Pages

dimanche 25 avril 2010

Disperser l'attention et fixer des objectifs de réussite (air du temps)

La vie sociale et politique est complexe et c'est facile de s'y disperser. Mais bon, heureusement, qu'il y a des analystes pour nous rappeler l'essence de la politique: faire un bon show.

Je lisais donc ce matin Jean-Simon Gagné et ces derniers billets ont le don de me rappeler combien la politique peut être assez insidieuse. On a la mémoire courte. Faut dire qu'avec la culture Web, on a de quoi se perdre dans les «gazouillis», dans les «bruits» et les «écosystèmes» nouveaux (twitters, y en a qui ne manque pas de munition en matière de métaphores) de l'information-désinformation ou déformation.


Je remarque que Mme Courchesne découvre  que la politique d'intégration des élèves en difficulté est «inhumaine» pour les enseignants juste au moment d'entamer le dernier droit de la négociation collective avec les enseignants. Était-ce l'an dernier ou il y a deux ans, que la ministre lançait en grande pompe l'annonce d'une politique en matière d'intervention auprès des élèves en difficulté? Avec son message: un milliard, c'est de l'argent! Mais bon, à l'époque, on savait déjà que les profs du primaire en arrachaient avec l'intégration sauvage des élèves en difficulté, mais on n'en parlait pas trop au niveau politique. Là, madame Courchesne fait dans la compassion ou l'empathie subite.

Son bulletin unique arrive aussi à point pour laisser une impression favorable dans l'esprit excédé de nombreux enseignants. Mais bon, ces concessions peuvent s'avérer provisoires. Ne parle-t-on pas, ces derniers temps, d'un départ imminent de la ministre pour d'autres horizons politiques? Juste après qu'on aura bouclé la convention collective pour 5 ans, je parie.

En passant, le bulletin unique, ça coûte presque rien à mettre en place. Changer la politique d'intégration des élèves EHDAA pour soulager ces enseignantes aux conditions quasi «inhumaines», c'est un peu plus coûteux et aussi un peu plus long puisqu'il faut reconstruire des classes spéciales, trouver une manière de les renommer pour prêter moins flanc à la critique. Je propose classe de revalorisation du potentiel, tiens ça pourrait faire «cute».  Bref, on est loin de la coupe à la lèvre. De toute façon, l'histoire traîne depuis des années. L'espoir que suscitent les promesses de la ministre est à modérer de l'expérience de la politique récente.

Et l'histoire du calendrier scolaire là-dedans? De la belle diversion, on dirait qu'il est bon d'avoir un sujet de critique évident à offrir à tout le monde comme un bon pushing-bag pour offrir de l'autre des bonbons ou pour faire oublier les autres sujets délicats. Tiens, l'affaire Bellemare tout à fait improuvable offre une belle occasion de faire tourner tout le monde à vide et distiller l'attention au moment même où on nous passe un budget qui remet en question les acquis de la révolution tranquille.

L'histoire des juges et autres collusions du pouvoir, on est tellement habitué d'en entendre qu'on ne s'étonne même plus. Ce printemps, on haït tous les libéraux à cause des scandales Bellemare, de ceux de la construction. Mais comme Goldman Sachs accusé de fraude au USA, on va se défendre en disant qu'il n'y a rien d'illégal et que tout le monde fait comme eux. On est tellement noyé dans les histoires à dormir debout des puissants qui fourrent le monde et l'État et ses fonds publics qu'on en arrive tous à ne plus savoir où donner de la tête pour faire triompher la justice.

On dirait que partout chez les dirigeants on s'est donné le mot: plus on est nombreux à être «croches», plus on a l'air droit.

Pendant ce temps, des commissaires votent des seuils de réussite de 90% pour stimuler la réussite scolaire des garçons selon le bon vieux principe dans les affaires qu'il faut se fixer des objectifs pour les atteindre. Même si certains profs montrent de l'indignation, je fais le pari que ce qui s'en vient va ressembler à l'atmosphère qu'on peut trouver dans les centres de télémarketing-service à la clientèle sous-contractants de Bell. On va montrer aux profs à chaque bulletin l'objectif et discuter de sa performance pour le mettre en stress un peu d'atteindre l'objectif de réussite. Les directions vont se transformer en petits cadres qui surveillent de près ses employés, tableaux de statistique en main et sourires à la figure, avec des slogans de motivation en bouche. Ça promet!

Et plus que jamais on nous balancera du «faire autrement». Je vous donne un truc infaillible pour donner à ces gens ce qu'ils veulent. Monter un blog, un journal, un film, sites web, n'importe quoi qui se diffuse. Organiser une activité dans l'air du temps, c'est-à-dire qui met en scène un domaine général de formation: environnement, expo-sciences, etc. Faites des photos, c'est important les photos, des entrevues avec des enfants souriants qui jouent aux petits adultes, dans un rôle de petits policiers des moeurs, avec un uniforme est un «must». Diffuser. Puis faites passer 90% des élèves pour leur collaboration. Le reste personne ne le voit. Et on s'en fout. Ce qui compte, c'est l'image de l'école. Que les enfants aient l'air d'apprendre dans de belles mises en scène...

Les examens? Be, vous n'écoutez pas Virginie! La dernière, jeudi dernier, juste la veille de récompenser nos chers profs avec plein de larmes dans les yeux, on apprenait la recette. L'élève ne se pointe pas à l'examen? Pas de trouble, tu le fais à sa place comme ce prof de français Phaneuf!

Oui, même Phaneuf sait arranger les choses. Bon, Phaneuf a arrangé l'histoire de 2 fugueuses, fille adoptives du travailleur social de la place qui s'était mis à être manipulateur avec la directrice pour obtenir ce genre de faveur la semaine dernière. Le monde est petit à Sainte Jeanne D'Arc. Une prof couche dans la naïveté amoureuse avec le promoteur immobilier qui veut détruire l'école.

Quel écosystème! Échos-école de système? Les renards chantent la pomme. Même Phaneuf participe au plan de réussite scolaire en trichant à l'examen du ministère! Mais soyons heureux le gourou a été arrêté! La psy est sauve.

Y a vraiment de quoi faire une sclérose en plaque! Tilt des nerfs qui perdent leurs gaines de  myéline qui brouillent l'influx nerveux commandé par le cerveau. La Dégénération... Mon arrière-arrière-arrière... Et pis toi mon petit-gars, t'auras pas grand instruction! Tu seras un «petit t'oiseau», un petit toi-seau de toutes les couleurs qui écoutent les gazouillis.

Mais Phaneuf?!!! Tout le monde le fait de toute façon et il n'y a rien d'illégal là-dedans quand c'est pour le bien de l'enfant...

Ah oui, selon les sources bien informées ou bien ob-servantes, il faut s'attendre à une chute, un crash, pour bientôt de la valeur de nos rires!

Aucun commentaire: