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samedi 8 mai 2010

Père-sévérance ou révérance des pères

Un colloque, combien ça coûte?

On tient un colloque sur la persévérance scolaire organisé par la Fédération des commissions scolaires ce weekend. Quand j'ai vu que 800 personnes s'étaient réunis pour discuter sur ce thème dans un congrès, je me suis demandé ce que pouvait bien coûter au réseau tout ce cinéma en libérations  de tâche, en hébergement, etc.

Un colloque sur la persévérance informatique ou scolaire?

Et de quoi parlera-t-on dans ce beau colloque? Bien ce matin, on en a une idée dans cet article de Daphné Dion-Viens. Dès l'ouverture du fameux colloque, on a peinturé épais sur la génération C qui nous dépasse: «Mais plutôt que de se borner à se dire qu'on n'y comprend rien, il faut faire preuve d'ouverture et faire confiance aux jeunes de la génération C, a affirmé le professeur Réal Jacob, lors de la conférence d'ouverture. Une plus grande collaboration - qui passe forcément par les nouvelles technologies - devient une façon de lutter contre le décrochage scolaire, affirme-t-il.»

Je dois être un ignare qui s'ignore

D'abord, je crois qu'il est assez faux de dire qu'on n' y comprend rien. La plupart des enseignants de nos jours se sont développés dans un univers qui a vu apparaître et se déployer la réalité du Web. Nous ne sommes pas des analphabètes du Web, loin de là. En fait, nous avons aussi la plupart exploré différentes facettes de ces nouveaux médias dans un âge adulte qui pourrait nous permettre de relativiser justement  un peu la valeur de cette nouvelle façon d'entrer en relation avec le monde. Pour ma part, j'ai connu les forums, les échanges de mails, les profils à RéseauContact, les blogues, les sites Web, l'auto-publication, la manière de se publiciser sur le web, une certaine efficacité de s'informer sur le WEb, etc.

Évidemment, je ne connais pas tout, mais je crois en savoir un bout sur ce monde, probablement autant sinon plus que la soi-disant génération C ou numérique. Sur le terrain de la vie, on découvre souvent qu'à part leurs sites de jeu justement, les jeunes en connaissent souvent fort peu.

Peut-être que pour certains professeurs d'université plus vieux qui ne connaissent pas en plus la réalité scolaire des jeunes et ne vivent pas avec eux vraiment comme la plupart des enseignants du milieu, ces réalités ont de quoi les étonner. Les autres, chers enseignants, franchement, sans connaître tout, vous êtes certainement outillés pour comprendre rapidement de quoi il en retourne quand un jeune se met à vous parler de la dernière mode, non?

Je n'ai pas besoin d'être sur Facebook ou sur  Twitter, ou de prendre part à tous jeux en ligne, à ces My space ou Second World, à toutes les sous-cultures du Web par exemple, pour comprendre de quoi il s'agit. Si chaque fois qu'on entend parler d'une sous-culture du Web, on doit se sentir dépassés, franchement, je m'interroge sur le jugement global d'intervenants qui devraient avoir, à titre d'éducateur de leur temps, une réflexion sérieuse sur de nombreuses réalités virtuelles. Il faudrait être sérieusement handicapés pour ne pas en connaître un peu, et même suffisamment, sur ces univers pour ne pas être capable de s'en distancer un peu et discerner justement les dangers et les dérives d'une telle orientation systématique des conduites humaines dans la médiatisation de leur rapport avec les autres.

Les fossés générationnels datent d'hier évidemment!

La question des décalages culturels entre les générations est loin d'être une nouveauté. Qu'elle emprunte de nos jours les voies de l'univers virtuel pour se déployer ne change pas fondamentalement la réalité du nécessaire dialogue intergénérationnel visant à transmettre un certain héritage de l'humanité et à se l'approprier au travers de nouvelles formes pour une certaine évolution. Notre rôle n'est pas de les accompagner là où ils veulent aller, mais bien leur donner les outils pour discerner dans tout ce foisonnement une certaine capacité de recul, de jugement à partir de balises, de repères, qui ne sont pas nés hier. Or, pour ce faire, pour voir la forêt, il faut souvent sortir du bois et aussi, pourquoi pas, comprendre l'héritage scientifique des écologistes.

Mais bon, on ne veut pas qu'on se trouve compétents, on pourrait réfléchir, c'est dangereux:
On pourrait manquer leur solution

On s'imagine pourtant assez aisément - quand on a appris à voir le monde à travers certaines connaissances stables au sujet de la nature humaine, quand on s'est cultivé suffisamment pour ne pas être servilement déstabilisé par le premier manipulateur venu ou par  la marionnette imbécile qui le représente - qui sponsorise ce colloque sur la persévérance scolaire: l'industrie du numérique doit bien avoir donné de ses billes et elle a chargé ses envoyés spéciaux de répandre la bonne nouvelle pour déployer SA solution à la démobilisation des jeunes. On croirait une grande publicité de l'industrie informatique pour nous préparer à investir collectivement dans le pc mur à mur pour nos écoles. Et, je note qu'il n'y a personne pour s'opposer à cette cyberdépendance instaurée à l'école.

S'adapter aux jeunes ou confronter le jeune à l'expérience du monde, aux savoirs, au bagage culturel?

Je le concède, on ne va pas changer notre siècle et la culture de l'informatique entrera certainement bientôt dans nos écoles, il reste que cet enthousiasme me questionne quand même pas mal. Quand je lis les phrases triomphantes de ces jeunes de 15-16 ans en fin de cet article, je reste, je dois dire médusé: «Étienne Petitclerc (étonnant nom!), un élève de 16 ans de quatrième secondaire, voit davantage l'enseignant comme un guide. «Il est là pour nous guider à travers ce qu'on apprend. Il agit plus comme un médiateur qu'un informateur en nous aidant à utiliser le Web intelligemment», lance-t-il. (...) C'est à eux [les profs] de s'adapter à nous et non l'inverse», lance-t-il. Son camarade de classe Charles Brien renchérit: «Si les adultes s'adaptent à nous, ils vont nous permettre d'apprendre plus et c'est ce qu'on veut.» 

On remarque que finalement notre fonction enseignante deviendrait  celui d'initiateurs au WEB, comme si le monde se résumait à ce dernier. Facebook, Twitter, voilà vraiment le monde. Enfin, nous devenons les accompagnateur de la volonté des jeunes, des médiateurs de ce qu'ils veulent apprendre. Je ne me souviens pas pourtant qu'aucun prof n'ait joué avec moi, à jour de paye, au Meccano ou quelque autre jeu de mon enfance...

C'est assez curieux de lire cela, car justement cette semaine j'ai eu une discussion avec une apprenante des communautés autochtones sur l'idée que je devais constamment m'adapter à eux, faire des efforts incroyables pour me mettre à leur place, pour découvrir comment il fonctionne et comprendre leur représentation du monde pour justement trouver une manière de les faire apprendre. Moi, je dois m'adapter à eux, eux n'essaye pas trop. En fait, ils ne connaissent pas trop le monde et ne s'y intéresse pas plus qu'il ne faut. Et s'il y a une chose que je trouve défaillant en eux, c'est bien leur capacité à persévérer.

Qu'on s'entende, je ne remets pas en question l'idée qu'il faille comme éducateur avoir une certaine capacité de se mettre à la place de l'autre, de déployer une interactivité avec l'apprenant pour comprendre son fonctionnement et mieux l'aider dans ses difficultés d'apprentissage quand il en a. J'ai travaillé assez dans l'adaptation scolaire pour comprendre la nécessité d'user de ces mécanismes pour communiquer avec l'apprenant. N'empêche que dépassé un certain stade, cette faculté de s'adapter de l'éducateur aux caprices de l'apprenant a quelques choses de pervers qui s'éloigne de ce que l'on pourrait appeler justement de la persévérance.

Voyons un peu l'idée de la persévérance à travers des outils classique qu'on peut trouver bien sûr en ligne.

Persévérance:

Étymol. et Hist.1. Ca 1175 «continuité d'un état de chose» (Benoit, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 8610); 2. ca 1225 «qualité de celui qui demeure ferme dans une résolution» (Gautier de Coinci, Miracles de Nostre Dame, II, Mir. 25, 284, éd. V. F. Koenig, t.4, p.255); 3. xiiies. «qualité morale qui consiste à poursuivre une tâche» ici personnification de Perseverance (Raoul de Houdenc, La Voie de Paradis, éd. P. Lebesgue, 283); 4. 1559 «action de persévérer» (Amyot, Marius, 8 ds Littré). Empr. au lat. perseverantia «constance, persistance».(http://www.cnrtl.fr/etymologie/pers%C3%A9v%C3%A9rance)

Et curieusement: on retrouve dans la liste des antonymes de ce mot justement les mots caprice et changement.

Père-sévérance

Pour moi, la persévérance est une qualité qui m'a curieusement été transmise par mes parents. Je me souviens de cette phrase répétée dans mon enfance qui était un slogan de persévérance: «Pas capable est mort, son petit frère s'appelle essaye.»  Je me souviens donc de la pression accompagnant un apprentissage de mon père ou ma mère qui m'ont appris à persister dans des tâches ou des jeux. Ils m'ont appris en plus à valoriser justement l'effort et à  le préférer souvent à un repli de défaite, à un désir de retourner faire ce que je voulais: jouer ou faire autre chose. Il n'y avait pas là-dedans de négociation possible, mais la fermeté d'un père sévère qui transmet quelque chose d'important, qui veut faire comprendre l'importance de bien faire, de ne pas se contenter de peu dans les résultats.

Mais il ne faut plus faire pression, c'est le règne de la manipulation

Nous vivons à une époque où ce sentiment de légitimité de l'adulte de faire pression sur l'enfant pour qu'il apprenne quelque chose qu'on juge important a été complètement évacué. On soutient depuis maintenant un quart de siècle que la persévérance, l'opiniâtreté, la persistance émanerait de l'être sans aucun besoin de secours ou d'apprentissage, de pression par une sorte de motivation interne chez l'enfant qui sait ce qu'il veut faire. Et l'adulte éducateur n'est que celui qui utilise cette force intérieure pour l'orienter vers l'apprentissage.

Certainement que certains enfants ont un certain caractère qui les incitent à suivre assez naturellement un mouvement déterminé. Il reste que la plupart du temps, l'effort soutenu dans l'acquisition de certains apprentissages ou dans la réalisation de certaines activités a toujours eu besoin de s'appuyer chez beaucoup d'humain d'une certaine contrainte qui les amène à persévérer dans l'effort pour pouvoir réaliser que cette attitude a ses côtés gratifiants. La question se pose franchement de savoir en vertu de quelle clairvoyance un enfant peut-il reconnaître de lui-même ce que l'humanité a tenu pour important pour le développement des hommes.

Des bons travailleurs ont souvent eu un père sévère sur leur chemin. Aujourd'hui, ils ont intériorisé la valeur de l'effort et la satisfaction d'avoir accompli. Alors penser qu'une machine peut avoir le même effet me fait l'effet d'un grande manipulation...

7 commentaires:

Françoise Appy a dit…

Voilà un ensemble de réflexions très intéressantes. Elles mettent le doigt là où ça fait mal et nous conduisent une fois de plus aux rôles respectifs des familles et de l’école. Des deux, les familles ou l’école, qui donne le ton ? L’éducation familiale. Celle-ci se coule dans le moule de « l’air du temps », véritable non éducation qui se pare des vertus de liberté et d’amour. L’école, se coule elle aussi dans le moule : ça s’appelle alors épanouissement de l’enfant, lieu de vie, autonomie, éducation à la citoyenneté et au développement durable.

Les parents ont complètement modifié le statut de l’enfant et perdu de vue qu’ils étaient là pour aider à la construction de l’adulte qu’il va devenir. Cet adulte se construit dans la frustration (qui ne doit pas être confondue avec la privation) et dans l’idée que dans la vie on ne peut pas tout avoir. Au lieu de cela, l’enfant est mis dans une situation de toute puissance, au sommet de la pyramide familiale. L’amour dont les parents croient faire preuve, se traduit par l’assouvissement immédiat de toutes ses volontés et désirs. Contrainte, sens de l’effort, règles, sont bannies. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire un adolescent perturbé, comme en témoignent les faits divers et autres comportements pathogènes amplement décrits à la télévision (la cyberdépendance en est un exemple), puis plus tard un adulte fragile, non adapté à la vie en société.

Le drame est que même si l’école voulait assumer sa mission originelle de transmission d’un bagage culturel, qui est le seul accès au raisonnement et à l’autonomie intellectuelle, elle se heurterait à cet écueil de taille. Peut-on vraiment apprendre dans un cadre dépourvu de règles, de travail acharné ? L’enseignant a-t-il les moyens d’instaurer un climat d’apprentissage tellement en opposition avec les « valeurs » familiales ? Certains troubles du comportement à l’école commencent tout de même à être identifiés comme consécutifs à une éducation précoce déficiente, comme l’explique Jean-Claude Richoz dans son dernier ouvrage , Gestion de classes et d’élèves difficiles.(Merci au passage de m'avoir fait découvrir cet ouvrage). Il sera tout de même difficile d’inverser la vapeur.

Vous parlez de persévérance. C’est devenu pratiquement un gros mot ou plutôt un archaïsme. Il y a eu des études très sérieuses d’une psychologue canadienne, Carol Dweck, portant sur la conception qu’ont les enfants de leur propre intelligence. Elle a remarqué qu’il existait deux types, qu’elle appelle esprit statique et esprit dynamique. Le premier considère que sa propre intelligence est fixe, innée et inamovible, le second qu’elle est propre à évoluer. De manière patente, ce sont les élèves de type dynamique qui réussissent le mieux à l’école. D’où vient cette différence ? De l’éducation familiale : le parent qui complimente le succès de son enfant en insistant sur son intelligence (fierté narcissique du parent qui a mis au monde un enfant intelligent) lui donnera un esprit statique qui se bloquera complètement à la survenue du moindre échec. Le parent qui complimente son enfant en félicitant ses efforts et le travail produit pour réussir lui donnera un esprit dynamique, lui permettant ainsi de rebondir sur ses échecs pour s’améliorer et s’enrichir plutôt que de regarder d’un air goguenard tous ceux qui n’ont pas su déceler à quel point il était génial.

Nous en sommes arrivés à un point où il faut s’appuyer sur des études scientifiques pour montrer l’utilité de ce qui autrefois était une valeur de base, transmise dans toutes les familles, même les plus humbles : le sens de l’effort. Quelle avancée …

Cordialement,

Jonathan Livingston a dit…

Merci Françoise pour cette réflexion complémentaire et ces deux questions vraiment pertinentes: «Peut-on vraiment apprendre dans un cadre dépourvu de règles, de travail acharné ? L’enseignant a-t-il les moyens d’instaurer un climat d’apprentissage tellement en opposition avec les « valeurs » familiales ?»

Je n'ai pas pu lire ces ouvrages, dont j'ai fait la suggestion, difficiles à trouver de mon patelin isolé. Je vais en Europe cet été, j'espère les trouver dans une bonne librairie.

Ici, on a remplacé depuis un an dans le discours la lutte au décrochage scolaire fort marqué au Québec par cet euphémisme: la persévérance scolaire. Personne ne semble remarquer que justement la persévérance nécessite une culture de l'effort qui a disparu. Et ça m'a frappé de voir combien s'adapter au jeune pour le faire persévérer a quelque chose de contradictoire. En tout cas, le nouveau label crée des congrès. Je suis loin d'en espérer quelques changements...

On peut aussi se demander si l'école, du primaire jusqu'à l'université, n'est pas devenue un lieu où l'on veut retenir le maximum de gens dans une économie globale qui a besoin de moins en moins de travailleurs. L'école, lieu de transition perpétuel, se détourne ainsi peu à peu de son sens.

L'ordinateur, dans l'école, c'est une sorte de drogue douce qui tient tranquille pour adoucir la réalité qu'on n'a pas besoin des gens pour produire et se rendre utile.

En même temps, avec le climat d'austérité tributaire du mur de la dette qui partout dans le monde contraint les gouvernements à un retour aux valeurs d'une certaine éthique, de l'effort, de l'honnêteté et de la justice, je me demande franchement si l'on se paiera l'informatisation de l'école alors que nos infrastructures en piteux états nécessitent de grands investissements qu'on a à peine les moyens de se payer dans un contexte où les coûts de santé explosent avec la réalité d'une population vieillissante.

On ne peut vivre dans les illusions qu'un certain temps... La réalité fatalement nous rattrape!

L'engagé a dit…

Et j'ajouterais à l'argumentaire que si les intervenants protechnologie, pronumérique étaient vraiment sincères, c'est vers une réflexion BEAUCOUP PLUS PROFONDE qu'ils nous dirigeraient : par exemple, pourquoi comme société sommes-nous accros à la nouveauté qui commande des logiciels gourmands et donc des ordinateurs plus puissants pour les faire rouler?

Pourquoi ne pas exiger que les apprentissages s'articulent autour du logiciel «libre», moins gourmand et diantre, pourquoi les écoles sont-elles soumises au monopole de «Microsoft»?

Mes étudiants ne sont pas tant sur twitter» qu'ils sont plutôt de véritables «technotwits»... Qui leur apprend à gérer les flux rss, à maximiser l'efficacité de leur navigateur, qui les initie aux marques pages dynamiques d'après vous?

Je vais me sentir «dépassé» quand je verrai qu'un étudiant peut améliorer un outil en le bidouillant lui-même, qu'il aura été chercher cette information d'une manière inusitée et qu'il aura su diffuser son innovation en se servant de d'applications qui me sont carrément étrangères.

Le propre d'internet et du numérique était de servir de catalyseur pour l'échange et la transparence, il y a derrière cet idéal le profil d'un citoyen actif et engagé QUI SE SERT DE LA TECHNIQUE.

NOS ÉTUDIANTS SONT ASSERVIS par leurs jouets, ils ont de la difficulté à rester assis, concentrés plus de 20 minutes, ils peinent à prendre des initiatives et ils éprouvent beaucoup de difficulté à cerner des informations pertinentes.

La recherche dans les index en 1994 ne nous empêchait pas, en cinquième secondaire, d'écrire une recherche de 20 pages avec annexes, table des matières, tableaux et sections. Nos présentations étaient sans doute moins colorées qu'aujourd'hui, mais l'accent était précisément mis sur l'organisation cohérente du propos. La possibilité de jouer avec le «son et la lumière» semble avoir remplacé la nécessité d'avoir quelque chose à dire.

Je serais donc curieux de connaitre les propositions des adeptes du numérique, vont-ils proposer l'achat d'un Blackberry aux décrocheurs de Verdun? Où ce sera un mac?

Est-ce que les réseaux de nos écoles vont demeurer bloqués?

Françoise Appy a dit…

J’ai trouvé le livre de J.C.Richoz à la Fnac. Mais il est en vente sur Amazon.

Je suis étonnée qu’ici en France nos têtes pensantes n’utilisent pas encore cette expression « persévérance scolaire ». Cela serait tout-à-fait dans l’esprit du moment. Mais il faut le temps que les idées traversent l’Atlantique ! En tout cas je remarque une chose, c’est que les mauvaises idées parviennent jusqu’à chez nous, même s’il faut du temps (mais nous avons aussi un grand potentiel de production sur place !), alors que les bonnes, comme par exemple l’enseignement explicite, il faut vraiment aller les chercher et les ramener à la nage, à la force des biceps ! Internet aide un peu, c’est un fait. Je n’ai toujours pas compris que le projet Follow Through et toutes les enquêtes qui ont suivi aient pu être ignorés par ceux qui se disaient chercheurs en éducation. Ou plutôt si, j’ai compris la force des lobbies progressivistes américains et constructivistes français.

Ici, c’est la violence et l’absentéisme en secondaire qui commencent à préoccuper. Alors comme chaque fois, on crée un observatoire, un de plus. Il faudrait s’amuser à dénombrer le nombre d’observatoires qu’on a eus en matière éducative ! Le premier fut celui de la lecture, l’ONL… Cela donne le temps d’imaginer des solutions, solutions au titre ronflant, plans de toutes sortes, tous plus inutiles les uns que les autres ; car au lieu de s’attaquer à la cause du problème, ils veulent s’adapter comme vous dites, caresser les uns et les autres dans le sens du poil. On appelle cela un emplâtre sur une jambe de bois.

En attendant, le déclin de l’école publique profite aux écoles privées et l’accès à une bonne éducation devient peu à peu un privilège destiné aux plus riches.

Bon séjour en Europe !

Jonathan Livingston a dit…

Bonjour L'engagé,

Je ne sais pas quoi vous dire sur le logiciel libre. Comme beaucoup, j'ai mes habitudes, j'ai utilisé Openoffice pendant un bon moment, mais bon quand j'ai eu la version 2007 de la suite Microsoft par mon travail, j'ai changé. Constamment des problèmes de conversion de fichier se sont posés. J'ai toujours Firefox que j'apprécie beaucoup. J'ai regardé le navigateur Linux, mais bon je ne me suis pas lancé dans l'exploration de cette alternatives à Windows.

Franchement, toutes ces heures à ne pas trouver des fonctions connues, à devoir chercher des solutions, je suis certes capable de jouer dans ce monde-là, mais bon je n'ai aucun plaisir à y passer mon temps.

Évidemment, on pourrait se lancer dans tout cela pour sauver des sous dans le réseau scolaire. Mais je comprends aussi la problématique de changer toute une culture de fonctionnement dans ce domaine et aussi le souci d'éviter des «bugs» multiples, on n'a pas tous la bosse de l'info... En ce moment, on gère dans le réseau probablement le plus toujours en windows XP pour sa stabilité.

Quant à Mac, ce n'est absolument pas mon monde... J'ai remarqué le snobisme chez certains de ses utilisateurs...

Jonathan Livingston a dit…

Françoise,

Je devrais me trouver une FNAC!

Pour les désignations, disons que nous avons chacun nos couleurs, mais bon la tendance est à l'euphémisme institutionnel.

Pour ce qui est de l'éducation et de ces relations avec le monde de la science, disons que je crois qu'un nombre important de gens dans des positions trop confortables ont une influence considérable. L'intérêt pour cette clique sans rigueur qui peut écrire et faire publier le énième bouquin sur le comment faire une chose qui n'a aucune validité reconnue n'est pas de résoudre les problèmes. Comme je l'ai dit ailleurs, ces gens sont des spécialistes des solutions à l'intérieur d'une système absurde qu'on ne doit pas changer ni même discuter. J'ai retiré ce texte, je sais... pour cause de couleur local-isante. J'en referai une version moins longue et où je parle moins de ma rencontre avec ce monde.

Ces gens, adepte du bricolage de concepts et d'idéologies éducatives nous abreuvent de colloques, de congrès, de livres, de plan de réussite, de formations, de cours universitaires où il faut mettre 36 références de leurs copains, mais ne vous présenteront pas les courants de recherche sérieux... D'ailleurs, il est fabuleux que ces gens sous le prétexte de nous laisser construire nos connaissances, ne se mouillent jamais à offrir une synthèse des connaissances du domaines. Les lectures complémentaires dans tout autre domaine sont chez eux la base du cours... Et l'étudiant est chargé de faire du sens avec des insignifiances... J'appelle ce procédé une technique d'endoctrinement.

D'ailleurs, tout leur pouvoir tient au fait qu'ils nous font croire qu'ils savent quelque chose qui nous manque...

Dans les sectes, les gourous ont la même stratégie!

Françoise Appy a dit…

« D'ailleurs, il est fabuleux que ces gens sous le prétexte de nous laisser construire nos connaissances, ne se mouillent jamais à offrir une synthèse des connaissances du domaine. »

Ilustration vécue. Lors d’une journée pédagogique en formation continue, on nous a dit un jour ceci : « Vous pouvez poser toutes les questions que vous voulez, mais nous ne sommes pas là pour vous apporter les réponses ni pour vous donner des recettes. Maintenant, mettez vous par petits groupes, et n’oubliez pas de choisir un rapporteur ». No comment …