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mardi 9 juin 2009

Bitchage: mon remède? Qui a dit quoi?


Hier, on a attiré mon attention sur des billets sur le «bitchage». Un prof au primaire dénigré par des collègues depuis 12 ans rapporte le billet de Martineau du 27 mai qui, lui-même, nous parle d'une dame, Marthe Saint-Laurent, qui a écrit un bouquin sur la question.

Aujourd'hui, en salle à dîner de profs, j'observais justement une prof vilipender un prof masculin et je me souvenais en même temps avoir été le mois passé autour d'une table où elle était elle-même dénigrée par une autre femme qui la déclarait rien de moins qu'incompétente avec plein d'autres profs, des femmes, autour qui en remettaient ou écoutaient sans mot dire...

Juste dire que tant que les quolibets ne reviennent pas dans la bouche d'un directeur (ou directrice) qui veut mettre de la pression sur nous pour une raison quelconque, ces ragots émotifs la plupart du temps ne portent pas trop à conséquence même s'ils ne témoignent certes pas d'une grandeur particulière propre à l'espèce humaine! Bon, l'expérience de prof solitaire est assez particulière, je n'ai pas vraiment rencontré ce genre d'attitude malsaine à ce point, même si j'ai senti souvent de mauvaises vibrations venant de collègues soucieuses de garder leur contrôle dans le milieu.

Ce qui est chiant pour l'avoir vécu récemment encore, c'est l'accusation anonyme et souvent imprécise qui nous place sur une défensive malsaine. «Quelqu'un m'a dit ou plusieurs m'ont rapporté que... » dans la bouche de l'adjointe... Dernièrement, j'ai trouvé une parade. Demander avec précision qui a dit quoi à propos de quoi. Juste pour sortir du procès kafkéen et du délire justificatif d'un Joseph K, ce héros accusé, qui ne sait de quoi. Évidemment, avec notre tendance à vouloir être parfait, on a toujours quelque chose à se reprocher... Ce n'est pas une raison pour tomber dans le piège...

Tout d'un coup, en demandant des précisions, la situation bizarrement s'inverse. La directrice devient mal à l'aise et se rend compte que son accusation sans accusateur n'a pas de fondement. Idem pour des plaintes de parents... Qui? et quoi? Combien de parents font plein de parents ont appelé, pour dire quoi précisément? Puis-je les appeler? Etc. Et là, de précisions en précisions, on peut expliquer précisément notre point de vue sur la question et démonter la mécanique de l'accusation délirante dans laquelle on tente de nous enfermer. Car une opinion, comme chacun sait, n'est pas une preuve.

Le remède au «bitchage», ne pas laisser les autres s'en servir sans les mettre en devoir de fonder leurs accusations... Bon, je ne crois pas que ça me prépare un job pour l'an prochain, mais je garde au moins ma dignité et j'obtiens le respect de ne pas être la carpette des humeurs d'un leader... Les coups par en dessous, malheureusement, on n'y peut rien...

Bon, pour le reste, avant de jeter la pierre, faut se regarder, «bitcher» est souvent un réflexe pour se défendre contre sa propre peur de ne pas être à la hauteur. Si on se faisait confiance entre professionnels au lieu de constamment s'imaginer qu'autour de nous les gens sont régulièrement incompétents... Enfin, depuis qu'on croit tout ce que les enfants disent contre la parole d'adultes dignes de confiance, que le concept de règles est en perte de vitesse et que l'autorité, chargés de voir aux respects de règles, est une figure décadente, les temps sont dures en éducation...

La dénonciation par les enfants est un thème pourtant évident de 1984 de Orwell, mais bon on ne note pas comment notre monde devient...

Si on pouvait reculer dans le temps, faudrait peut-être écrire le roman d'anticipation qui parlerait du royaume des bitches entretenues par des gars intéressés à régner sur le monde. Albator était peut-être un précurseur...

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