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mercredi 19 février 2014

Les devoirs selon Hattie: texte intéressant de Normand Baillargeon

Leçons sur les devoirs, c'est ici. A quand la traduction des ouvrages de Hattie?

Les devoirs ont un gros impact au secondaire selon les recherches (0,64). Beaucoup moins au primaire. J'aime bien les donner à commencer en classe, si le travail est terminé. L'air de rien, certains se mettent alors à pédaler un peu plus vite!
Ils existent pas mal de leviers pour faire agir les jeunes.
J'ai rarement eu autant de «fun» dans mon métier que ces derniers temps... J'aime bien enseigner les maths et les sciences!
Ça y est, je suis au commande!

mercredi 12 février 2014

Quelque chose a changé

Je ne sais pas, mais c'est temps-ci je suis fasciné par mon quotidien. Tout, vraiment tout me réussit. C'est à peine croyable, quand je repense à tout ce parcours d'obstacles qu'a été l'apprentissage de ce métier.

Bientôt un mois que je suis là et pas une once d'agressivité n'est venue me rencontrer dans cette école. J'ai eu une impatience et ce n'est pas pour un jeune, mais pour une collègue qui, un jour, avec son pattern Je-sais-tout et son habitude de reprendre les autres et celle, détestable, de ponctuer son écoute de l'autre avec un «Pas besoin de me dire ça, je le sais.» 

Non, j'ai même accumulé ici en moins d'un mois un capital de popularité. Hier, j'ai sorti ma raquette de ping-pong pour la première fois et j'ai eu droit à un soulèvement de foule qui a fait grand bruit! J'avais un fan-club en délire.

J'avais une suppléance en Éthique et culture religieuse en secondaire un après et j'entrais là avec quelques craintes et le tout s'est passé comme sur des roulettes. J'ai perdu une bonne demi-heure à parler d'autres choses: un sujet qui s'est spontanément présenté comme un besoin d'informations des jeunes auxquels j'ai répondu et puis, j'ai tourné la période vers le travail à faire et les élèves m'ont rendu pratiquement tout le travail à compléter avant la fin du cours. Je ne suis pas dans une école privée ni dans des classes de doués, mais bien dans une école pour tous avec environ un groupe par niveau.

Puis, je devais aller faire une période avec ces jeunes en cheminement continu. Ils m'attendaient!

Ils me connaissaient alors que je les croisais comme ça sans même leur parler. Mais eux me connaissaient déjà par mon nom pour la plupart et étaient contents que je sois là. Il y en avait un que j'ai trouvé «ruff» aux premiers abords dans sa manière de parler. Je n'ai jamais vu un gars autant travailler dans une période après que je lui ai offert mon aide pour commencer son exercice. Il m'a rappelé plusieurs fois.

Un autre à qui je venais d'expliquer mon approche, de dévoiler le secret de mon succès avec les élèves a répondu immédiatement même s'il n'avait rien fait de la période à mon offre de l'aider à en faire un peu avec lui.

J'ai vu pratiquement tous les élèves de l'école et toujours ce formidable accueil de leur part.

Le secret est assez simple: l'approche incitative. C'est moi qui ai donné le nom à ma nouvelle manie de pédagogue. 

Je ne chicane pratiquement jamais. Je prends beaucoup de temps à chaque rencontre avec les jeunes pour prendre les présences, pour leur poser des questions et jouer avec les noms pour les apprendre. Je fais toujours un plan de classe doucement quand j'entre en suppléance. J'ai gagné les secondaires 5 un jour comme ça: on a tellement ri ce jour-là.

Je suis probablement aussi meilleur pour donner des consignes qu'avant.

Puis, je circule dans la classe et j'applique un principe simple. J'incite à se mettre au travail doucement les jeunes qui sont perdus ou déconcentrés. Je m'approche d'eux et je regarde ça avec eux. Je suis 100% disponible aux jeunes pendant mes périodes. Quand je vois qu'ils sont turbulents, je les approche et les mets au travail au lieu de parler de comportement ou d'attitudes ou de lever le ton. Je pratique l'intervention à 1 mètre de l'élève comme on dit dans les études sérieuses qu'elle est la plus efficace.

J'ai appris cela chez les autochtones chez qui le disciplinaire est inapplicable ! 

Bref, je touche du bois!

dimanche 9 février 2014

Petit saut en enseignement du français cette semaine!

Peut-être suis-je ici pour me rendre compte que finalement j'aime beaucoup enseigner le français!

Je ne sais pas pourquoi les astres se sont ligués pour que je me retrouve ici. Je ne m'en plains pas. Bien au contraire, comme j'aime réfléchir à des questions nouvelles, changer de point de vue est une expérience toujours fort intéressante. 

En tout cas, cette semaine, alors que je croyais que j'aurais enfin un peu de temps pour faire des maths et des sciences pour me préparer à prendre le flambeau du collègue qui a 3 cours de math et 2 de sciences jusqu'à la fin de l'année, je me suis retrouvé à prendre celui nettement plus temporaire d'un autre qui a eu une indisposition de santé et qui enseigne le français. 

Bref, j'entrais vraiment en terre connue, comme un poisson dans l'eau! Il a une belle tâche le gars, de mon point de vue: deux petits groupes de sec.2 et le groupe de 5. En deux, à part deux, trois jeunes qui n'ont pas vraiment d'affaire là (ils sont dépassés et ne cherchent qu'à fuir la tâche, mais bon, nous sommes à l'ère de l'intégration qui fait qu'on paie quelqu'un à lire des romans la plupart du temps, pendant que je donne cours, pour accompagner et tenir tranquille un jeune TC), les groupes sont faciles à tenir.

Le 5 est un gros groupe sympa, quoique la gang de gars fort enjoués m'a l'air à créer un effet de champ de fainéantise contre lequel on doit certainement mettre quelque énergie constante pour arriver à faire travailler le groupe.

En deux, j'entrais en production écrite. On ne m'a pas trop dit s'il s'agissait d'une évaluation ou d'un apprentissage. C'était, à fouiller la question, probablement quelque chose entre les deux. Deuxième production du genre de l'année, dans une classe où l'on ne faisait apparemment pas grand dictées ni de productions courtes. En tous cas, ces jeunes avaient un sujet intéressant: projet de vie et ils avaient pour la plupart bien investis leur travail et travaillaient surtout dans une 3e période et 4e période à corriger leurs fautes et à faire un propre. Et moi, ben je répondais à des évidences qui seraient depuis longtemps réglées si ces jeunes écrivaient plus souvent de courts textes avec un prof qui se promène dans les allées à enseigner en individuel comment corriger les petits défauts que chacun doit corriger dans son apprentissage de la maitrise de la langue. Bref, des «si il», faire remarquer qu'un mot se terminant en «er» peut être un nom et que l'emploi de la stratégie de remplacement par mordre/mordu est impertinente! Leur chapeau et leurs mitaines. Ce/se, etc. (sans point de suspension!). Constat toujours renouvelé, les jeunes font toujours beaucoup de fautes dans les accords les plus simples. Pas de routines enseignées: c'est des trucs de primaire, m'ont dit les jeunes!

Mais j'ai supervisé quelques exercices qui me semblent des plus inutiles dans les périodes qui ont suivi: des fiches sur les champs lexicaux, les organisateurs textuels et la reprise de pronom surtout quand on vient de terminer une production écrite où ces merveilleux concepts de stylistique, de logique et de cohérence textuelle détachés de leur application pratique ne peuvent pas vraiment être réinvestis. Suivait une fiche sur la ponctuation que je n'ai pas eu le temps de faire travailler. Bon, j'ose espérer que lesdits exercices étaient un peu de «l'occupationnel» pour le suppléant. Heureusement, dans mon cas j'ai l'habitude de ces simagrées. Quand on tombe dans cette mare sans préparation, ce doit rendre assez perplexe la suppléance! 

Mais bon, dans la logique modulaire de Rendez-vous, je crois plutôt à un respect religieux de la méthode qui m'interloque comme pédagogue! Bref, il y a des manières d'enseigner le français sans se casser la tête, parait que l'on en voit un ici qui fait ses planifs et ses photocopies de l'année suivante au printemps, alors que tous sont dans la pression des révisions. 

En 5, je devais remettre un corpus de texte genre épreuve unique. Ils vont écrire la semaine prochaine. Bref, je leur ai fait un tableau de la situation et leur ai communiqué quelques bonnes stratégies pour faire face à la situation: avant de souligner et de noter ses idées, saisir la problématique du corpus, saisir la volonté du concepteur de l'épreuve d'amener les jeunes à adopter son point de vue moral en alimentant un côté surtout de la médaille, préparer ses arguments et ses idées en tenant compte de cette donne assez constante dans les dernières années. Je ne sais pas s'ils ont la préparation suffisante: j'entends de l'exercice. Elle a l'air plus théorique que pratique, mais je n'ai pas de preuves. Mais bon, la plupart doivent être capables de se classer dans les 93% 79% des moins mauvaises copies des 5es secondaires de la province cette année! En tous cas, malgré quelques lacunes évidentes et un manque d'exercice, ils partent avec une grosse longueur d'avance sur les jeunes autochtones avec lesquels je travaillais. Ils sont francophones et baignent dans un environnement plus riche en vocabulaire et en expression d'idées. Le plus grand frein à leur performance, c'est qu'ils ont le bal plein la tête et déjà l'impression que c'est terminé, le secondaire!

Les jeunes étaient un peu interloqués de voir un prof de maths-sciences leur faire le topo de l'épreuve unique en français du MELS, mais bon! Mon personnage est l'expérience variée!

Enfin, tous ces jeunes sont assez attachants et pleins de vie et, pour le moment, je touche du bois, je suis un suppléant assez comblé. Aucun conflit d'envergure avec aucun élève depuis mon arrivée ici, de simples interventions de gestion de classe qu'il est facile de faire dans cette école qui s'est donné une organisation conséquente qui est assez prise au sérieux par les jeunes. Il est facile de virer en humour la plupart des interventions qui passent très bien. Je dois avoir pris du galon!

Bon, tout n'est pas rose. Les jeunes se font du prof à l'occasion, parait-il, avec des parents qui s'en mêlent, on me prévient. On parle encore de deux profs étêtés il y a onze ans par la vindicte populaire, épisode qui aurait laissé des traces dans la culture des élèves et peut-être, je ne peux l'affirmer, cette réponse organisationnelle remarquable. Des deux profs récemment arrivés, je ne semble pas une cible pour le moment! Bon, ça ne m'énerve aucunement. 

Le défi devrait être de tenir le secondaire un qui se «dégêne» en ce moment comme on doit toujours s'y attendre. Mais en maths, ce devrait être un peu plus facile à faire.