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vendredi 11 mai 2012

Réveiller les trolls: témoignage

 
              Troll

     Origine: Norvège
Je travaille avec les jeunes le conte fantastique. Dans un échantillon de 11 créatures mythiques et légendaires, ils doivent en choisir une pour réaliser bientôt une tâche d'écriture. Dans le lot, on trouve le troll, figure mythique bien connue des amateurs du Seigneur des Anneaux et des Harry Potter.

Il apparait curieux que le web ait opté pour cette figure mythique pour parler de ces commentateurs qui entrent soudainement dans l'atmosphère paisible d'un blogue et se mettent à cogner de la massue sur tout ce qui bouge.

C'est exactement la sensation, à un plan figuratif, que j'ai ressentie hier quand je me suis mis à lire certaines interventions qui entraient au rythme d'une toutes les 15 minutes depuis environ une heure et qui continuaient d'arriver pendant que j'essayais de répondre ou de parer à ces chocs. En plus, comme je le constate tous les jours, notre manie de lire sur le web fait qu'on lit en surface et qu'on manque souvent certaines nuances du message. Il était notable que des déformations importantes prenaient place dans la lecture de certains commentaires et que des détails prenaient des dimensions spectaculaires. Quand on se met à multiplier ces coups de massues, on finit par se dire qu'on ne va pas s'en sortir de rétablir des faits et le sens de certains passages. En plus, on lit des passages en forme de boulet rouge qui nous vise particulièrement dans quelques choses d'osseux comme notre identité professionnelle. Je peux dire que, sans distanciation volontaire, ce genre de coup percute et cause douleur. J'ai résisté beaucoup à la tentation de me laisser envahir par l'énergie du troll.

Le pire est que je ravalais depuis quelques heures juste à ce moment une espèce de déprime qui à l'occasion monte en soi et se cramponne comme une tique ou une sangsue qui pompe notre énergie. Le jeudi soir est un  soir propice à ce genre d'envahissement. La semaine avance et, à l'occasion, ce qu'on y vit s'avère décourageant malgré les gros efforts qu'on met à la tâche.

En somme, je venais de réveiller un monstre et quand je regardais sur mon indicateur le nombre de visites monter de 40 clics à l'heure, je me suis dit qu'il valait mieux arrêter les enjeux, ne serait-ce que pour aller me coucher à une heure raisonnable.

Bref, j'ai retiré mon entrée parsemée d'hyperboles sur les droits d'auteurs et, par le fait même, cette discussion qui aurait pu s'avérer intéressante.

Mais quand l'esprit du troll, cette colère sourde qui envahit certains et les font devenir hargneux et querelleurs, envahit la place, il n'y pas moyen de discuter de toute façon.

Je reviendrais surement un jour sur le sujet avec moins d'humeur pour exposer plus clairement ce qui me fatigue dans la notion de propriété intellectuelle à laquelle il me faudra encore réfléchir aussi. C'est évidemment un sujet chaud pour un goéland qui voyage depuis toujours, qui aime les rencontres et se promener dans de décors nouveaux et qui s'étonne de la présence de bien des clôtures et des palissades que les gens érigent. Évidemment, ces gens plus sédentaires que moi ont leurs raisons et elles ne sont pas nécessairement mauvaises.

1 commentaire:

Le professeur masqué a dit…

Ce billet était très intéressant. Tu ne devrais pas le retirer. L'éducation est une des vaches à lait du milieu culturel. Il n'y a rien de mal à l'écrire. J'aurais eu plaisir à échanger avec ton troll. D'ailleurs, je me suis déjà commis sur le même sujet, je crois.

Pas grave.