Pages

lundi 3 mai 2010

Twitt and shout! Ou de l'homme connecté en permanence

Hier, j'ai vu comme tout le monde à TMLEP, Denis Coderre nous parler de sa passion pour le hochey et de sa nouvelle et franchement étrange relation  avec ce nouveau média social Twitter.C'est juste comme un email pour des messages de 160 caractères qu'on envoie à un compte twitter. Les gens peuvent s'y abonner et suivre nos messages. Quelques réflexions sur la twittude...

Monsieur Coderre peut écrire jusqu'à 43 «One liner» de 160 caractères pour alimenter les abonnés de son compte Twitter. Il s'est même arrêté le long de la route pour écrire «Et c'est le but!» tandis qu'il se rendait en Beauce. Et tout le monde en disait du bien de Twitter: heille, merci de nous tenir au courant. Twitter serait la source d'information  première de bien des gens.

Bon, je note aussi le comportement de notre gouverneure général Michaëlle Jean qui twitterait à toutes les 15 minutes son petit commentaire pendant ses voyages, ce qui est une moyenne juste un peu meilleure que celle de Denis Coderre avec sa journée de 43 twits. Bientôt, on va inventer un poste d'attaché politique au compte Twitter chargé de recueillir et texter toutes les 10 minutes les impressions de nos chers politiciens.

C'est le gros «must» technologique des relations publiques. On veut montrer aux gens d'affaires à s'en servir. Aux enfants à l'école, à tout le monde...

Je ne sais pas, franchement, pour moi Twitter, c'est le summum de la cyberdépendance. Quand tu te mets à vivre pour ton fan club d'abonnés toute la journée, je ne sais pas trop comment on arrive encore à être attentif au réel, aux gens vraiment là en face de soi. Déjà, le cellulaire, qui interrompait constamment depuis des années la conversation, accommodait bien les gens qui aiment entretenir un rapport superficiel avec les autres. Avec Twitter, on atteint un sommet.

Et imaginez, de l'autre côté, il y a les gens qui s'abonnent à des comptes qui suivent tout cela. Personne ne se demande si les gens intelligents ne s'arrangent pas finalement leur compte que pour présenter le beau côté de leur médaille et passer leur petit message dans leurs charmantes lignes...

Enfin, pour ce que ça a d'intéressant de lire des petits commentaires d'une ligne... Surtout que le carton pâte qui fait figure de discours politique ne s'améliore pas vraiment avec le temps.

Ce qui m'a frappé à TLMEP, c'est que personne n'a trop remis en question ce vedettariat maladif hier et que tout cela devient une norme, sans qu'on se questionne, qu'on va répandre  et encourager.

Mais bon, les gens peuvent bien faire ce qu'ils veulent, il reste que je me pose de sérieuses questions, vais-je devoir bientôt twitter mes états d'âmes toute les 5 minutes pour  devenir le bon citoyen transparent qu'on est en train de fabriquer? Vais-je en plus devoir apprivoiser ce média pour accompagner en tant qu'éducateur les jeunes dans cette infernale machine addictive à illusionner l'ego à tenter la popularité? Vais-je devoir sans fin décortiquer ou m'adapter toujours au dernier bidule de vie virtuelle à la mode qui fait de nous des êtres obsédés par la diffusion de soi à l'univers pour éduquer à une utilisation raisonnable le citoyen de demain?

Je l'ai dit ailleurs: on vend de nos jours de la technologie qui tend à modeler nos comportements dans une direction allant vers la valorisation d'une relation sociale permanente sans recul. Les gens deviendront des courroies de transmission de message sans jamais prendre le temps de réfléchir un peu. On donne aussi l'habitude de faire confiance à n'importe quelle source, sans trop se soucier de valider les informations. Les dérives d'une telle habitude sont assez faciles à imaginer. On peut lancer de la rumeur dans le temps de l'écrire.

Je trouve toujours la tendance quelque peu inquiétante.

1 commentaire:

imaginezautrechose a dit…

Je suis tellement d'accord avec vos propos! Sans pour autant rejeter les nouvelles technologies, je ne twitte ni ne facebooke, je n'ai pas de cellulaire et n'en veux pas... Ça m'étourdit tout ça. J'ai bien aimé ces deux passages de votre billet:

"Je ne sais pas, franchement, pour moi Twitter, c'est le summum de la cyberdépendance.Quand tu te mets à vivre pour ton fan club d'abonnés toute la journée, je ne sais pas trop comment on arrive encore à être attentif au réel, aux gens vraiment là en face de soi." Totalement d'accord. Les gens placent un écran de cellulaire ou d'ordinateur entre eux et les autres, tout en se donnant l'impression d'être très près d'eux.En tout cas.

"Les gens deviendront des courroies de transmission de message sans jamais prendre le temps de réfléchir un peu." C'est très alarmant tout ça. Les gens ne prennent plus le temps ni de vivre, de regarder avec leur yeux, de cogiter, de réfléchir, de penser à ce qu'ils sont, à ce qu'ils veulent être et pire encore, à ce qu'ils veulent dire. Il y a tant de paroles et de messages superflus de nos jours. Pas assez de silence et de recueillement.