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samedi 31 octobre 2009

Internet pour faire des économies...

Je cherche parfois du matériel pédagogique pour soutenir l'apprentissage de mes étudiants sur le Net. C'est loin d'être simple. Clic ici et là. Le temps file à chercher, c'est sidérant. C'est un bordel... Pis faut trier. Faut sûrement y mettre le temps!

Doit y avoir quelque chose que je comprends pas! Car, franchement, j'ai été mieux servi d'aller trouver une collègue qui avait accumulé du stock et l'a emmené dans une coupe de boites...

Quand j'ai parlé à mon boss pour savoir s'il y avait du budget pour avoir un peu de ressources didactiques complémentaires, la réponse ne s'est pas fait attendre bien longtemps:« Internet!».

Ouin ouin...

Ma collègue en or...

J'ai dit ça... Maudit qu'on regrette ses paroles des fois...

Texte intégral sur le blogue réservé...

dimanche 25 octobre 2009

Plagiat et ordis: le ridicule ne tue pas, une chance!

Plusieurs articles traitent du plagiat sur Cyberpresse à l'université. Ce n'est pas étonnant. Les cas détectés sont en hausse et enfin, quand on sonde sur le terrain, on se rend compte qu'on en pogne peu! Si les universités décident de bouger sur cette question, c'est que le phénomène doit commencer à devenir indécent! « Le malaise extrême, c'est de risquer d'octroyer des diplômes à des gens qui n'ont pas les compétences que l'on est supposé attester», affirme Dominique Chaussé de l'École Polytechnique de Montréal. Évidemment, avec tous les jeunes incapables d'écrire convenablement, faute d'avoir dû apprendre dans notre système permissif et non contraignant, la tentation doit être forte.

On commence à l'Université Laval à utiliser des logiciels antiplagiats. J'ai utilisé Google pour trouver rapidement des évidences de plagiat l'an dernier. Évidemment une phrase riche en vocabulaire tout à fait équilibrée dans un travail au secondaire, ça saute au yeux. Dans des travaux universitaires où dans l'ensemble, il y a forcément des talents nombreux en rédaction chez les jeunes adultes, la chose doit demander beaucoup de temps. Bon, chercher le plagiat sur le Net, ça prend du temps. Quand 20 passages semblent douteux, la veillée de correction risque d'être longue!

Bon, en lisant ces articles, je suis dérouté par la naïveté de certains comme l'U de M qui mise sur la prévention sous prétexte que les logiciels antiplagiats ne détecte pas les reformulations des idées. S'il n'y a pas de moyen pour le contrôle, désolé, mais l'humain est humain et on ne règlera pas le problème. Enfin, jusqu'à maintenant, j'avais toujours cru que la reformulation d'idée était acceptable. Évidemment, reformuler tout un travail pour maquiller sa tricherie est une possibilité... Mais bon, faut bien commencer quelque part...

Ensuite, que pensez de cette affirmation pour le moins intéressante:«Il y en a qui ne savent tout simplement pas qu'ils copient!» d'une certaine Madame Nicole Perreault de la Fédération des Cégeps. Pour la dame, c'est bien sûr la faute de l'éducation au primaire et au secondaire: «Les enfants ne sont pas sensibilisés à ça. Très tôt, à l'école, on demande aux enfants de faire un travail à partir d'Internet. Mais on ne leur explique pas comment citer leurs sources...»

Il faudrait expliquer à Modame Chose qu'un enfant a de la difficulté à formuler des phrases. S'il apprend à faire un copier-coller, c'est déjà une chose. Gérer un travail comme un adulte en maniant le concept de source et en citant dans les règles n'est simplement pas dans ses capacités. La reformulation se vit surtout au secondaire dans nos manuels et encore, je me demande si on est tout à fait équipé pour cela avant le passage difficile de la pensée opératoire (classement) concrète à la pensée formelle (abstraction, représentation complexe) qui jaillit dans le cerveau de nos jeunes en moyenne vers le milieu du secondaire dans de bonnes conditions. Ensuite, on ne peut pas trop exiger des élèves puisqu'il faut se prêter à la mascarade des SE du Ministère qui permet la tricherie et que personne ne redouble. Enfin, je me souviens avoir commencé à apprendre à citer mes sources quelque part dans un travail de recherche en 4e secondaire et m'y être mis au cégep plus régulièrement parce que c'était exigé. J'ai appris à le faire tout seul avec un simple livre... Mais bon, les jeunes d'aujourd'hui sont tellement plein d'excuses vraiment sérieuses qui méritent qu'on en tienne compte! Je fais de l'ironie là...

Le discours des universités et des cégeps est tout simplement ridicule. Mais sûrement, il ne faut pas décourager les élèves, même plagieurs dans un système où ils sont souvent la vache à lait des subventions... Pauvres profs qui doivent surveiller cette folie et remplir des formulaires. On va revenir aux examens à choix multiples et à questions ouvertes et surprises, on n'aura pas trop le choix. En même temps, l'apprentissage d'une certaine maîtrise de la rédaction longue n'était-il pas un des grands éléments de la formation universitaire? S'il y avait au moins une note positive à donner à mes formations universitaires, c'était sur ce plan.

Mais bon, depuis trop d'années, on essaye de nous faire croire que c'est au secondaire que ça s'apprend... On voit ce que ça donne: le plagiat généralisé...

dimanche 18 octobre 2009

Comprendre et faire sont deux choses


Une observation que je fais régulièrement, c'est qu'il n'est pas toujours nécessaire de comprendre les principes d'un fonctionnement pour l'appliquer. C'est même lors de l'apprentissage lourd de montrer quelque chose en faisant l'exposé du fonctionnement dans tous ces détails. Le globalisme est une erreur. Voilà ce que je veux démontrer. Pour comprendre l'ensemble, il faut se donner le temps de faire le tour du jardin et ce n'est souvent même pas nécessaire pour faire un bon job de jardinier.

C'est assez simple à démontrer: on peut se servir d'une voiture sans en comprendre tous les rouages. Dans certains métiers, on peut faire un bon job sans savoir comment ça fonctionne. Il faut juste connaître ce qu'il faut faire quand se produit telle chose ou les procédures. Enfin, si on y réfléchit, on trouvera milles exemples de cela.

Pourtant en éducation, on s'acharne à expliquer. Pire, on balance bien souvent plusieurs représentations pour aider à comprendre alors que l'objectif est de faire. Pour faire faire, il suffit souvent de faire répéter le geste avec une supervision. Nous sommes bavards, moi le premier et c'est inutile. Les Innus trouvent qu'on parle de trop!

Le trio 7,8 et 56 doit devenir un automatisme réflexe pour être utile en maths des fractions et, plus tard, de l'algèbre quand on factorise. Qu'importe qu 'on se rappelle que c'est 7+7+7+7+7+7+7+7 ou 8+... Quand vient le temps de trouver les facteurs communs d'une fraction comme 56/72 pour la simplifier, ce qu'il faut saisir rapidement, c'est que les deux se divisent par 8 qu'on tire de deux réflexes: les trios 7, 8, 56 et 8, 9, 72 bien mémorisées.

Quand on factorise des trinômes de 2e degré, il faut mêler les triades additives, les lois des signes et les triades de la multiplication. Quand tout est à peu près réflexe, ça va tout seul.

Et si on continue dans la complexité, on comprend que c'est l'agilité à utiliser ses réflexes et automatismes qui permet le talent en mathématiques, pas la compréhension de chacune de ses connaissances mathématiques.

En français, c'est à peu près la même chose. On se fout de savoir que le noyau du machin groupe donne l'accord au noyau du prédicat chouette. Il faut voir le verbe et rapidement trouver son sujet pour ajuster l'accord, que personnellement quand plusieurs mots le devance, je repère avec la question qui (fait l'action)? qui est un réflexe que j'ai entraîné, sans savoir au juste pourquoi au début, en classe régulièrement avec l'analyse grammaticale. De nos jours, on encombre les jeunes esprits de notions abstraites et «confusantes» pour tenter de leur faire comprendre la structure globale de la syntaxe avant même que leur cerveau n'atteigne la capacité d'abstraction. Alors que, pour devenir bon, il faut apprendre à automatiser de nombreuses sous-habiletés simples dans l'ordre qui permettent de libérer l'attention pour faire des phrases correctes et un texte potable. Il est simple de faire les routines orthographiques, une fois qu'on maîtrise divers réflexes sous-jacents. Quand on peine à distinguer un nom d'un verbe, d'un adjectif, ce n'est pas évident de faire ses corrections.

La nouvelle grammaire a beau être logique, elle est lourde et ça se voit dans les yeux des jeunes, ça se sent. Trop lourd. On oublie les présentations lourdes. On retient la formule et les structures simples. C'est le grand problème des globalismes qui croient faire apprendre en présentant la carte d'un savoir. Et reconnaissons nos résultats. Plutôt lamentable, non?

Pourtant, dans un autre domaine, tout le monde sait qu'apprendre à conduire est fatiguant. Une fois les automatismes bien intégrés, ça va tout seul.

Alors pourquoi diable nos manuels sont-ils remplis d'exercices de découvertes visant la compréhension ad nauseam et que nos jeunes ne savent plus rien maîtriser? Pourquoi ce délire de l'exhaustivité?

C'est simple, on encombre les apprenants de compréhensions bavardes et inutiles au lieu de leur faire développer et entretenir des réflexes utiles. Pire: on ne nous laisse même plus le temps de faire les routines nécessaires de l'apprentissage. On a, en plus, comme si ce n'était pas assez, dévalorisé ce genre d'activités vraiment utiles. Les séries ont disparu des manuels. Chaque année, on lance dans l'échec des centaines de milliers d'élèves en mathématiques dans la résolution de problèmes alors qu'ils peinent à répliquer les automatismes nécessaires pour coordonner de telles tâches complexes. Et franchement, ça sert à quoi, sinon à détruire le moral de tout le monde, sauf des doués, qui pigent tout, tout de suite? Et on veut vraiment former une nation prospère grâce aux nouvelles technologies et à l'innovation? Faites-moi rire!

Ceci dit, je n'ai rien contre la compréhension. Je ne vise pas l'abrutissement. Je constate simplement qu'il y a un temps pour chaque chose. Un temps pour suivre un enseignement et un temps pour le réfléchir, le comprendre ou le remettre en question. Je crois par expérience aussi que l'estime de soi, la vraie, est dans la réussite réelle. La capacité de faire adroitement quelque chose est satisfaisante. Même si on ne comprend pas tout ce qu'on fait, on a au moins la fierté de savoir-faire et de se rendre utile avec sa compétence. On n'a pas forcément besoin de comprendre pour être compétent. Si d'aventure, je comprends et que je peux alors entrer dans le processus de créativité qui permet l'amélioration des méthodes, tant mieux. Mais à mon sens, cette dernière suppose généralement le concours d'apprentissages bien structurés et réflexes en soi qu'on se met à appliquer à une situation alors qu'on n'en a pas l'habitude pour voir. Remettre en question est génial après l'apprentissage, pas avant qui est alors une excuse de fainéant plus qu'un acte d'intelligence. On comprend souvent en jouant avec ses connaissances, en les associant, en bricolant quoi avec ce qu'on sait. En faisant des hypothèses, en testant... On a commencé à m'aiguiller sur ces habitudes complexes quand j'ai eu l'âge de me représenter, pas avant. On ne passe pas notre temps à comprendre parce que, tout simplement, ce n'est pas «gérable» mentalement. La plupart de nos gestes sont assez automatiques. On est les champions de l'habitude, parce que c'est économique et l'adaptation est stressante. Certains d'entre nous développent le talent de réfléchir, de remettre en question, d'anticiper, d'inventorier des possibilités, de se représenter, de tester, d'évaluer et finalement de résoudre et d'inventer. Mais tout cela n'est possible bien souvent qu'après de multiples apprentissages préalables et de représentations acquises sans discussion qu'on va réévaluer, confronter, regarder d'un œil neuf.

Pour moi, en tous cas, expliquer, faire voir comment ça marche, vient bien après souvent l'automatisme. Un jour, l'électricien qui a encore oublié son code de couleur pour faire le branchement d'un interrupteur 3 voies (three-way) remarque que son voisin ne sait pas ces codes lui non plus, mais se débrouille quand même en faisant un dessin sur le mur pour se rappeler le fonctionnement du circuit qu'il comprend. Et la question lui vient: comment ça marche?

Alors, vous comprendrez peut-être que je ne suis pas très chaud des méthodes inductives et pourquoi je suis tant estomaqué par le processus d'apprentissage qu'on me suggère dans nos si beaux manuels. Je pense que chacun sait ce que je pense des idéologues du Ministère et de leurs amis bien diplômés qui enseignent dans les universités ce qu'est l'apprentissage... Et je vais probablement faire sauter des sections à mes adultes si je découvre qu'elles leur nuisent pour avancer.

Et dans mes rêves, je vois les gens revenir au bon sens en éducation et se mettre à réfléchir aux réflexes clés à faire faire et à entretenir pour permettre à nos jeunes de construire un édifice de connaissances et de savoirs-faires qui se tient. Et si on s'y met vraiment, qu'est-ce qu'on va redécouvrir?

Une certaine tradition scolaire un peu oubliée.

lundi 12 octobre 2009

Le scandale des écoles privées est celui de l'école publique

Je reproduis l'essentiel d'un commentaire laissé chez le Prof masqué qui fait une analyse intéressante et une revue de la série d'articles sur le privé qui ont paru dans nos médias ce weekend.

Je vous rappelle ma position de base: je suis pour l'école publique gratuite pour tous.

En même temps, j'ai aimé travailler dans certaines écoles privées pour la liberté d'action, elle est souvent moins bureaucratique pour l'enseignant. Cependant, les conditions de travail dans bien d'entre elles sont mises sous pression. On y rend le bénévolat assez obligatoire...

Enfin, la progression des écoles privées et leurs conduites ne sont -elles pas dictées par une demande? N'est-il pas intéressant de se pencher sur la critique de l'école publique qui est servie par ce mouvement assez important des clientèles plutôt que de simplement tomber dans les comparaisons et les blâmes réciproques? On ne va pas s'en sortir. La sélection, la discipline, des classes plus homogènes, les conditions d'une meilleure performance, voilà ce qu'offre le privé. Et c'est surtout cela que nous devrions retenir de la leçon.

A mon sens, un nombre grandissant de parents réclament plus de discipline, le retour de la formation de classes plus homogènes et fonctionnels, le droit pour un élève moyen ou doué de ne pas aller perdre son temps en classe dans la bruyante classe ordinaire qui intègre tous les cas de difficultés d'adaptation à l'école. L'école privée avec sa sélection et ses options y parvient mieux.

La remise en question de l'intégration à tout prix de la différence, la création de mécanisme de médiation entre parents et école (au lieu de faire vivre des avocats!), le retour d'une discipline dont la base est le respect de l'adulte enseignant en responsabilité d'éducation, me semblent des voies à explorer. La peur des scandales paralyse l'école publique. Un éducateur forcé de supplier ses élèves n'a aucune crédibilité. C'est malheureusement trop souvent le rapport de force ridicule que nous avons en classe.

Si l'école publique répond à sa mission éducative en retrouvant un fonctionnement sain, les gens ne vont pas payer comme des cons des frais pour scolariser leur enfant. Pour les autres qui ont besoin de rester entre gens riches, l'éducation à la modestie reste une option! Mais bon, on ne va pas changer le monde demain!

En somme, tout ça m'indique qu'il y a quelques dérives de l'école publique à revoir... Je n'avais pas besoin des écoles privées pour le voir! Quand on fait plusieurs écoles comme enseignant, ça crève les yeux... On peut aussi écouter les gens parler de l'école... Quelque chose ne tourne pas rond à l'école, ce n'est pas un scoop!

samedi 10 octobre 2009

Rencontre avec l'insolence

Quand on exerce le métier d'enseignant, on s'habitue, avec les années, à un certain nombre de choses:
1- Tout le monde sait que votre métier en est un de privilégiés;
2- Vous êtes de nature fragile;
3- Vous êtes absolument peu crédibles quand vous dites que votre métier est épuisant;
4- Et puis même la plupart du temps, on s'habitue à l'insolence courante des jeunes;
5- Qu'on a peu de moyens pour se faire respecter;
6- Que rentrer dans une classe d'une nouvelle école, c'est de refaire au prix de beaucoup d'énergie la hiérarchie pourtant naturelle parce qu'un enfant de 8 ans, de nos jours, a des droits et sait mieux que nous , comme tout le monde qui a vu un prof faire d'ailleurs, comment il faut faire notre job;
7- Que pour cette dernière raison, il est difficile de faire apprendre quoi que ce soit et que donc notre métier connaît beaucoup de ratés qui seraient aisément rectifiables si on imposait le respect de facto de l'adulte et d'être attentif quand il parle.
8- Que deux bonnes claques salutaires pour l'avenir d'un jeune sont anti-professionnelles et lynchent son prof en moins de deux!

Bon, je ne m'habitue même aux samedis sur le cul!

Mais bon, cette semaine, ma conjointe a fait de la suppléance! Devinez ce qu'elle a rencontré?

Elle comprend un peu mieux pourquoi je suis allé prendre assez souvent dans ma carrière mon air ailleurs qu'entre les milles murs des écoles.