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vendredi 29 janvier 2010

Balances folles


 Le vent tourne! Et ça vient de la base...

«Dans un accord conclu entre la plus importante commission scolaire et l’Alliance des professeurs de Montréal dont RueFrontenac.com a obtenu copie, les parties affirment que « l’acquisition des connaissances constitue la pierre d’assise des apprentissages de ses élèves ».
Selon la CSDM et les profs, « l’acquisition des connaissances doit faire l’objet d’une évaluation explicite et continue pour en être témoignée dans le résultat de l’élève », peut-on lire dans le document acheminé à la ministre Michelle Courchesne ces derniers jours.» (rue Frontenac)

Je suis tombé dans le temps des fêtes sur deux bouquins de l'équipe de chercheurs Bissonnette, Richard et Gauthier qui résument l'état de la recherche sur l'enseignant efficace et l'école efficace. Franchement, tout est là pour repartir nos écoles sur des bases solides. Et le tout fondé dans 30 ans de courant de recherche... et imaginez bien que les approches efficaces sont explicites, utilise l'instruction directe et visent des objectifs d'apprentissage de comportements attendus très clairs et discernables par l'ensemble des intervenants...

Mais il faut savoir qu'en éducation, malheureusement, «(...) contrairement au domaine médical, les innovations pédagogiques ne sont pas soumises à un patient processus de contrôle et d'approbation, sous l'égide d'organismes dûment patentés tel que Santé Canada ou le Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis, avant d'être diffusées à grande échelle. Par conséquent, des innovations non testées sont implantées massivement et disparaissent au moment où l'on constate que les effets de leurs prétendues vertus ne se sont pas matérialisés. Elles sont remplacées ensuite, comme un mouvement de balancier, par de nouvelles pratiques préconisant une idéologie diamétralement opposée, sans que leur efficacité présumée soit davantage vérifiée (Carnine, !993, 1995; Kelly, 1993 et 1994; Slavin, 1989 et 1999)»

Lu dans la conclusion de  Comment enseigne-t-on dans les école efficaces? Efficacité des écoles et des réformes. Steve Bisonnette, Mario Richard, Clermont Gauthier, PUL, 2006.

Le ministère devrait acheter ce livre à tous ses enseignants. Ce serait un investissement intéressant pour remettre nos idées en ordre après 10 ans de délirium!

3 commentaires:

Françoise Appy a dit…

Bonjour,

« Le vent tourne et ça vient de la base. »
Cette phrase me touche particulièrement et vous allez comprendre pourquoi.

Je suis une enseignante française en primaire et j’anime une association qui s’appelle la « 3ème Voie" http://www.3evoie.org/ ; elle regroupe maintenant presque 200 praticiens et a pour mission de mettre en application et de faire connaître l’enseignement explicite, tel que le décrivent C.Gauthier, S.Bissonnette et M.Richard, ainsi que d’autres chercheurs nord américains. Les enseignants qui le pratiquent en sont très satisfaits, et les jeunes sont en recherche de solutions efficaces dès lors qu’ils réalisent que les méthodes qu’on leur a inculquées ne portent pas leurs fruits dans les classes. (voir page Témoignages de notre site web)

Ici en France, nous avons une chose qui s’appelle liberté pédagogique; elle a été complètement galvaudée pendant des années, par le manque de pluralité pédagogique dans les instituts de formation. En effet, on ne peut être libre de son choix que lorsque l’on a une connaissance des méthodes existantes, mais surtout de leurs résultats. C’est ainsi que l’enseignant professionnel peut choisir la méthode à mettre en œuvre avec ses élèves. Les analyses et méta analyses décrites par les chercheurs canadiens, valident complètement l’enseignement explicite, ce qui est confirmé par les enseignants qui l’utilisent sur le terrain.

Il est très difficile de faire entrer des idées nouvelles dans l’institution éducative française, afin que le changement vienne d’en haut, mais mon expérience associative me fait dire avec vous que le vent tourne et que ça vient de la base. Espérons qu'il en sera de même pour l'école canadienne.

Amitiés de France
Françoise Appy

Armand a dit…

Cher Livingston,
Bien que non concerné (je n'ai fréquenté l'enseignement que comme enseigné), j'aime les blogs de profs quand ils sont écrits dans un français correct.
Je croyais que quand on désire expérimenter, on le fait à petite échelle et on effectue de nombreuses évaluations pour éviter les "accidents".
A première vue, comme l'avenir des jeunes qui sont confiés à l'éducation nationale est sans importance, les génies qui ont des idées, peuvent passer directement au "stade industriel".
Cela supprime toutes les étapes intermédiaires qui sont des pertes de temps.
Amitiés

Jonathan Livingston a dit…

Merci, Madame Appy, pour la référence et vos bons souhaits pour notre école québécoise. Nous en avons besoin!

Personnellement, j'ai eu du mal à trouver ma place d'enseignant dans ce fouillis socio-constructiviste qui choquait mes valeurs... Cette mobilisation des enseignants qui devraient prendre de l'ampleur dans les mois qui viennent me donnent beaucoup d'espoir.

Armand, ces amateurs vont se faire indiquer la porte de sortie bientôt ici aussi... Ils nous auront forcés à faire l'examen de notre mission à fond.

Le combat entrepris par Platon contre les sophistes, il y a plus de 2000 ans est toujours à faire. Fort heureusement, on peut leurrer les hommes avec des promesses un temps, la vérité finit par faire son chemin.