On prend tout cela bien au sérieux, dis donc!
Samedi dernier, Foglia a écrit ceci: «Toutes les revues de l'année l'ont passé sous silence; ce fut pourtant un évènement majeur de 2009: l'entrée en vigueur officielle de la nouvelle orthographe. On peut désormais écrire ognon ou oignon ou hognon ou hoignon, nénuphare ou nénufard; on peut écrire que l'imbécillité (ou l'imbécilité) des linguistes qui ont patenté cette réforme est incommensurable ou incaummenssurable ou inquomansurable ou inkommensurable. C'est vraiment comme vous voulez. Y a pu de faute. Soyez-en avertis: cette chronique prend le tournant de la nouvelle orthographe.
A l'évidence, cet extrait est un énoncé faux, sur toute la ligne... C'est évident. Après il faut retrouver l'intention. Faut lire le texte autrement, sur un autre niveau. Ok, Foglia est contre cette réforme et les linguistes qui l'ont faite... On pourrait se mettre d'accord là-dessus. Il fait de la désinformation? C'est gros, il me semble, à soutenir... La technique, en tout cas, va manquer son but puisque l'exagération répétitive l'auto-disqualifie.
Pour moi, c'est simplement du dépit sur un mode humoristique d'un vieux amoureux de sa langue et de ses singularités, pas de la désinformation...
D'ailleurs ce matin, Foglia dit ceci: «Levez la main ceux qui, lisant cela, ont réellement cru qu'on pouvait maintenant dire mouru et qu'on pouvait écrire hoignon. Là, voyez, pas plus de deux ou trois; et encore, ce sont des immigrés bulgares qui prennent ce cours de français presque obligatoire. Leur prof leur a dit de lire aussi Foglia, c'est facile comme tout.»
Foglia développe ce matin sa position... farouchement pour les anomalies...
Finalement, c'est la critique d'un poète et ces deux derniers paragraphes sont à méditer:
«Hon! comme j'aimerais travailler avec des experts à une réforme moderne du discours de Nietzsche. Tiens, par exemple, au tout début du Gai savoir, dans son prélude en rimes allemandes, quand il dit : Ma manière et mon langage te séduisent? Tu me suis, tu marches sur mes pas? Ne suis fidèlement que toi-même : et alors tu me suivras.
Ne pourrait-on pas simplifier par «lâche-moi les baskets»? Ou encore «fais donc à ta tête et ton cul sera pas malade»?
Mais bon, ce matin, Foglia fait une GROSSE erreur encore, la grammaire a été purifiée dans nos écoles, par les linguistes, du sens et de ses anomalies, en en créant de nouvelles...
Sale con, ce Foglia?
Hier PM a soulevé l'argument que les jeunes sont d'accord avec lui... Franchement...
Que peuvent-ils piger de l'éducation d'un autre temps blessée d'un Foglia sarcastique si on reste au niveau des sales cons butés?
Je pose la question...
Malheureusement, la belle unanimité autour d'une réforme ne peut pas s'obtenir. Personnellement, d'avoir deux possibilités de graphies pour plusieurs mots crée bien des complications, que je peux certainement gérer comme éducateur. Mais bon, comme bien d'autres choses, je pourrais m'en passer même si je comprends bien les arguments des linguistes et leur relativisme. N'empêche que pour passer une langue, une norme stable, c'est drôlement plus pratique. En Allemagne, on serait revenu sur une réforme constatant les confusions engendrées, il me semble avoir lu il y a quelques années. Je ne trouvais pas cet argument si con! Je le trouve plus crédible que le contre-argument de Cornellier sur les parents confus irrecevables. Ou finalement, on enlève toute la force de l'argument pour le mettre K.O. d'une pichenette. Procédés douteux. J'ai croisé aussi un autre argument intéressant: que peut-être c'était là la première réforme de l'orthographe où cent millions de francophones doivent changer leurs habitudes. Beaucoup de réformes ont été faites alors que la majorité était illettré. Qui plus est, aujourd'hui, nous pouvons en débattre très nombreux...
J'avoue que le fait que Molière ait écrit une autre langue pour me prouver que la langue est vivante et qu'on peut donc la changer me laisse assez froid. Que d'emmerdes quand on y pense. Mais bon, je n'en fais pas tout un plat. Je vis avec mon temps pour la simple et bonne raison que je suis dedans!
Mais bon, je peux admettre que des gens soient plus attachés à des détails que moi et je peux comprendre les inquiétudes des effets des linguistes et de d'autres spécialistes de l'éducation sur la qualité de l'éducation qui se fait en ce moment dans nos écoles. Je partage une bonne part de leurs préoccupations à ce sujet.
Et PM a tout à fait raison, les jeunes ne sont pas plus cons que ceux d'avant. On peut certes leur en montrer. Ils sont tout à fait capables d'apprendre à maîtriser leur langue. Par contre, le système a l'air de trouver cela une perte de temps et ne fait plus la place à la discipline des langues à l'école. Je scande avec PM: « Ils ne sont pas ignorants: on accepte qu'ils le soient.»
Mais bon, je me sens un peu dans l'obligation de rappeler que ce n'est pas dans l'insulte qu'on avance non plus... Les gens ont leurs visions du monde et y tiennent parfois beaucoup... Le jugement est une fermeture parfois nécessaire pour se démêler, mais bon on peut aussi essayer de comprendre un peu une fois revenu de son trop plein ou de ses émotions... Quant aux insultes, sans faire de morale, disons qu'ils sont réflexes parfois... Ça sort et ça fait du bien... On ne peut pas toujours être dans la gloire...
Enfin, toutes ses grosse chicanes donnent à réfléchir...
1 commentaire:
Tu vois, la réforme en Allemagne était autrement plus consistante et grande. Ici, on parle de tellement peu de changements que tu ne verrais pas la différence en lisant un roman. À cet égard, il y aurait plus d'erreurs de typographie que de modifications orthographiques...
Pour ce qui est de Foglia, si tu pars de mon billet original, je lançais l'idée qu'on pardonne plus facilement à ce dernier qu'à un Martineau, par exemple, parce que Foglia est «culturé». Il lui arrive même d'écrire n'importe quoi et d'avoir trois chroniques consécutives sur le même sujet qui sont incohérentes quand on les analyse tant dans les mots que dans l'esprit.
Quant au terme «sale con», Foglia insulte tellement certains individus que je ne voyais pas pourquoi je ne parlerais pas sa langue, remplie de si belles anomalies...
Mais, comme tu l'écris, dans toute bonne chicane, il y a matière à réflexion!
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