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vendredi 21 octobre 2011

Un maître capitaine dans la tourmente!

«Si je te dis que tu tournes à droite, tu tournes à droite, si je te dis que tu tournes à gauche, tu tournes à gauche, ça te va?» Voilà ce que dit ce directeur au postulant enseignant qui veut venir travailler dans son école! Contrôlant,vous direz? Très!

Après quelques heures à entendre parler ce type, on en veut un pareil.

Dans son école, pas d'éducateurs, de psychoéducateurs, de spécialistes qu'il désigne toujours avec un petit trémolo dans la voix avec une touche de dédain délibérément affectée. Non, ils ne règlent rien avec leur écoute et leur compréhension. Non, il veut plus de profs, des ortho-profs avec une tâche, car le un à un ne règle rien. Il veut plus de profs pour faire plus de projets, plus de programmes, plus de cheminements particuliers: les minis-entreprises foisonnent dans son école. Les profs sont organisés et dégagés pour encadrer les jeunes. Et pour les indisciplinés, les profs ont leur gestion de classe et s'ils ne l'ont pas, il devrait changer de métier selon lui. Pour le reste, il s'en charge lui-même et ... avec quelle efficacité!

Il peut virer 15 élèves trop souvent en retard un matin.«Allez réfléchir et soyez à l'heure demain matin, bonne journée!». Il peut aller faire «réfléchir» (les mots sont importants) un élève une semaine s'il a manqué de respect à un enseignant et le retourner pour une autre semaine s'il n'a pas le sourire quand il revient dans son bureau! Il a déjà fait jouer tout seul au billard un jeune, qui disait ne pas vouloir aller à ses cours et qui voulait continuer à jouer, pendant plus d'une semaine sur heures de cours. Un autre a poiroté trois jours dans un couloir à côté de son bureau avant de le supplier de retourner travailler en classe!

Un dictateur, direz-vous? Pas du tout, ce type s'occupe de son monde tout le temps. Il animait notre comité et continuait de diriger son école. Aux pauses, il est dans les couloirs, ils blaguent avec les jeunes, les houspillent amicalement. Son monde a l'air heureux en fait. Des jeunes immobilisés parce qu'ils sont trop occupés à vouloir avoir du pouvoir sur les autres et stupidement butés ne résistent pas à sa médecine de cheval et il prouve chaque jour A par B, que l'humain et le groupe humain a besoin d'un leader fort pour bien fonctionner et être heureux comme la plupart des animaux sociaux ou évolués d'ailleurs.

En fait, un directeur a tout autorité dans une école. Sa seule limite est qu'on peut le faire sauter. On peut le démettre. Mais sur le terrain, légalement, la police ne peut entrer dans l'école sans son autorisation. La DPJ ne peut imposer un élève comme ça sans passer en cour. Alors pourquoi autant de couillards dans nos directions? Pour ne pas se faire démettre dans un milieu où le siège éjectable est sensible, bien il faut l'appui des parents. Dans cette école, il y a 9 communications par an. On met toujours les parents dans le coup et ce type convaincu de sa mission est assez convaincant. Et son école est la meilleure dans son réseau.Son école va si bien que ses patrons seraient bien mal venus de le mettre à la porte, les parents se révolteraient.

Pour les profs, oui ils sont conduits, on peut changer leur tâche du jour au lendemain comme dans un remaniement ministériel, mais chacun se fait offrir des responsabilités à sa mesure et on semble très bien de travailler dans une école qui fonctionne et évolue si bien. Évidemment, les fainéants ne font pas long feu. L'équipe-école est solidement guidée et orientée pour permettre l'innovation et évoluer. Je n'ai pas vu d'enseignants désabusés même au fumoir dehors! A l'oeil, les profs ne perdent pas leur temps à discuter de ce qui ne va pas dans leur école ou à se faire des guéguerres, ils font leur travail avec engagement.

Bref, on cherche des modèles de réussite, il y en a et ce monsieur doit être connu, car il ne laisse personne indifférent et j'entends parler de cette légende vivante depuis deux ans! Mais bon, tant que des connards se disant compétents en éducation tiennent la barre, on risque de s'épuiser dans la tempête. C'est de leadership compétent et avisé que notre système a besoin, pas de demi-mesures débiles.


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