Pages

vendredi 7 octobre 2011

Exiger, c'est exigeant.

Drôle de semaine.

D'un côté, plusieurs de mes groupes rédigent un petit truc de réchauffement de début d'année de 200 mots mais à structure imposée et, même s'ils prennent un temps fabuleux à le faire,je redécouvre à chaque fois le beau moment que c'est. Les jeunes en rédaction nous livrent pas mal d'eux-mêmes, cherchent à comprendre des moments de leur vie, font des deuils, se «projettent» dans la page blanche. J'aime bien, le psy voyeur et incomplet que je suis aime bien. 

C'est aussi une occasion de travailler la syntaxe et la ponctuation avec les élèves en individualisé, enfin ceux qui arrivent à produire du texte et à me le montrer plutôt que de jouer à la cachette. Hier, j'ai eu un beau moment avec une qui ne coupe pas ses phrases ou les coupe n'importe où. On souligne les verbes conjugués et on observe s'il y a une ponctuation oubliée entre les deux ou la présence d'une conjonction ou d'un pronom relatif entre les deux pour assurer la jonction et on réveille à la réalité qu'une phrase, ce sont des mots qui travaillent ensemble à exprimer une idée.

 On découvre aussi des horreurs: un tel, supposé être bon, avec la meilleure moyenne du groupe de l'an dernier qui ne sait pas faire des phrases, qui écrit en liste d'épicerie ou phrase groupe du nom très peu syntaxique en contexte. Et il est en 5... On n'est pas rendus! Bon, certains problèmes me demandent plus de créativité que d'autres: je peux dire que c'est incorrect, mais encore trouver un chemin pratique à enseigner à l'élève pour implanter de saines habitudes et pour ne plus faire ces graves omissions n'est pas toujours évidents. Je crois que je vais utiliser la section progression de l'information de mon acolyte didactique par ici de choix (Michel David) pour lui faire réaliser que, s'il me parle de sa mère, la plupart des premiers mots de ses phrases vont être un groupe sujet qui la concerne et la suite un prédicat (ce qu'il en dit) avec un verbe conjugué. Mais bon, avec ce grand gaillard paresseux et fermé comme une huître, qui voit peut-être pour la première fois de sa vie un prof qui prend son job à cœur jusque dans les petits coins pleins de défis, ce ne sera pas de la  tarte. Sans collaboration et ouverture de l'élève, on est souvent menottés. Bref, cette semaine, j'entre dans les petites subtilités qui font que mon intellect reste allumé et que mon enthousiasme se maintient.

De l'autre, à l'école, l'orage me semble se préparer.

Hier, ça bardait un peu: premier incident avec un parent à l'école, on sent que ça va chauffer  pour un collègue. Ce matin, c'est la présentation aux élèves du code de vie musclé qu'on met en place pour contrer l'absentéisme chronique de certains qui devront faire des choix. Hier, une prof s'est arrangée pour garder en classe ses élèves qui ne fonctionnaient pas et a récompensé les autres par une période bonbon en info avec l'aide d'une autre collègue, je ne dis pas le chahut chez ses jeunes plus que rois... On a vu le «dirlo», inquiété par j'imagine «ses yeux et ses oreilles» venir s'en mêler, alors que tout était sous contrôle malgré la tension dans l'air!

Les collègues fatiguent, ça commence déjà à se sentir. La tâche est grosse ici. On réalisait, moi et ma collège qui partageons le même logis, entre autres, que nous étions les deux profs à tirer sur la gang pour monter notre cran d'exigence dans ce petit monde habitué à la mollesse et qui fait que la plupart de nos élèves ne vont nulle part. Il y a les beaux discours, mais avoir les couilles de tenir la barre quand c'est la tempête, ce n'est pas donné à tout le monde. On croise les doigts que notre direction et que l'équipe vont continuer de soutenir notre projet d'équiper les jeunes pour avancer avec des outils et de bonnes habitudes dans la vie.

Car, sans l'équipe, on n'aura pas le même poids.

Pis, hier, je n'ai pas pu m'empêcher de taper une «gueulante» contre l'immobilisme au sujet d'un groupe niveau qui ne fonctionne pas. On a encore repoussé à plus tard une discussion stratégique d'intervention de groupe. J'ai du mal à laisser aller une situation qui entraine quelques bons potentiels de nos élèves dans la «mouise» et qui pourrit leur avenir. Après l'exposé sur les « peanuts» d'hier aux jeunes, le fléau par ici, on devrait se magner le train, surtout qu'on sait tous que cette merde est dans le portrait immédiat.

Je veux beaucoup pour mes élèves. Si je n'avais pas quelque part cette vision de leur avenir qui m'animait, je me demande ce que je ferais dans ce métier. Je n'aime pas le métier pour son côté «garderie scolaire», mais pour le défi que ça représente d'en sortir un jour!

Par ailleurs, moi, je ne sais pas pourquoi, cette année, je suis plein d'énergie! Et je n'ai jamais travaillé autant! Je commence à croire que certains spirituels ont raison de dire que, lorsqu'on est à sa place, l'énergie vient naturellement.
 

3 commentaires:

Le professeur masqué a dit…

Moi, en tous cas, je te trouve en pleine forme! Mais combien de fois j'ai vu des collègues baisser les bras...

Michèle a dit…

Je partage cette énergie que tu sembles avoir moi aussi cette année...On dirait que je m'implique davantage donc que j'ai le juste retour des choses!

Bonne année scolaire à toi!
N.B. Arrivée ici en butinant de blogue en blogue ;) Je reviendrai ;)

misurlenet.com

Jonathan Livingston a dit…

Hep, je pense que, souvent, quand le contexte est merdique, les bras deviennent pesants! La perspective de pouvoir, d'avoir le pouvoir de mettre en place des solutions dans une équipe qui va dans ce sens les allège en tout cas. Notre contexte est favorable.

Michèle, l'Abeille, j'ai bien apprécié vos petits histoires aussi! J'irai surement vous visiter aussi! Vous êtes prodigue, dites donc!