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samedi 26 avril 2014

Le tableau noir, ça relaxe!

Depuis quelque temps, je reprends plus souvent la craie. Le projecteur de ma classe de maths fait des siennes et plante toutes les 10 minutes ou moins, fait que... J'ai demandé qu'on voie au problème, mais bon ici l'équipe technique passe quand elle passe! La semaine prochaine probablement.

 Il y a un côté relaxant dans cette situation. L'air de  rien, la mise en forme des documents de travail pour le TBI consomme ici et là bien du temps d'attention régulièrement. Numériser à la hâte, capturer des parties d'écran, transformer en PDF, importer les PDF, ouvrir les documents, aller les chercher dans l'ordi. Fermer, enregistrer, gérer les documents, on en met du temps là-dedans.

Pendant l'exposition, je trébuche toujours sur cette alternance entre le crayon et l'efface après plus de 2 ans avec cette machine. Régler la grandeur des documents, les centrer, c'est toute une gymnastique. Ça, c'est quand il n'y  pas de soucis techniques: le crayon qui se met à ne plus vouloir répondre pour une obscure raison de temps en temps. Pogner la craie pour continuer au tableau noir et ne pas perdre l'attention des jeunes...

La technologie, c'est tout un monde de détails à gérer, qui l'air de rien consomme un surplus de glucose pour l'activité neuronale du prof!

Bref, on arrive aussi à faire la job sans tout ce patatlan avec un tableau noir, une bonne vieille craie et la brosse à effacer, et ses doigts si elle est trop loin. Je rentre les vêtements un peu plus blancs et poussiéreux, mais bon, le ciboulot peut-être un peu moins lessivé aussi. Ce n'est pas rien.


samedi 19 avril 2014

Du droit de chialer

Droit de vote, liberté d'expression et pourquoi voter ne change pas grand chose de toute façon.

Aux dernières élections, j'ai été intrigué par cette étrange association que les médias ont bien souligné à coup d'échos populaires. On voyait des gens répéter en écho, quand tu votes, tu as le droit de chialer, et si tu ne votes pas, tu n'as pas le droit de chialer: «Je vais voter pour avoir le droit de chialer!»

Ça sentait l'endoctrinement stupide et irréfléchi qu'on peut avoir quand on ne s'arrête pas 5 secondes à penser à ce qu'on dit.  En effet, voter à une élection et exprimer son point de vue citoyen sont deux actes indépendants qui réfèrent à deux principes: le droit de vote en démocratie et à la liberté d'expression en démocratie. Il y avait tout sorte de très bonnes raisons de ne pas voter aux dernières élections.

Ce qui est plus étonnant, c'est de voir l'effet de persistance de cette idée, je lisais Patrick Lagacé qui s'indigne sur son blogue de l'affaire du cabinet de la ministre Nathalie Normandeau. Dans le fil des commentaires encore cette idée d'ânes bien gavés qui répètent que Patrick devrait se la fermer, car il n'a pas voté. 

Mais bon, ce qui est encore plus insidieux dans l'affaire, c'est de nous préparer à voir l'avenir de manière fataliste où notre seul rôle sera de chialer. Et en fait, de nous l'enlever si on ne vote pas. Alors que, il me semble, on devrait chialer lorsque les conditions de vie sont à ce point insupportables ou inacceptables qu'il faille bien communiquer que quelque chose doit changer.

Mais bon, comme je disais à un collègue,  je suis allé surtout voter contre la corruption avérée, systématique, du parti libéral que pour un parti en particulier. Pour le reste, c'est plutôt Blanc Bonnet et Bonnet Blanc. La marge de manoeuvre pour transformer nos sociétés et ce qui ne va plus est assez limitée et depuis longtemps. De toute façon, les partisans du statu quo bourrés de frics s'attèlent sans relâche à maintenir l'état des choses. 

Tant qu'on n'aura pas trouvé la façon de régler quelques contradictions de société, on va se mordre la queue encore longtemps.

1-Tant qu'on n'aura pas trouvé moyen de lier un peu plus les grandes entreprises aux collectivités qui leur ont permis de croitre, tant que les moyens de productions et les organisations créatrices de richesses resteront des électrons libres au service des investisseurs, je ne vois pas comment on pourra maintenir des acquis d'avant les facilités de communications et de transports modernes qui permettent la mondialisation. Tant que des Bombardier vont finalement produire dans d'autres pays, je ne vois pas comment on peut s'en sortir.

On a vécu dans l'illumination aveuglante du crédit qui a pelleté ce problème par en avant pendant pas loin de 20 ans, qui a rattrapé le monde il y a quelques années. Je ne sais pas ce qu'on va trouver comme rechange à la désindustrialisation  des pays industrialisés. Bref, nous vivons dans une anémie croissante.

2- De plus en plus, tout ce que font les hommes peut être fait par des machines. Notre moyen légitime et humain de faire sens dans la collectivité en travaillant, en faisant sa part, qui est aussi le moyen d'avoir sa part de gâteau pour vivre, ses moyens de subsistance, est donc de plus en plus partout remis en question par cette réalité toujours grandissante. On parle même que des professions assez complexes comme la mienne, celle d'enseignant, sera bientôt menacé par les technologies. On la répartira comment ensuite la richesse?  Comment l'humain à venir donnera-t-il son sens d'humain qui contribue à sa communauté? C'est évidemment déjà une question très actuelle pour beaucoup de nos concitoyens.

3- Dans ce contexte, je ne vois pas non plus comment on pourra maintenir une invention récente de l'histoire, celle de collectivement donner des années d'aisance financière à nos ainés. Ces masses d'argent devenus pompes à richesse en compétition avec le labeur des jeunes parce que ces immenses fonds qui permettent cette réalité sont maintenant du côté des investisseurs capitalistes. En plus, ces fonds se cassent de plus en plus la gueule dans un monde financier incertains qui a fait tous les excès concevables pour permettre à des requins de mettre la main sur le fric des autres. Qui va payer ces retraites, dorées ou non, le travailleur ou la machine qui lui prend son job et son sens? Celui qui travaillent toujours et à qui déjà on dégrève pas loin de la moitié de son salaire en plus de payer 15% de taxe pour le moment sur les produits qu'ils consomment.

4- On pourrait ajouter quelques problèmes insolubles en sus: comment maintenir les écosystèmes en santé pour l'avenir? Comment gérer les flots d'immigrations de tout le chaos planétaire engendrés par les électrons libres en exploitation avec vision à cours terme de profit et le manque de moyen d'organiser des structures de survie collective viable un peu partout sur la planète? Comment maintenir la cohésion des sociétés dans cette «babélisation» des collectivités qui se perdent dans des débats insolubles comme cette difficulté d'accepter l'étalage de  sa croyance religieuse dans un pays qui a fait le choix collectif de se laïciser, qui a rejeté le joug de la religion.

Enfin, je ne nous vois pas souvent envisager ces problèmes de taille vers des visions de résolutions viables. Et malgré tout ça, pour beaucoup, nous sommes encore dans un pays où il semble faire bon vivre. Par exemple, je remplace un collègue qui est parti s'occuper de son nouveau fils pendant un an avec son congé parental payé par les cotisations collectives. Je ne peux que constater dans mon environnement une certaine insouciance qui fait que nous avons de nos jours murs à murs nos petits et divertissants objets gadgets qui se reflètent partout dans nos médias pour nous divertir de tout ce qui ne va pas. 

Au fond, même si j'ai voté, je n'ai pas trop de droit de chialer en comparaison d'une population toujours grandissante de gens qui sont exclus de la possibilité de participer et d'obtenir des revenus décents. J'ai cependant pas mal de raisons de m'inquiéter d'un avenir qui ne pourra maintenir sans qu'on s'attaque sérieusement à ces contradictions de système.  

Bon, je m'en sors peut-être aussi parce que je maintiens comme beaucoup de mes ancêtres un mouvement dans ma vie, ce qui semble s'oublier chez plusieurs de mes contemporains avec le modèle du citoyen immobilier: il a souvent fallu bouger pour aller trouver où l'on pouvait se rendre utile. Mais cette voie sera possible pour encore combien de temps?

Enfin, il semble qu'on voulait vraiment chialer en allant voter pour les Libéraux!

Et ben qu'on chiale!

mercredi 16 avril 2014

Finlande, Finlande, Finlande...

Tandis que l'Actualité en fait l'apologie (Finlande, première de classe!), je tombe sur cette interrogation française (Les Français sont-ils éducables?) au sujet de cette impossibilité d'importer la Finlande, pour enfin tomber sur un «tableau noir» de cette charmante contrée (La Finlande au tableau noir).

Bref, le mythe continue, la réalité est certainement bien plus complexe. L'école est toujours en questionnement sur ses finalités et ses méthodes.

samedi 12 avril 2014

Prédicteur de persévérance intéressant et instrumentalisable!

En passant sur Gestion et gouvernance scolaires , je suis tombé sur cet article: ici.

 Le contrôle attentionnel regroupe trois aspects: le contrôle inhibiteur, la régulation attentionnelle et le contrôle activateur. «Le contrôle inhibiteur est la capacité à inhiber nos impulsions ou nos propres comportements dérangeants qui nous éloignent de nos tâches, comme la tentation d'aller sur Facebook», explique-t-elle. La régulation attentionnelle est la capacité de concentrer son attention et de la maintenir sur une tâche même si des éléments extérieurs nous distraient. «Le contrôle activateur est ce qui nous pousse, par exemple, à amorcer un travail de session tout de suite même si la remise est dans plusieurs semaines, car nous reconnaissons les avantages d'un tel comportement», poursuit-elle.

Voilà qui éclaire mon observation de terrain, beaucoup de jeunes se laissent constamment distraire et ne prennent pas la responsabilité de leurs apprentissages. J'interviens donc à ce niveau en expliquant à mes jeunes de première secondaire qu'au secondaire, on doit apprendre à se responsabiliser avec des conduites précises à développer: voir quand on ne comprend pas lors d'une correction. Demander de l'aide quand on s'en rend compte. Aider l'enseignant à l'aider. Décider de se prendre un rendez-vous en récupération. Arrêter de se laisser vivre au petit bonheur la chance. J'essaie de renforcer ces prises en charge. Ils ne sont plus au primaire avec un même enseignant qui voit à tout, mais avec plusieurs qui en ont beaucoup trop à voir dans une journée pour être la mère de tous.

Contrairement à l'article qui présente ce nouveau prédicateur qui voit une intervention éventuelle auprès des parents sur lesquels je n'ai pas de prise, ce qui m'intéresse c'est ce qu'on peut faire en classe pour mettre graduellement en place des comportements et des attitudes qui conduisent à la réussite.

Amener les jeunes à voir l'intérêt de pratiquer juste la base de ce qu'est suivre un cours est déjà pour plusieurs un objectif de taille: écouter quand c'est important, gérer son attention, observer ce que l'on a appris, détecter  ce que l'on ne comprend pas, chercher de l'aide, donc lever la main, faire ses devoirs, faire les exercices en classe, se corriger avec un stylo pour ne pas se compter d'histoire, etc. Venir au récupération en cas de besoin, venir régulièrement valider qu'on comprend auprès de l'enseignant ou d'un pair, etc.

Et je parle de ma porte ouverte tous les jours à la fin des classes. J'ai une fréquentation en hausse!