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samedi 27 mars 2010

L'induction, trouvez-vous que ça marche?

Vous connaissez sûrement ce petit mécanisme pour présenter de la matière ou pour enseigner une règle à suivre. Nos manuels sont inondés de ce genre de présentations astucieuses... À partir d'un échantillon de cas choisis, on espère faire découvrir la règle. On suppose qu'il est bien mieux, évidemment de découvrir une règle pour s'en souvenir après. En théorie, mais qu'en est-il de la pratique?

Quand j'ai lu dans mes cours d'éducation cette petite distinction entre le processus inductif et le processus déductif qui présente la règle, l'explique et l'illustre d'exemples et de contre-exemples, j'ai trouvé l'approche inductive astucieuse et j'ai adhéré à la suggestion que l'induction était préférable à la déduction. Puis, j'ai enseigné et ai reconnu dans plein de manuels et de cahiers d'exercices le processus inductif que j'ai tenté d'utiliser.

A l'usage, j'en suis venu à la conclusion que le processus inductif est inefficace et fait perdre plus de temps qu'il ne permet d'en gagner. Après la confusion peu rassurante que provoque cette recherche d'un principe dans un ensemble de cas présentés, les élèves sont en plus moins réceptifs à l'écoute de la règle avec attention. Enfin, ça allonge la présentation. Quand on sait que la capacité d'attention des jeunes d'aujourd'hui n'est pas très longue...


 Hier encore, je notais qu'il est bien de connaître la règle pour voir ce que la mise en situation veut nous faire découvrir. 99% du temps, j'observe un jeune en état de confusion  se demander franchement ce qu'il  faut comprendre de ces exemples choisis quand il ne connaît pas la règle. Hier on faisait faire avec la calculatrice dans un cahier pour adultes plusieurs comparaisons pour amener à induire la règle:
4-(-5)=                 4+5=  
10-(-8)=                10+8=
(...)                          (...)

Avec une petite question du style: qu'observez-vous?

Pour moi, c'est une belle idée qui ne marche pas. Induire un principe dans un échantillon de réalité suppose déjà la connaissance d'un principe au moins voisin ou connu dans un contexte semblable qu'on découvre présent dans divers échantillons de réalité qu'on cherche à systématiser. Voir dans un ensemble complexe des similitudes suppose souvent qu'on connaît le point de comparaison au moins un peu... On reconnaît ce qu'on connaît. C'est un processus que peut se permettre un analyste qui a de l'expérience, mais qui a peu de chance de réussir chez un apprenant novice dont la pratique de l'analyse est encore limitée, dont les connaissances générales sont en construction.

Et vous? Vous trouvez cette approche productive? Je pose la question.

1 commentaire:

Le professeur masqué a dit…

Honnêtement, la méthode inductive peut fonctionner avec des élèves particulièrement allumés.

Sauf que je crois beaucoup à un phénomène que j'appelle l'imprinting, soit qu'on imprime dans notre cerveau une première impression qu'on doit déconstruire par la suite. L'exemple le plus simple est celui d'un mot qu'on a écrit incorrectement et qu'on doit réapprendre à écrire par la suite.

On demande à l'élève de construire un sens et une fois sur deux (si ce n'est pas plus), il faudra le reconstruire par la suite. Toute cette recherche d'un sens à tâtons, je n'aime pas cela. Trop lent, trop long... et pas convaincu des résultats.

C'est pour la même raison que ej refuse les dictées avec des erreurs à trouver.