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mardi 14 avril 2015

Construire la représentation par la mémoire d'abord pour faire émerger le sens ensuite.

Pendant qu'on s'occupe de la structure des organisations, pendant qu'on attend une étude sur les ipad qui fait déjà jaser, pendant que la France revient aux constructivismes «as usual», moi, ben j'enseigne et mène mes expériences et observations.


J'ai choisi de rentrer dans les souliers d'un vieux de la vieille qui a monté une approche de l'enseignement du français assez traditionnelle bien installée dans ce milieu pour voir. Des revues de cycles régulières avec des objectifs de faire apprendre pas mal par coeur dans un premier temps bien des notions que de nos jours on se contente de débiter sans approfondissement pour un résultat la plupart du temps plus que nulle qui fait que de nos jours les jeunes ne pigent strictement rien à la grammaire ou si peu. Bref, je suis en train de passer le programme des notions de façon assez systématique. On fait en fait assez peu d'exercices bien que ma tendance soit d'en donner pour espérer consolider les apprentissages, mais je découvre en fait que c'est souvent une perte de temps si on ne fait pas vraiment cristalliser une mémoire des notions. Bref, je leur demande de mémoriser des définitions et d'apprendre des exemples par coeur ou presque. Évidemment je fournis des explications et on fait quelques exercices, mais l'objectif ultime est la mémorisation des concepts.

Ce  n'est pas évident. Comme ce prof l'observait, c'est souvent la première fois dans leur histoire que ces jeunes doivent apprendre un peu quelque chose par coeur. Évidemment, au début, ils ne comprennent pas où l'on veut en venir. Ils ne comprennent pas trop les notions ou de façon très très limitée. Mais, puisque le système des connaissances grammaticales est un réseau de connaissances complexes avec de multiples interrelations, je sens que tranquillement ils construisent une représentation d'ensemble. En revenant par tous les côtés sur les groupes et les fonctions, qu'on évoque aussi régulièrement dans les démarches de corrections des dictées et des textes, tranquillement s'élabore de la connaissance en eux. Puisque les mots, les concepts tranquillement se   cristallisent, s'associent, peu à peu les habitent, on peut tranquillement avancer vers des interactions où les jeunes font des liens de plus en plus compris et intégrés dans les analyses. On commence bref à faire de la grammaire avec eux au lieu de simplement en faire devant eux, alors qu'il n'y pigent absolument rien.


C'est encore loin de la perfection, mais bon l'exercice apparemment impossible à leur yeux de la semaine dernière où il fallait apprendre au moins 8 fonctions avec une phrase exemple où un groupe à identifier joue ce rôle s'est fait quand même avec un certain succès.


Bref, on progresse. L'idée dans tout ce processus est d'arriver au point où quand on fait une analyse, on peut parler de différents concepts qui prennent un sens parce que, en eux, la connaissance de base a de petites racines implantées au lieu du vide intersidéral habituel où rien ne colle.


Nous apprenions de cette façon avant la différenciation, le développement des compétences, les Ipad et les projets délirants.

Je pense que, malgré tous les grands discours, à la base quand on commence dans un domaine, on doit d'abord se faire une mémoire de concepts pas toujours clairs. Ensuite, en les utilisant, on acquiert peu à peu le sens de leur utilité.

Enfin, je continue cette expérience qui correspond quelque part à la première proposition  structurée de l'apprentissage de la grammaire avec de l'étude des concepts obligatoires que je rencontre dans mon parcours d'enseignant. Et les jeunes, ils finissent pas nous suivre quand on tient une barre fermement et qu'on leur dit c'est pas là qu'on va. Évidemment, une approche de ce genre doit être incarné par un enseignant qui accompagne ses élèves, les encourage, les outille pour relever le défi de cette façon d'apprendre. Bref, la stabilité favorise l'apprentissage véritable, car ça prend du temps.