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jeudi 11 juin 2009

Suite de Home: taxe sur le carbone

Home avait l'air d'une commande pour passer des mesures difficiles. La livre blanc pour une taxe sur le carbone a été déposé hier en France. Voilà pourquoi on a présenté le film avec grands bruits à la télé et une campagne de 23 millions.

Bon, comme je l'ai dit c'est probablement pertinent. N'empêche que c'est tout de même curieux de mettre sur la table une série de mesure de taxations après avoir balancé au privé de l'argent publique pour renflouer l'excès des financiers.

Au Canada, on devrait aussi en entendre parler bientôt, quoique nos sables bitumineux qu'Ignatieff défendrait mieux que Harper font peut-être obstacle à cette option trop pro-environnement...

Mais bon avec un déficit de 50 milliards prévu au printemps, on va bien chercher des solutions...

mardi 9 juin 2009

Bitchage: mon remède? Qui a dit quoi?


Hier, on a attiré mon attention sur des billets sur le «bitchage». Un prof au primaire dénigré par des collègues depuis 12 ans rapporte le billet de Martineau du 27 mai qui, lui-même, nous parle d'une dame, Marthe Saint-Laurent, qui a écrit un bouquin sur la question.

Aujourd'hui, en salle à dîner de profs, j'observais justement une prof vilipender un prof masculin et je me souvenais en même temps avoir été le mois passé autour d'une table où elle était elle-même dénigrée par une autre femme qui la déclarait rien de moins qu'incompétente avec plein d'autres profs, des femmes, autour qui en remettaient ou écoutaient sans mot dire...

Juste dire que tant que les quolibets ne reviennent pas dans la bouche d'un directeur (ou directrice) qui veut mettre de la pression sur nous pour une raison quelconque, ces ragots émotifs la plupart du temps ne portent pas trop à conséquence même s'ils ne témoignent certes pas d'une grandeur particulière propre à l'espèce humaine! Bon, l'expérience de prof solitaire est assez particulière, je n'ai pas vraiment rencontré ce genre d'attitude malsaine à ce point, même si j'ai senti souvent de mauvaises vibrations venant de collègues soucieuses de garder leur contrôle dans le milieu.

Ce qui est chiant pour l'avoir vécu récemment encore, c'est l'accusation anonyme et souvent imprécise qui nous place sur une défensive malsaine. «Quelqu'un m'a dit ou plusieurs m'ont rapporté que... » dans la bouche de l'adjointe... Dernièrement, j'ai trouvé une parade. Demander avec précision qui a dit quoi à propos de quoi. Juste pour sortir du procès kafkéen et du délire justificatif d'un Joseph K, ce héros accusé, qui ne sait de quoi. Évidemment, avec notre tendance à vouloir être parfait, on a toujours quelque chose à se reprocher... Ce n'est pas une raison pour tomber dans le piège...

Tout d'un coup, en demandant des précisions, la situation bizarrement s'inverse. La directrice devient mal à l'aise et se rend compte que son accusation sans accusateur n'a pas de fondement. Idem pour des plaintes de parents... Qui? et quoi? Combien de parents font plein de parents ont appelé, pour dire quoi précisément? Puis-je les appeler? Etc. Et là, de précisions en précisions, on peut expliquer précisément notre point de vue sur la question et démonter la mécanique de l'accusation délirante dans laquelle on tente de nous enfermer. Car une opinion, comme chacun sait, n'est pas une preuve.

Le remède au «bitchage», ne pas laisser les autres s'en servir sans les mettre en devoir de fonder leurs accusations... Bon, je ne crois pas que ça me prépare un job pour l'an prochain, mais je garde au moins ma dignité et j'obtiens le respect de ne pas être la carpette des humeurs d'un leader... Les coups par en dessous, malheureusement, on n'y peut rien...

Bon, pour le reste, avant de jeter la pierre, faut se regarder, «bitcher» est souvent un réflexe pour se défendre contre sa propre peur de ne pas être à la hauteur. Si on se faisait confiance entre professionnels au lieu de constamment s'imaginer qu'autour de nous les gens sont régulièrement incompétents... Enfin, depuis qu'on croit tout ce que les enfants disent contre la parole d'adultes dignes de confiance, que le concept de règles est en perte de vitesse et que l'autorité, chargés de voir aux respects de règles, est une figure décadente, les temps sont dures en éducation...

La dénonciation par les enfants est un thème pourtant évident de 1984 de Orwell, mais bon on ne note pas comment notre monde devient...

Si on pouvait reculer dans le temps, faudrait peut-être écrire le roman d'anticipation qui parlerait du royaume des bitches entretenues par des gars intéressés à régner sur le monde. Albator était peut-être un précurseur...

dimanche 7 juin 2009

Home et l'écolodrame


J'ai regardé vendredi Home, le film de Monsieur photographe La terre vue du ciel bien célèbre dans la francophonie outre-atlantique sur RDI. Belles images impressionnantes, mais aussi traficotées ici et là en jouant sur les couleurs. C'est beau, artistique. Le jeu continuel sur la paralaxe de mouvement, qui en tournant autour des points observés donnent une impression de 3e dimension, est intéressant. On a dû en brûler des hydrocarbures pour tenir des hélicos bien stables et les faire bouger comme il faut... Mais c'est «le plus grand éco-événement de l'histoire» selon la publicité des distributeurs!

Quant au commentaire, d'un bout à l'autre, le ton est dramatique. Les excès de l'homme montrés dans leurs splendeurs avec un commentaire culpabilisant... Et le danger qui guette... Bon, on se demande franchement tout le long si les chiffres qu'on nous balance sont rigoureux. On n'est pas dans l'argumentaire ou la discussion, mais dans la thèse orientée sans références en bas de page... J'ai aimé néanmoins qu'on nous rappelle que la facilité de vivre que nous avons est un événement rare de l'histoire... Le portrait de notre démesure est saisissant. N'empêche qu'on nous rabâche encore un message sur une situation sur laquelle nous avons tous peu de pouvoir, je ne construis pas le millier de gratte-ciel de la Chine. Je ne détruis pas la forêt amazonienne ou celle de Bornéo. Je ne construis pas des transports en commun sensés non plus ni ne conduit de voiture électrique parce que, en Amérique, c'est le modèle américain indiscutable depuis longtemps. Les 2% qui possèdent la moitié des richesses du monde et qui le domine, nos politiques, quand auront-ils le bon goût de prendre les mesures qui s'imposent. Peut-être sont-ils justement en train de nous y préparer... Hier soir, à Radio-Canada vers 19h, le même message dans une autre dramatique, cette fois d'une humanité rendue en 2075 avec des mesures à prendre de toute urgence... Bon je ne l'ai pas tout vu... Seulement, je remarque une insistance dans le message écolodramatique.

En lisant Le Devoir, un papier intéressant de Stéphane Baillargeon sur les donneurs de leçon de la semaine, on apprend que 23 millions ont été mis en publicité pour qu'on se pointe tous en même temps pour voir ce film sur nos petits écrans... que le film est produit par Luc Besson et que des gens dans l'industrie de bidules inutiles et luxueux en Europe l'ont financé.

Et pendant ce temps-là, Guy Laliberté ira faire du tourisme spatial pour sensibiliser au manque d'eau... avec 35 millions.

Bon, moi je n'ai pas de trouble avec une certaine forme de simplicité volontaire, n'empêche que si l'élite s'octroit comme au temps du communisme des privilèges exorbitants en comparaison du niveau de vie des camarades de la base, je me pose certaines questions. J'ai même l'impression de me faire fourrer! Guy Laliberté, un humaniste, un symbole, premier artiste dans la lune! Je me marre...

Le monde est franchement mal fichu avec ces gens qui essaient de nous faire prendre des vessies pour des lanternes... On veut tous changer le monde, mais je ne sais pas si on veut se faire fourrer par une élite ostentatoire...

mercredi 3 juin 2009

Suivre ou s'arrêter et questionner


Je sais bien, je suis acerbe souvent. Je n'ai pas le goût souvent de rire. Encore aujourd'hui, des jeunes qui me sortent une histoire à coucher dehors pour justifier le fait qu'on ne remettra pas de travail d'équipe parce qu'un élève a perdu la seule sauvegarde existante du travail (des heures de travail sans preuve). La faute de personne: un oubli de coffre à crayon, un vandalisme apparent, une calculatrice poignardée en plein autobus avec une rare agressivité témoigne de l'irréfutabilité de l'événement... et la clé usb disparue... comme mon coffre à crayon la semaine dernière... Et mon doute, terrible, comme si jamais je ne rencontrais le mensonge et la créativité mensongère...

Je pense que je vais avoir vu toutes les parades possibles et imaginables que la technologie offre de nos jours...

Le monde va tellement vite, pourtant je ne suis pas une tarte complète, j'ai montré souvent ce que j'avais dans le ventre, mais cibole... y a des journées une onde de dégoût, de déprime profonde me remonte les flancs et me met devant une question assez simple: qu'est-ce que je fous dans ce foutoir?

Certains, comme disait Desjardins, «suivent la loi le nez dans le cul pour mieux disparaître...» On pourrait mettre mode, politique, idéologie. Ils ne leur viendraient même pas à l'idée de faire autrement.

D'autres s'arrêtent et regardent un peu l'ensemble et se disent: «me semble que quelque chose ne tourne pas rond». Et prennent note qu'au fond, dans leurs tripes, quelque chose dit: «non».

Et on a joué à Tétris dans mon cours et j'étais sans voix...

Pas de règles, pas de critères, pas d'autorité, la débandade moderne


Nous vivons dans un monde qui cherche à s'affranchir de nécessités millénaires. Nous pensons pouvoir vivre dans l'insouciance sans réfléchir comme des enfants dans un monde sans âge et sans mort, sans nécessité de se perpétuer, sans besoin de se battre, sans règle pour nous endurer comme si l'autre était pour tous un orgasme perpétuel, oubliant le «l'enfer, c'est les autres» de Sartre ou que la guerre a longtemps gouverné les hommes quand ils étaient en profond désaccord. Que, encore de nos jours, des hommes déshérités deviennent délinquants dans un système qui ne leur donnerait autrement aucune chance.

Nous entendons les différentes trahisons contre le système sans même nous en émouvoir. Une dame de l'Ontario à la tête d'un organisme de santé se paie la vie de luxe à elle et la paie à ses amis oubliant les règles pour réduire le favoritisme, le népotisme, l'abus du système. C'est à peine si nous en parlons. On pourrait entendre sans s'émouvoir un copain ou un collègue dire: «et si on était à sa place?» Ouin, et si nous étions à sa place? Normal de se servir, de profiter des autres...

Sans y penser, on ne se rend pas compte de la décadence de pareils attitudes tant elles apparaissent normales dans un monde où la vie est facile, trop facile...

Partout l'attitude de la décadence se manifeste, ce je-m'en-foutisme total et cet intérêt personnel sans aucune morale, sans aucun regard pour le bien collectif...

Et nos banquiers aussi ont revendiqué de n'avoir pas de règles...

Le système monétaire a connu un détournement de sa fonction sans précédent...

Les gouvernements n'en finissent plus de renflouer cet abus avec notre promesse de contribution à venir...

Et nos écoles? Reflet de société: règles fluctuantes, autorité sans pouvoir ou sans volonté, évaluations bidons, apparence d'éducation, absence de consistance... Nous sommes des fonctionnaires bien payés sans âme.

Et le monde deviendra violent sans qu'on ne sache trop pourquoi... et tout le monde sera surpris...

Dans une monde d'économie, nous en avons oublié ce qu'est au fond le sens de l'économie, l'exigence de l'économie qui est le contraire de l'insouciance. Nous parlons sans cesse de cette planète limitée en ressources sans changer notre façon de nous comporter....

Tout le monde a voulu retomber en enfance pour retrouver l'insouciance et devenir les enfants d'un système oubliant que des gens avaient donné leur vie et leur temps pour que ce système nous permette de vivre avec un certain confort. Tout le monde veut la liberté 55, mais avons-nous les moyens de nous payer des voyages sans fin pour un 3e âge favorisé?

Nous sommes-nous vraiment posé la question? Comment collectivement allions-nous nous donner un tel privilège qui jamais dans aucune civilisation passée n'avait existé?

Tout le monde a oublié que les révolutions et les grands déséquilibres arrivent dans ce genre de situations insolubles.