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lundi 22 octobre 2012

Chant du cygne pour le modèle de l'école à classe ordinaire?


Je viens de lire le texte de M. Saint-Pierre sur lequel je viens de tomber en passant par chez le professeur masqué.

D'abord, j'espère ne pas avoir mal lu, mais j'y décèle quelque chose comme une contradiction: les écoles privées ne peuvent se vanter de leurs résultats parce qu'ils n'ont pas les élèves des milieux défavorisés dans leur rang, mais ils ont les meilleurs profs qui devraient être capables de mieux s'occuper des élèves en difficulté.

Euf! Franchement, je ne vois pas nécessairement un prof heureux et compétent qui  travaille en milieu privé avoir ce qu'il faut pour travailler avec la dynamique particulière des enfants en difficulté ou dans la classe ordinaire inclusive. Chacun sa tasse de thé, comme on dit. Et puis, j'ai vu des pourris comme des bons dans les deux milieux pour y avoir fait des passages.

Je me demande aussi franchement comment entendre une quelconque intelligence à ce principe de l'inclusion qui dans mon oreille ou à mes yeux propose une vision de l'école où le jeune doué se retrouve dans la même classe que l'élève qui a un rythme d'apprentissage très lent et qui attend tout le temps qu'il se passe quelque chose pour lui dans cette classe. Je ne parle pas du bruit. Je me parle pas de ce trop grand nombre d'élèves lâchés sans soutien dans cette dynamique de classe improductive pour faire économiser le système des classes adaptées qu'on a rejeté aux oubliettes. J'ai en tête ce jeune en difficulté qui décroche si le prof s'occupe des forts ou juste des moyens, ce fort qui décroche presque tout le temps. Je me vois comme tant de collègues impuissants à répondre à tous ces besoins dans un même espace-temps. Et la coopération, et cette pédagogie différentiée, toute cette soupe théorique non démontrée  commencent à me donner la nausée. Je me tiens loin de cette mélasse, ce n'est pas ma tasse de thé!

Je suis sensible à la cause des élèves en difficulté puisque j'ai surtout travaillé avec eux dans ma carrière. J'ai rarement vu que l'école inclusive leur donnait vraiment une chance. Mais j'ai vu des petits miracles dans des écoles spéciales ou dans des ailes particulières de certaines écoles avec de bonnes équipes d'enseignants passionnés par ce défi .

Je me pose vraiment la question de savoir si le fait d'imposer à l'école privée de s'occuper de son lot des difficultés de l'école publique va franchement faire avancer les choses. On ne changera pas la réalité qu'un élève en difficulté, que ses difficultés soient passagères ou stables, pour une organisation, draine plus de ressources qu'un élève qui n'a pas ces difficultés si on veut bien s'en occuper, ce qui commence souvent par un ratio approprié qui permet une relation plus approfondie avec l'enseignant et des cheminements plus longs sans compter d'autres types d'interventions plus fréquentes. L'école privée n'est pas compétente en ce domaine si ce n'est que de façon très limitée. On va lui demander de faire autre chose que ce qu'elle sait faire? Ne serait-il pas plus logique de simplement baisser un peu la contribution publique du privé et d'aller mettre ces sous là où on en a besoin, dans des milieux déjà compétents mais en manquent de certains moyens ou vivant avec des ratios ingérables?

L'école n'a pas pour rôle de fournir des ascenseurs socials, ordinaires, super ou turbos, des escaliers de service ou d'appliquer une philosophie  non-démontrée d'inclusion à tout prix, mais d'éduquer et d'instruire au mieux chaque élève au prix de mettre plus d'énergie pour certains qui en ont besoin dans un souci d'équité sociale. La seule chose qui m'importe est une école juste à ce niveau: permettre à chaque jeune d'aller aussi loin que possible dans son potentiel. Et ce ne doit pas se faire au détriment des autres en demandant à de bons élèves, par exemple, d'être à tout bout de champ les enseignants des autres. Car ces formules coopératives vont 5 minutes, quand elles fonctionnent...


Enfin, si on veut faire des comptabilités, rapatrier cette clientèle d'élèves moins couteux en terme d'énergie partis au privé pour mieux répartir les argents est une option peut-être, mais nous devrions mettre des comptables sur la question et non des idéologues. Dans le moment, ils coutent 60% du cout des autres.

On reproche aux écoles privées de ne pas donner le choix à certains élèves doués qui viennent de milieux défavorisés qui sont confinés à l'école publique. Là, je suis solidaire certainement, car j'étais de ces jeunes doués à l'école, issus de la classe ouvrière d'hier, qui ont pu profiter de l'école publique des années 80 pour aller à l'université et, en même temps, je me demande pourquoi ce jeune rêverait aujourd'hui d'aller au privé et si l'école n'a pas une certaine autre option à lui offrir qui pour l'instant manque et enfin, si ce choix ne lui est pas enlevé depuis qu'on a voulu faire une école renouvelée avec inclusions à tout prix, à moindre cout!

J'ai déjà développé le sujet: l'argent d'hier n'est plus là pour l'éducation. En plus, l'industrie de l'informatique tire en bien ou en mal son bout de couverture maintenant. Et finalement, on constate toujours un peu plus que  le modèle de l'école de la classe ordinaire est rien qu'ordinaire, comme dirait un collègue. Serait-ce le chant du cygne de cette expérience?


1 commentaire:

Marc St-Pierre a dit…

Ne confondez pas "école inclusive" et " intégration-à-tout-prix-dans-la-classe-régulière". L'école secondaire Cap-Jeunesse à St-Jérôme est une école inclusive: les élèves handicapés intellectuels ou autistes profonds qui la fréquentent ne sont pas intégrés aux classes régulière, mais ils sont très bien intégrés à la vie de l'école et ne sont pas ségrégués dans un local sombre et sans fenêtre près de la chambre à fournaise. Elle est là la nuance.