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samedi 26 avril 2008

Une semaine dans le privé: costume, portail

Bon, voilà, c'est fait.

Je suis peu à peu intégré dans ce théâtre du costume! Pour le moment, c'est bien. Bon, la tâche y compte pour beaucoup: un niveau avec 75 élèves en tout, c'est presque du bonbon! En plus, j'ai de l'aide pour orienter mon enseignement, ce que j'ai eu pas mal de difficulté à trouver cet hiver dans l'école publique où j'avais du mal à m'entendre avec mes équipes matières, grandes et disséminées aux 4 coins d'une grande école.

Pour le moment, ce qui m'intéresse, c'est le portail où l'on peut envoyer des messages aux parents. On a une aide facile à mettre en action. Par exemple, je remarque chez de nombreux élèves une désorganisation du matériel évidente. Je vais probablement lancer un petit message général sur l'importance d'avoir des cartables en ordre, j'ai hâte de voir le résultat. Cette semaine, je me suis présenté aux parents, en expliquant la difficulté de s'intégrer à ce moment-ci de l'année et j'ai fait appel à la collaboration de tous pour bien atteindre l'objectif: terminer l'année dans les meilleures conditions de réussite. J'ai d'ailleurs demandé l'aide des parents de rappeler que ce n'est pas le moment de lâcher, même si le beau temps est arrivé. Je ne sais pas si c'est ce message qui a porté fruit, mais bon certains élèves se sont placés dans les jours qui ont suivi! Bref, au bout d'une semaine, la relation avec la plupart de mes jeunes est déjà bonne. Plusieurs me saluent dans les corridors et sont même venus me saluer dans ma classe avant de partir pourt le weekend... Normalement, ça prend franchement plus de temps pour arriver à ce résultat. Évidemment, avoir qu'un niveau me calme, et je suis déjà en train d'apprendre les noms des jeunes depuis deux jours. Je n'ai rien amené pour le weekend avec la pédago lundi, tout baigne... C'est assez fabuleux!

Bon, les jeunes savent qu'on a leur parent au bout d'un courriel, peuvent pas filtrer les appels, savent que c'est facile pour nous, plus que le téléphone, cela a sûrement son effet.

Bon, le portail ne serait pas lu par tous les parents, ce n'est pas non plus utilisé de la même façon par les profs. Des collègues se plaignent que certains parents ont le courriel facile... et que ça leur prend du temps. Pour moi, c'est une question de gestion et de tact. Évidemment, si on répond longuement à tous ses courriels dès réception, on peut s'enliser dans le truc.

Enfin, faut pas s'imaginer que les jeunes ne bougent pas à cause de ces dispositifs... Non, il y a des conflits comme ailleurs, des parents chiants peut-être même plus qu'ailleurs selon les collègues. Des jeunes flancs-mous aussi. Des fins de journées où il est difficile de garder les jeunes centrés sur la tâche, mais bon, pour des élèves de sec. 3, c'est pas mal...

Bon, je ne sais pas, l'hiver est fini, me semble que j'ai moins de temps pour laisser des traces bloguantes!

samedi 19 avril 2008

Évaluation en maths diluée... L'évaluation des incompétences!

Je reproduis mon commentaire laissé sur le site École et société, il est instructif.

Bonjour M. Chartrand,

Vous avez beaucoup de patience d'analyser toute cette potion pour endormir de notre fameux conseiller. Merci tout de même, j'ai de moins en moins de patience pour me perdre dans les mots des endormeurs professionnels...

Je me bornerai à faire une observation de terrain. Je suis prof de français de formation, toutefois, par les hasards de la vie et aussi grâce à certaines dispositions naturelles, j'ai enseigné les maths assez longtemps pour prétendre y avoir une certaine expérience. J'enseigne le français en ce moment, j'ai cependant toujours une oreille et un oeil à ce que font mes collègues de maths, sait-on jamais je pourrais retourner enseigner cette matière un jour!

Or. qu'entends-je en ces jours assez surréalistes en éducation? Un prof de math d'expérience qui nous répète qu'en formation la semaine dernière, on lui a dit qu'à la limite, l'acquisition des connaissances, on s'en tape! Pour un "matheux", c'est assez effarent! Non, on doit évaluer l'effort du jeune à déployer des stratégies pour résoudre un problème. Il fait de l'humour: on approche d'évaluer le vécu du jeune en maths: comment il se sent par rapport à son problème de math? Je vous jure, ce prof est pas trop loin d'une bonne déprime, car pour lui, comme pour moi d'ailleurs, cette approche consiste à jeter au panier toute une conception des maths qui était gouvernée par une vision et des méthodes très structurées d'acquisition d'un langage rigoureux en vue de former une intelligence sérieuse et disciplinée ou de former des gens qui utilisent ces connaissances à des tâches utiles dans nos sociétés.

Autre observation: Un prof me montre une évaluation pour le secondaire 3. Deux problèmes assez ardus. De la démarche, en voulons-nous, nous en aurons. Juste le dessin (un diamant= deux pyramides, des données manquantes qui joue avec le théorème de pythagore), me laisse songeur. Mon expérience parle, j'ai quelques années de sec.3 dans le chapeau: ouille, deux-trois élèves vont y arriver dans le niveau. Bon, j'ai même pas creusé, j'ai autre chose à faire...

Et voilà, ce matin, un élève est arrivé à la bonne réponse par groupe à peu près, et ce même si des profs ne sachant pas quoi faire avec toutes ces conneries inadaptées ont montré un problème parfaitement similaire à leurs jeunes peu avant l'évaluation, histoire de les préparer un peu à l'impossible autrement.

Comment les profs doivent évaluer ce truc de fou? Bien, j'ai jeté un coup d'oeil à la grille, je commence à trouver que finalement, en français, je ne suis pas trop mal! Une dizaine de critères pour évaluer les démarches. Enfin, comme je connais un peu la réalité de la correction en maths, je me demande ce que va faire un prof devant un charabia de stratégies à peine esquissées qu'il faudra deviner d'un jeune complètement désemparé devant un problème franchement inaccessible puisque ce genre de problème convient à 2à 3 % d'élèves doués parmis les doués... On m'a sans blague rapporté qu'une personne (un adulte) bien formé en maths a mis bien du temps à trouver la solution d'un problème conçu pour des jeunes... dans l'esprit de la réforme... Doit-on rappeler à tous qu'un jeune de 3e secondaire n'est qu'en train d'accéder peu à peu à la pensée formelle selon le constructiviste bien connu Piaget?

Pendant ce temps-là tout ce qui est autour en préparation, soit un enseignement des connaissances pour se rendre dans la fameuse et fumeuse résolution, n'est pas vraiment évalué dans l'outil.

Enfin conclusion de l'observation: le prof qui vient en aide à l'autre et propose que: A est celui qui arrive à la réponse avec la démarche. B: celui qui n'y arrive pas, mais qui fait des erreurs avec la bonne démarche. C= celui qui utilise un théorème de pytagore peu importe ce qu'il fait avec... D: les autres. Voilà la rigueur émiettée balayée sous le tapis...


Quel est franchement la valeur d'un tel exercice? Voilà où nous mène l'évaluation des compétences: un prof dans son weekend en train de se demander ce que vaut une ébauche de n'importe quoi d'un élève qui n'a pas ce qu'il faut pour résoudre un problème qui n'est pas de son niveau... multiplié par 120 copies. DE quoi plonger n'importe qui dans des questionnements existentiels et dans le songe d'une réorientation professionnelle. C'est d'ailleurs le commentaire de mon autre collègue au sortir de sa formation: j'ai appris qu'il était temps que je songe à me trouver une autre job!

Voilà, j'ai soutenu ailleurs que le problème de notre école n'est pas d'être trop peu exigente, mais de l'être à un niveau démentiel au niveau des objectifs sans égard aux capacités cognitives de l'enfant en apprentissage et de, finalement, laisser dans les mains des profs de valider une réussite factice dans des procédés d'évaluation chimériques. Et ce en se tapant pour le délire des maux de tête insupportables à chercher un semblant d'intelligence dans ce qu'on fait.

Pour ma part, je revendique des objectifs réalistes pour nos jeunes. Une éducation structurée, y allant par étape, visant la maîtrise du simple, allant progressivement vers la complexité pour atteindre le réel estime de soi, celui de réussir à maîtriser et comprendre ce qu'on maîtrise. Pas de recevoir des c après avoir fait n'importe quoi et de voir dans l'oeil du maître la désolation et le sentiment d'échec, celui de n'avoir pas fait réussir des jeunes l'impossible inaccessible que nos beaux et bons leaders en éducation propose de viser au nom d 'un déni de la réalité: certains n'arriveront pas à faire certains apprentissages... Faut-il éliminer le processus d'apprentissage pour cela?

J'ai hâte que les intellectuels, plutôt que de songer changer de métier, descendent dans la rue pour négocier sans concession le retour de la formation intellectuelle que la classe moyenne moderne a droit pour pouvoir prendre vraiment part à titre de citoyen au débat de société d'une façcon active. Pour moi, il est clair, une volonté pas toujours innocente a choisi de diluer le trop grand succès même imparfait de l'éducation moderne pour tous.


Le drôle d'oiseau, F.P. ou Francis, c'est la même indignation! (Qui n'a simplement pas la position protégée pour prendre part au débat en son nom réel)

Bureau jaune et courriel rouge

Je réactualise un texte qui s'était perdu dans un commentaire sur un autre blogue. Je crois important de poser cette hypothèse pour demeurer vigilent! Voici donc ma théorie du complot en éducation!

J'en suis à développer la thèse que la réforme vise à détruire la tradition scolaire qui a permis à la première génération scolarisée massivement (les boomers) de se tailler dans un certain rapport de force des conditions de vie décentes pour une classe moyenne nombreuse (fin des années 70). Et les profs, dans ce mouvement, ont eu beaucoup de pouvoir.

Ce pouvoir, on cherche maintenant à le détruire.La comédie de l'éducation, c'est endormir les gens et les occuper dans l'insignifiance. Dans quelques années, personne n'aura vraiment de consistance pour s'opposer intellectuellement au pouvoir et la machine de propagande aura le beau jeu. La manipulation des masses deviendra facile.

Ce mouvement souterrain a commencé dès le début des années 80 et culmine maintenant. Le mode d'installation consiste systématiquement à utiliser un cadre conceptuel abstrait et douteux qui relève de l'idéologie irréfutable comme le discours des partis communistes du régime soviétique (belle récupération par la droite de procédés de gauche. C'est justement le mouvement des sciences humaines des États-Unis qui nous tombe dessus, on sait très bien que le pouvoir là-bas subventionne la recherche pour savoir comment contrôler les masses).

On forme des équipes avec des surveillants proches du pouvoir pour surveiller tout le monde. On surveille notre comportement d'enseignants, notre discours et on fait de la délation. On force des évaluations qui nous sortent de nos références traditionnelles, on impose des évaluations communes au nom de la peur du scandale médiatique. (Je vous juge l'adjointe chez nous m'a répété mainte fois qu'il faut faire attention à ce qu'on dit on peut déformer nos paroles et se retrouver avec un parent incontrôlable, et la direction nous laisse entendre qu'elle ne nous soutinedra pas si cela arrive...: ça ressemble aux comités des citoyens qui déforment et interprètent les conduites suspectes des personnages de Milan Kundera).

Bref, on contrôle le contenu par les évaluations. Un contenu qu'on s'acharne à diluer dans l'apprentissage fumeux des processus d'apprentissage. Il ne faut plus faire échouer personne pour éviter les scandales. Cela me fait penser à cet ennemi imaginaire placardé dans les médias dans le roman 1984. On vit à l'heure de la peur du scandale scandée!

La majorité des nouveaux venus en enseignement et ils sont nombreux n'ont pas le choix de se plier au discours. Leur précarité permet au parti de sanctionner. S'ils ne sont pas assez fervents, ils deviennent suspects, bref ils doivent se montrer enthousiaste pour continuer de toucher leur beau salaire inespéré.

On choisit les surveillants d'équipe d'ailleurs en fonction de leur âge et de leur formation souvent plus ou moins adéquate dans le champ où ils travaillent. Ambitieux, ils soignent leur relation avec le parti...Pour les anciens, on applique la méthode autoritaire avec des raisonnements creux...

En fait, ils attendent tous qu'on donne nos démissions, pour faire entrer à la limite n'importe qui. Ces nouveaux venus coûteront moins chers et seront plus dociles. De toutes façon, on forme déjà des animateurs pédagogiques... Bientôt, on les formera au Cégep, on le fait déjà pour ce qui reste de l'adaptation scolaire. J'ai vu quelques départs dans l'école où je suis, pas des profs, mais des gens d'une autre génération, ils ont tous parlé de différends avec la direction... On leur a à peine dit "bonne chance" après 22 ans de service...

Dans les salles d'enseignants, j'ai été frappé, par la manifestation régulière de profs qui songent à quitter le profession. Tout le monde ressent l'insignifiance de plus en plus palpable dans laquelle on nous plonge. Et il n'y a aucune place pour discuter. C'est l'omerta et la délation.

Où sont nos syndicats? Dans une timide demande de stopper la réforme pour la corriger. Ce n'est pas une correction dont nous avons besoin, c'est d'une défense de la rigueur pédagogique et de la formation consistante de l'être humain...En fait, tant qu'on ne descendra pas dans la rue, rien ne pourra bouger vraiment et le lent mouvement de sape continue dans le silence...

J'avais quitté le monde de l'enseignement depuis 3 ans. Je sens que le discours de la réforme devient opprimant sur le terrain. Beaucoup de profs vivent des vexations dans un bureau jaune d'adjoint ou dans des échanges de courriels rouges (encore plus insidieux).

Il n'y a pas si longtemps, on n'envoyait pas à la rue les jeunes, on les dirigeait vers l'école alternative. Mais on a dans bien des milieux démantelés ces réseaux coûteux, de toute façon, on va faire passer tout le monde... La peur des jeunes de la rue, c'est encore le discours pour démolir le processus éducatif, qui donnait la possibilité de développer une intelligence perspicace.

On m'a rapporté dernièrement que dans une usine, on réunissait les employés pour des "meetings" où des responsables, connards avérés sans formation, prenaient la parole pendant de grosses heures à dire n'importe quoi...Comment peut-on critiquer l'intelligence d'un discours imbécile? Et sans avoir soi-même quelques outils intellectuels et un réseau conceptuel solide en soi, comment comprendre que le discours en avant est creux et vide de sens?

On ne vit pas vraiment un débat de société. On vit les dernières manifestations de l'intellect se révoltant contre sa dissolution. C'est le pouvoir qui mène la bal, en l'absence de contre-pouvoir... On ne gagnera pas la bataille à coup d'arguments... De tout façon, la posture du pouvoir est bien évidente dans le discours d'un Tehami au Raeq, il y a deux dogmes, irréconciliables, je suis au pouvoir et j'ai la force, bref mon dogme gagne. Peu importe vos arguments, de toute façon, mon cerveau, comme le vôtre n'est pas ouverts aux contre-arguments de l'autre.

Quand on ouvre les yeux, on remarque que l'esprit de cette réforme est partout à l'oeuvre...La crise du crédits, où on a donné sans compter de l'argent à n'importe qui, nous laisse croire que ça va mal... On ne parle parlera pas d'argent en éducation, alors qu'on continue de constater qu'on vit dans une société où l'on se paie deux, trois à quatre automobiles par maison... évidemment achetées à crédit!On oublie aussi de parler du crédit qui enchaîne, qui fait taire pour ne pas perdre sa belle cote de crédit... qui fait fermer sa gueule au boulot pour payer ses comptes...

Curieux, je reçois toujours de nouvelles propositions de crédit.

Nous vivons un âge des ténèbres qui donne prise de plus en plus au totalitarisme.

mardi 8 avril 2008

Nouvelle aventure! Jonathan migre vers le privé pour finir son année!

Alors voilà,

Après des emmerdes incroyables, me voilà relancé dans l'aventure de la découverte. Un petit tour au privé pour finir l'année, espérons-le en beauté!

Voilà le goéland se faisait de plus en plus différenciel progressif, c'est-à-dire que sa tâche se faisait gruger par l'enseignante qu'il remplaçait. Bon, le goéland assume, il est déjà passé par là et comprend! S'il va avoir son 40 ans dans 8 jours et qu'il ne s'est toujours pas fixé et vole de précarité en précarité, il sait bien pourquoi... Il ne choisit pas le chemin le plus fréquenté parce qu'il aime explorer...

Mais bon, quand les gens commencent à lui soumettre des formules ésotériques pour calculer son salaire et qu'il s'en indigne, quand une dame lui dit qu'il est bien chanceux d'avoir son remplacement depuis janvier pour lui faire fermer le bec, il commence à sentir la moutarde lui monter au nez-bec et il comprend que le temps de partir est venu. Quand, au même moment, l'opportunité se présente de prendre une passerelle inattendue, il n'hésite pas. La passerelle est même souple, il va finir dans l'honneur le travail commencé pour s'esquiver doucement sans brusquer.

Après les embrouilles d'équipe, les reproches infondés, les effets jaunâtres de système, il part fier sûr de laisser une trace dans les airs où il a sillonné avec intégrité pour faire triompher la vérité. Pas celle qui enferme, mais celle qui grandit.

Voilà, ce sera le privé, une école jeune, moderne avec un portail et tout et tout! l'uniforme et le "monsieur", des parents qui mettent 3000 dollars/an pour leur enfant, bref qui s'en occupe, enfin j'ose croire un peu. Rejoignables par courriel au moindre faux pas. Des périodes de 55 minutes, quel bon sens... Des périodes de devoirs, l'école sans sacs, ben pourquoi pas? Bref, on va aller mettre le bec là-dedans Livingston. En prime, un niveau pour un temps plein, pas de p1 p2 machin! Et au même salaire! Les journées peuvent finir plus tard, inconvénient mineur et des remplacements pour l'année prochaine en vue si les parages sont cléments...

Voilà rares lecteurs! Votre drôle d'oiseaux vous tient au courant!

vendredi 4 avril 2008

Le respect de la personnalité de l'enseignant ou le combat des poules!

Ces jours-ci, j'ai l'impression, encore une fois que le milieu me "grafigne". J'ai bien ri en regardant Virginie (ben oui, je l'écoute souvent et sans honte, même si la réalité décrite n'a souvent aucun rapport avec la réalité, il y a là-dedans bien souvent des situations intéressantes pour réfléchir), quand un personnage a reçu en plein visage un coq qui l'a grafigné. J'aime bien voir les événements de ce genre comme des manifestations symboliques d'une certaine réalité sous-terraine ou inconsciente, comme le cerveau nous fait des rêves éveillés ou nocturnes pour nous informer par le langage primaire de l'inconscient. C'est mon biais psy! Car dans un milieu de leaders naturels, on est tous dans nos classes des leaders, dans les salles de profs, souvent font rage les combats de coqs à un niveau subtil et pernicieux et le tout avec un sourire fendue jusqu'aux oreilles!

Ainsi, je suis pris au milieu d'une équipe de femmes profs de français bien idéalistes sur ce qu'est un enseignant de français. Il y a aussi un effet de clique, une d'entre elle est mariée avec un adjoint, vous voyez le truc... Bon, je veux pas être sexiste ou macho, mais franchement ce n'est pas souvent évident de prendre sa place au milieu de ses bonnes femmes qui ont une vision de la langue et du cours de français assez particulière. Il y a les effets de copines, le style nonne sans vie personnelle, perfectionniste et orgueilleuse. Enfin spécialistes des détails, les dames n'ont pas toujours le regard d'ensemble bien clair et franchement j'ai souvent l'impression de parler un autre langage et de comprendre le monde au travers d'une autre lunette. Enfin, juste pour étayer les deux autres gars de l'équipe, je les trouve d'une discrétion admirable. Bref, un gars dans ce monde assez féminin a bien souvent du mal à se sentir à l'aise.

Pour avoir croisé bien des profs de français, je sais que la pallette des personnalités peut franchement varier: certains sont des amoureux de la formule, de la poésie, de l'art dramatique, de la nouvelle. D'autres sont plus intéressés par des types de discours plus courants, je suis de ceux-là. Souvent ce dernier groupe aime assez les romans aussi. D'Autres aiment bien les aspects structurels de la langue, la grammaire entre autres. D'autres sont de bonnes mamans qui voient à tout, certains autres favorisent l'autonomie du jeune dans un style plus masculin.

Enfin, chaque discours peut être transmis avec une approche personnalisée aussi. En argumentation, je peux préférer insister sur le raisonnement démonstratif et trouver un peu vaseuse l'approche explicative pour arriver à des résultats avec les jeunes. Un autre pourrait se trouver fort à l'aise avec l'explication argumentative et davantage insister sur ce point. Même si les programmes visent qu'on présente un large éventail de situations d'écriture, il reste que dans tout ce vaste champs de la langue, nous avons tous quelque part des points forts et des points moins développés.

Le problème se pose quand l'équipe impose à tous un agenda d'enseignement des plus rigoureux et que constamment on se retrouve à se faire imposer sans égard à notre personnalité des activités, des visions de la matière, des instruments d'évaluation qui dicte un enseignement précis de notions parfois même discutables.

Là, le combat de coq ou de poule fait rage. C'est quasiment violent. Quand on ne peut pas changer une question ou deux, dans un examen pour mieux convenir à l'enseignement dispensé cohérente à notre vision et notre personnalité dans un examen de 3e étape, quand on se fait imposer le moment des évaluations constamment, où est la liberté pédagogique et le respect des personnalités enseignantes.

Quand au nom d'un idéal (souvent faux et cachant des intérêt assez douteux), on fait fi des particularités des enseignants, qu'on ose mettre même en doute leur compétence parce qu'il ne partage pas une vision théorique fort discutable, une équipe peu devenir assez violente. Enfin, il n'y a qu'en français en passant que j'ai vu des rigidités aussi manifestes. Mais bon, j'ai vu aussi ailleurs parfois des équipes plus détendues et respectueuses des différences individuelles. A mon école, j'ai parfois l'impression qu'il est simplement impossible de discuter. C'est presque tabou de parler d'une variété de styles en enseignement du français.

Hier, imaginez la directrice adjointe a voulu s'assurer que j'employais l'examen de l'équipe en même temps que l'équipe, avec les mêmes questions, que si je choisissais un autre instrument de le faire valider par la direction, qui en passant n'a aucune compétence en français. Elle a même tenu à s'assurer que j'enseignais vraiment tout le contenu évalué par la grille de la commission scolaire en écriture. Tout ça parce que j'ai suggéré un changement à deux questions d'examens à des collègues et que la discussion a tourné en queue de poisson avec l'une, la nonne, pour des divergences de conceptions qui, à mon sens, viennent de profils de formation assez différents et de personnalités manifestement différentes.

Comme si je n'avais aucun sens professionnel, comme si je n'avais pas la compétence pour discuter de théorie argumentative...

Bon, je lui ai répondu, parce que le tout se fait par courriel maintenant, que je l'assurais que je travaillais avec tout le professionalisme qui s'impose (!). Ça m'a fait du bien!

Voilà un exemple qui démontre bien que la liberté pédagogique de l'enseignant ne va absolument pas de soi. Il faut considérer les effets d'équipe. Quand on y trouve une parenté d'esprit, on peut s'y développer. Dans le cas contraire, malgré la meilleure des volontés, on finit par passer pour un paria et subir un mur de silence et l'expression d'une violence sourde. Combien de burnout sont en rapport avec ce genre de dynamique? La guerre de tranchée dans les couloirs d'une école est une métaphore tout à fait appropriée. La réforme se passe sur fond de guerre de tranchée insidieuse de ce genre.

Bon, on est encore moins libre pédagogiquement si on est à statut précaire. L'expérience, le bagage antérieur, la bonne volonté, les milles succès d'adaptation qu'on a démontré en deux mois, ne changeront rien à l'affaire. On est suspect d'incompétence. A 40 ans très bientôt, la blessure d'orgueil reste vive en ces zones chatouilleuses...


Encore un fois, je suis un peu dégoûté d'un milieu scolaire...


Bon, un de mes pères (je suis moderne!) me rappelait récemment qu'il faut souvent avoir une "gang" pour se protéger et avoir de l'impact!