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lundi 24 mai 2010

J'achève...

Drôle d'année. C'est un peu l'heure des bilans.

Je me suis retrouvé dans un autre monde cette année où j'ai finalement plus passé de temps à trouver des façons d'interagir pour arriver à mieux le saisir qu'à y intervenir utilement faute d'une fréquentation déterminée par la clientèle adulte d'ici.

Un automne suroccupé, un hiver quasi désertique en comparaison. J'avais ceux dont les chances de persévérer étaient les moins évidentes... Enfin, évidemment, avec la connaissance que j'ai d'eux aujourd'hui, je m'y prendrais sûrement autrement. Aurais-je réussi à les retenir plus à l'école pour raccrocher dans leur longue histoire de décrochage? J'en sais rien. Sans doute non, ça ne dépend pas juste des enseignants. L'expérience des 20 dernières années a répété le même genre de cycle. Je n'ai pas fait mieux ni pire... «Au début, y a plein de gens qui y vont; pis ils décrochent» me résumait un gars de la communauté impliqué.

Ça a été très intéressant en tout cas. Et ce n'est pas fini. L'an prochain, je travaille avec des jeunes qui ont les meilleures chances de réussir. L'opposé. Bon, je les connais déjà un peu: la collègue en suivait plusieurs qui venaient terminer aux adultes quelques cours qui manquaient.

Peut-on cerner en une année la culture autochtone dans sa complexité? Oui, si on prend des raccourcis et des lieux communs en guise de jugements ou de conclusions... En fait, leur culture est subtilement insaisissable et, en même temps, édulcorée dans le confort et l'indifférence de la modernité comme nous d'ailleurs. D'un côté, souvent, je ne les trouve pas si différents de nous.

Ma capacité à rester zen m'aide à suivre leur rythme. Dans la lenteur, on voit beaucoup de choses quand on ouvre les yeux et les oreilles. Ils ont souvent tout leur temps, ça change des énervés de nos grandes villes!

Ils sont des nomades sédentarisés, avec des rôles encore très marqués en fonction des sexes, dans une culture globale et androgyne développée par des sédentaires. La nécessaire structure dans les civilisations complexes leur échappe pas mal. Ils n'ont pas collectivement nos habitudes.

Je partage avec eux le besoin régulier d'aller plus loin changer l'air...

Ces communautés avec leurs grandes contradictions se cherchent. Entrer dans la modernité relègue presque de facto leur culture aux oubliettes. Déjà, elle s'érode inexorablement... Et l'éducation des autres pour eux? L'éducation structurée par un système est de la culture des sédentaires. Nomades, on apprend les gestes dans le mouvement dans la nature, pas les mécanismes d'un système humain global. Les registres, les règles, l'écriture ne sont pas dans leurs traditions. A part quelques-uns d'entre eux, surdoués d'adaptation, tout ça c'est assez inaccessible encore... On n'a pas idées comment en fait nous sommes pétris d'habitudes entretenues collectivement.

Je fais des boîtes, je déménage dans le même village. Les vacances dont une majorité de temps en Europe débute dans une semaine. Drôle de vacances avec l'année prochaine pleine de défis qui s'annonce. Une nouvelle tâche en septembre, donc des soucis! Peut-on se libérer la tête complètement des responsabilités à venir quand on les connait d'avance? Restons zen!

Bref, aujourd'hui, je commence mon sac à dos pour un mouvement nomade sur le vieux continent où plus qu'ailleurs la nature a été domptée. Après un an ici, le Québec et l'Europe risquent de m'apparaître bien différents encore. Le «rush» de surstimulation va me submerger comme sur ce boulevard à Sept-Îles un soir en décembre. Et en quelques jours, ça va passer... C'est assez fascinants, on est des bêtes d'habitudes.

Voyager longuement ou vivre ailleurs un certain temps fait relativiser bien des évidences! Je sais un peu à quoi m'attendre, maintenant. C'est toujours intéressant de voir les choses avec de nouvelles lunettes.

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