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jeudi 28 novembre 2013

Légendes explicites ou robinsonnades!

Je n'écris plus beaucoup:je rénovais ma maison. Je n'enseigne pas en ce moment. Bon, j'espère un contrat pour bientôt. J'accompagne ma conjointe qui va voir sa famille en France aux fêtes.

En attendant un boulot, je lis les Légendes pédagogiques de Normand Baillargeon. Ça vaut le détour, on y apprend qu'un paquet d'âneries qui circulent dans les milieux de l'éducation n'ont pas grand fondement.

Bref, quand je vois Sir Ken Robinson, une «superstar» TED en éducation, sur deux blogues que je visite à l'occasion, je me dis qu'on n'est pas sortis de l'auberge ou de l'école...

Je lis aussi Enseignement explicite et réussite des élèves de Gauthier, Bissonnette et Richard. Là, on est dans des pratiques qui ont de l'impact, qui s'appuient sur des données probantes et donc utiles. Si on veut penser un jour professionnaliser le métier, on y arrivera par une pratique qui s'appuie sur des données tangibles et non de l'illusion à la Sir Robinson, qui croit que nous avons tous un talent caché qui n'attend que le regard allumé d'un prof pour le voir germer: est-ce assez «new âge» à votre goût? Et ça va comme par magie régler la question du décrochage? Yes, Sir! Un autre qui n'a pas de méthodes à proposer, mais qui est prompt à dévaloriser le travail des enseignants avec son humour particulier qui séduit. Ah oui, la méthode, c'est la lointaine Finlande, encore, toujours aussi indistincte qu'il y a dix ans. Il n'apporte aucune preuve à l'appui de ce qu'il affirme comme tant d'autres conteurs de légendes. 

Au sujet des Gauthier, Bissonnette et Richard, je trouve ici et là des indices que de plus en plus de profs et même des CS s'y intéressent enfin.

Je vais surement télécharger (payant) l'autre essai de Baillargeon: Turbulences, je crois.

Je suis paresseux ce soir, j'y reviendrai.


mardi 19 novembre 2013

Du nouveau à l'horizon?

Si l'on en croit cet article du Soleil, un petit coup de bâton dans la fourmilière se prépare! Et il concerne l'enseignement du français:

«On a dit que dans nos engagements, on voulait améliorer la qualité du français enseigné, alors moi, j'aurai justement, peut-être même la semaine prochaine, plusieurs choses à dire dans le sens de la bonification du français enseigné», a affirmé Mme Malavoy, qui n'a pas voulu en dire davantage sur ce qui sera dévoilé.

J'avoue que je manque de compassion pour ceux qui s'en inquiètent et se sentent mis sur la paille depuis des mois, parait-il, dans le même article.

mercredi 6 novembre 2013

Condescendance

 Long commentaire laissé chez Le prof qui fesse, Méprise, mépris, qui commentait un article verrouillé du Devoir, Persévérance scolaire - Une école de Verdun se débarrasse de son image de cancre que je n'ai pu lire.

Condescendance est exactement le mot qui m'est venu concernant l'approche que beaucoup d'enseignants du Nord avaient envers les jeunes autochtones. Quand on réaffirme constamment les difficultés socioéconomiques de  ces communautés et l'écart  culturel pour s'expliquer le faible rendement des élèves, on arrête de faire des efforts et de collaborer pour faire de l'école un instrument formateur efficace. Malheureusement, trop de collègues se la coulaient douce sans s'en apercevoir avec des excuses  bidon sous couvert d'empathie mal placée. J'ai vu la condescendance s'exprimer jusqu'au point où une enseignante a produit les textes pour l'examen du MELS une certaine année. Dans mes filières, les brouillons que j'ai vus là ne pouvaient être le fait de jeunes autochtones dont je connais trop les difficultés. Je ne sais pas la sorte de confiance en soi qu'on développe dans une telle tricherie. Pour ma part, je reste persuadé que cette condescendance détruit plus qu'elle n'aide.

En deux ans dans le milieu que j'ai quitté récemment, nous avons, avec une poignée de collègues d'accord pour changer l'ambiance garderie du milieu, insufflé une dynamique de travail à ces jeunes qui a fait que d'élèves qui ne travaillaient pas, ils ont finalement bien évolué pour se classer dans les meilleurs résultats aux examens de français régionaux. J'étais assez content d'apprendre ce résultat dernièrement.

Je dis souvent, en 2e secondaire, les élèves ne m'aimaient pas vraiment, mais ils ont travaillé fort comme j'ai rarement vu des élèves travailler, pendant le dernier mois, pour bien faire à l'examen écrit du MELS. Ce constat relativise un peu certaines affirmations sur la relation pédagogique voulant que les élèves travaillent mieux s'ils cherchent à nous faire plaisir. Ma relation pédagogique a été de les prendre pour des élèves capables d'apprendre et de ne les avoir pas laissé`m'atteindre par des enfantillages, parfois même graves. Et au bout de deux ans, ils travaillaient bien. Et comme dans cette école de Verdun, mes meilleurs élèves étaient le moteur de la dynamique.

Il faut placer les jeunes devant des défis et, bien sûr, leur donner des outils pour les relever. Il faut leur montrer qu'on croit qu'ils peuvent réussir autant que les autres. Persévérer avec un enseignement stratégique et exigeant est la manière de leur démontrer. Passé un certain temps, ils croient en leur réussite et se mettent au boulot.

Comme le démontre un certain courant de recherche sur l'enseignement efficace, l'effet-école est possible. L'école de Verdun n'est pas la seule école dans un milieu défavorisé à obtenir des résultats. La collaboration d'enseignants a une large part à prendre dans cette approche.