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mardi 2 octobre 2012

Le déni des idéologues de gauche en éducation- ajout et rectification

Je lis depuis quelques temps le retour en force du pédagogisme en France avec le même discours auquel on nous a habitué au début de la réforme. Le retour des socialistes ouvre la voie aux vendeurs de TIC et à la pédagogie différenciée qui les justifie, cette belle utopie qui anime toute cette mouvance.

Cette phrase trouvée ici, d'une porte-parole de cette vision, m'interpelle car c'est un concentré de présuppositions et de décalages avec la réalité: « Car nier les différences, imposer les mêmes apprentissages à tous les élèves en même temps en utilisant les mêmes démarches pédagogiques, c’est bien transformer les différences en inégalités. Celui qui n’entre pas dans la norme collective est déclaré en échec et bénéficiera au mieux d’un soutien, au pire d’un redoublement, première forme d’exclusion, puisqu’il sépare celui qui redouble de sa classe d’âge, de son groupe d’appartenance.» (Claire Krepper. En fait, cette dame pose la problématique que je soulève ici quelque part, si on lit l'article au complet)

Dans cette appréciation, il y a ici une accusation et bien des présuppositions qui mériteraient d'être démontrées. Et en plus, une réalité de l'éducation ou de la société qui est justement niée.

Relisons: Imposer les mêmes apprentissages en utilisant les mêmes démarches pédagogiques en même temps serait nier les différences des élèves. 

Et c'est aussi transformer les différences en inégalités sociales.

Bref, en enseignant un contenu commun, j'engendre les inégalités sociales. Comme enseignant, je suis complice des inégalités, de l'échec et de l'exclusion qui sont un mal. Rien de moins.

Euh, d'abord je connais peu d'enseignants qui nient les différences, mais nous les constatons à chaque jour. Les différences de motivation, différences d'investissement, différences d'habiletés, de capacités, on les apprécie tous les jours. On les affronte aussi, on essaie à force de bras et d'interventions de les amoindrir. Tous les jours.

Je me pose franchement la question de savoir ce qui reste de la transmission d'un bagage commun quand on se lance dans la différenciation pédagogique. 

Je me demande comment enseigner différentes démarches pédagogiques en même temps sans faire perdre le temps de tous.

Je me demande aussi comment allons-nous affronter cette réalité: ce n'est pas tout le monde qui a le potentiel pour faire n'importe quelle formation. Je n'ai pas inventé les qualités prisées et nécessaires au développement de nos sociétés. Il arrive un moment, où nous devons évaluer le potentiel d'un jeune et l'orienter dans les filières  qui lui correspondent. Je dois dire un moment donné à cette jeune que son rêve de devenir vétérinaire n'a pas de bon sens. La compétition va la bouffer. Elle n'a malheureusement pas ce qu'il faut pour aller faire les études de ses rêves. Et c'est pourtant une de mes bonnes élèves, mais nous sommes dans une école qui peine à élever le niveau pour des raisons culturelles. C'est une réalité, je ne peux rien y changer.

Comment tenir une barre des exigences minimales dans un contexte où tout est permis, où aucune norme de réussite n'est fixée? Ne crée-t-on pas justement une situation pire quand on instaure le régime de la pédagogie différenciée?

Je veux bien l'utopie, mais franchement il y a des réalités et ne pas en tenir compte est justement le déni le plus regrettable. 

J'enseigne un contenu commun que j'adapte à une groupe selon mon appréciation  de sa capacité de groupe et j'apporte mes encouragements et une différenciation de mes interventions en fonction des difficultés individuelles rencontrées avec des petits soutiens particuliers. La plupart des profs modulent ainsi leur enseignement. Nous fixons aussi un objectif, une norme pour favoriser un certain investissement, une certaine concentration vers des apprentissages. 

Les jeunes ne naissent malheureusement pas autonome et égaux devant l'apprentissage. Il faut leur montrer bien des choses. Et le temps groupe ne permet pas franchement d'individualiser les démarches. Sinon, c'est tout le monde qui attend, c'est le temps de tous qui est perdu.

Quand on abandonne le groupe, la norme, le travail et les objectifs communs, l'éducation devient le plus souvent malheureusement une errance individuelle, du coq-à-l'âne, la préparation à des crédulités populaires par manque de connaissance comme ceux qu'on dénonce dans nos journaux en ce moment.

Révisé ce soir le 2 octobre 2012

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