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lundi 8 novembre 2010

La minuscule lucarne de l'apprentissage

Il eut des temps où l'enseignant enseignait sans trop se faire du souci. N'était-il pas d'ailleurs un professeur dans l'esprit de tous et à ses propres yeux? A cette époque révolue, il y avait un large consensus: certains avaient du talent pour les études et d'autres non. On ne s'acharnait pas, on ne s'abaissait pas à rogner sur la qualité et le niveau. On sentait l'effort chez ceux qui voulaient apprendre ou se sortir de leur misère par une éducation. Les autres, on les renvoyait poliment à d'autres tâches que celles qu'une éducation destinait. L'apprenant, alors étudiant ou élève, peinait, questionnait son maître, vivait avec un certain stress d'apprendre. Dans cet éveil attentif, le maître pouvait aisément imaginer poétiquement une grande fenêtre ouverte dans la tête de l'élève où pouvait entrer la connaissance à transmettre.

Les temps ont bien changé. On a démocratisé. Aujourd'hui, on peine à rêver d'une probable minuscule lucarne par où faire entrer une mince étincelle de savoir. Dans le bruit et la distraction, devenus ambiance et atmosphère, qui n'ont franchement rien de propice aux apprentissages, dans la répétitive réalité de l'inattention collective dans une classe hétérogène et «dysfonctionnelle»,  on se prend parfois à rêver de retrouver devant soi une intelligence aux aguets, réceptive comme s'il y allait de sa survie. Mais bon, quand l'enseignant entend un jeune à la pause se vanter qu'il est le seul à n'avoir pas «fumé» cet après-midi, il se dit que finalement il peine pour n'être de fait qu'un pauvre figurant dans une piètre comédie. Les compléments du verbe n'ont pas pu se faire un chemin vers cette mémoire troublée par mille détails sûrement fascinants, la lucarne insignifiante était désespérément close.


Et l'on veut garder nos figurants obligatoirement jusqu'à 18 ans?

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