est, tout ceux qui avons pris la parole dans ce «colloque improvisée», tous des chercheurs quelque part assez parents dans l’âme qui tentons de nous dépatouiller dans ces environnements idéologiques qui chez nous sont venus jusque dans nos classes nous dicter nos conduites en paralysant notre liberté pédagogique, en nous jugeant sur nos personnalités, alors que le monde de l’éducation a beaucoup plus à gagner d’une approche respectueuse des styles pédagogiques variés que d’installer dans ses rangs un esprit de guérilla à réprimer avec des gagnants et des perdants.

Désolé de te placer dans une case donc, je dois avoir un travers de Shadocks qui n’en ont que 4! On ne connaît pas ici! En fait, quand on écrit on réagit à quelques phrases et on part son développement. Dans ton texte, la question du sens m’a déclenché, je trouve qu’on en abuse trop souvent, c’est presque devenu une religion : il faut que ça soit significatif pour le jeune, que ça serve à quelques choses. Nous devons assumer d’intéresser le jeune, agiter du hochet sans relâche. Et si ça ne marche pas, c’est toujours de la faute du prof. Le système est parfait lui. Oui, certes, mais il ne faut pas en faire une religion, l’utilité de certains arts est souvent peu visibles au premier regard…

Ici, on en est à ce point. J’ai voulu amener dans mon texte l’idée trop souvent occulté de nos jours qu’il faut miser d’abord sur l’objectif de faire faire et refaire pour construire systématiquement, patiemment et intelligemment les bases de l’édifice intellectuel. L'analyse commence avec la découverte des mots et de leur fonctionnement pas dans le texte comme un certain globalisme à la noix de coco veut nous le faire avaler.

Si le sens y contribue à la nécessité de faire faire les gammes de la pensée, fort bien. Mais il y a de nombreux autres ressorts à utiliser pour mener à point notre tâche et il ne faut surtout pas la dévaloriser comme on l'a laissé faire ces dernières années en affirmant qu'il était dépassé de devoir souffrir, peiner pour apprendre. Cette vision totalement fausse qui ne correspond pas du tout à l'expérience de plusieurs a fait des ravages pour vanter les mérites d'une pédagogie par le jeu et la découverte. Pourtant, l'un n'empêche pas l'autre. Ce sont les réformiste, qui ont instauré ce monde dichotomique où l'on doit se positionner pour ou contre. On est avec eux ou contre eux... Or, tu as assez raison, nous n'avons pas à entrer dans ces cases. En même temps, la pédagogie par le jeu ne doit pas devenir complaisante, elle doit s'évaluer dans ses résultats. Pour le moment, on a quand même de gros doutes sur son efficacité...

Je crois qu'il est nécessaire de réhabiliter des ingrédients dévalorisés par l'idéologie que nous devons retrouver pour remettre notre train sur les rails et pour se faire, nous devons répondre aux formules lapidaires des réformistes, car elles nous ont tous contaminés et dérangés. Elles ont mis en doute notre expérience, notre jugement propre.

Personnellement, je mets autant de sens que je peux dans ce que je fais et ce que j’explique, mais bon je regarde les effets et je fais faire… Je tire, je pousse, je cherche à comprendre la difficulté, j’entraîne progressivement autant que possible… Partir du connu pour aller vers la nouveauté, c’est une clé… mais sentir aussi que l’autre n’écoute plus parce que mon sens n’en a plus pour lui. Parfois, il faut en dire moins pour obtenir plus! Mais bon, éduquer est une science de l’essai et de l’erreur aussi, on avance à tâtons dans l’esprit d’un enfant qui n’a pas une facilité d’apprendre… c’est un beau défi qui nous fait vivre aussi  la défaite et développer l’humilité.

J’ai développé dans l’élan le concept de cartes mentales qui permettent de structurer le développement de l’évolution intellectuel d’un être humain doué de raison. Je défends l’idée souvent aussi qu’ont fait faire trop des trucs nécessitant de la gestion mentale complexe propre aux capacités de l’adulte et qu’on devrait viser des objectifs qui respectent davantage le développement de l’enfant bien avant des compétences interdisciplinaires qui sont des concepts du monde du travail adulte. J’ai l’impression que ces dernières années, on a oublié ces nécessaires bases, l'utilité des cartes mentales, les nécessités du délicat développement intellectuel qui a ses étapes et la gymnastique naturelle de l’apprentissage dans les discours au profit d’activités trop souvent tape-à-l’œil et illusoires qui en fait démobilisent par leur complexité et ne donnent pas les résultats attendus.

Mais bon, j’espère que tu comprendras que je n’ai pas jugé ta personne, mais questionné des concepts pour tenter d’en valoriser ou revaloriser d’autres qui me semblent aussi importants de considérer dans la grande discussion difficile en éducation. Je comprends ton ambivalence face aux analyses que je propose. Le monde de l’adaptation scolaire a ses exigences qu’on ne peut transférer sans casse dans l’univers du régulier qui, dans la mesure où on y gère de grands groupes-classe, doit aller vers des stratégies beaucoup plus traditionnelles dans son esprit également pour atteindre un objectif raisonnable de scolarisation pour le plus grand nombre. Mélanger ces deux univers pour faire des économies d’échelle a été une catastrophe humaine à mon sens dont on n’a pas fini de gérer les conséquences.

En terminant cette analyse, je me demande si aussi on ne devrait pas entrer l'influence également des concepts du monde des écoles internationales qui ici a connu un essor ces dernières années. On dit que la réforme leur va mieux qu'aux autres...

Sur ce, bon vent et au plaisir d’échanger, mais soigne-toi d’abord.

mardi 8 décembre 2009

Cartes mentales pour la vie au lieu des show de sens...

 On commence à parler d'un colloque qui a lieu chez Missmath,

Je réponds à un intervenant...
je poserai peut-être ce texte au colloque, mais bon je n'ai pas le temps ce matin!

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Pour Emmanuel,

Je ne doute pas que peu importe le courant pédagogique, la qualité de la relation pédagogique soit importante.

Oui, autour de nous partout, il est difficile de faire des échanges avec les collègues, car il y a de tout. Même de nombreux connards... Malgré mon discours, qui demandent franchement qu'on retourne voir ce que la tradition scolaire disqualifiée d'entrée de jeu par les néo-pédagogues pouvaient avoir de sensé pour avoir perduré dans le temps, je ne suis pas un adepte des vieilles méthodes parce qu'on ne m'a même pas laissé le choix, on a foutu les vieux manuels au poubelle... et disqualifiés avec des formules creuses mais efficaces tout ce qui touchait une pédagogie plus classique. J'en ai marre de me faire traiter de dinosaures, je n'ai pas l'esprit de secte et je ne cherche pas de gourous, voilà tout... Je peux penser par moi-même sans suivre une mode le nez dans le c...

Je ne défends pas aucun courant, je suis un chercheur insatisfait de notre performance qui observe ses recettes inefficaces et ses gadgets trop distrayants pour forger un esprit consistant et qui endure des outils didactiques faits pour les talents naturels. Je suis constamment en train d'adapter du matériel déconnecté si ce n'est pas d'en produire pour tenter de faire raisonnablement mon boulot en tenant compte des élèves. Je rame contre une tendance lourde chez ses derniers à n'être plus capable d'un minimum d'attention et une attitude inquiétante, prodigue à fuir devant la tâche.

J'ai appris tout de même à me méfier des élèves qui disent que leurs profs qui nous ont précédés ne faisaient rien ou que c'est à cause d'eux qu'ils n'ont pas compris. C'est peut-être parce que je fais souvent aussi ma cuisine avec les autres... et que je me rends compte que beaucoup de collègues mettent aussi du sens dans ce qu'ils font...

Après le bon show de fractions plein de sens qui met sur les genoux d'une journée comme on nous demandent de le faire, vous referez beaucoup d'autres opérations de fractions pour consolider tout cela? Avec vos programmes surchargés, vous y arriverez? Régulièrement, patiemment, vos élèves vont-ils vous suivre ou encore réclamer un bon show à vous mettre sur les genoux sur un autre sujet? parce que les fractions au bout d'un moment, ça gave... C'est de cette exigence que je cause qui élude le travail nécessaire aux acquisitions durables...

Pour moi, le bon show n'a d'effet que temporaire. L'année suivante, un autre prof fera un autre bon show et les élèves diront qu'ils n'ont jamais rien compris avant. (C'est bien de mettre les gens sur un piédestal...) Ils auront simplement oublié... Comme j'oublie des films vus il y a quelques années parce que j'en consomme tellement. A part la vague impression de déjà vu, il me faut entrer parfois une heure, des fois deux avant de me convaincre que je l'ai déjà vu... Celui que j'ai vu 14 fois n'a aucune chance de sombrer de la sorte dans l'abîme de l'oubli...

J'impute principalement cet oubli assez systématique à notre éparpillement pédagogique,à notre démission de faire faire la consolidation des acquis et à ces méthodes nouvelles qui font jongler dans des contextes surchargés d'informations.

Devenir intelligent dans la réalité complexe passent par le développement préalables de différentes grilles, de réseaux de connaissances qu'on usera pour voir et discerner dans la masse d'information. Aucune grille n'est parfaite, mais sans elles, je ne me construis pas, car je reste dans le néant.

On m'a fait apprendre par cœur des noms de pays un jour, dessiner des cartes, et mis devant le défi de régurgiter sans faute tout cela. Oui, le monde a changé. Mais cette base m'a permis plus tard et tout le long de mon âge adulte de greffer dans une toile intérieure tout ce que j'ai appris par la suite sur les relations internationales, la politique, les enjeux stratégiques, le caractère des peuples.

On m'a fait aussi apprendre des histoires pleines de dates à retenir et d'événements qui pour l'enfant n'avait pas encore de sens, j'ai dessiné des lignes du temps. Je ne pourrais pas recracher toutes ces dates par cœur, mais il m'en est resté quelque chose, un point de référence intérieur, une représentation qui m'a toujours fait faire des liens entre ce que je voyais au cinéma ou dans un bouquin et d'autres événements généraux que j'avais appris lors de mes études. Même adulte avant de mettre du sens dans bien des concepts, il faut en apprendre l'histoire. Je retiens de ma formation universitaire en psycho surtout les cartes qu'elle m'a données, voilà 20 ans que je continue de comprendre la psychologie du monde, de mettre ensemble des choses que je ne pourrais mettre en relation aussi facilement sans ces cartes, ces représentations de la réalité... Mes cartes évoluent...

Pourquoi, aujourd'hui, aurait-on la prétention de faire tout comprendre et de donner le sens des choses aux jeunes? Veut-on les endoctriner? Au lieu de leur donner des bases?

Pour moi, il est clair qu'une cassette ou un cd avant de donner son potentiel a besoin au préalable d'être formaté, d'apprendre les données de base... Un humain a la beauté de pouvoir retravailler sa vision des choses, de revoir son formatage...

Sans cette formation, l'intelligence aura du mal à s'en libérer sans se perdre dans l'oubli...

Ici, au Québec, on tente de faire des historiens avec des enfants, mais ont-ils en eux une carte bien précise des événements qui pourra servir à raccrocher en eux tout ce qu'ils liront par la suite? Parfois, j'en doute et je me dis que c'est précisément pourquoi ils ne retiennent plus rien ou si peu. On les surgave de sens. Ils n'ont pas eu de cartes à mémoriser, qu'ils ont faites et refaites pour se construire une structure intérieure.

Une maison sans fondations...

Quand vous me parlez de frapper les élèves en évoquant le passé pour le disqualifié comme je l'ai 100 fois vu, quand vous me parler de formatage indignant, je crois que vous êtes atteints de la cécité générale qui atteint mes contemporains quand il s'agit de comprendre à quoi sert finalement une formation de base. D'abord à avoir des outils solides et des cartes références pour entrer dans la vie complexe. On aura toute la vie pour comprendre par soi-même ensuite.

Un prof qui explique ce qu'il a compris à des enfants, trop souvent, en entrant dans le complexe se satisfait plus lui-même qu'il ne nourrit le besoin réel d'un humain en construction.

En enseignement, on a certes besoin d'ouvreurs d'esprit, on a surtout besoin aussi d'esprit rigoureux qui forgent, qui tiennent une constance, qui permettent de fixer des cartes et des outils pour la vie. Quand ces deux styles d'enseignements complémentaires cesseront de se lapider les uns les autres et comprendront l'apport de chacun, on cessera de vouloir imposer peut-être une voie unique.

Si on n'avais pas dévalorisé la fermeté pédagogique d'antan qui nous habitent encore plus qu'on ne se l'imagine, on ne serait pas en train de s'escrimer sur des réformes inefficaces qu'on nous impose et dont l'efficacité nous laisse chaque jour un peu plus perplexe.

lundi 7 décembre 2009

Les essentiels oubliés...

Préambule

Dans une discussion faisant suite à l'introduction du livre de Normand Baillargeon, Contre la réforme, les contributions sont nombreuses. Je me suis permis ce long développement, que je mets ici aussi. Il fait suite à un constat que je posais dans cette discussion:

Vous ne réalisez pas une chose. Pour la première fois depuis la nuit des temps dans l'humanité, les enfants décident si leur éducation leur convient...

J'ai l'impression que la société moderne a opéré un glissement fort étrange.

J'aime bien ton histoire de gâteaux blancs Missmath, en même temps, si on laisse un enfant dans son raisonnement égocentrique dicter la direction pédagogique, on n'a pas fini de valser!

Pour moi, on a abandonné la transmission rigoureuse de nos valeurs et de nos méthodes. Nos enfants sont gavés de spectacles intéressants...

Regarde bien la déconstruction du monde occidental dans les décennies à venir. Nous serons témoin de ça...


Missmath nous fit remarquer:  Cher Jonathan, on n'a pas fini de valser, parce que, si les enfants décident de la danse, les parents les accompagnent en imposant le tempo.

Je passe sous silence les autres réflexions qui m'ont mené à développer ce que j'entends par transmission rigoureuse de nos valeurs et de nos méthodes. On n'a qu'à aller suivre le fil de discussion chez Missmath si besoin est!
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Pour moi,

La pression des enfants et des parents élude des ingrédients essentiels dans la formation de l'intellect: la répétition, la construction progressive des connaissances et des habiletés en élaguant les détails pour mieux saisir le pattern, la structure, la chose à retenir. Et malheureusement, trop d'éducateurs ont rejoint les rangs de ceux qui ne voient plus ces nécessités. Aussi, pour apporter un autre éclairage à cette discussion intéressante, je vais m'attarder à cet aspect.

L'éducation nécessite un petit côté nécessairement contraignant. Il faut amener l'enfant à l'effort pour développer son intellect et construire patiemment sa capacité d'apprendre, d'entrer en relation avec le savoir.

Il y avait classiquement pour cela des méthodes propres à chaque discipline. En maths, par exemple, on suivait une certaine logique, celle des séries toujours plus complexes. Tranquillement, on gravait le disque dur qui permet ensuite de gérer des opérations de plus en plus complexes. Au préalables, quelques répétitions clés avaient été 100  fois retravaillées ou mémorisées: les additions de base, les tables, certaines routines complexes dans les opérations, les multiples, les facteurs des nombres,etc.

En français, après les bases de lecture et d'écriture, on y allait progressivement avec des faits de langues et des apprentissages faisant appel à la capacité de mémoriser. Même dans les bases, de nos jours, on saute des étapes qui amorçaient la capacité d'analyse des détails en approchant la lecture par l'apprentissage visuel des mots (approche global), plutôt que de patiemment développer la lecture fine des lettres et des syllabes. C'est cute de les voir lire fin 1ère année, mais à quel prix?

Qui fait apprendre les verbes solidement comme autrefois? La connaissance de la grammaire du verbe est une denrée rare chez nos élèves du secondaire... Il y avait des routines pour cela, des façons d'exercer le rappel...

L'analyse grammaticale qui à l'époque y allait avec une structure fort simple sujet-verbe-complément,cent fois répétée, fixait patiemment des concepts nécessaires à la constitution d'un réseau de connaissances bien gravées dans le disque dur de la tête bien faite aussi. Elle continuait le regard analytique et la patiente mise en relation répétée des concepts à la base d'une maîtrise possible de la grammaire. En plus d'écrire des mots, de les copier, de les voir, de les entrer dans sa main et dans son œil patiemment. Tout cela pour éventuellement objectiver, réfléchir et corriger son orthographe, le tout progressivement.

De plus en plus, la pédagogie globalisante et un modèle unique pour toutes les matières tentent de nous faire avaler qu'on peut se passer de cette patiente et nécessaire construction ordonnée des connaissances de base et qu'on apprend en ayant des questions (émotion d'étonnement), ce qui motiveraient, à partir de situation complexe de la vie réelle: d'où la pédagogie de projet.

Entre le questionnement et la constitution de base qui requiert la patience, on ne maintiendra pas l'intérêt... Cette pédagogie ne tient pas la route.

Même lubie pour la pédagogie inductive où l'on découvrirait des règles par observation et manipulation et une fois découvertes, on les retiendrait comme par magie. Or, ça ne fonctionne pas. C'est des leurres que chacun est à même d'observer dans sa pratique... Comme si on pouvait se passer de la patiente répétition ou de l'habitude ou des routines qui seules marquent la mémoire pour longtemps quand il s'agit de petits détails... L'intellect pour se construire a besoin de ce temps et de ce patient travail.

L'émotion qui ferait nous rappeler  dans les cas de chocs traumatiques n'a pas vraiment d'application en éducation ou si peu comparé à la force de l'habitude de faire un certain chemin intellectuel. Le questionnement qui étonne au point de déclencher la mémoire est rare.

Le pire dans la situation, c'est qu'on n'a plus conscience de ces nécessités de l'apprentissage dans la constitution de l'intellect et donc, on ne se tient plus comme organisation éducative pour mettre cette pression nécessaire pour un patient développement des connaissances de base. On ne stimule plus guère ou fort insuffisamment la capacité de rappel. On ne fait plus faire la copie qui pourtant me fait apprendre rapidement un texte de chanson que je veux mémoriser, alors qu'en le lisant 100 fois, je n'y arrive pas.

Du déficit d'attention, ça se combat simplement en exigeant l'attention, en mettant en action d'attention. Et en ne laissant pas trop de choix... Quand on nous pousse à apprendre, on peut découvrir que ça entre... Quand je constate de plus en plus la pauvreté d'écoute pour tout ce qui demande un certain entrainement et un effort, je me dis que quelque part nous ne faisons plus cet entrainement intellectuel à la base de la démarche d'éducation et qu'on perd un temps fou dans des activités qui ne donnent rien en bout du compte.

Aujourd'hui, s'il est une chose essentielle qu'on nous a enlevée, c'est bien cette capacité d'exiger un travail. En mettant sur nous l'exigence d'intéresser, on a noyé toute possibilité de faire de l'éducation efficacement.

Oui, la gestion de classe est le nerf, et la nécessaire autorité aussi qui peut faire faire. Pas celle qui écrase, pas celle qui détruit, mais la nécessaire autorité qui régularise, qui rend possible l'œuvre...

Quand un enfant a la liberté de se soustraire sans problème de l'autorité qui le guide vers son développement,il ne voit pas qu'il s'ampute d'une possibilité pourtant importante pour accroître sa maîtrise du monde. Voilà la solidarité des adultes envers le projet éducatif que j'aimerais voir renaître: donner à l'enseignant la force nécessaire de s'imposer, de faire faire ce qui doit. A mon sens, sans cette prise de conscience importante, sans ce rappel de ces nécessités de l'apprentissage, on va errer encore longtemps dans notre tâche. Et nous, nous devons assumer ce rôle, arrêter de nous prendre pour des bouffons qui doivent intéresser la galerie...

Aujourd'hui, je suis assez d'accord avec Blag'cuicui, on attire l'attention de l'éducateur sur le dernier gadget qui marcherait pour stimuler un travail assez superficiel chez l'apprenant.

Or, la pédagogie nouvelle, au lieu de nous mystifier de ces artifices qui n'ont pas  prouvé leur efficacité, devrait mettre son ardeur à rendre stimulante les nécessaires répétitions. Jouer en répétant, chanter, dessiner, faire des jeux, et se répéter aussi joyeusement qu'on devient intelligent et capable de faire quelque chose parce qu'on l'a fait bien 100 fois.

Mon reproche envers la plupart des conseillers pédagogiques que j'ai croisés dans ma vie, c'est qu'ils sont aussi inconscients de ces faits essentiels. Ils devraient nous rappeler ces essentiels plutôt que de nous donner le dernier truc qui cogne qui s'avère 100 fois sur 10 inefficace ou inapplicable!

Et je n'ai parlé que des deux matières de base.

Voilà donc dans quel état j'hère!

vendredi 4 décembre 2009

Ironie et décadence, ces décades où on danse, les décatis du caporal, les décapés du capital

Réponse à un commentaire chez Missmath dont je n'encombre pas le site de mes observations et réflexions...

Frankie,

Je crois voir de l'ironie.

Je n'ai pas de solutions au bordel ambiant. J'ai remarqué néanmoins que les trop nombreuses distractions et le laisser-être et s'exprimer des enfants d'aujourd'hui les disposent très peu à adopter le calme nécessaire à de nombreux apprentissages scolaires. L'éparpillement dans des activités d'apprentissage mal coordonnées ne me semblent absolument pas aider dans  l'acquisition effective des savoirs à enseigner.

Je ne crois pas que les solutions proposées par l'aventure de la réforme n'améliore la situation.

Je me rappelle seulement que pour avoir  eu des enseignantes religieuses peut-être défroquées dans ma jeunesse encore en fonction dans les années 70 pendant mon primaire que leur art avait un certain impact: on apprenait. Leurs activités un peu routinières ont laissé des marques dans ma mémoire, on ne leur balançait pas à la figure un «c'est plate» pour se croiser les bras. Ça ne se faisait pas dans ce temps-là... Et on ne nous martyrisait pourtant pas du tout. Il n'y avait pas tous ces gadgets et néanmoins on apprenait.

Je me rappelle aussi que les maths ne se contextualisaient pas systématiquement avant le programme de 94. On passait de séries en séries toujours plus complexes. On nous plongeait occasionnellement dans des problèmes à résoudre.

J'ai compris le monde plus tard et appliqué mes connaissances de maths bien solides en moi. Là, les nombreuses fois où j'ai enseigné des maths, j'ai passé beaucoup de temps à expliquer le monde des adultes à des enfants pour qu'ils puissent comprendre les problèmes. Le profit, les rabais, les taxes, les emprunts, l'hypothèque, des calculs de salaire... On n'apprenait pas tout ça dans mon enfance, on ne nous faisait pas gérer des résolutions de problèmes en 4-5 ou 6 étapes en 4e année, mais en 4e, on savait par coeur nos tables. On savait trouver les facteurs d'un nombre pour l'avoir tellement répétés en fin de primaire. Quand tu te pointais devant les défis de factorisations en algèbre, quelques années plus tard, t'étais équipé pour les résoudre et trouver du plaisir à ces jeux d'essais intuitifs, de solutions à tester. L'autre jour, la collègue m'a sorti deux problèmes salés de factorisation, je me souvenais comment faire... 25 ans plus tard... 5 minutes avant dîner et 10 minutes après et mes gribouillis et mes solutions étaient là. La collègue a passé une bonne heure et l'enseigne! Combien de nos jeunes résolvent ce genre de problèmes de nos jours?

Bon, la conclusion de ce que je développe dans mon dernier billet est une sorte de boutade. Je suis loin de vouloir revenir à la religiosité autoritaire de ces époques.

Je souhaiterais néanmoins un peu plus de solidarité du monde adulte dans l'encadrement des jeunes qui ont besoin qu'on les éduque pour développer le sentiment d'être capable et devenir des adultes consistants au final. Je souhaiterais un peu plus de consistance aussi dans nos stratégies communes d'éducation.

Nous avons aussi comme collectivité besoin d'éléments outillés intellectuellement pour répondre adéquatement aux exigences des besoins de compétences dans différents domaines.

Quand faire réussir est le mot d'ordre général et que l'objectif s'atteint (encore là, même pas selon les chiffres) en diluant les critères d'évaluation dans une soupe incompréhensible et en diluant la consistance des formations élémentaires et secondaires dans une sorte d'animation-garderie-spectacle qui a un impact assez discutable, je crois qu'on perd le sens de ce qu'on veut faire.

Pour moi, il importerait davantage de viser une scolarisation effective et réel de 50 % de la population, que de grossir les trous du tamis pour faire joli et se retrouver avec des générations d'alnalphabètes fonctionnels.

Parce que franchement, avec le peu de maîtrise des enseignements de base partout corroborés par l'observation dans différents milieux des générations montantes, on se demande comment on trouvera la compétence, celle des professionnels, dans quelques années.

En lisant les nouvelles ces derniers jours, je remarque que l'on parle de reconnaître plus facilement la formation des immigrants dans de nombreux domaines professionnels qu'on semble avoir besoin à la pelle. Je demande franchement pourquoi on a tant besoin d'étranger pour faire fonctionner notre société. On n'arrive plus à développer par nous-mêmes les compétences ou quoi?

Comme société, cette mollesse décadente partout visible ces dernières années a de quoi nous interpeler...

Et pis je note aussi que peu de gens du milieu observent, réfléchissent et partagent leur réflexions et leur questionnement. Beaucoup font de l'ironie et répète comme des perroquets des arguments fabriqués relayés dans un style témoin de Jéhovah qui a tout compris, mais qui pédale à s'expliquer quand tu oses leur poser une ou deux questions non prévues par le bréviaire...