Depuis jeudi, nous avons repris la préparation du baluchon. Gros baluchon de
quelque 1500 kg avec les motorisés qui partira en train et en camion.
Nous l'avons repris, car le processus a connu une suspension de quelques
jours. En effet, nous étions revenus sur notre décision. Le printemps avait
apporté ses promesses de changement, et les réponses à nos demandes s'étaient
doucement alignées une à une pour éroder la liste des raisons qui motivaient
notre départ. Il faut dire aussi que, depuis le moment de l'annonce de notre
départ, nous avons dû vivre avec l'effet de celle-ci: plusieurs parmi nos
jeunes, surtout au 2e cycle, et des collègues, ne nous ont pas lâchés: on ne
voulait pas qu'on parte. On a peur, et ils ont tous assez certainement raison,
que l'an prochain tout retombe comme avant notre arrivée dans un certain chaos
où il se passait à peu près n'importe quoi sauf une atmosphère propice aux
apprentissages. Nous tenions les jeunes et exercions une influence certaine sur
tout le secondaire régulier. Après nous, on cherche le «leadeurship» qui pourra
assurer la continuité. Ma conjointe, particulièrement douée pour cette
influence, même avec son expérience limitée de l'enseignement au secondaire, a
su marquer les esprits.
Aussi, après avoir demandé à voir les tâches de l'an prochain, nous
avons finalement décidé de revenir. Pour moi, c'était bien, je perdais un
niveau, on me déjumelait les 3e, 4e et 5e secondaires pour ne garder jumelés
que les deux derniers niveaux, ce qui était une de nos demandes. On allait
trouver un collègue pour s'occuper du secondaire 1 et de l'enseignement
individualisé qui manquait cruellement de ressources compétentes en français.
Or, coup de théâtre, 3 heures plus tard, on nous prévient que la direction
générale exigeait que nous revenions sans notre chien. Une mesure aurait été
votée récemment pour interdire les canins dans les appartements de fonction de
la communauté. Nous avons quand même vécu avec l'idée de revenir pendant 2
jours avec l'intention de ne pas nous conformer à l'exigence. Nous n'en étions
pas au premier épisode de la charge anticanine de certains membres de notre
milieu.
Mais mercredi dernier, la direction de notre école qui avait tenté de
trouver une solution, a décidé de ne pas aller contre la direction générale et
nous a signifié que nous ne pouvions revenir avec notre compagnon poilu de tous
les jours. Notre poilu doit se sentir important, car nous avons sur-le-champ
pris la décision de sacrifier la perspective d'une rémunération conséquente
pour l'an prochain et d'une année dans un milieu où nous avons nos marques.
Nous considérons inconcevable l'irrespect manifeste de nos vies privées. On a
répondu par une mesure d'interdiction à des plaintes délirantes sans jamais
vraiment mener enquête ou demander à entendre les gens de la partie adverse. La
nuisance de nos animaux reste à démontrer. Le nôtre est particulièrement bien
dressé. Enfin, je ne peux entrer dans les détails de cette histoire délirante
où la phobie qui mériterait d'être traitée doit dicter l'ordre du monde.
Si ce n'était que nous, la semaine aurait probablement été plus facile à
gérer émotivement. Mais notre histoire s'est évidemment répercutée sur
l'entourage. L'enthousiasme suscité par notre retour a été aussi grand que la
déception de ce revirement de situation.
Bref, notre gala méritas a été émouvant et certains de nos jeunes vont se
rappeler encore longtemps de la notion d'ironie du sort qui fait que des profs
appréciés sont pratiquement remerciés à cause de leur animal de compagnie.
1 commentaire:
Je trouve cela très désolant, mais peu surprenant pour ce milieu parfois ... Différent, si on veut être poli.
Vous leur manquerez, je n'en doute pas.
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