La mission est terminée. Retour à la maison depuis quelques jours et, sans être malade, je me sens un peu vidé. Les siestes sont bonnes! J'ai ma maison rénovée l'an dernier, qui m'interpelle avec ses mille petits détails à finir, mais l'énergie est basse ces jours-ci.
Je remarquais ces derniers jours, rêver d'école. Tous les gros noyaux conflictuels sont revenus se souvenir à moi sous forme de mises en scène métaphoriques, comme dans une évacuation du stress des derniers mois. Enfin, se rappeler pour être rapidement oublié... C'est la magie de la machine de l'hygiène psychique.
J'ai le projet de coucher sur papier un bilan au sujet de ces derniers mois. Je commence.
Enseignement des maths
Au cours des derniers mois, j'ai renoué avec cette matière qui se découpe bien en petites unités d'enseignement. Les objectifs sont clairs, même si le matériel didactique est souvent défectueux ou à éplucher pour en repérer les écueils. Je suppose que ceux et celles qui conçoivent du matériel ont le souci de bien couvrir les objectifs des programmes et de susciter l'intérêt des jeunes en les mettant au défi, question après question, mais, dans le feu de l'action, à gérer les difficultés des jeunes d'un groupe où tous les niveaux de talents pour la matière s'observent, on souhaiterait un peu moins de surprises et plus de progressions douces du niveau de difficulté. Il est notable de remarquer dans les exercices proposés aux jeunes des séries trop courtes d'apprentissages fondamentaux et de constater qu'on mène de front bien des apprentissages dans une même page d'exercices.
J'ai pallié à cette difficulté en incorporant à mes présentations théoriques où je présente les notions et les fais noter comme on a l'habitude de le faire dans la culture de cette matière des exercices clés à réaliser en groupe pour préparer les jeunes aux exercices. Je sélectionne évidemment les exercices à faire en triant l'essentiel de l'accessoire: il faut y mettre du temps. Mes courtes expériences du travail en dyade de fin d'année m'ont permis d'observer de visu l'efficacité à trouver dans de telles séquences.
Plus d'enseignement efficace.
Si j'enseigne à nouveau cette matière prochainement, j'aimerais davantage transformer la pratique de cet enseignement en un format de l'enseignement efficace. Moins de notes de cours qui consomment beaucoup de temps pour peu de résultats et plus de courtes expositions d'enseignement efficace en démontrant avec de multiples exemples, suivis d'exercices à faire en pratique guidée en dyade avant de passer aux exercices. Comme je le lisais sur un blogue, le temps en enseignement est précieux, on ne doit pas trop le perdre avec des pratiques qui en consomment beaucoup pour peu de rendement. Prendre des notes est certes utile dans la vie. Mais, quand on est jeune, ce n'est peut-être pas le moment le plus approprié pour en prendre l'habitude. En même temps, j'ai observé aux niveaux supérieurs du secondaire des jeunes vraiment utiliser leurs notes pour travailler avec une certaine autonomie. J'en ai même vu plusieurs conserver les notes des années antérieures et y référer au besoin. Avant de chambouler une tradition qui a ses réussites, on doit peut-être rester prudent.
Les devoirs à la maison, les outils de révision, et... la délicate question de l'adaptation du matériel
Au niveau inférieur, j'ai eu recours à l'emploi de devoirs à la maison soutenus pour des résultats palpables. J'ai craint longtemps d'avoir négligé ce facteur déterminant aux niveaux supérieurs, mais en constatant la réussite globale, massive et à des niveaux inespérés de ces élèves aux évaluations ministériels, je dois avoir bien fait le boulot. En tout cas, j'ai mis beaucoup d'énergie à donner aux jeunes des documents de révisions pour bien les préparer aux évaluations. Bon, honnêtement, je n'ai pas respecté toutes les règles de l'art dans la préparation de ces documents où j'ai pigé allègrement dans les différentes sources disponibles sans les citer et sans me soucier toujours des contraintes impossibles qu'on nous demande de respecter: je ne savais pas que nous sommes dans l'interdit de constituer des documents de révision qui sont des repiquages et assemblages de différentes sources. Il parait qu'on doit respecter l'intégrité des documents, même ceux dont on a les droits étendus pour la reproduction, ils ne peuvent être utilisés pour constituer des documents maison de révisions. Honnêtement, si on veut m'empêcher de faire mon boulot qui est de trier, organiser, canaliser les efforts des jeunes en fonction des objectifs de réussite à atteindre, il n'y a pas mieux pensé que ce carcan de règles dont je ne nommerai pas le principe pour attirer l'attention (ou la foudre!) des militants de ces causes nobles d'un autre point de vue.
Adapter du matériel mal pensé ou peu approprié pour les élèves qui sont là, en ce moment, avec moi, dans mes classes est un gros morceau de mon impact. Quand je pense qu'on paie des droits pour venir ensuite se faire contrôler et vérifier qu'on respecte ce carcan jusqu'en donnant à certains profs sans compensation l'obligation de noter exactement la source de tout ce qui est photocopié. L'organisme (je ne savais pas qu'existait ce COPIMACHIN DE BEC!) en question vient contrôler l'an prochain le milieu que je quitte en ce moment: je crois que j'aurais mal vécu ce passage si j'étais resté. Ce système est simplement mal pensé pour la pratique des enseignants qui se veulent efficaces et on est obligé par son existence de se placer dans une position délicate.
Je m'explique.
Je comprends que l'on devrait respecter le gagne-pain de certaines personnes qui contribuent à créer les exercices que nous pouvons utiliser pour faire l'éducation publique.
D'un autre côté, l'école a les moyens de se payer les droits pour une méthode par matière et par niveau, souvent choisie à la hâte. Dans les dernières moutures en plus, les méthodes arrivaient par pièces pendant l'année. Enfin, une méthode comporte généralement beaucoup de limites qu'on découvre à l'usage avec les élèves.
Ensuite, dans nos écoles, de multiples exemplaires de cahiers d'exercices divers foisonnent sur les rayons de nos bureaux d'enseignants. On nous les envoie pour les faire acheter aux élèves. Mais bon honnêtement, on ne peut les faire tous acheter, et même pas 2 exemplaires. Dans ce monde idéal, jamais personne ne dépasserait les quotas d'utilisation de ces ressources disponibles, mais dans la pratique j'observe deux comportements d'enseignants: ceux qui généralement ne se posent pas beaucoup de questions et qui utilisent la méthode achetée sans prendre de risque. Et d'autres qui pigent sans trop se faire de complexes pour atteindre les objectifs de l'enseignement en se tapant de devoir faire des corrigés régulièrement. Je vous laisse deviner où je me situe.
Je ne tiens pas vraiment de registre de ce que je photocopie pour les jeunes, pour la simple raison que je n'ai pas que ça à faire. Et honnêtement, si on devait m'imposer de le faire, je remettrais probablement sur-le-champ ma lettre de démission pour la simple raison que je ne vois pas comment je pourrais alors faire un bon boulot d'enseignant.
J'ai l'air de me fouter des règles et ce n'est pas loin de cela!
Mais disons que tout ce système semble avoir été pensé par des messieurs ou des madames en complet propre qui n'enseigne pas sur le plancher des vaches. On ne peut, parait-il, réclamer de ces fameux droits si on produit du «matos» dans le cadre de son travail pour un employeur qui alors a le droit, lui, de réclamer ces droits en son nom ou celui de sa compagnie.
Alors je pose simplement la question: pourquoi ne pas faire produire du «matos» par des enseignants dont on dégagerait une partie de tâche d'enseignement pour cette fin: mettre à la disposition des enseignants une variété étendue de matériel didactique , testé sur le terrain, libre de droits et qu'on arrête de nous faire sentir coupable pour une nécessité vitale du métier? Évidemment, une telle option remettrait en cause le gagne-pain de certains messieurs et madames en complet et leurs contrôleurs probablement tout aussi en complet propre typique d'une certaine classe de moralistes...
C'était ma montée de lait exprimé à couvert dans un monde mal foutu...
(À suivre)
1 commentaire:
«pourquoi ne pas faire produire du «matos» par des enseignants dont on dégagerait une partie de tâche d'enseignement pour cette fin: mettre à la disposition des enseignants une variété étendue de matériel didactique , testé sur le terrain, libre de droits et qu'on arrête de nous faire sentir coupable pour une nécessité vitale du métier?»
Parce que. Et comme c'est une excellente idée, les maisons d'éditions seraient en furie...
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