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samedi 25 février 2012

Quelques réflexions en vrac sur la censure et la liberté ou «on ne soustrait pas au Québec, on additionne!»

Cette histoire me fait marrer. Parler de censure de Dieu dans l'histoire du Québec a quelque chose d'assez comique, non?  Encore ce matin, je navigue et tombe sur cette belle unanimité à condamner la «censure» de ce prof de musique qui n'avait certainement pas prévu de recevoir autant de publicité pour cette décision qu'il a prise j'imagine un jour sans vraiment penser à son impact de toucher à ce feu sacré de la chanson française et d'en remplacer un vers.

Évidemment, on allait poser la question à un moment: «pourquoi?» et il a fallu donner une réponse.


Wow, ça s'est rendu à Québec, les dépités et les mounistres estomaqués, on va baliser les « accommodements raisonnables» pour éviter ce genre de «dérapage» RIDICULE et ABERRANT.Les fonctionnaires n'en manquent jamais une pour se donner une raison d'exister.


Je suis tombé sur un extrait d'un commentaire de la Beauchamp. J'ai trouvé assez comique tout cet attroupement et l'argumentation aussi que je résume: on ne modifie pas les paroles d'une chanson comme ça, et il n'y a pas d'interdiction de dire le mot dieu au Québec. On ne soustrait pas au Québec, on additionne!Le prof a manqué de jugement!

Car, il y a, semble-t-il, encore des relents de choses sacrées au Québec!


Bref, je comprends qu'on n'a pas le droit de soustraire le mot Dieu d'une parole de chanson au Québec!

Enfin, je ne peux que me dire que ce n'est pas drôle l'exercice de la liberté de nos jours!

Car, franchement, l'interprétation libre de je ne sais pas combien d’œuvres est quand même une pratique assez courante de nos jours. On charcute des pièces de théâtre, on les adapte, les transforme, on republie des monuments de la littérature pour les renouveler, les rendre plus contemporaine. Tiens, je suis tombé sur la énième réécriture de Don Quichotte récemment. Je vais peut-être avoir la patience d'entrer en relation avec ce machin sympathique mais dont le style, lourd et vieillot, m'a toujours soulevé un bâillement au bout de quelques pages. On est à l'époque des REMIX, des collages et où la notion même de propriété des œuvres artistiques et leur intouchabilité est remis en cause dans des argumentations pas si insensées. On revendique le droit de transformer à sa guise, comme il est naturel de le faire mentalement à chaque seconde de notre vie.

Et je me souviens de l'espèce de nausée que j'avais pour un peu tout ce qui avait le mot Dieu trop saillant dans ma vingtaine, pour ce mot qui représentait cette illusion invérifiable, cette imposture sermonnante, le mensonge, le contraire de la raison, de la science et de la vérité palpable qu'apporte l'expérience de la vie.

Moi aussi dans ce temps-là, pour des raisons bien personnelles liées à mon histoire, j'aurais peut-être retranché un vers qui m'énervait et trouvé un raisonnement comme ce n'est pas à l'école de parler de Dieu qui réunit ceux qui s'aiment... et aussi parfois les séparent! Surtout qu'on en parle tellement pu trop de ce vieux barbu du ciel qui a régimenté la vie des hommes pendant 2000 ans et même plus selon l'Ancien Testament. Ce cave qui aurait pu prendre une coupe de jours de moins pour faire le monde et ensuite se reposer, surtout se reposer une coupe de jours de plus. On aurait peut-être des semaines différentes!

Bon, depuis, je me suis fait une raison, j'ai accepté que la vie ne soit pas toujours exactement conforme à mes conceptions de la réalité. Dieu est un mot parmi d'autres pour parler de notre relation avec une certaine intelligence de l'existence et du monde ou de l'univers avec qui on converse occasionnellement pour faire du sens avec sa vie. Un mot qui peut certainement représenter pour certains, cette partie étrange, évanescente dans notre esprit avec qui on dialogue pour faire le point avec soi-même sur ce qu'on vit.

Mais évidemment, je ne parle jamais de cela avec des jeunes. Ou enfin si peu. Pour éluder, pour revenir à mon enseignement plus prosaïque. 

Je vois encore des gens d'âge mur sur des blogues aimer discuter de la réalité ou non de Dieu.

Évidemment, qu'un mot qui a envoyé bien des gens au bûcher à des moments de l'histoire a encore une charge suffisante pour trouver preneur pour alimenter des sujets de conversations occasionnelles.

Mais bon, heureusement pour notre prof de musique sans «jugement», cette époque est bien révolue.

Il a au plus alimenté la machine à faire du spectacle avec de l'insolite et du singulier pour faire rejaillir le sentiment du pluriel, cette belle  unanimité étrange qui se forme dans le collectif qui condamne. Cette belle unanimité solidaire qui, dans un monde pluralisé et atomisé, repose sur une nostalgie du sentiment collectif.

Et ce n'est pas étonnant de le voir s'exprimer au sujet d'un acteur de cette chose de plus en plus désâmée qu'est l'école  à notre époque où il est chaque jour plus palpable que nous n'avons plus trop de valeurs collectives à y transmettre sinon qu'une certaine vision de la tolérance du vide relationnel comblé par le plein numérique.

Comme éducateur, on est souvent seul à essayer de jauger ce qui doit être transmis au milieu de ce chaos des perspectives. Et puis, si on n'est pas trop con, on sait aussi que bien des propagandes non questionnées sont véhiculées par la boîte à éduquer.

Car, évidemment, Dieu réunit ceux qui s'aiment dans cette société où la famille implose depuis des décennies, ou on a un des taux de divorce les plus élevé au monde. Ou chacun vit de plus en plus virtuellement  et s'adonne de plus en plus à l'absence du présent pour une présence à l'autre dans la machine.

Pour finir, je constate qu'il est curieux de parler de censure au sujet d'un individu, car cette faculté  de censurer est normalement dévolu à un système. On est dans le glissement pernicieux. Et puis, You-Tube est toujours là si on a la nostalgie de la version originale. Oui on a le droit de parler de Dieu au Québec, mais a-t-on le droit de choisir de ne pas en parler?

vendredi 10 février 2012

Quand le goût d'enseigner s'émousse

Je suis de mauvaises humeurs souvent de ce  temps-ci. J'ai de plus en plus l'impression d'être mêlé à une situation sans issue, à une mission perdue d'avance. Un défi, passé un certain temps à se cogner constamment à des obstacles insolubles, finit par devenir une galère. La situation finit par briser le mince espoir qui, comme enseignant, me fait déployer souvent beaucoup d'énergies pour préparer mes cours et me présenter en classe jour après jour et participer à la vie de l'école dans tous ces aspects. C'est un métier intense qui déborde souvent, très souvent dans la vie privée.


Je n'ai pas bien choisi ma matière, le français qui suppose un investissement cognitif constant. On ne travaille pas dans le texte comme on travaille des problèmes de maths. Enseigner le français, c'est se lancer constamment dans mille sujets avec les jeunes. On y fait de la géographie, de l'histoire, des sciences, de l'économie, de la politique, etc. En plus de la grammaire, en plus des notions reliées à notre matière, en plus d'une auto-surveillance constante en matière d'orthographe et de justesse du sens des mots qui mobilisent beaucoup d'attention en situation d'enseignement. Et bon, comme tout prof, on a de la gestion de classe, de l'attention aux élèves, à la dynamique, les cas problèmes à gérer... En plus, cette année, je roule dans les 5 niveaux à la fois. C'est un peu infernal. Je n'arrive pas à investir autant dans tous mes niveaux à la fois. Je donne des «bourrées» à  un niveau, puis un autre. Ceux qui ont déjà enseigné beaucoup de niveaux ou de matières doivent comprendre de quoi je cause. Il n'est pas simple de bien répartir son énergie pour être prêt sur tous mes niveaux ou enfin d'offrir une bonne prestation selon mes critères.


Hier, on a eu droit à une conférence imprévue - qu'une situation des plus burlesque nous a fait vivre moi et quelques collègue-  «Think positif» ou «tout est une question d'attitude». Je ne ferais pas ce métier, si je n'avais pas une bonne capacité de résilience, si j'étais parano, exagérément susceptible ou encore rancunier.

Je manque parfois de sens de l'humour. Ou je suis beaucoup concentré à tenir une certaine ligne de conduite, à indiquer un direction à prendre et à tenter de faire passer tout le monde par là.

L'enseignement ou l'apprentissage est tellement l'objet d'un torpillage constant comme un vent coquin qui empêche  que l'étincelle allument la flamme du feu de camp. On est souvent là à tourner le dos au vent pour allumer son feu. Parce que c'est ma job d'allumer du feu d'intelligence et c'est pas évident avec le bavardage, avec des jeunes enfants-rois pas vraiment concernés, des administrations qui annulent des cours à la dernière minutes régulièrement, une école où dès qu'un suppléant entre - et ils en entrent tout le temps - fait que l'ensemble de l'école perd beaucoup de sérieux. Des fois, les suppléants sont en retard. Alors, un prof prend les élèves dans le corridor et les intègre à son cours ou amènent tout le monde jouer au ping pong! Je rigolais hier, nos tables de ping-pong servent plus que notre matériel pédagogique des fois. Nos jeunes du sec. 1 entrent en classe et première question: «On va jouer au ping pong, on va en informatique?» Bref, on est «casseux» de party à chaque période... C'est vrai, le CP fait deux périodes de ping pong par jour. ¨Ça marche comme récompense et pour garder l'école calme en situation de survie, peut-être un peu trop. On dérive vers l'école-garderie plus l'année avance.

C'est comme ça par ici, avec la petite équipe de profs. En plus, on en a toujours un parti en formation ou en sortie avec des élèves  et quand ça arrive c'est pour au moins une semaine. Depuis les fêtes, on a perdu un joueur, il n'a pas été remplacé. Ça «brette» en avant ou on cherche à faire des économies  jusqu'au premier avril (ici les budgets sont souvent dépensés avant la date fatidique...) Un collègue se tape du 5 heures d'enseignement quotidien depuis. Il est immigrant, il n'est pas capable de chialer ou de s'affirmer et s'épuise peu à peu, mais bon « en avant », vu qu'on a pas vraiment la compétence pour apprécier ce qui se passe dans l'école, on s'occupe de trucs triviaux, alors que mille urgences secoue la baraque. Comme la pénurie de papier qui menace par exemple... On a aussi un prof qui est pratiquement aussi absent que présent depuis le début de l'année. Elle n'est même pas en maladie, cherchez l'erreur.

Après, il y a les activités culturelles. Bon, c'est bien, des marches pour aller encourager des causes. Mais bon, quand le deux tiers des élèves se pointent à l'école au lieu d'aller marcher et que 3 profs vont marcher avec 4-5 jeunes tandis que deux autres tiennent le fort, évidemment, l'école joue au ping pong au lieu de faire des classes. Hier, on avait trop d'activités spéciales pour la capacité de l'école à les gérer. Enfin, la capacité de gestion de certain ici est une rengaine burlesque, mais bon... On a donc eu une activité culturelle qui a foiré dans son but, un autobus scolaire qui est parti avec tout le secondaire en laissant sur place tous les profs. Oui tous les profs... Un conférencier oublié, pourtant débarqué la veille dans le grand Nord pour motiver des élèves qui se retrouvent à motiver des profs laisser en rad par une désorganisation qui dépasse tout ce qu'on avait vu jusqu'ici... Pis, en après-midi, j'ai bricolé mon traineau en périodes maisons pour me refaire un peu de santé mentale. Mais à l'école, je me suis fait raconter par ma collègue conjointe estomaquée, on a eu doit à une conférence de 10 minutes, un chocolat chaud, puis une marche forcée à se battre pour faire sortir des élèves de l'école pour sensibiliser des jeunes à l'intimidation sur internet. Faut juste ce dire que c'est probable dans les communautés et que le comble de l'improvisation se sécrète naturellement par ici. Au final, pour la mission éducative, une journée foutue en l'air.


Bref, une semaine dérisoire, non scolaire ou si peu... Quand je vois certains élèves, récemment chroniquement absents, se pointer car on leur a fait un ultimatum, je suis gêné, j'ai presque honte.

Ah oui, et je ne peux pas vraiment avancer dans mon programme depuis trois semaines à cause d'évaluations de pratique d'un organisme qui tente de prendre le contrôle régional de nos écoles. On n'a pas le choix, il faut que je passe ces examens de niveau prototype d'examen du mels tout niveau. Bref, dans le contexte de mes élèves pas de niveau, d'une inconcevable inutilité. 5 niveaux de guides, de cahiers de préparation, de cahiers de version provisoire, de cahiers de version finale, de feuilles de notes, de corrigés, de fiches de rétroaction, documents auxquels il manque des copies en couleurs en format cahier.  Des heures de plaisir en gestion de papiers... Ensuite, je ne sais pas si on s'imagine trois démarches du genre  avec des activités de préparations dans une même classe, parce que oui j'ai le 3-4-5  ensemble! Je suis aussi mobilisé par ces aberrations que mes élèves. Le pire, c'est qu'on va faire 20 % de la note avec ce genre d'épreuves à la fin de l'année très probablement sans appliquer le principe du ministère qui est de faire passer 80 % des élèves ou de reproduire grosso modo les moyennes historiques comme j'ai lu dans un savant document du Mels. L'an prochain, je ne sais pas si on a réfléchi à ça quelque part, les élèves seront tous pratiquement recalés si l'on maintient la logique de cette machine infernale...

Et la fin d'étape qui se pointe à l'horizon et les foutus oraux que j'aimerais bien lancer pour respecter l'obligation d'évaluer au moins deux fois une compétence et aussi parce que, selon le programme de mes évaluations de pratique du dit organisme régional, je devrais avoir réglé ça depuis fin janvier...

Et la semaine prochaine, je dois réintégrer l'élève que j'aurais agressé qui a agressé en tous cas ma réputation. Une grosse semaine dans une grosse dynamique de classe s'annonce.

Je dois dire que depuis un mois je songe quotidiennement «à toute sacrer ça là»!

Et je médite cette formule entendu hier: «Tout est une question d'attitude»!

Je ne sais pas où est le moment jovialiste où on devient complice de la nullité. C'est une assez délicate question.

Enfin, je fais l'aveu que j'ai des égarements d'attitude et de mauvaises réactions parfois qui ont des effets repoussants. Mon honnêteté et ma sincérité font que je sais dire à quelqu'un:« je suis profondément irrité en ce moment par la situation» ou, au capitaine, que «je ne me sens pas aidé dans mon enseignement cette semaine» quand il me déclare que les choses, ce matin, se passeront ainsi, que «c'est comme ça» et qui signifie que j'ai jonglé pour rien depuis mon réveil à trois périodes que je ne donnerai pas.

Je me suis fait dire par ma proche que je suis parfois «lourd» et, c'est ce qui me fait me dire, que je devrais peut-être me mettre en sabbatique, une fois de plus. Je ne sais plus, de ce temps-ci, comment être constamment heureux avec un «sourire permanent et sincère» si dynamisant pour les autres! Je ne sais pas avoir plus d'attitude que de compétence. Il parait qu'on engage plus les gens pour leur attitude que pour leur compétence.

Aujourd'hui, pédago: certainement une réunion pour constater une fois de plus que ça ne tourne pas rond. Et probablement pour se dire qu'on est un peu tanné de tenter de régler des choses et qu'au final rien ne change, même que tout empire. Et pour qu'on rêve d'un autre capitaine à la barre qui  naviguera avec son équipe au lieu de «barrer» contre elle. Mais bon, on va peut être juste se mettre dans la bonne attitude.

J'ai compris récemment pourquoi les équipes qui nous ont précédés avaient eu des approches dont l'apparence était limite professionnelle.

Ils survivaient.








samedi 4 février 2012

Garder son calme même quand la cloche ne sonne plus

Pour moi, quelque part, les temps sont durs. J'ai appris cette semaine qu'un « dossier a été ouvert» me concernant. Nouvelle montée émotionnelle, amplifiée par les collègues qui eux aussi sont atteints par cette situation. Solidarité, identification, je ne sais, en tout cas, des gens ont des réactions beaucoup plus spectaculaires dans l'équipe assez liée dans laquelle j'évolue. On a perdu notre sentiment d'invulnérabilité, on regarde en face notre réelle fragilité. Au point que, même si je travaille à garder mon calme et à rester centré et que je réussis pas mal à le faire, l'émotion des collègues en vient à me faire me demander si je ne devrais pas avoir peur. C'est moi l'accusé et c'est moi qui me rassure et rassure dans l'histoire. Pour gérer tout ça, j'ai besoin que quelqu'un prenne autour de moi cette position rassurante et je n'ai trouvé personne d'autre que moi-même pour la tenir, cette position. Il faut même faire attention à la contagion, car je suis sensible. Par moment, j'ai effectivement peur. Elle est une des composantes majeures des émotions qui me traversent.

Il y a beaucoup à apprendre sur soi en vivant ce genre de situation. Je me vois sous l'effet de l'émotion aussi devenir par moment catégorique, totalement rigide. Comme si un être défensif prenait par moment le contrôle de ma baraque intérieure. Je fais par moment des déclarations inappropriées, excessives.

Heureusement, j'ai quelques expériences qui m'ont donné des outils pour m'aider. J'ai déjà vécu un an de procédures judiciaires pour une affaire où moi et quelques amis n'avions rien à nous reprocher. Je me rappelle d'une situation qui a été au plus un peu emmerdante. J'ai eu la maladie pour apprendre la patience et à gérer mon calme et la grande épreuve: un divorce avec enfants.

Dans ces situations, garder la tête claire pour répondre adéquatement au défi qui se pose m'apparait d'une importance capitale. Me décider à aller voir la ressource des services sociaux qu'on m'avait proposée pour aller ventiler a été une de ces décisions importantes de la semaine. Surtout que j'avais appris qu'un membre des SS avait réclamé ma mise à pied auprès de la direction. C'était plus avisé que de me prendre une bière ou un scotch en entrant!Je suis allé incarner mon rôle et combattre les «projections» que tous font dans ce genre de crise.

Enfin bref, les temps sont durs. Le groupe de secondaire un est en pleine régression dans la suite ou la concomitance de l'événement, par exemple. Et le moral des troupes enseignantes est plutôt bas. On est en pleine crise de leadership et ce, à tout niveau.  La poignée de porte de l'école est restée dans les mains d'une enseignante  cette semaine. J'étais là. Événement symbolique. Plus personne n'a les clés de l'école puisqu'on a changé tout le mécanisme.

Les cloches ne sonnent plus depuis le retour de janvier. L'impact d'un simple détail a eu des répercussions fabuleuses.Que de montées d'adrénaline depuis!

Tout cela m'évoque ce passage d'Apocalypse Now, vous vous souvenez de ce moment où, sur un champ de bataille, il n'y a plus un officier pour diriger les soldats...

On n'en est pas là encore, mais les officiers sont perturbés et le fonctionnement global s'en ressent. Tout de même, on aurait bien besoin d'un commandant en forme et avisé.







Et selon moi ça commence à la maison...

«C'est dans de petits gestes qu'on observe des attitudes prédisposant à la réussite scolaire. L'enfant en maternelle qui écoute les consignes, se concentre sur les exercices demandés – même ceux qui ne lui plaisent pas d'emblée – et respecte l'autorité aura de meilleures notes en quatrième année du primaire que celui qui désobéit, défie l'éducatrice et ne termine pas ses exercices.

 Tel est le constat auquel est parvenue Caroline Fitzpatrick au terme d'une étude sur plusieurs centaines d'enfants suivis entre la maternelle et le deuxième cycle du primaire. «Les indicateurs de réussite sont assez clairs; l'enfant d'âge préscolaire qui coopère avec les autres et qui manifeste des signes d'engagement personnel dans ses actions à la maternelle a de bien meilleurs résultats à l'école dans des matières comme les mathématiques et le français», dit l'auteure de la première thèse de doctorat de l'École de psychoéducation, soutenue avec succès au début de l'année.»

Trouvé ici.

Voilà qui correspond à ce que je pensais sans avoir fait des études longitudinales. J'avais cette attitude positive moi aussi  dès le premier jour où j'ai mis les pieds dans une classe. Mes trois garçons  l'avaient et réussissent et continuent de réussir très bien à l'école, malgré qu'ils aient fréquenté pas la plus recommandable des écoles de Montréal.

Quotidiennement, j'observe le cul-de-sac de l'attitude oppositionnelle des jeunes pour leurs apprentissages. Dans le milieu où je suis, c'est l'apothéose! Focaliser sur les raisons de ne pas faire le travail ou sur la manière de contester le prof occupe toutes les pensées de trop nombreux jeunes. Au lieu d'écouter ce qu'il y a à faire, de le faire, de se concentrer, ils ont développé des réflexes de contestations inappropriées.  J'observe même que tout le système scolaire stimule cette attitude de défi perpétuel en cadrant que les jeunes doivent être intéressés et que c'est le rôle des enseignants de stimuler cet intérêt. On veut développer leur esprit critique dès le primaire. C'est évidemment trop tôt et ça fout tout en l'air, car avant de pouvoir critiquer quelque chose, il faut bien sûr comprendre. Il faut même avoir quelques expériences,  conceptions ou points de vue dissonants sur lesquels s'appuyer pour construire une critique utile et pertinente.  

Et vous devinez quoi? La question qui vient après le constat de cette chercheuse est la plus intéressante. Comment ces jeunes ont-ils acquis ces attitudes et ces gestes appropriés qui peuvent prédire la réussite scolaire?

Je suis certain que la réponse, aussi simple, va nous mener au constat que l'intervention sociale pour y arriver  a peu de moyens pour réussir à atteindre cet objectif, car c'est à la maison, sous la supervision d'un parent,  que s'apprend cette attitude et ces gestes dans les phases préscolaires des étapes du développement. En garderie, c'est déjà foutu. Les éducateurs du préscolaire ont rarement les coudés franches pour faire intérioriser la nécessité hiérarchique à l'enfant qui permet à l'appareil cognitif de trouver le calme nécessaire à son développement.

Et cette vision personnelle repose simplement sur mon expérience de parent et le souvenir de ma propre relation avec mes parents quand j'étais jeune. J'ai tout simplement appris très tôt pour mon bien que je devais écouter les consignes que mes parents me donnaient.