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dimanche 24 juillet 2011

Quelques outils qui peuvent faciliter la vie d'un prof de français qui s'adaptera au TBI

 Si vous êtes comme moi un néophyte des options technologiques qui se profilent dans la vie de l'enseignant de l'avenir, peut-être trouverez-vous ici quelques pistes intéressantes de recherche et idées pour des outils pratiques.

En prévision d'entrer en rapport bientôt avec un tableau blanc interactif, je me suis lancé depuis quelques jours dans une exploration virtuelle des nouveautés technologiques. J'essaie de prendre de l'avance un peu dans le contexte particulier où je ne pourrais interagir avec ledit tableau avant d'entrer en poste dans quelques semaines.

Également, il faut dire que vivre dans certains coins reculés de la planète ne dispose pas trop à rencontrer sur son chemin les nouveautés sur le marché. En plus, quand on a Youtube bloqué, ça limite pas mal pour voir ce qui se passe sur la planète. J'ai vu ma première tablette genre Ipad ce printemps, bébelle probablement unique dans  le village que notre expert informatique avait chez lui. J'ai vu là, pour la première fois, l'attrait des tablettes numériques et de leur fonction «touch». J'avais vu comme tout le monde dans le métro lors de passage dans la civilisation les nouveaux adeptes de la religion Ipod qui montrent en public un haut niveau d'interactivité avec leurs gros téléphones-ordinateurs, mais bon sans plus. J'avoue que la navigation dans des cartes géographiques notamment est de loin plus intéressantes et efficaces sur ces jouets.


Bref, un ami bien intentionné, m'a donné une copie de Notebook 10, le logiciel de Smart board, un logiciel pour travailler sur les TBI. J'ai eu la chance de sommairement voir ces tableaux en action, nos profs de maths-sciences qui en avaient cette année l'utilisaient. J'ai trouvé intéressant de pouvoir écrire sur ces grandes tablettes et d'enregistrer ainsi nos barbeaux. Mais voilà où se limitait disons mon introduction somme toute sommaire: en imaginer un certain potentiel. Là, j'ai été averti par la prof que je vais relayer dans cette nouvelle école qu'il y a un TBI dans la classe de français. Elle ne l'utilisait pas vraiment à ce que j'ai compris.


Je suis peut-être con un peu avec ces bébelles, mais pour le moment la copie Notebook que j'ai me montre surtout des activités pédagogiques assez sommaires, bien que fort attrayantes, surtout en anglais, avec des traductions partielles. Je n'ai vu rien de trop utilisable pour moi, là-dedans.  Pour le moment, je n'ai pas l'élément interactif (TBI) en main pour voir vraiment comment ça marche et m'avancer. Comme dans tout, l'illusion du travail facile avec plein de trucs prêts à l'utilisation est vite dépassé. Non, il faut à mon sens apprendre à nager dans ce nouvel environnement avec efficacité pour spontanément et rapidement produire du matériel sans se casser la tête. Un ami m'a dit que, la première année, c'était bien du travail. Ok, mais mon idéal serait que ce soit aussi facile que de prendre ma craie sur le tableau noir et d'improviser, sinon plus avec l'avantage d'avoir rapidement du matériel en réserve affichable en quelques clics.

Bref, je suis parti naviguer avec un certain nombre de questions ou de préoccupations comme vous voyez.

Il me semble que ces tableaux sont souvent petits. En français, au secondaire, traiter de syntaxe de phrases complexes un peu longues ou vouloir montrer des extraits de textes lisibles au tableau demandera certainement quelques adaptations que je redoute un peu, il va sans dire, s'il faut me taper de taper des extraits et des phrases en prévision de mes cours.  En effet, si on veut que cette phrase soit lisible, il lui faudra une certaine grosseur de caractère. Je m'attends donc à devoir réaménager du texte. J'ai déjà du matériel avec lequel je suis familier que je voudrai utiliser, il n'est pas évidemment toujours numérisé. Ensuite, comment préparer rapidement tout nouveau matériel? Bref, je recherche des outils pour me faciliter la tâche.

Comme chacun sait, on nous balance ces instruments dans nos classes et c'est, en gros, un peu partout la même chose, débrouillez-vous! On ne nous demande pas ce qu'on aurait besoin, et on n'anticipe pas trop non plus les difficultés.

Sur la grosseur des Tableaux interactifs

Bon, si les écoles y mettaient le prix, ils existent des grandeurs fort variables de Smartboard, Active-board, etc. Mais bon, la réalité étant ce qu'elle est, il faudra se contenter des kits de base qui ne font même pas la moitié d'un tableau noir traditionnel qu'on a déjà du mal à bien gérer avec nos exemples dans nos démonstrations. Je ne sais pas, mais l'effet tunnel du monde numérique, moi, qui a une bonne respiration dans l'espace et le visuel, ça me stresse toujours un peu.

Aussi, je vous donne cette piste sur laquelle, chers collègues de français qui appréhendez comme moi ce détail, il existe des TBI version mobile et, chose intéressante, plus flexibles en terme de grandeur. Et c'est en plus moins cher. Vous jetterez un coup d’œil à ce Tableau interactif e-Beams. Il peut faire une diagonale de 3,20 mètres. Il faudra certes faire peindre des murs blancs. Bon, j'ai vu de très grands écrans en 16/9 je ne sais plus où, mais bon je ne rêve pas trop. Les e-Beams vont bien s'intéresser à la chose un moment donné! Et la concurrence aussi... C'est un monde qui bouge vite. Quand on y pense, nos gouvernements vont mettre de l'argent dans un équipement qui sera vite dépassé...

Bref, quand on parlera de vous équiper en TBI, pensez à ce détail, peut-être pourrez-vous vous faire acheter un matériel plus adapté à vos besoins.

Numériser: les logiciels OCR (reconnaissance optique de caractères)

Bon, je savais vaguement qu'on pouvait numériser des documents et les rendre transformable avec des logiciels de reconnaissance de l'écriture. Mais bon, à chaque fois que je me suis lancé là-dedans pour trouver une solution, je trouvais des outils assez décevants ou qui coûtaient aussi chers, qu'on ne pouvait pas essayer. J'ai vainement tenté de faire marcher celui sensément fourni sur mon imprimante maison HP. Au final, ce genre de recherche, motivé par le besoin ponctuel d'une tâche de retaper un questionnaire d'examen mal foutu pour l'adapter ou l'améliorer, finissait invariablement de la même manière: perdant mon temps à ne pas trouver de solution pratique, je me concentrais à retaper le dit document de la manière classique et/ou à jouer avec des collages de papiers pour m'en sortir. J'en suis venu à ne plus me faire trop d'espoirs et je n'avais pas fait de recherche là-dessus depuis un bon bout de temps. Que d'heures passées dans ces simagrées!

Ben, c'est fini!

Ce monde a merveilleusement évolué. J'ai en démo sur mon ordi le ABBYY FineReader 10 Professional édition qui vaut dans les 130 Euros (180$) environ. Ça déménage: pratiquement pas d'erreurs notées, les images sont saisies aussi, le respect des dispositions est franchement bon. J'ai un volume de 300 pages numérisé en pdf qui se fait scanner en quelques minutes, prêt à être numérisé en fichiers de texte. Bon, il existe une version éducation moins chère que malheureusement on ne peut évaluer. Il y a des programmes concurrents aussi performants selon les critiques notamment Omnipage 18 non évaluable qui a aussi une version éducation franchement à prix adordable: moins de 100$.

Il existe des OCR gratuits en ligne ou téléchargeables, mais il faut s'atteler à des révisions passablement plus énergivores selon ce que j'ai vu. Question de moyens ou de choix. J'avoue être franchement tenté d'investir dans celui qui se trouve déjà en ce moment dans ma machine. Que d'heures économisées et une nouvelle souplesse dans la préparation des cours, d'exercices ou d'examens et, avec la perspective de devoir adapter des trucs pour l'écran d'un TBI, j'avoue me sentir déjà plus en confiance.

Bon, je pense attendre et voir si je ne peux pas me faire acheter une version par le milieu scolaire en argumentant le besoin pour bien intégrer l'arrivée des tableaux interactifs dans nos classes et me dépatouiller en attendant avec les OCR gratuits.

Je pense que ces logiciels sont encore trop méconnus dans le milieu scolaire. Enfin, j'ai peut-être été malchanceux ou ne me suis pas assez plaint d'être en train de retaper un foutu examen pour la fin d'étape pour qu'un collègue ait l'amabilité de me pister.

Scanner

Souvent, pour préparer des documents et les transformer en fichiers de texte, on a bien évidemment besoin de scanner. Dans l'ancien monde, celui d'hier, on aurait tous rêvé d'avoir en classe une petite imprimante pour faire nos montages sans avoir à aller se promener à l'autre bout de l'école ou d'attendre d'être chez soi, parce que notre compte de photocopies personnelles à l'école est épuisé et que le système ne peut pas gérer mon besoin fonctionnel même si je lui donne un 20$ pour me donner de la foutue copie pour mes montages de matériel (oui, ça m'est arrivé).

Ben, j'ai découvert un petit machin, je ne sais pas ce que ça vaut, mais avoir un scanner pratiquement dans sa poche, je trouve que ce ne serait pas trop mal non plus. Surtout que, dans une école, on peut souvent faire imprimer avec moins de contrôle dans les salles informatiques si on a un fichier imprimable. Je pense vraiment m'équiper d'un de ces machins avant de quitter l'Europe.

Voilà pour aujourd'hui:

Je parlerai peut-être de mes recherches sur les tablettes interactives et ce que j'en pense. J'ai jeté un coup d’œil sur les tablettes graphiques aussi. Ce n'est pas la même chose!  Et j'ai trouvé intéressant un e-Pens qui permet de transformer ses notes manuscrites en fichier de texte. Que de bébelles!

Source de l'image: ici




jeudi 21 juillet 2011

Réfléchir à une pédagogie qui tient compte de l'élève, de sa situation culturelle

 Je partage ici quelques réflexions sommaires sur mon année scolaire sur laquelle je me suis assez peu exprimé.

L'été est un moment propice pour moi pour réfléchir à ma pratique et me stimuler un peu pour trouver de nouvelles pistes à explorer. Curieusement, il y a deux semaines, quand le Professeur Masqué a demandé dans un petit sondage de son cru si on pensait consacrer du temps à penser à notre enseignement, j'ai répondu spontanément «un peu». Mais c'est finalement un peu plus que cela qui est en train de se produire. Il faut dire que j'étais à ce moment en train seulement de retomber sur mes pattes après un surcroit de mouvement. Le temps nécessaire au repos, à la mise à distance de l'expérience n'avait pas fait encore son œuvre.

Le Web est assez stimulant pour mettre en contrepoint de notre pratique des points de vue, des techniques et des visions d'enseignement. Et je profite de ce moment de calme pour réfléchir à la manière de mieux encore travailler, de mieux encore expérimenter l'espace fabuleux qu'est la classe et l'enseignement pour induire une direction de croissance à des jeunes que nous avons le privilège d'éduquer.

J'ai peu parlé cette année ou peu verbalisé mon expérience qui sortait de l'ordinaire. J'ai été confronté à des jeunes assez particuliers dans un climat tout à fait différent de ce que j'avais connu. J'ai dû apprendre à composer avec des classes toujours en mouvement en raison d'un absentéisme chronique qui a cours dans les écoles de ces nations que je continue de ne pas nommer. La relation pédagogique n'a pas été simple à établir, je dirais qu'il a fallu plus de la moitié de l'année pour devenir un pôle significatif pour ces jeunes d'une culture différente,  habitués de s'économiser dans la mesure où les enseignants passent et où chacun évalue sa chance de réussir avec l'enseignant en place. Certains attendent certainement le prochain pour revenir à l'école, croyant mieux réussir ou avoir moins d'efforts à fournir avec le suivant, je ne sais.

D'ailleurs, cette notion d'effort est justement un point très délicat à mobiliser chez ces jeunes, tant ils sont libres ou laissés à eux-mêmes très souvent pour choisir la vie qu'ils veulent mener.  C'est dans la culture. Il n'est pas rare que des adolescents mènent ici des vies tout à fait semblables à celle d'adultes. Les jeunes femmes tombent enceintes très jeunes ici.

Je me suis commis* à regarder un film récent sur Philippe Meirieu que j'ai trouvé en surfant comme ça et j'ai été interpelé par certaines idées. Il y dit notamment que la pédagogie repose sur deux postulats selon lui: d'abord, que tout humain est éducable et, ensuite, que chacun est libre de suivre l'éducation de l'autre. D'où la nécessité selon lui de créer des univers stimulants pour favoriser l'adhésion des apprenants. Dans l'univers où j'ai évolué, cela n'a jamais été aussi vrai. Cependant, je suis loin de croire comme lui qu'il faille plonger dans des situations qui sollicitent des défis trop grands. La pédagogie est un endroit des dosages délicats et ici, la métaphore de Meirieu sur l'éducation comme une escalade où il faut donner des prises aux élèves est plus que jamais éclairante pour moi. Toute l'année, j'ai dû me remettre en question sur des choses simples que je demandais à mes élèves et travailler à leur donner des prises sur ces buts à atteindre qui leur semblaient inaccessibles. Leur rythme de réalisation des travaux était fabuleusement lent dans l'ensemble avec une dynamique étonnante où les plus forts et les plus rapides attendent les plus lents, conforme à l'esprit d'entraide et de partage de cette culture où il n'est jamais bienséant de trop se distinguer des autres au risque de subir la moquerie collective qui est la hantise première de tous dans ce petit monde particulier. Car s'il n'est qu'un principe de contrôle social dans ce monde, il est bien là. Il est ridicule de trop se distinguer.

Tranquillement, j'ai mis intuitivement en place un contexte permettant de dépasser ces difficultés. Un tableau de suivi des travaux sur un mur a permis bien au-delà de mes attentes de mobiliser les jeunes et surtout les absents qui revenaient avec une claire image de leur retard et qui les mobilisaient dans un certain rattrapage à faire. J'ai dû développer souvent des outils de préparation intermédiaires leur permettant de réaliser des tâches complexes comme des résumés et l'écriture de différents types de textes.

Bref, sans les lancer dans de grands projets idéalistes, j'ai su trouver quelques instruments de mobilisation qui ont fonctionné avec la plupart. J'ai connu aussi plusieurs ratés. La mobilisation à la lecture de romans notamment, une montagne sans gros d'intérêt palpable pour eux. J'ai fait tout de même quelques avancés en production orale vers la fin de l'année dans les trois niveaux en vantant les mérites de l'utilisation d'un Powerpoint pour détourner les regards, car ils sont d'une timidité inconcevable.

Beaucoup restent à faire pour améliorer la prise sur le monde argumentatif, car  la pratique de la discussion avec arguments n'est pas très développée, je crois, dans leur monde. On a beaucoup d'opinions qui tournent autour le plus souvent de la persécution de ces peuples sans aller bien loin. C'est très peu construit, peu soutenu, on répète un discours entendu. L'intérêt de débattre pour avoir une juste compréhension des enjeux d'une question n'a pas trouvé beaucoup d'échos. J'ai avancé certes un peu avec certains outils. J'ai commencé à préparer le terrain en amont chez les plus jeunes, mais bon...   Mais il y a place à amélioration et un grand défi là. Beaucoup de notions  restent à travailler, à développer davantage: cause, conséquence, avantages, inconvénients, utilité, justice, valeurs, principes, etc. Aucune fluidité dans ces concepts qui rend la flexibilité de la pensée très peu heureuse.

Enfin, la tradition de ces peuples est une enseignement par imitation simple. On ne fait pas d'explications, de discours, on fait. Si ça intéresse ou si celui qui fait nous intéresse, on peut toujours regarder comment on fait et au petit bonheur la chance, les savoirs utiles de la communauté se passaient. La patience et l'attention que ces gens mettent dans leur artisanat suscitent même l'admiration. Bref, je médite souvent ce fond culturel pour essayer d'en tirer ce qui peut l'être pour trouver la manière de mieux capter. D'ailleurs, ils écrivent tous comme on tricote, gare à la maille manquée, car on reprend tout à partir de l'erreur. On en vient à se retenir de critiquer en situation un travail, au risque de décourager le scripteur. Il faut être là souvent, intervenir phrase à phrase ou attendre plus tard. J'ai perdu beaucoup de salive à tenter de faire comprendre l'idée utile du brouillon! Vivement les traitements de texte dans nos classes pour ce genre d'élèves!

Bref, les exposés visant à expliquer une démarche, à anticiper, à négocier ne cadrent pas trop avec la pensée de ces gens. C'est pourquoi j'ai beaucoup utilisé le «faire» en simplement guidant au fur et à mesure. C'est assez contraignant, j'en conviens, mais les classes sont petites. Il s'agit de préparer des activités, étape par étape. De faire passer les concepts à utiliser et à réutiliser plusieurs fois sur le chemin pour en saisir l'utilité pratique. Le parcours était au final très individualisé. C'est pour le moment, la formule qui m'a semblé mettre les élèves dans un temps maximum de travail avec la matière et favoriser les apprentissages. Je veux cependant développer un peu plus de faire collectif au service de l'apprentissage, avec le TBI qu'on me promet l'an prochain dans un nouveau milieu**.

Bref, je ne sais pas si je donne à voir un peu ma réalité, mais il a fallu beaucoup apprendre de l'apprenant pour arriver à communiquer avec lui sur son terrain fortement teinté culturellement et souvent en conflit assez clair avec les valeurs de l'école et celles de la société dominante dont la réalité est pour beaucoup d'élèves méconnue. Dans  ce village isolé, de nombreuses réalités courantes et banales du monde moderne échappent facilement à la compréhension de ces gens.

Mais, étonnamment, ces jeunes d'une autre culture ont beaucoup en commun avec la nouvelle génération aussi et je ne serai pas surpris que ces observations puissent trouver ailleurs quelque utilité.


* Je ne suis pas un fervent, mais je suis assez ouvert d'esprit pour écouter d'autres points de vue, et enfin, nous avons en commun le souci de la pédagogie.

** Eh oui! victime d'une ironie du sort délirante de la vie, ce printemps, qui ne se raconte même pas sur un espace public, tant encore une fois les aléas politiques de villages minuscules sont sensibles; mais j'aurai grosso modo, même clientèle et même tâche dans un autre village isolé.