Pages

jeudi 29 novembre 2012

Question à soumettre à des gens de sciences: oscillation étrange d'un poteau

Cet après-midi, je fumais pénard ma clope de «mari-tabac» comme un de mes élèves aiment à le dire (je fume du Drum original, bleu foncé, roulé uniquement dans du papier Rizzla + gris et passe pour un martien dans ces contrées lointaines où l'on ne roule que la vraie mari), quand (élément déclencheur) JE VIS un truc étrange.

Le poteau devant le stationnement attenant l'école oscillait gaiement de la cime.  Le poteau en métal a une bonne quarantaine de pieds de haut. Et à sa cime, il y a tout au plus comme une espèce de casque semi-sphérique assez discret. Rien pour prendre au vent.

Autour une petite neige tombait doucement presque droite, pas une once de vent en somme ou un vent négligeable, de l'ordre de la brise dont on ne parle pas. Et ça oscillait sans s'arrêter à un rythme assez rapide comme la queue d'un chien vraiment content, sinon plus. Au sommet, j'évalue que ça bougeait certainement de 2-3 pouces au moins à chaque mouvement.

Alors, j'ai regardé mon «joint» (comme on se plait à me dire:«tu fumes un joint!») de tabac, je l'ai senti, m'aurait-on joué un tour? Je ne reniflais rien d'irrégulier, je le et  me trouvais normal, alors je suis revenu au poteau.

Je me suis demandé comme ça: peut-être y a t-il un tremblement de terre, je me suis «groundé», attentif et rien. Ensuite, je me suis interrogé vraiment: y avait-il eu un choc avant qui aurait déclenché l'oscillation? Aucune trace dans la neige.

Me voilà-t-y pas intrigué, complet!

Je lorgne vers des collègues, les attire observer le truc. Il oscille bien le bougre. Je n'hallucine point. J'en parle à mon collègue math-sciences, bon, plus math que sciences, mais tout de même, rien à en dire.

Je vais voir mon directeur dont la fenêtre donne justement sur ce poteau et c'est là où je comprends à voir des excroissances typiques à hauteur d'homme dont j'ignore le nom pour enrouler des cordes, il me l'explique d'ailleurs, que le poteau a déjà servi à hisser des drapeaux, mais ne sert plus. Mon directeur me demande si c'est dangereux! Je lui dis que non, ça oscille sans plus, ça ne va pas tomber. Je monte au deuxième, je vois la plus ancienne prof ici au secondaire, 9 ans, et lui parle du mystère de la journée. Elle me dit, pas surprise, que ça fait au moins 4 ans que des profs des cuvées antérieures avaient observé cet étrange phénomène. Et qu'on avait avancé des explications comme un phénomène de champ magnétique, ce qui me laisse assez dubitatif.

Pour finir, quand je suis sorti ce soir, il faisait noir et le poteau n'oscillait plus!

Bref, bien que je n'arrive pas à me souvenir s'il faisait effectivement soleil malgré cette petite neige qui tombait, je fais l'hypothèse d'un phénomène de dilatation au soleil d'un côté du poteau qui aurait exercé une élongation d'un coté incurvant légèrement le poteau jusqu'à un certain moment où un petit souffle de brise froide serait venue disputer soudainement la tendance. Ceci aurait enclenché l'oscillation renforcée et maintenue par la chaleur du soleil et le souffle froid.

Bon, je reste vraiment incertain de mon explication. Puisque le phénomène a déjà ici été constaté, je m'imagine qu'il a été observé ailleurs.

Ceux qui comme moi sont curieux, je vous inviterais à faire aller votre réseau pour savoir si mon explication de scientifique raté, devenu prof de français par hasard, tient la route! Bon, pour information, au cas où la chose compterait, nous sommes presque au 55e parallèle ici. Il fait assez froid dans les moins 10-15 et on a eu notre neige pour un départ d'hiver certain, il y a une grosse semaine.

Merci d'avance!



mercredi 28 novembre 2012

Nouvelles du front pour les Barbe, Bazzo et autres porteurs de culture éclairés!

Nouvelles du front! (Inspirées dans la composition spontanée d'un commentaire laissé chez Le prof qui fesse! au sujet des gens qui pensent à l'éducation idéale sans vivre la réalité de terrain.)

L'éducation est pour moi une relation imparfaite entre un humain qui a appris certaines choses de la vie, et donc ses capacités de mettre en scène les contenus de sa matière en relation avec sa culture générale, et des jeunes qui connaissent encore très peu du monde.

Je suis devenu par un certain hasard de vie enseignant de français, mais j'ouvre aussi mes jeunes, souvent par accident, à la psycho, à la biologie, je parle de l'histoire, de math, de sciences, de tout en fait. Ce matin, j'expliquais l'hypothalamus, l'hypophyse et les hormones à cause d'un texte sur les changements de l'adolescence qui s'offrait pour travailler le texte explicatif. Et j'étais étonné de ce cours de biologie qui n'était plus là comme au temps de ma jeunesse. L'école, c'est souvent cela, faire avec la situation, pour mettre les jeunes en relation avec d'autres savoirs.

Je développe des cerveaux, je me bats contre l'esprit fermé, paresseux, borné, sur son quant-à-soi, à chaque seconde.

Et je fais de mon mieux.

Ouvreur d'horizons...

Je trouve cela plus intéressant que de former des citoyens.

C'est moche, qu'est-ce au fait un citoyen? Une notion anonyme dans un monde sociologique idéal.

Sur le front, je pousse des êtres en chair et en os, avec des facultés diverses (Maude, Sophie, Laeticia, Alex et les autres), à dépasser leur petite existence, à voir autre chose que leur nombril, à faire grandir leur appareil à comprendre des choses. Je les ouvre à ce qu'ils ignoraient au gré de ma rencontre avec eux. Je le fais souvent sans savoir exactement ce qui serait l'idéal pour eux et pour nous tous.

Je le fais simplement convaincu que l'humain si infini, de moi à eux, imparfaitement, se transmet et, quelque part, c'est tout ce qui compte.

Et je vis avec eux et elles au quotidien dans la tourmente de la vie, avec ses hauts et ses bas...

Il est facile de parler de l'éducation idéale, moins de prendre le risque de s'impliquer au quotidien dans l'éducation des jeunes, de jeunes...


mercredi 24 octobre 2012

La gestion de classe de Bob (pour vrai là!)

Bon, désolé pour les 8 visites dans ce canular qui n'en était pas un, mais simplement une intention.

Allons-y, j'ai rencontré Bob dans un colloque la semaine dernière. Mon premier colloque! Je n'étais pas resté assez longtemps quelque part pour pouvoir vivre cette expérience normalement réservée à la garde rapprochée de certaine direction d'école. Ici, pas de ce genre de simagrées réservées à la caste, non tout le monde y va. Bref, cette année, c'était celle du colloque, alors l'école s'est arrêtée et je me suis envolé avec des collègues pour un trois jours de ressourcement.

Vous vous doutez que j'étais quelque peu dubitatif et pourtant j'ai fortement apprécié 2 des trois conférenciers, et les 4 ateliers auxquels j'ai participé. Bon, un des conférenciers m'a tombé sur les nerfs avec sa PPLP et  sa tentative d'humour à mon sens raté sur fond de caricature manichéenne: le monde se divise en «bitches» fouteuses de merde, insupportables, tendance syndicat, avec de gros problèmes personnels qui ne comprennent pas ce que tous les autres comprendraient: du moment que t'es payé, ton devoir premier est d'être cool. Dans ce paradigme, la compétence est une variable négligeable en comparaison de ses talents d'humoriste au point où on se demande si le conférencier n'a pas des parts dans la compagnie de l'École de l'humour. Comme d'autres collègues l'ont dit, sur le fond, il y certainement du vrai, que le savoir-être y fait pour beaucoup dans notre intégration à une équipe, mais bon il n'y a pas que cela. Moi qui me sent patauger parfois au milieu d'un manque de compétence hilare, j'ai quelques réserves. La performance par le plaisir, bref, semble par moment une belle récupération de la droite genre Wal-Mart et de ses associés. Et son présentateur «réfléchit» parfois sur scène de manière complaisante dans son show fabriqué et mal joué qui a le culot de nous dire que la routine est quelque chose comme une plaie. Il n'a pas étudié l'économie, ce mec!

Mais bon, je ne vais pas m'apesantir sur le néant et revenir au bon moment, un des bons a été celui passé avec Bob.

Un atelier de 90 minutes que Bob aurait voulu plus longs.

Qui est Bob? Je mettrai le lien avec son site plus bas.

Moi, je ne le connaissais pas. C'est un prof de 28 ans d'expérience ou à peu près qui en a surement bavé dans son champ d'intervention en adaptation scolaire à ses débuts et qui est allé se chercher des outils qui marchent pour lui et qu'il vient nous proposer simplement et humblement.

Il a le tour de prendre le plancher avec sa présence athlétique et aussi de nous laisser des moments pour digérer ce qu'il vient de nous lancer.

D'entrée de jeu, Bob aime nous rappeler quelque chose comme une vérité profonde dont il faut certainement mesurer la portée comme éducateur: on est la seule personne qui a du contrôle sur notre vie. On peut juste se changer soi-même et c'est valable pour nous et pour nos élèves aussi. On est libre.

Bref, Bob présente surtout une approche qu'il a raffinée dans sa pratique dans un langage simple certainement né de son interaction avec les jeunes. Il s'agit de celle d'un psychiatre américain Glasser et Thérapie de la réalité qui a connu du succès dans le milieu carcéral et qu'il a  adapté au monde scolaire: la théorie du choix. Bob est «calé» dans cette approche.

Bon, sans entrer dans les détails, je trouvais que cette rencontre tombait à point, car je me posais des questions pour tenter d'aller rejoindre cette petite frange insaisissable de jeunes qui restaient hors de portée de mon influence. Comme j'ai dit dans l'entrée précédente de ce blogue, ça va très bien en ce moment, mais il y a toujours des zones du relationnel humain qui nous échappe, des jeunes que notre palette habituelle d'intervention ne semblent pas atteindre.

Comme le présentateur de la PPLP d'en haut, Bob parle d'attitude, qui donne de l'altitude plus que l'aptitude. Mais il en parle plus adroitement je dirais avec en bonus une panoplie de moyens concrets qu'il nous propose généreusement. Bref, il nous invite à moins de contrôle, et à un certain dialogue d'éducateur qui laisse le jeune libre tout en lui montrant constamment et, avec patience, les conséquences de ses choix.

Bref, Bob nous invite à développer des relations plus harmonieuses avec les jeunes et à collaborer, à partager ce qui marche pour nous avec les collègues.

En tous cas, je ne sais pas, cette rencontre m'a dynamisé et m'a amené à faire quelques petits changements dans mes habitudes d'interventions. En trois jours, je note déjà des gains, sans vraiment me casser la tête. Je me suis mis dans la tête de faire le contact direct avec tous mes élèves gratuitement, simplement, et de formuler mes demandes différemment à partir des quelques exemples que Bob a donné. J'ai changé mon focus un tout petit peu et  j'ai intégré à ce que je fais déjà quelques petits conseils. Je me suis vite rendu compte que mes journées sont encore meilleures.

Je vous invite donc à aller rencontrer Bob, sur son site où on peut trouver 9 vidéos pas trop longues qui auront certainement quelques bonnes idées pour vous.

J'ai dans ma poche la petite pierre qu'il nous a donnée pour se rappeler un peu de faire attention à nous et aussi j'imagine de son intervention dans nos vies pour nous influencer et nous aider à relever nos défis éducatifs. Cette ancrage (il doit avoir étudié la PNL, le Bob!) et un autre sur mon bureau me rappellent ma responsabilité dans l'histoire que je vis au jour le jour!

En allant chercher le lien, je me rends compte que j'avais déjà vu ce site et que je n'avais pas fouillé plus avant. Je n'étais peut-être pas mûr pour cette rencontre.

En tous cas, merci Bob!

Passages à gué

Enseigner en région a son lot de petites misères, ici on a nos particularités en plus : pas de cloches depuis janvier, pénurie de 81/2 x 11 dans les dernières semaines, les commandes qui n'arrivent jamais, vraiment jamais, la salle informatique qui se déglingue, de la bande passante limitée (pour ceux qui ne savent pas ce que c'est: disons que l'internet n'est pas aussi fluide que dans le sud à fibre optique), 5 niveaux de français à gérer, des élèves absents, un après l'autre, des conflits avec des élèves la première année assez chiants, des accusations infondées, enfin la liste est longue.

En passant pour ceux qui me lisent, l'accusation n'a pas été retenue: celle d'avoir «pogné» le postérieur d'une jeune fille en plein corridor avec plein de monde autour... Et la jeune fille est revenue dans mes cours et la vie continue, je suis passé à autre chose et elle aussi. J'ai même eu la visite de la grand-mère lors de la première rencontre de parents. Comme quoi, faire la relation avec certains jeunes, dans ce métier, tient du rodéo de haute voltige! Faut avoir un peu les nerfs solides... moi, qui les ai eu fragiles en d'autres circonstances!

Mais bon, dans une deuxième année au même endroit, une chose change, et radicalement, c'est la qualité de la relation avec les jeunes. Celle-là, dans mon cas et dans celui de plusieurs, on la gagne à l'arraché!

L'enseignement est un métier de patience. Comme le jardinage. L'effet est lent, très lent et c'est la trame du quotidien qui le nourrit doucement, imperceptiblement.

Je choisis et rechoisis finalement d'être ici pour cette possibilité de construire quelque chose avec ces jeunes qui partent de loin dans le contexte d'un peuple qui se relève encore d'un énorme cataclysme culturel qui a eu lieu il y a une grosse cinquantaine d'années pour réussir le 2e plan Nord, car ce n'était pas le premier, en passant,  il y a eu celui de Lesage après celui du fameux Duplessis. Et, comme on sait, il y a eu celui de Bourassa, etc. , etc. Notre bouclé national n'a rien inventé. Du moment qu'on a commencé à voir ce qu'on pouvait tirer du territoire du Nord, le sort de nos étranges indigènes du coin étaient scellé, eux qui avaient coexisté pendant un bon 350 ans avec nous sans changer leur mode de vie.

Trois ans que je partage leurs vies, dans deux endroits, sans les comprendre, à tranquillement raboter mes préjugés et à sortir du jugement, à apprendre notre histoire et à réfléchir à notre avenir.

J'imagine aussi que ce cheminement permet aussi quelque chose.

Toujours est-il que cette année, il y a, par moment, comme une magie qui s'opère, un changement de perspective. Moins de chocs, plus de rencontres et d'attention réciproque et d'ouvertures pour l'apprentissage. Peu à peu, je trouve des passerelles, des passages à gué nouveaux!

Au final, malgré les nombreuses frustrations d'un milieu désarçonnant qui n'a jamais la fiabilité et la constance de ceux du sud, comme on dit par ici, quelque chose émerge et certaines ouvertures deviennent possibles.

On a toujours besoin d'enseignants par ici en passant! Si la vie vous intéresse!

mardi 23 octobre 2012

Lu dans Le Devoir: une affirmation à documenter, vous avez quelque chose?

«De plus, il ne favoriserait pas la réussite de tous puisque, selon les experts, les systèmes éducatifs les plus efficaces en matière de performance et d’équité sont ceux qui adoptent une approche inclusive plutôt que sélective dans l’organisation de leurs services.» Le Devoir  (Écoles publiques et privées - Plaidoyer pour un système plus juste. Pierre Lapointe - Professeur agrégé à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, 23 octobre 2012 )
 

Étonnamment, ce type qu'on pourrait mettre dans la catégorie des gens bien informés nous  épargne la précision.

Quand formule privée = formule publique, on sait que les conditions de travail vont aller en baissant

Hier, j'ai oublié de dire que, dans les quelques milieux privés que j'ai eu la chance d'approcher, il n'est pas rare qu'on fasse un drôle de petit chantage sur les profs pour qu'ils troquent une partie de leur salaire contre leur sécurité de rester dans un milieu privé avec de bons élèves, moins pires en tous cas que ceux du public. Les DG de ces établissements laissent toujours planer à des syndicats plus qu'amateurs que l'école est au bord de l'abîme. Bref, pour l'échantillon que j'ai examiné, ce sont des milieux qui aiment se dire chanceux de ne pas connaître les affres des classes ordinaires du public. Voilà nos bons profs du privé si compétents en réalité apeurés de se retrouver avec les défis de l'école publique. Cette peur entretenue leur coute 3,4, 5, j'ai vu jusqu'à 8% de leur salaire comparé au public. Tout le monde chiale un temps et la concession est finalement donnée.

Je ne sais pas exactement les conséquences à tirer de ces observations. Mais bon si le privé sait déjà comment moins payer les gens pour enseigner, si on lui propose d'étendre sa compétence dans des secteurs gérés par le public, il va certainement trouver le moyen de capitaliser sur une autre faille pour que ça coûte moins cher.

Diviser pour régner, a déjà dit un certain sage. Le privé, c'est exactement cela pour les conditions de travail de l'enseignant à long terme.

lundi 22 octobre 2012

Chant du cygne pour le modèle de l'école à classe ordinaire?


Je viens de lire le texte de M. Saint-Pierre sur lequel je viens de tomber en passant par chez le professeur masqué.

D'abord, j'espère ne pas avoir mal lu, mais j'y décèle quelque chose comme une contradiction: les écoles privées ne peuvent se vanter de leurs résultats parce qu'ils n'ont pas les élèves des milieux défavorisés dans leur rang, mais ils ont les meilleurs profs qui devraient être capables de mieux s'occuper des élèves en difficulté.

Euf! Franchement, je ne vois pas nécessairement un prof heureux et compétent qui  travaille en milieu privé avoir ce qu'il faut pour travailler avec la dynamique particulière des enfants en difficulté ou dans la classe ordinaire inclusive. Chacun sa tasse de thé, comme on dit. Et puis, j'ai vu des pourris comme des bons dans les deux milieux pour y avoir fait des passages.

Je me demande aussi franchement comment entendre une quelconque intelligence à ce principe de l'inclusion qui dans mon oreille ou à mes yeux propose une vision de l'école où le jeune doué se retrouve dans la même classe que l'élève qui a un rythme d'apprentissage très lent et qui attend tout le temps qu'il se passe quelque chose pour lui dans cette classe. Je ne parle pas du bruit. Je me parle pas de ce trop grand nombre d'élèves lâchés sans soutien dans cette dynamique de classe improductive pour faire économiser le système des classes adaptées qu'on a rejeté aux oubliettes. J'ai en tête ce jeune en difficulté qui décroche si le prof s'occupe des forts ou juste des moyens, ce fort qui décroche presque tout le temps. Je me vois comme tant de collègues impuissants à répondre à tous ces besoins dans un même espace-temps. Et la coopération, et cette pédagogie différentiée, toute cette soupe théorique non démontrée  commencent à me donner la nausée. Je me tiens loin de cette mélasse, ce n'est pas ma tasse de thé!

Je suis sensible à la cause des élèves en difficulté puisque j'ai surtout travaillé avec eux dans ma carrière. J'ai rarement vu que l'école inclusive leur donnait vraiment une chance. Mais j'ai vu des petits miracles dans des écoles spéciales ou dans des ailes particulières de certaines écoles avec de bonnes équipes d'enseignants passionnés par ce défi .

Je me pose vraiment la question de savoir si le fait d'imposer à l'école privée de s'occuper de son lot des difficultés de l'école publique va franchement faire avancer les choses. On ne changera pas la réalité qu'un élève en difficulté, que ses difficultés soient passagères ou stables, pour une organisation, draine plus de ressources qu'un élève qui n'a pas ces difficultés si on veut bien s'en occuper, ce qui commence souvent par un ratio approprié qui permet une relation plus approfondie avec l'enseignant et des cheminements plus longs sans compter d'autres types d'interventions plus fréquentes. L'école privée n'est pas compétente en ce domaine si ce n'est que de façon très limitée. On va lui demander de faire autre chose que ce qu'elle sait faire? Ne serait-il pas plus logique de simplement baisser un peu la contribution publique du privé et d'aller mettre ces sous là où on en a besoin, dans des milieux déjà compétents mais en manquent de certains moyens ou vivant avec des ratios ingérables?

L'école n'a pas pour rôle de fournir des ascenseurs socials, ordinaires, super ou turbos, des escaliers de service ou d'appliquer une philosophie  non-démontrée d'inclusion à tout prix, mais d'éduquer et d'instruire au mieux chaque élève au prix de mettre plus d'énergie pour certains qui en ont besoin dans un souci d'équité sociale. La seule chose qui m'importe est une école juste à ce niveau: permettre à chaque jeune d'aller aussi loin que possible dans son potentiel. Et ce ne doit pas se faire au détriment des autres en demandant à de bons élèves, par exemple, d'être à tout bout de champ les enseignants des autres. Car ces formules coopératives vont 5 minutes, quand elles fonctionnent...


Enfin, si on veut faire des comptabilités, rapatrier cette clientèle d'élèves moins couteux en terme d'énergie partis au privé pour mieux répartir les argents est une option peut-être, mais nous devrions mettre des comptables sur la question et non des idéologues. Dans le moment, ils coutent 60% du cout des autres.

On reproche aux écoles privées de ne pas donner le choix à certains élèves doués qui viennent de milieux défavorisés qui sont confinés à l'école publique. Là, je suis solidaire certainement, car j'étais de ces jeunes doués à l'école, issus de la classe ouvrière d'hier, qui ont pu profiter de l'école publique des années 80 pour aller à l'université et, en même temps, je me demande pourquoi ce jeune rêverait aujourd'hui d'aller au privé et si l'école n'a pas une certaine autre option à lui offrir qui pour l'instant manque et enfin, si ce choix ne lui est pas enlevé depuis qu'on a voulu faire une école renouvelée avec inclusions à tout prix, à moindre cout!

J'ai déjà développé le sujet: l'argent d'hier n'est plus là pour l'éducation. En plus, l'industrie de l'informatique tire en bien ou en mal son bout de couverture maintenant. Et finalement, on constate toujours un peu plus que  le modèle de l'école de la classe ordinaire est rien qu'ordinaire, comme dirait un collègue. Serait-ce le chant du cygne de cette expérience?


samedi 13 octobre 2012

Financement du privé ou la faute des autres

La nouvelle ministre de l'Éducation, Mme Marie Malavoy, menace ces jours-ci de retirer le financement aux écoles privées qui font de la sélection. Voilà une mesure qui provient d'une plate-forme de parti discutée dans un congrès avec laquelle la ministre se dit à  l'aise. Encore une fois, il m'apparait qu'on veut régler les gros problèmes de l'éducation à coup de raccourcis. Essayons d'y voir clair.

On peut lire dans Le Devoir son analyse  qui rejoint bien des gens et qui se traduit de manière évidente dans les résultats des examens du Mels:

«L’école publique a hérité de tous les enfants en difficulté. Notre régime privé, avec les modes de sélection qu’il a, fait en sorte que les élèves qui aboutissent dans le privé sont ceux qui ont de grandes capacités et peu de problèmes. Le poids sur le réseau public de tous ces élèves qui ne passeraient pas ce genre de sélection est énorme», a-t-elle noté.

Ce serait presque une vérité de La Palice si ce n'était que, franchement, l'école publique n'hérite en rien des enfants en difficultés, ce sont les autres qui la quittent depuis une bonne dizaine d'années.

Mais bon, les école privées peuvent dormir tranquille, car la révolution sera tranquille.

Déjà, dans l'article du Devoir, elle temporise ces propos: On souhaite d’abord les consulter. « Il faut être capable de mesurer l’impact [d’une telle mesure] et ce serait discuté avec les écoles privées. Mais elles le savent, a souligné la ministre. Dans la mesure où on donne 60 % de notre financement aux écoles privées, c’est un financement important, celles-ci doivent accepter tout le monde. Sinon, on paye d’un côté pour les meilleurs élèves et ceux qui ont des difficultés, on les a tous dans notre secteur [public]. »

Après 12 ans d'intégration massive des EHDAA dans la classe ordinaire et d'une réforme inadaptée pour les aptitudes moyennes des jeunes dans un cadre de groupe d'une taille qui ne permet pas de mener la pédagogie de projets quelque part, après une évolution des normes d'évaluation permettant de faire le déni général de la difficulté de la classe hétérogène, on veut s'en prendre à l'école privée qui a émergé pour répondre à un besoin des gens d'offrir à leur enfant une éducation correcte malgré les inconséquences du système public.

Tout cela a été assez voulu: intégrer les élèves en difficulté et nier autant que faire se peut les difficultés pour ne pas payer des services adaptés couteux. Faire une réforme pédagogique ingérable en classe hétérogène pour pousser les parents à se tourner  vers le privé pour donner à leurs enfants une éducation adéquate, même au prix de plusieurs milliers  de dollars supplémentaires alors que tous ces gens paient leurs taxes et que l'éducation est un droit reconnu dans notre société. Car, on aime oublier le fait que l'État sauve 40% de financement à ces élèves «qui ont de grandes capacités et peu de problèmes.»

Même les écoles publiques multiplient les programmes spéciaux, sous la pression de ces parents d'élèves qui croupissent autrement dans des classes ordinairement difficiles, pour se détourner de la fatalité et sélectionner les jeunes et offrir par exemple, le PEI (Programme d'études internationales) , des concentrations musique ou art, etc. J'ai fait des contrats dans deux écoles de filles, publiques, à Montréal. Si ce n'est pas de la sélection.

Malheureusement, l'école de quartier n'offre pas toujours l'alternative souhaitable pour nos jeunes dans le réseau public, et je suis de ceux qui se sont résolus à payer  le supplément nécessaire pour mon jeune doué qui passait son temps à lire des romans en classe parce que le rythme et la cacophonie ambiante ne le stimulait absolument pas. Pourquoi ai-je pu bénéficier en un autre temps d'une classe convenable dans le réseau public au début des années 80 gratuite et que je doive aujourd'hui payer pour offrir un environnement comparable à mon jeune?

Il faudra se rendre à l'évidence que l'on veut occulter à tous, à coup de drapeau idéologique, la nécessité de classement en éducation pour offrir de la qualité. La sélection pour faire des classes relativement homogènes qui permettent à l'enseignant d'humainement organiser des activités appropriées pour un niveau moyen de classe ne pourra être contournée. On en ajoute une couche, en reprenant le tabou de la sélection, quand  on reproche encore une fois à des organisations scolaires de faire un certain tri rationnel pour permettre d'offrir des services de manière intelligente. Tant qu'on s'acharnera contre l'intelligence au nom de beaux principes indiscutables comme ceux de l'inclusion à tout prix, on ne pourra pas régler les problèmes multiples qui inondent le réseau scolaire public et privé.

Avec toutes les pressions nouvelles qui s'exercent sur ce réseau, dont celle d'informatiser les pratiques, on n'est pas prêt de trouver un financement adéquat pour assumer intelligemment tous ces idéaux de société.

Non, ce n'est pas que le réseau privé soit subventionné à 60% qui est inacceptable ni qu'il fasse un tri dans la clientèle, c'est qu'une part de plus en plus grande des parents, d'une société qui a choisi d'offrir un service public et gratuit d'éducation à ses enfants, se voient encore obligés de payer d'importants suppléments pour permettre à leur enfant de se développer dans un environnement acceptable. Ce recours au privé rendu nécessaire pour tant de gens est le véritable scandale.

Mais bon, toujours plus de la même chose nous enferme dans une logique circulaire et ne résoudra rien.

Car, imposer une telle mesure aura l'impact prévisible suivant: comme mes parents n'auraient pas eu les moyens de couvrir les dépenses de 4000$ annuels pour m'envoyer dans une bonne école si l'école publique de naguère s'était avérée inadéquate, je ne pourrais pas , comme des milliers de parents qui ont fait ce choix de nos jours, payer la tranche de 60% supplémentaire qu'il sera nécessaire d'assumer pour garder mon enfant dans un réseau qui, pour le moment, lui offre une éducation convenable. Si l'école privée se doit d'arrêter la sélection, il n'y aura plus d'intérêt pour cette clientèle de débourser ce genre de surplus. Si le privé s'encombre des problème du réseau public, il deviendra bête de débourser pour y envoyer son enfant. Et ce sera la fatalité. Il n'y aura plus d'options et on maintiendra dorénavant la plupart des enfants dans le réseau public à charge de l'état à 100%. Bref, on peut prévoir une augmentation nécessaire et conséquente du réseau public de 40% pour cette frange d'élèves qui reviendront au public ou plus précisément resteront au public. Cette situation incitera, on peut déjà le prévoir, bien des gens à la «consultation»!

Mais  ne paniquons pas, pour ceux qui y sont déjà, rien ne va changer. On ne va pas les renvoyer pour faire de la place aux élèves en difficulté. Ce n'est qu'avec le temps que la composition pourrait en souffrir. Et que tranquillement, le réseau privé en croissance ces dernières années, qui est venu compenser les ratés du réseau public, va s'étioler.

Ainsi, pour le moment, on contente les critiques, on laisse à tous le temps de voir venir et à l'eau de couler sous les ponts et rien, encore une fois, ne va changer.

Au lieu de regarder l'ensemble du système public et de comprendre pourquoi tant de gens s'en détournent, on se contente donc de dire que c'est la faute des autres. Il y aurait davantage de maturité à bien réfléchir pour trouver comment rendre notre école publique plus attrayante ou simplement plus adéquate, car il me parait évident que personne ne paie 4000$/enfant chaque année pour rien!

Franchement, on n'est pas sorti de l'auberge!


mardi 2 octobre 2012

Bon, je chiale contre les TiC, mais j'explore l'avenue tout de même! Et sans virer fou!

 Car je ne suis pas borné, mais j'ai horreur de l'angélisme surtout quand il farde un mercantilisme évident.

De ce temps-ci, donc, je magasine des portables. Non, je ne suis pas assez branché pour me lancer dans les projets de Ipad. Je ne suis pas «tweet» du tout en plus. Pour ma part, je crois qu'on peut enseigner ce qu'on connait. S'ils veulent que je la connaisse leur tablette touch machin, qu'il m'en donne une. Je verrai bien ce que je peux en tirer en classe. Pour le moment, ça me parait de loin qu'un méga gadget d'applications bidules dont l'utilisation pour l'apprentissage du français me semble assez accessoire. Je pense franchement renouveler mon portable vieillissant avant de penser m'acheter ce truc.

Non, j'ai eu une bonne subvention pour mon cours de français dans la petite école où j'enseigne. Le tout est prévu par étape, d'abord un projet pour travailler l'écriture, notamment la syntaxe. Et initier aux correcteurs aussi... Oui, oui, pourquoi pas dans un cours de français, justement?

Ensuite, on verra, tranquillement, si on peut informatiser d'autres aspects de l'enseignement. Après un an dans l'apprentissage ou l'apprivoisement du TBI, avec bien des détours pour en arriver à des raccourcis d'organisation fabuleux, c'était dans l'ordre des choses.

D'ailleurs, si j'avais une recommandation à faire dans l'apprivoisement des TIC, c'est justement de prendre son temps. De se garder comme moi, par exemple, un bout de tableau noir à côté de celui qui va changer nos vies. Certains jours de vacances, je les décrète moi-même, je n'ouvre pas le TBI. C'est bien!

Je plains franchement ces profs des écoles privées où on a fait acheter aux parents des appareils qu'il faut rentabiliser à leurs yeux. Une classe de Ipad du jour au lendemain, il y a de quoi devenir fou.

Bon, enfin, en terminant, pour ceux qui n'ouvrent pas un mail sans aide ou qui ne savent pas faire un copier-coller, vous pouvez oublier cela tout de suite... Malheureusement, il y en a plus qu'on pense dans une école: ils me font perdre un temps précieux à leur expliquer des trucs que j'apprenais il y a plus de 20 ans...

Le déni des idéologues de gauche en éducation- ajout et rectification

Je lis depuis quelques temps le retour en force du pédagogisme en France avec le même discours auquel on nous a habitué au début de la réforme. Le retour des socialistes ouvre la voie aux vendeurs de TIC et à la pédagogie différenciée qui les justifie, cette belle utopie qui anime toute cette mouvance.

Cette phrase trouvée ici, d'une porte-parole de cette vision, m'interpelle car c'est un concentré de présuppositions et de décalages avec la réalité: « Car nier les différences, imposer les mêmes apprentissages à tous les élèves en même temps en utilisant les mêmes démarches pédagogiques, c’est bien transformer les différences en inégalités. Celui qui n’entre pas dans la norme collective est déclaré en échec et bénéficiera au mieux d’un soutien, au pire d’un redoublement, première forme d’exclusion, puisqu’il sépare celui qui redouble de sa classe d’âge, de son groupe d’appartenance.» (Claire Krepper. En fait, cette dame pose la problématique que je soulève ici quelque part, si on lit l'article au complet)

Dans cette appréciation, il y a ici une accusation et bien des présuppositions qui mériteraient d'être démontrées. Et en plus, une réalité de l'éducation ou de la société qui est justement niée.

Relisons: Imposer les mêmes apprentissages en utilisant les mêmes démarches pédagogiques en même temps serait nier les différences des élèves. 

Et c'est aussi transformer les différences en inégalités sociales.

Bref, en enseignant un contenu commun, j'engendre les inégalités sociales. Comme enseignant, je suis complice des inégalités, de l'échec et de l'exclusion qui sont un mal. Rien de moins.

Euh, d'abord je connais peu d'enseignants qui nient les différences, mais nous les constatons à chaque jour. Les différences de motivation, différences d'investissement, différences d'habiletés, de capacités, on les apprécie tous les jours. On les affronte aussi, on essaie à force de bras et d'interventions de les amoindrir. Tous les jours.

Je me pose franchement la question de savoir ce qui reste de la transmission d'un bagage commun quand on se lance dans la différenciation pédagogique. 

Je me demande comment enseigner différentes démarches pédagogiques en même temps sans faire perdre le temps de tous.

Je me demande aussi comment allons-nous affronter cette réalité: ce n'est pas tout le monde qui a le potentiel pour faire n'importe quelle formation. Je n'ai pas inventé les qualités prisées et nécessaires au développement de nos sociétés. Il arrive un moment, où nous devons évaluer le potentiel d'un jeune et l'orienter dans les filières  qui lui correspondent. Je dois dire un moment donné à cette jeune que son rêve de devenir vétérinaire n'a pas de bon sens. La compétition va la bouffer. Elle n'a malheureusement pas ce qu'il faut pour aller faire les études de ses rêves. Et c'est pourtant une de mes bonnes élèves, mais nous sommes dans une école qui peine à élever le niveau pour des raisons culturelles. C'est une réalité, je ne peux rien y changer.

Comment tenir une barre des exigences minimales dans un contexte où tout est permis, où aucune norme de réussite n'est fixée? Ne crée-t-on pas justement une situation pire quand on instaure le régime de la pédagogie différenciée?

Je veux bien l'utopie, mais franchement il y a des réalités et ne pas en tenir compte est justement le déni le plus regrettable. 

J'enseigne un contenu commun que j'adapte à une groupe selon mon appréciation  de sa capacité de groupe et j'apporte mes encouragements et une différenciation de mes interventions en fonction des difficultés individuelles rencontrées avec des petits soutiens particuliers. La plupart des profs modulent ainsi leur enseignement. Nous fixons aussi un objectif, une norme pour favoriser un certain investissement, une certaine concentration vers des apprentissages. 

Les jeunes ne naissent malheureusement pas autonome et égaux devant l'apprentissage. Il faut leur montrer bien des choses. Et le temps groupe ne permet pas franchement d'individualiser les démarches. Sinon, c'est tout le monde qui attend, c'est le temps de tous qui est perdu.

Quand on abandonne le groupe, la norme, le travail et les objectifs communs, l'éducation devient le plus souvent malheureusement une errance individuelle, du coq-à-l'âne, la préparation à des crédulités populaires par manque de connaissance comme ceux qu'on dénonce dans nos journaux en ce moment.

Révisé ce soir le 2 octobre 2012

samedi 15 septembre 2012

L'imprécis, le quantitatif et l'indéfini à l'ère de la Nouvelle Grammaire



Si Blogger était moins compliqué, j'aurais mis ce long commentaire directement chez Professeur Masqué ici. Comme avec les élèves, on doit toujours simplifier contrairement à ce que la pétagogo suggère, je me permets ce matin ce long bavardage!

Euh, si je puis me permettre. «Un» et «une» sont certainement définis dans le  sens que tu lui donnes PM, tout comme «aucun». Un chien n'est pas deux chiens! Les chiens, par ailleurs, sont assez vagues et imprécis d'un point de vue quantitatif. Ce qui crée un problème, il me semble... Défini et indéfini, dans la tradition, réfère  donc à autre chose que la précision comme nous allons le voir bientôt. Indéfini a en plus deux sens, comme il arrive parfois et même en math pour le zéro, comme le souligne Missmath. Je note au passage que  je travaille avec un tableau de classe de mots que je promène depuis un moment dans mes valises, qui fait un classement des déterminants en incluant vos déterminants quantitatifs aux déterminants indéfinis. Bref, ce classement ne date pas d'hier comme moutures récentes de la si logique nouvelle grammaire.  Et, je ne pourrai pas m'empêcher ce plaisir de montrer que la logique en grammaire est une lubie de nouveaux grammairiens en plus d'être anti-pédagogique.

J'ai l'habitude d'expliquer la notion de déterminants indéfinis un, une et des, avec un exemple: un chien, une chienne et des chiens sont imprécisés, quelconques, indéfinis, ce peut être n'importe quel chien. Un chien m'a mordu, il est imprécisé. Alors que «le» chien précise un chien en particulier qui est défini dans la situation: Le chien du voisin ou celui de Paul. Le chien, on le connait. Un chien, on ne le connait pas encore. Dans les deux cas (le ou un), on remarque qu'il est assez clair qu'il y en a un!

Apparté : Pour les autres indéfinis, je leur explique que ceux-là le sont par rapport aux dét. numéraux qui comptent précisément. Ils avaient dans l'ancienne grammaire une catégorie à eux et là on les a mis avec un, une et des. Je fais un peu d'histoire de langue vite fait et on n'en parle plus. Moi, pour mes objectifs adaptés in situ, et eux, pour d'autres raisons, on s'en tape un peu!

Mais bon, dans une perspective qui place la connaissance comme une valeur, qui est mienne  bien évidemment, voici pour les collègues la suite:

Je rejoins ainsi Grevisse qui dans sa «Bible» (Le bon usage) explique mieux que moi la distinction pour les articles (déterminants minimaux): «L'article défini s'emploie devant le nom qui désigne un être ou une chose connus du locuteur et de l'interlocuteur (...).» [§564] Alors que: «L'article indéfini s'emploie devant un nom désignant un être ou une chose (ou des êtres ou des choses) dont il n'a pas été question, qui ne sont pas présentés comme connus, comme identifiés.(...) Il peut aussi avoir une valeur générale: Un triangle équilatéral a les trois côtés égaux»[§566].

Quant aux «quantitatifs», ils étaient regroupés dans la sous-classe des déterminants indéfinis par Grevisse qui sont, selon lui, «des mots variés indiquant, soit une quantité non chiffrée, soit une identification imprécise (quelque, je ne sais quel, etc.) ou même un refus d'identification (certain, tel).» [§605; je mets en gras] Il les distinguait des adjectifs indéfinis (autre, même et quelconque) qui ne suffisent pas à déterminer le nom.

Et peut-être, PM, qu'il est là le problème de définition: quantitatif, pour la tradition grammairienne n'est pas juste une quantité vague ou imprécise mais plus précisément une quantité non chiffré dans ce classement. Le «chiffré» dans le langage serait bien la détermination la plus précise du quantitatif. Car le déterminant numéral est évidemment quantitatif. Un et une peuvent selon les phrases produites référer au chiffre ou nombre (numéral) ou à l'idée du quelconque ou du général (indéfini). Aucun n'est pas strictement le zéro (bien qu'il l'évoque assez parfaitement), ce chiffre dont on a disserté chez les mathématicien pour savoir s'il était un nombre. MissMath nous le confirme chez vous. Oui, je sais que de nuances!

Selon mon souvenir, les quantitatifs ou déterminants indéfinis de Grevisse étaient rangés traditionnellement dans la sous-classe des adjectifs indéfinis qui regroupait les formes déterminantes autres que les articles définis, indéfinis, partitifs et les adjectifs numéraux, démonstratifs, possessifs, etc (autre que qualificatif). Cette sous-classe fourretout incluait parfois autre chose que la notion de quantitatif, du qualitatif notamment (certain, je ne sais quel, etc.), de l'identité, de la ressemblance et de la différence (Même, tout, autre). Dans le Précis de Grevisse que je viens de reconsulter et d'où je tire cette  explication, on réglait la chose ainsi pour le scolaire, avec des remarques qui évoquaient les imperfections de classement.

Avec la nouvelle grammaire, on a refait le classement global selon la fonction grammaticale et l'article indéfini et l'adjectif indéfini ont souvent fusionné en déterminants indéfinis, bien qu’ils manifestent bien des phénomènes de langue distincts. Certains semblent en avoir profité  pour régler une situation fort complexe de classement et ont créé les quantitatifs en remplacement du défunt  adjectif indéfini qui était, on l'avouera peut-être, pratique comme fourre-tout de ces foutus déterminants. Mais, comme on le voit maintenant, les quantitatifs regroupent des éléments qui ne quantifient point, même vaguement ou, pire, qui ne déterminent pas tout à fait, lorsqu’employé seul devant le nom!  puisqu'ils ne viennent pas seul devant le nom et nécessite un autre déterminant!

Bon, à mon sens, pour l'aspect pratique qui est de faire voir des classes, des natures ou sortes de mots pour opérer des accords, on ne devrait pas trop s'embarrasser de ces querelles de grammairiens et se rappeler d'une chose à passer aux élèves qui est fondamentale: le déterminant fait de n'importe quel mot un nom et fait partie d'un duo assez inséparable, celui du dét.-nom à part quelques emplois du nom (mois, jour, attribut, complément du nom, etc.). Ce duo essentiel est parfois trios et même plus quand on lui ajoute des adjectifs et il importe de les voir dans les phrases pour les accorder avec ce foutu noyau donneur d’accord! Il me semble important aussi de faire remarquer qu'un mot habituellement déterminant, mais sans le copain nominal, devant un verbe devient (promotion!): pronom. Des exercices courants leur montrent à être sur leur garde d'ailleurs. En cas de doute, un verbe «peut être négatif » (ne... pas). Ce truc ou test, que je préfère à l'appellation de manipulation-machin, a un côté assez pratique en passant. Je préfère les techniciens aux manipulateurs!

Pour les miens, ce n'est pas évident! Plusieurs ont vraiment du mal à identifier des noms, des adjectifs et confondent les déterminants avec les pronoms, les prépositions, les conjonctions. Le duo dét-nom et le trio dét-nom-adjectif est une notion  simplificatrice et pédagogique que j’ai développée pour remédier à ce manque de perception!  A force de répéter, dans tous les sens du terme, ça entre lentement. J'ai les conditions pour le faire, je peux suivre un jeune pendant tout son secondaire. Je n'évalue pas la connaissance des sous-classements des classes de mots, mais j'en parle et les montre parce que la mémoire, elle, s'occupe de ces choses (l'organisé). Évidemment, si on choisissait en éducation, d'aller du simple au complexe avec une grammaire pédagogique (qui simplifie et qui nuance par la suite avec des procédés standardisés dans la profession) et de faire mémoriser des classements uniformisés même imparfaits au primaire, nous ne serions pas à refaire, année après année, ces bases fondamentales. Faute de cette intelligence pédagogique noyée par les idéologues, par ceux qui se soucient de garder la connaissance entre certaines personnes ou par quelques imbéciles heureux, nous sommes réduits à faire de l'histoire de langue vite fait et de patauger dans des méthodes fastidieuses et incohérentes d'une série à l'autre. Ils ont bien servis notre enseignement! A nous de gérer les nausées.

Il n'y a pas de classements parfaits, et un classement avec trop de sous-classes surcharge la mémoire au lieu de l'aider! Pour des élèves d'enrichis, on peut peut-être entrer dans les détails des chicanes des grammairiens et entrer dans l'imperfection des classements! Enfin que deux classements se contredisent sous leurs yeux permet un questionnement. Bon, si on ne veut pas y entrer, on constate que les gens qui font des livres ne sont pas toujours d'accord et que la description de la langue n'est une science parfaite, on peut faire un peu d'histoire de langue vite fait et rappeler que l'essentiel n'est pas là, mais dans le fait de reconnaitre et distinguer les déterminants quand on écrit pour identifier les noms et faire des accords. Et que les classements permettent de fixer en mémoire.

La langue est une bête vivante dans la bouche de locuteurs et résiste à toutes sciences qui tentent de la décrire logiquement.  Elle traine ses évolutions et ses manifestations variées dans son écriture. C'est pourquoi elle en embête plusieurs (pronom indéfini ou quantifiant!).

Enfin, je me rappelle qu'on jugeait inutile de me former en grammaire et en histoire de la langue à l'université. Une étude approfondie de ces sujets nous auraient bien servis, nous sommes obligés de suppléer par une formation autodidacte forcément incomplète, au gré de nos questionnements. J'espère qu'on retourne aux sources parfois plutôt que de répéter le sophisme que tout ce qui est nouveau est mieux.

lundi 3 septembre 2012

Une bonne nouvelle au lieu de la tuile! Une histoire kafkéenne ne se termine pas toujours mal!

Parfois, on devient superstitieux. J'ai souvent remarqué que quand je plane comme enseignant parce que la sauce se met à lever, il arrive souvent une tuile qui remet tout en question.

Mais bon, la semaine dernière, pour ceux qui suivent un peu ces pages, j'ai eu une bonne nouvelle. L'affaire relatée dans Kafka et moi est, semble-t-il, terminée, enfin dans sa composante judiciaire. En fait, après avoir franchi apparemment toutes les étapes, un procureur a jugé qu'il n'y avait pas matière à procéder.

J'ai eu cette nouvelle par un canal bien informé, encore. Car, bizarrement, à aucun moment, les autorités n'ont communiqué avec moi dans cette histoire. J'ai appris qu'on avait porté plainte, que le dossier était dans les mains d'enquêteurs, puis d'un procureur et enfin cette conclusion par la voix de mon supérieur qui tenait parfois de l'information de sources indirectes aussi. Quand j'ai appelé à un moment pour savoir si on avait effectivement porté plainte contre moi, on m'a simplement dit qu'un «dossier avait été ouvert».

Je ne m'en faisais donc pas beaucoup pour cette raison. Si on ne daigne même pas venir me voir ou m'appeler, on ne devait pas prendre très au sérieux la plainte.

Bref, une bonne nouvelle tout de même au terme d'une bonne semaine.


Quand l''intégrité commence à faire son effet

J'ai eu une première semaine avec les élèves qui allume en moi un bel enthousiasme. Bon, nous en sommes à la lune de miel et nous traverserons sans contredit bien des péripéties dans l'année qui s'annonce, mais déjà l'équipe ici sent dans l'air que la fermeté de nos décisions de l'an dernier   -  que notre direction a décidé de soutenir malgré les réactions, peu nombreuses encore - commence à payer. Il faut dire que notre retour pour une deuxième année dans le milieu a dynamisé toutes les relations avec nos élèves. L'équipe solide d'un an remet avec aisance les élèves dans un fonctionnement bien établi l'an dernier. La cohérence d'une équipe est tellement importante dans la dynamique scolaire.

Avec cette confiance qu'on semble nous donner, nous rencontrons nos élèves avec une détermination nouvelle à fracasser cette espèce de malédiction qui plane sur les taux de réussite dans ce genre de milieu depuis fort longtemps.

En un an, le chemin parcouru est énorme, nous avons réussi à isoler nos élèves avec un bon potentiel de ceux qui entrent dans nos classes pour saccager l'atmosphère nécessaire au travail. Nos élèves semblent quelque part reconnaissants de se retrouver sans devoir se cacher d'aimer travailler et apprendre et de participer. Nous avons réussi à donner des services particuliers à ces jeunes moins motivés aussi et l'air de rien avons maintenant une crédibilité nouvelle aux yeux de tous nos élèves qui constates, médusés, que nous avons fait ce que nous avions dit.

Sans vouloir vendre la peau de l'ours, j'ai l'impression que le mouvement qu'on a créé pourrait peremttre de belles victoires qui en surprendront un jour. 

Bref, j'ai eu cette semaine mes plus belles périodes d'enseignement avec des jeunes depuis longtemps et je me dis que, malgré tous les obstacles, avec la passion et la détermination, on peut certainement aller loin.

jeudi 23 août 2012

La franchise

Voilà deux soirs que je discute tard avec un collègue qui s'intègre à l'équipe. Il enseignera du français cette année à plusieurs de nos élèves à qui on a prévu un cheminement individualisé. Je lui donne un peu les tuyaux, des balises, le cadre, des repères, le sens que je fais avec l'enseignement que je donne en français. Je lui résume en gros les structures de texte, la façon de travailler cette matière de nos jours, etc. Il vient des maths, et avant de l'ingénierie. Il a un regard très méticuleux et rigoureux des choses. Il avait fait ses devoirs durant l'été, il s'était un peu préparé avec ce qui se trouve sur internet. Dans ce milieu, où l'on est souvent  seul  spécialiste de sa matière, c'est bien d'avoir un collègue avec qui parler. Je lui parle des stratégies utiles pour travailler la variable élève vers sa réussite. Même si je n'ai pas connu un gros succès l'an dernier de ce côté, j'en connais un bout sur ce chapitre.

Je lui parle donc aussi de l'historique récent de l'école, de l'équipe qui, l'an dernier, a osé recaler une majorité d'élèves dans tous les niveaux pour casser une dynamique rendant l'apprentissage impossible. Ceux qui n'ont pas travaillé raisonnablement ni présenté aux évaluations un minimum décent d'acquisitions ont été recalés, et plusieurs, puisque nous avons revendiqué et obtenu des services,  relocalisés dans des programmes spéciaux. Au lieu d'appliquer des pratiques quasi-criminelles, à mon sens, de donner des notes-bonbons à des élèves qui ne foutent rien pour apprendre et qui passent le plus clair de leur temps à trouver la façon d'intimider les profs pour leur faire abandonner la position de maître, nous avons fait du coude à coude d'équipe et les jeunes ont vécu une conséquence annoncée de leur manque de responsabilisation dans leur apprentissage. On a ainsi créé de l'emploi! Et, on touche du bois, il n'y a pas eu de mises à prix de nos têtes dans la communauté, même pas une plainte!

Au bout de 2 jours, le collègue s'est mis à me féliciter pour le courage de ma franchise. Arrivé depuis quelques années dans le milieu de l'enseignement et au pays, il avait plutôt constaté une sorte ... (il a eu du mal à le dire ou à oser le formuler car il est émigrant) d'hypocrisie dans les milieux de l'enseignement. Certains profs se suicident, m'a-t-il même dit à cause de cette réalité. Je n'avais pas grand chose à dire, sinon que de reconnaître la chose et et d'expliquer simplement que je venais d'un certain milieu ouvrier où cette valeur est ou était souvent partagée et que oui, c'est une valeur que je cultive, car elle est la seule qui permet d'évoluer. C'est elle qui me fait me lever le matin et aller exercer mon métier. Sans vérité, sans affronter les problèmes, sans ouvrir honnêtement la discussion, sans gagner l'équipe dans une certaine confiance, comment peut-on sortir de l'infernal chacun-pour-soi qui fait que des profs dépassés abandonnent leur position de maître pour éviter le jugement des autres ou le burn-out? Pour enseigner avec intégrité dans sa classe, il faut souvent s'assurer que le contexte va au moins en partie dans le même sens. Il faut donner de l'énergie à cette dynamique et oser ouvrir le jeu. L'an dernier, nous avons rallié une équipe au sens et à l'importance de la vérité.

Et pour les jeunes, bien, le passage peut être difficile, mais nous leur donnons l'occasion d'un réveil, car donner 80% à des jeunes qui ne travaillent pas (surtout dans des matières de base) et ne sont manifestement pas de niveau, dans mon esprit, est pratiquement un crime. Car, on peut être sûr qu'ils vont continuer de ne rien faire.

Je me rappelle l'an dernier cette discussion avec le concierge avec qui je partageais un peu ma réalité. Il m'avait demandé si je n'étais pas mal à l'aise de voir ainsi mes élèves échouer en si grand nombre. «Non, lui avais-je répondu, car je connais mes capacités, je n'ai plus grand chose à prouver de ce côté, mais que l'apprentissage a aussi  besoin de la responsabilisation et du travail de l'élève. Une année ne suffit pas toujours à changer les choses.» Une chose est sûre, je ne serais pas revenu continuer de voir la majorité de mes élèves ne rien faire... 

D'ailleurs, signe encourageant, un jeune, au milieu de la troupe que j'ai rencontrée en allant faire l'épicerie, a déclaré qu'il allait travailler cette année. Le pari difficile est peut-être enfin en partie gagné.

Terminant ce texte avec peine, car je n'écris plus assez ces derniers temps, je me dis qu'il est quand même incroyable de parler du métier de cette façon.

dimanche 13 mai 2012

A tous ceux qui se prétendent mes patrons

Y en a marre.

Je vais dire ça au policier ou au médecin la prochaine fois que je vais les croiser: «C'est moi qui vous paie, parce que je paye mes impôts et des taxes, alors faites donc ce que je vous dis.»

C'est n'importe quoi et aussi un manque de respect.

Vous n'êtes pas mon employeur ni mon client. Ôtez-vous cela de la tête. Arrêtez de répéter les phrases toutes faites d'une certaine idéologie de droite qui veut démolir les outils du partage collectif.

Je sais que l'État, ce n'est pas toujours l'idéal. On n'est pas forcément d'accord. Mais vous voulez quoi? Du privé mur à mur? Et tant pis, si vous vous retrouvez dans la dèche?

Et puis, en ce qui concerne nos conditions de travail soi disant si généreuses de votre part, si vous trouvez que c'est si fascinant et confortable d'être enseignant, vous devriez faire un changement de carrière, vous réorienter et finir votre vie de travailleur actif dans le confort de l'enseignement. Vous verrez ce que c'est. Et on s'en reparlera!

samedi 12 mai 2012

De l'école au service de la culture


Le droit à l’éducation a certainement son prix. De nos jours, nous avons pratiquement tous profité de l’instruction gratuite ou, enfin, nous en avions la possibilité. Nous payons tous des impôts et des taxes pour continuer de donner à tous ces bases qui permettent à chaque être humain de se développer et à l’humanité de poursuivre son développement.

Je suis surpris parfois de voir autant de gens s’immiscer dans le processus pour faire en sorte, par exemple, que les programmes de français deviennent un vecteur permettant aux produits culturels de trouver un marché.

Selon le programme de français, je devrais donner une certaine priorité à la culture. Je suis rien de moins qu'un «passeur» de culture. Je me croyais prof de français, mais bon. De nos jours, les habiletés de base en français sont moins travaillées pour que les élèves aillent aux théâtres ou préparent des entrevues avec des auteurs, par exemple. Je ne suis pas contre. Je ne vois pas de mal à ces visites. Je ne vois pas de mal à faire des projets, à s’intéresser à la culture mais, parfois, je me demande si la communauté d’apprentissage ne se perd pas en chemin dans une inefficacité troublante.

Quand je vois passer les catalogues d’auteurs à disposition pour des rencontres avec nos jeunes, je suis souvent intrigué par leur nombre. Désolé, mais l'école ne peut pas faire vivre tous ces gens. Et il n’y a pas qu’eux sur le marché : des motivateurs aux études, des scientifiques disposés à donner des conférences, des groupes qui font des spectacles pour de la prévention ou pour des causes, d'autres qui proposent mille ateliers tous plus intéressants les uns que les autres, etc. On serait surpris de la quantité d’offres de service que l’on propose au Mels et qui sont très souvent transmises aux directions et aux enseignants. L’école est devenue tellement sollicitée, c’est incroyable. 

Nos jeunes n’ont plus de temps pour s’exercer correctement à la grammaire du français, par exemple. De plus, pour répondre à ces exigences nouvelles, on doit de nos jours les faire disserter sur des sujets d’une complexité qui les dépassent trop souvent ou les intéressent peu encore, car leur appareil intellectuel est souvent encore insuffisamment développé pour s’en nourrir. L’aspect «nutritif», adapté à nos besoins du moment, est assez important dans le processus d'acquisition pour ce que j'en observe.

J'ai l'impression que la pression est forte pour qu'on oriente nos objectifs vers des buts qui souvent servent peu la cause importante à travailler avec nos jeunes: développer leurs habiletés de base pour continuer leurs études ou se débrouiller dans la vie moderne.  Là, on travaille souvent leurs intérêts pour les orienter vers des produits de consommations culturels ou pour adhérer à des causes, certes nobles, mais d'une complexité peu adaptée à leur entendement.

Et pendant ce temps, ils savent de moins en moins compter, de moins en moins écrire, ils sont perdus dans leurs lectures, ils mettent le Pérou à côté du Népal et ne retiennent pas grand chose de nos leçons, parce qu'il n'y a plus le temps ni la priorité de répéter l'essentiel.

De la difficulté de définir la propriété des idées et des productions en général


On discute.

Je vais oser une analogie. Des ouvriers sous la supervision d’une certaine direction, mettons une compagnie, construisent une maison disons un peu novatrice, écologique, tiens! Pour la construire, une somme incalculable de compétences issues de l’expérience de ces contributeurs est mise à profit. Puis, finalement, on vend la maison. Tout le monde qui y passe admire le travail. Le nouveau propriétaire ne se lasse pas d’expliquer à tous comment sa maison est fabuleuse et tous s’accordent avec lui pour dire que l’ensemble est pratique, esthétique et ingénieux.

Quelques années plus tard, le propriétaire vend sa maison et en tire un profit, devrait-il donner des redevances à ces créateurs, à ces ouvriers qui y ont mis toute leur âme, qui ont parfois suggéré des améliorations ou solutionné des problèmes que n’avait pas prévus le plan? Et, à qui devraient-elles revenir, ces redevances?

L’œuvre se trouve dans chaque chose que l’on produit. J’ai fait un traineau cet hiver en me servant du modèle de celui d’un ami, qui s’était inspiré aussi de celui d’un autre. Le mien est différent de celui de mon ami, et le sien certainement aussi de celui qui lui avait servi de modèle. Je serais bien en peine de payer tous ceux à qui je suis redevable pour cette production qui m’est utile dans mes petites expéditions. Dois-je demander, à celui qui le scrute de trop près pour s’en faire un, des droits? Et si je vois un jour un traineau qui copie le mien, devrais-je m’indigner qu’il ne me paie pas un dû? 

Je pense à ce dictionnaire que je consulte à l’instant pour me rassurer sur l’orthographe du nom «dû». Cet ouvrage colossal qui est disponible partout dans nos institutions pour consultation, devrait-on payer une redevance à chaque fois qu’il sort du rayon de la bibliothèque de l’école ou de celui de ma classe?

Non, franchement, je trouve que la notion de propriété des idées n’est pas une simple affaire à comprendre et à délimiter… Enfin, dans la réalité de la production des choses tangibles, palpables, on n’a pas ce genre de considération. Je ne crois pas que les tableaux qui se revendent dans des marchés spéculatifs et finissent par prendre de la valeur ne rendent plus riches ceux qui les ont peints. 

Dans notre monde, la manière dont sont rétribués les gens repose souvent sur un certain rapport de force. Il est très malaisé de définir le mérite quand il s’agit de la rétribution pour la production que l’on fait. Dans le cas de la maison, si l’entrepreneur a bien joué son jeu, c’est habituellement lui qui, dans l’affaire, fait le plus de profit, peu importe si son contremaître s’est démené comme un diable pour s’assurer que le travail avançait même s’il est payé à salaire fixe. Pour le reste, après la vente, le bien est transmis totalement.
Ces rapports de force, dans notre monde, s’inscrivent habituellement dans des contrats, on s’entend sur l’échange précis, ponctuel, délimité dans le temps. 

Évidemment, dans certains domaines, on a réussi à faire en sorte que des contrats se prolongent dans le temps. Le domaine des droits d’auteur en est un exemple. Des maisons d’édition et des auteurs ont certainement signé ensemble des contrats pour partager les risques de la publication d’un ouvrage avec la négociation d’un pourcentage par livre vendu. Puis, ces entreprises se sont prémunies du phénomène de la copie que pourrait faire un tiers en faisant reconnaître des lois pour protéger leurs productions de plus en plus facile à reproduire avec l'arrivée sur les marchés des photocopieuses.

Tout cela a été bien pour tout le monde dans la mesure où cette entreprise a permis de mettre à la disposition du monde des œuvres écrites qui sont certainement un bien immense dans la culture humaine moderne. 

Mais, en même temps, on le sait, les contrats ne sont pas toujours rédigés de cette façon dans ce monde. On a des traducteurs, on a des écrivains payés à contrat limité pour rédiger des livres pour les autres sur lesquels ils ne tireront pas de redevances. Tout dépend des contrats signés.

Mais les livres produits de cette façon continuent de tirer des bénéfices de la même façon que ces autres livres protégés de la copie et vont aux poches de ceux qui ont engagé ces écrivains de métier. Est-ce juste? Je n’en sais rien. Les gens signent les contrats qui leur semblent profitables. 

Avec Internet, la chose se complique. Les  textes sont facilement reproductibles s’ils apparaissent en ligne un certain temps. Et en plus, cela se fait souvent sans but lucratif souvent par simple ignorance. Il devient complexe de mettre une réglementation en place et de la faire respecter et, en plus, les législations varient d’un pays à l’autre et le réseau, lui, est international et donc ne connait pas de frontières. On peut traduire en un rien de temps un texte provenant de n’importe quelle langue importante du monde avec certains outils pour voir de quoi il en retourne. En plus, avec le web, c’est la contribution anonyme ou gratuite de millions de gens qui se répand comme culture littéraire nouvelle : ces «littératies» comme dit le monde anglophone.

Tout change. Même si une certaine éthique est partagée de façon générale dans le monde des intellectuels (citer ses sources, ne pas abuser des emprunts à d’autres auteurs, etc.), cette nouvelle façon de produire du texte et de l’expression fait qu’on est bien en peine parfois de savoir ce qu’on peut utiliser, ce qui est libre de droit et ce qui ne l’est pas. 

Et ces fameux droits, pendant combien de temps ont-ils cours? Pourquoi certains textes sont-ils mis à la disposition du grand public et que d’autres demandent des frais pour pouvoir les lire et ce sur les mêmes sites de presse par exemple? On est là dans la stratégie de ventes d’un journal plus que dans une histoire de droits d’auteurs liés au texte qu’on y publie.

Tout cela pour dire que dans cet inconcevable sac de nœud que sont les droits d’auteur, on se rend compte que différents textes ont différents statuts. Et pour nous aider dans notre travail, les fonctionnaires du Mels pourraient choisir ou trouver matière à négocier les droits de manière à ne pas embêter les enseignants de formulaires à remplir pour réutiliser les épreuves antérieures pour exercer nos jeunes. On a déjà assez de paperasse à gérer. 

Enfin, je répète encore, nous tentons au quotidien de développer chez nos jeunes le goût d’apprendre et de lire, nous les amenons à s’intéresser au monde et à celui des idées et des œuvres écrites, mais aussi à d’autres produits culturels. Même si ce n’est pas une tâche des plus aisée, ce faisant nous contribuons à faire en sorte que les adultes de demain achèteront des livres, ou paieront des gens qui produisent du texte ou vendent  du savoir ou de la réflexion. Si  nous ne développons pas la culture intellectuelle de nos jeunes, les familles québécoises pourraient dans l’avenir acheter encore moins de livres, ou payer des droits pour lire la littérature des auteurs de demain. On pourrait comprendre que, dans ces circonstances, les quelques textes que nous empruntons pour faire nos exercices ne sont pas un abus indu. Et ce n’est pas moi qui tire profit de ces utilisations, je le fais pour le bien commun en travaillant pour l’État ou une organisation orientée dans la même direction du bien commun, ce qui, on l’espère, profitera à tous.

Je rétablis le billet controversé sur les droits d'auteurs et l'école

Après les demandes répétées de plusieurs pour débattre, je me range de leur avis. Je rétablis ce billet et, je l'espère, ces commentaires pas toujours très courtois.


C'est samedi matin, c'est un bon temps pour écrire et partager nos points de vue et aussi nos expériences.


Peut-on demander aux gens de rester courtois? L'esprit du troll ne nous avance à rien. On peut discuter calmement.

vendredi 11 mai 2012

Réveiller les trolls: témoignage

 
              Troll

     Origine: Norvège
Je travaille avec les jeunes le conte fantastique. Dans un échantillon de 11 créatures mythiques et légendaires, ils doivent en choisir une pour réaliser bientôt une tâche d'écriture. Dans le lot, on trouve le troll, figure mythique bien connue des amateurs du Seigneur des Anneaux et des Harry Potter.

Il apparait curieux que le web ait opté pour cette figure mythique pour parler de ces commentateurs qui entrent soudainement dans l'atmosphère paisible d'un blogue et se mettent à cogner de la massue sur tout ce qui bouge.

C'est exactement la sensation, à un plan figuratif, que j'ai ressentie hier quand je me suis mis à lire certaines interventions qui entraient au rythme d'une toutes les 15 minutes depuis environ une heure et qui continuaient d'arriver pendant que j'essayais de répondre ou de parer à ces chocs. En plus, comme je le constate tous les jours, notre manie de lire sur le web fait qu'on lit en surface et qu'on manque souvent certaines nuances du message. Il était notable que des déformations importantes prenaient place dans la lecture de certains commentaires et que des détails prenaient des dimensions spectaculaires. Quand on se met à multiplier ces coups de massues, on finit par se dire qu'on ne va pas s'en sortir de rétablir des faits et le sens de certains passages. En plus, on lit des passages en forme de boulet rouge qui nous vise particulièrement dans quelques choses d'osseux comme notre identité professionnelle. Je peux dire que, sans distanciation volontaire, ce genre de coup percute et cause douleur. J'ai résisté beaucoup à la tentation de me laisser envahir par l'énergie du troll.

Le pire est que je ravalais depuis quelques heures juste à ce moment une espèce de déprime qui à l'occasion monte en soi et se cramponne comme une tique ou une sangsue qui pompe notre énergie. Le jeudi soir est un  soir propice à ce genre d'envahissement. La semaine avance et, à l'occasion, ce qu'on y vit s'avère décourageant malgré les gros efforts qu'on met à la tâche.

En somme, je venais de réveiller un monstre et quand je regardais sur mon indicateur le nombre de visites monter de 40 clics à l'heure, je me suis dit qu'il valait mieux arrêter les enjeux, ne serait-ce que pour aller me coucher à une heure raisonnable.

Bref, j'ai retiré mon entrée parsemée d'hyperboles sur les droits d'auteurs et, par le fait même, cette discussion qui aurait pu s'avérer intéressante.

Mais quand l'esprit du troll, cette colère sourde qui envahit certains et les font devenir hargneux et querelleurs, envahit la place, il n'y pas moyen de discuter de toute façon.

Je reviendrais surement un jour sur le sujet avec moins d'humeur pour exposer plus clairement ce qui me fatigue dans la notion de propriété intellectuelle à laquelle il me faudra encore réfléchir aussi. C'est évidemment un sujet chaud pour un goéland qui voyage depuis toujours, qui aime les rencontres et se promener dans de décors nouveaux et qui s'étonne de la présence de bien des clôtures et des palissades que les gens érigent. Évidemment, ces gens plus sédentaires que moi ont leurs raisons et elles ne sont pas nécessairement mauvaises.

jeudi 10 mai 2012

Lucille quand tu t'approches de moi...

J'ai fredonné tantôt avec ma guitare:
Lucille quand tu t'approches de moi
La chaleur de ton coeur
Me fait sécher les dents
Et je me mets du...

Lipsil quand tu regardes vers moi
L'éclat de ta beauté
Me donne de l'eczéma
Et je m'étends tout...

Plein d'huile quand tu t'approches de moi
Que se passe-t-il, Lucille

Que se passe-t-il, Lucille
Que se passe-t-il

Lucille quand tu regardes vers moi
Les couteaux de tes yeux
Me percent l'estomac
Et je vomis de...

La bile quand tu t'approches de moi
Les flammes de ton aura
Me font fondre les bras
Et tu me brûles...

Les cils, quand tu regardes vers moi
Que se passe-t-il, Lucille

Non Lucille ce n'est pas de la pâte à dent
C'est du beurre et c'est un peu moins nettoyant
Non Lucille tu te trompes de lubrifiant
L'huile à moteur c'est un peu trop salissant

Que se passe t-il ? Lucille
Que se passe t-il ? Lucille
Que se passe t-il, Lu-cille
Que se passe t-il, Lu-Cil-il-il-ilLucille 
  
Je ne sais pas pourquoi! Oui, oui, Les Trois Accords, pour la détente. Et puis j'ai supprimé la dernière entrée du blog par lassitude de voir venir les trolls qui doivent avoir lancé des  twitts ou quelques trucs du genre à mes trousses. J'en retiens que les hauteurs, il ne faut pas toucher. Zont des droits, OK! Et puis, j'ai décidé que ceux qui m'insultent ne seront pas publiés dans mes pages.

Car, je vais redire cette évidence, l'huile à moteur, c'est salissant!

samedi 5 mai 2012

Droit d'auteurs, éducation et le Mels

C'est franchement intéressant de constater qu'au ministère, on nous envoie cette année cette précision dont je reformule l'esprit, faute d'avoir le texte sous les yeux: on peut utiliser les copies restantes de l'épreuve unique pour des fins pédagogiques, mais si on veut la reproduire, la photocopier en  somme, il faudra remplir un formulaire et je ne sais trop acquitter des droits d'auteurs? Que  dois-je comprendre: vais-je faire travailler en équipe mes jeunes sur 2 copies restantes l'an prochain pour les exercer?

Bref, va-t-on instaurer une haute surveillance pour nous empêcher de prendre des examens des années antérieures pour exercer nos jeunes?

On n'a même plus les moyens au ministère de payer des droits étendus de reproduction pour des fins éducatives? Ou on vient de s'apercevoir que les pratiques courantes des enseignants sont illégales? On ne peut pas se forcer pour choisir des textes publiés sur internet et libres de droits? 


Et ces auteurs, n'ont-ils que le signe $ dans la tête? Alors que d'après le sujet cette année, qui concernait l'empreinte écologique à réduire pour sauver le monde, il me semblait que ces gens voulaient changer le monde, sauver le monde. Ces extraits de chapitre de livres ne sont-ils pas déjà de formidables vitrines pour la vente de leurs ouvrages? Et pour ces articles de journaux ou de revues qui parlent de la vie d'hommes, de stars, d'associations sportives et de familles qui ont accepté de remplir de jolis questionnaires et de parler de leur désir d'être plus écolos, paie-t-on des redevances à ces gens qui alimentent leur business?


C'est beau dans le principe toutes ces joliesses éthiques et la bureaucratie de formulaires, mais je ne fais pas du business, mais de l'éducation

Quand on pense que ces dernières années, on entend couramment des directions dirent qu'il n'y a plus de manuels à acheter, qu'il suffit de piger sur internet. 


J'en ai marre de ces gens qui «marchandisent» tout, qui nous enfoncent dans l'esprit que les individus sont des particules de l'univers en droit de réclamer la propriété sur toute chose. C'est cette propagande qui fait que l'aristocratie de libertariens du monde des marchands gagne sa bataille contre l'idéal démocratique battu et maitrisé par les FMI et autres fascismes en col blanc bourrés de frics de ce monde.


Ce texte de blogue est libre de droit, car il est aussi l'expression purement gratuite d'idées d'un humain qui est redevable et reconnaissant à l'humanité de s'être développé au point de pouvoir réfléchir et partager ses idées. Grâce au métier que j'exerce, je gagne déjà beaucoup pour bien vivre dans un monde où un bon 90% de l'humanité pourrait m'envier, je ne vais pas en réclamer davantage au nom de la propriété, ce vieux concept émanent du passé remontant à une époque où les plus puissants s'imposaient sur des territoires par la force pour exclure tous les autres de leurs droits d'honnêtes hommes et les asservir.