Je suis de retour dans mon petit village à l'autre bout du monde. La vie reprend son cours balisée par le rythme de l'école.
Dès la descente de l'avion, le directeur m'attendait et le travail reprenait! J'étais en retard! Avec le changement de boulot décidé après le choix des dates pour aller en Europe, je me suis retrouvé dans cette situation d'arriver au milieu de la première journée de travail.
Bon, le directeur avait la délicate tâche de me dire qu'on n'aurait pas le beau grand logement qu'on nous avait initialement attribué. Je m'y attendais! Bref, début d'année en contexte d'emménagement. J'en sors. On est assez bien.
C'était bien de retrouver un village où l'on connait beaucoup de monde. En une année, dans un petit village, on finit par connaître les gens. Ici, on ne salue pas beaucoup les gens, mais les gens se parlent finalement plus que dans une grande ville. Il y avait aussi les collègues de l'an passé dont certains sont devenus des amis qu'il a été bien de retrouver. Bref, ça donne l'impression d'appartenir à quelque chose comme une communauté, ce qui est assez rare de nos jours dans le monde occidental.
Côté tâche, c'est plutôt confortable. L'ambiance, dans l'école, est bonne. J'ai les trois niveaux au dernier cycle du secondaire en français, mais bon les élèves ne sont pas vraiment de niveau et leur lenteur au travail fait que ce que je préparerais pour un cours ailleurs en fait 2 à 3 ici. En 4, j'ai un bon lot de promus par compassion! Enfin, j'ai une vingtaine d'élèves en tout, assez tranquilles.
Bref, ici les attentes de performances ne sont pas très élevées. Il y a des candidats «diplômables» et les autres. J'ai le champ libre pour les expériences pédagogiques. Ici, c'est le défi qu'il faut mener sans se faire trop d'illusions. Les élèves sont à l'école parce qu'ils le veulent, parce que, dans ce monde autochtone, la notion d'école obligatoire est assez disons relative. Je n'ai pas de collègues pour m'obstiner en plus, je fais pas mal ce que je veux.
Alors en ce début d'année, je m'amuse avec une idée, celle du 5-15 minutes de grammaire en début de cours. Une ou deux phrases. On part de la base, notions par notions, avec une lente progression. Je suis dans les nature de mots et les fonctions les plus simples. Je fais observer les groupes dét-nom (adj) remplaçable par un pronom, les prép. qui annoncent des compléments, les pronoms toujours sujet, les pronoms complément entre le S et le V, l'ordre normal S-V-C, l'adverbe autour d'un verbe comme son adj., etc. Je fais observer les régularités quoi. J'ai beaucoup de mal à penser qu'on peut faire de la grammaire avancée quand des jeunes ont un mal fou à distinguer des noms, des adj. et des verbes dans une phrase. Et oui, c'est nécessaire dans mes trois groupes. Et je ne vois pas du tout ce qu'un exposé rapide et exhaustif pourrait donner, sinon une grosse perte de temps. Je fais doucement, pas à pas.
Je fais le pari qu'une activité simple répétée quotidiennement finit par se faire un sillon dans le coco. Et, ça semble être le cas. Ils commencent à mâcher de la nature de mot. Et dans l'écrit, quand je souligne une faute avec l'élève en parlant d'un accord oublié, il saisit le sens de ce que je dis puisqu'il commence à reconnaître les sortes de mots et leurs relations. Personnellement, je crois qu'on s'est tiré une balle dans le pied en oubliant ce genre d'activité d'analyse grammaticale systématique que j'ai pas mal vécu durant mon primaire et mon secondaire, il y a longtemps! Ces routines fondaient la connaissance de la langue.
Par ailleurs, on lit des textes et je fais extraire les idées principales de chaque paragraphe. Cognitivement, c'est un acte souvent difficile. A l'écrit, j'essaie, pour le moment, de leur donner une structure de paragraphes et de donner des stratégies pour écrire un peu plus rapidement, car ils ont la manie de polir une phrase pendant 10 minutes avant de passer à la suivante, ce qui rend la tâche interminable. Je suis très modelant quoi.
Hier, on a mangé des moules, qu'on avait passé la soirée précédente à nettoyer. La Basse-Côte a des bons côtés! Et puis, on est allé faire badminton comme à tous les mercredis soir avec un couple d'amis.
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