On fait un grand tapage dans les médias de cette réforme inefficace selon les profs!
Comme si nous ne savions pas que de laisser les jeunes découvrir par eux-mêmes la connaissance pour une hypothétique construction de leurs compétences ne marchait pas vraiment.
Comme si nous ne savions pas, quand on est un humain normal, que les choses ne s'apprennent pas toujours par la découverte (sans renier tout ce qu'on peut découvrir par soi-même quand on a une base de connaissances: savoir lire, savoir la logique des nombres, comprendre quelques méthodes), mais qu'on peut faire de grands pas en regardant ce que les autres savent déjà et en les imitant un peu et en se donnant le temps d'en comprendre les raisons par soi-même.
Comme si nous ne savions pas que de laisser des jeunes tenter de résoudre des problèmes qui ne les concernent pas vraiment - sans, en plus, les mettre dans un contexte qui permet de maitriser les connaissances nécessaires et qui rend l'espérance de résoudre ces problèmes raisonnable - allait droit au mur.
Comme si on ne savait pas que la notion de projet est un peu ridicule tant qu'on n'est pas un peu poussé en dehors du nid douillet.
Comme si on ne savait pas finalement que de ne pas enseigner ne permet pas d'apprendre...
Comme si on ne savait pas qu'un enfant qui se prend pour un roi ne peut plus rien apprendre...
Mais en regardant tout ce spectacle de constats d'échec un peu galvaudé quand on suit l'actualité éducative, un détail a attiré mon attention dans cet article relié au tapage global:
D'ailleurs, très peu d'efforts ont été déployés par le ministère de
l'Éducation au cours des dernières années pour que des changements
concrets se produisent en classe, ajoute Mme Chartrand. «On impose des
changements, mais on ne dit pas aux enseignants pourquoi ils devraient
changer leur façon d'enseigner et comment», affirme-t-elle.
Un exemple? En 2011, le Ministère a terminé une vaste opération appelée
«progression des apprentissages», qui vise à préciser quelles sont les
connaissances à acquérir pour chaque année du primaire et du secondaire,
dans chacune des matières. Mme Chartrand a participé à l'élaboration de
la progression des apprentissages en français au secondaire.
Ces documents sont accessibles sur le site du Ministère, mais peu de
formation a été donnée à ce sujet dans les écoles, déplore-t-elle: «On
dit aux profs de se débrouiller avec des textes illisibles. On peut
imaginer que dans deux ou trois ans, la grande majorité des profs
n'auront tout simplement pas lu ces documents.»
Ce passage me questionne. Vous n'avez pas idée à quel point.
Madame Chartrand aurait été flouée par le MELS?
La progression des apprentissages en français est illisible?
Ou le journal l'a mal citée?
J'ai lu et relu ce document et on me recommande à lui en cas de critique maintenant. C'est la BIBLE de tous les pseudoadministrateurs actuels. ILLISIBLE? Je trouve cette progression très optimiste comme le reste de la réforme, car je me mesure à ces élèves qui n'ont pas des conditions favorables pour espérer que l'autonomie spontanée en émerge sans une profonde intervention très, très , très, vraiment très... patiente.
UN EXEMPLE? Dans cette progression, je trouve notamment sidérante cette forte suggestion de faire faire des pastiches...
Je ne sais pas, je ne devrais peut-être pas être prof de français, mais un pastiche me demande d'utiliser toute la science de mon intellect et toutes mes connaissances en littérature et en langue. Quand je lis cette progression qui légitime les prototypes en lecture que le MELS nous sert, je me dis que mes jeunes devraient avoir 45 ans et avoir passé comme moi 2 ans en littérature dans la vingtaine avancée pour bien réussir leur examen!
Et je n'ai pas la science infuse pour leur passer tout ce que les années m'ont donné.
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