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mardi 23 février 2010

Histoire de linge sale ou pourquoi l'avenir regarde mal

Souvent, j'affirme à la dérobée, sans trop expliquer que le monde va très mal et que des temps très très dures nous attendent. En fait, l'an dernier, prenant de longs mois sabbatiques pour le plaisir simple d'avoir du temps libre, puisque je trouve un peu imbécile de donner ma vie pour ma retraite lorsque je serai vieux et peut-être impotent, je me suis pris d'un intérêt nouveau pour les questions financières un peu dans le contexte de la débâcle de l'automne 2008.

Internet est une ressource superbe maintenant. On y tombe sur des gens qui connaissent assez bien un domaine pour l'analyser en dehors de conflits d'intérêts liés au fait de travailler pour une institution.

Bref, j'ai revisité le blogue de Paul Jorion et je tombe sur cette petite analyse critique de certains comportements financiers. On y explique assez simplement que, de nos jours, on peut être une banque et, d'un côté, vendre des produits financiers qu'on sait simplement merdiques, qui vont hors de tout doute se casser la gueule parce qu'on sait que ce qui est dedans n'est pas viable et, de l'autre, parier des sommes faramineuses sur la dévaluation de ces mêmes produits financiers. Et empocher le «moton»! Bref, vendre de la camelote devient payant au cube!

Bref, il n'est pas étonnant que beaucoup de gens aient perdu  de l'argent dans leurs investissements avec de tels vendeurs de cochonneries sur le marché. Et ils ne sont même pas en train de frauder comme les désormais icônes de l'ignominie humaine, les Madoff et Earl Jones. Non, ils le font en toute légalité parce qu'il n'y a simplement pas de règles dans le milieu depuis la déréglementation progressive des comportements des banques dans les années 80.

Bref, comprenant le monde de requins dans lequel on place nos Réers et  nos fonds de pension, je suis toujours et davantage dubitatif concernant l'illusion de liberté 55 qu'on a fait miroiter à la classe moyenne favorisée, membre des clubs sélects des syndiqués, capitalistes par le biais de leurs gros fonds de pension. Je ne crois pas que le système illusoire qu'on a monté pour nous encourager à épargner et à investir va tenir ses promesses encore longtemps.

Et nos gouvernements n'en finissent plus d'éponger les failles de cette finance sans contrôle.  Et franchement, voyez-vous, quand je vois à la télé nos gouvernements nous vendre leurs beaux programmes de réinsertion au travail, avec la prémisse discutable qu'il y a des signes de reprise, je crois qu'on nous bourre.

Quand on regarde un peu les observateurs de la scène financière qui ne sont pas en train de nous vendre de la camelote, on a plutôt l'impression que ça regarde très mal. Et que notre monde soufflé de finance va encore crever ses bulles et nos gouvernements vont bientôt devoir passer aux comptes et nous au cash!

Ah oui, la Grèce, pour ceux qui ne le savait pas en était à mettre en garantie des revenus d'impôts futurs et ses revenus de loto. Vous avez vu, vous, le soudain intérêt de nos gouvernements pour la loterie en ligne? Ça m'a un peu, comment dire, intrigué... Quand on sait que les montages financiers de Goldman Sachs pour des pays comme la Grèce ont été fait pour frauder le reste de l'Europe, quand on sait qu'on a mis bien de la camelote dans le truc, peut-on avoir franchement confiance en ces institutions?

Bonne lecture!

3 commentaires:

Armand a dit…

Cher Prof,
Nihil novi sub sole (Rien de nouveau sous le soleil).
Sais-tu qu'on peut spéculer sur la chute d'une action ou d'une monnaie?
Un exemple célèbre est Georges Soros qui a gagné un milliard de livres en un jour, aux dépens de la Banque d'Angleterre.
"Le Monde" du 15 mai 1998 démonte le mécanisme...
Plus simple: Le marché des options.
Un exemple: je sais que le prix du café va augmenter. J'en achète 1000 tonnes, à livrer chez moi dans trois mois, à un prix convenu d'avance.
J'ai trois mois pour le revendre à un prix supérieur à l'achat.
Ah oui, l'effet de levier: on ne paie que 10% à la commande, le reste à la livraison...
Ceci est l'option "call", mais c'est aussi possible à la baisse (option "put").
Le monde financier est terrible et je suis heureux de ne pas en faire partie!
Amitiés

Jonathan Livingston a dit…

Oui, je sais, rien de nouveau, mais bon, le monde ordinaire ne sait pas trop que le monde est ainsi fait, que régulièrement nos jolies fonds de pensions se comportent contre nos valeurs sans qu'on puisse rien y faire. Il est assez admis que l'augmentation du prix des produits céréaliers de l'été 2008 a été causée par des prises de positions de grands fonds de pension d'enseignants, d'université, d'organisme de charité. Bref, on fait fructifier notre argent pour nos pensions généreuses en se comportant comme des Georges Soros en accroissant la faim dans le monde. Mais dans l'ignorance, on s'en lave les mains.

Le pire, c'est que personne n'a la liberté de ne pas mettre cet argent de côté dans ces grands fonds d'investissement.

Pourtant, investir, c'est souvent ponctionner sur l'économie, par le marché spéculatif en particulier, de l'argent qui en bout de ligne est payé par tout le monde.

La flambée des prix du carburant de l'été 2008 a été causée par des prises de positions spéculatives.

On vit dans un monde où des rentiers anonymes via des organismes d'investissement parasitent l'économie. On ne peut pas franchement manifester contre des sources de financement anonymes ni contre des gens qui font monter le coût des produits par des prises de position dans des domaines où ils n'ont pas d'affaire.

Ce qu'il y a de nouveau, par contre, c'est que l'État va nous demander bientôt de nous contraindre davantage parce que le modèle économique non viable qu'il a mis de l'avant se casse la gueule.

Le marché des options est une sorte de prise en otage de tout le monde. C'est un banditisme tout à fait intégré au système. Il est temps qu'on règlemente et contrôle les excès de la finance. De toute façon, les États n'auront pas trop le choix!

Quand on pense que le service de la dette est un paiement que la collectivité fait à des gens qui ne font strictement rien que de prêter du capital.

Quand on y pense, c'est une forme de mise en esclavage des nations par les trop fortunés de la terre... et les petits rentiers qui veulent une liberté 55 et ont les moyens d'épargner.

A étudier le monde de l'argent, on comprend un peu mieux pourquoi le monde a tant de mal et s'enlise dans le dysfonctionnement.

Armand a dit…

Cher Prof,
Les pensions au Canada, ne sont-elles pas payées par des "fonds de pension" (argent mis de côté "par délégation" à des banques) comme aux USA? ;)
En Belgique, on prélève les pensions de demain sur les salaires d'aujourd'hui.
Jouer à la cigale de La Fontaine (après nous, les mouches), en croyant que les gouvernements du futur ne vont pas laisser leurs peuples mourir de faim, n'est pas, non plus, une solution très altruiste! Cela risque de coûter très cher à nos descendants: vois ce qui se passe en Grèce...
Amitiés