
On parle encore d'anonymat dans la blogosphère de l'éducation.
Bon, je ne vais pas revenir sur les raisons de vouloir demeurer anonyme, elles me paraissent évidentes.
Que les vendeurs de TIC, les compagnies d'informatique qui ont intérêt à nous compliquer la vie pour grossir leur portefeuille, aient pignon sur rue, personne n'est surpris.
Évidemment, notre grogne enseignante qui devrait encaisser dans l'enthousiasme leur improvisation doit leur être chiante pas mal. Surtout que la grogne parentale commence à faire écho et que, peu à peu, la réforme se réforme...
On recule un peu. Les illuminés qui ont tout investi chialent, les ambitieux nagent entre deux eaux opportunistes, les vendeurs de machines doivent être inquiets...
En plus, les anonymes jasent entre eux, les «découverts» aussi. De toute façon, le débat est stérile. Il y a les intéressés (vendeurs, ambitieux, idéalistes qui vendent de la conférence ou qui justifient leur job à 100000$) et les exécutants perplexes, critiques, pris dans leur quotidien essayant de se représenter l'ensemble et de comprendre ce qui leur tombe dessus comme une catastrophe envoyée par les dieux... Il y a les apôtres du pouvoir et les employés qui n'ont pas le temps ni la capacité réaliste de s'organiser contre ce pouvoir. De toute façon, le pouvoir ne discute pas, il vomit mur à mur son idéologie de langue de bois difficile à comprendre qui est là pour appuyer ses promoteurs sans effort. Le système leur a fourni les arguments. Monsieur Tout de go est cynique quand il écrit qu'il voudrait avoir des représailles pour que ça fasse avancer les choses... Il fait penser à ces gourous du management. Son job doit bien payer. Il y a tellement d'ouailles désemparées (en fait des ambitieuses bien souvent) à remplir de solutions ou d'apparentes solutions.
Désolé, je n'ai même pas le goût d'être diplomate avec ce genre de farceurs,... car j'ai perdu espoir de la discussion véritable. Je n'ai pas le goût de discuter avec les défenseurs de l'utopie qui m'écrase... Pour dire les choses vraiment, parce que je préfère la vérité à la langue de bois et que, sans rapport de force, je n'ai pas de pouvoir de négociation. On discute depuis des années, on est dedans quand même jusqu'au cou...
Et donc je ne discute pas avec les patrons, je prépare un pouvoir de négociation et oui, c'est une guérilla. Évidemment, subtile, de mots, d'idées, de réflexions pour aider les gens à se sortir des raccourcis de l'esprit que le milieu nous sert pour nous bourrer. Bref, j'influence les miens... et si les politiques nous lisent pour savoir comment améliorer les choses ou rétablir des ponts ou du bon sens, ben nous n'aurons pas perdu tout à fait notre temps... Je suis juste une manifestation du retour du refoulé! C'est fatigant, je sais...
Le dialogue en est donc un de sourds de toute façon. Et l'appel des gens du pouvoir à la transparence est un bon vieux stratagème. Le truc est simple, on met un peu de fromage sur la clenche... Ou on enfume le trou, les lapins sortent et on tire... Car ceux qui publiquement interviennent sont encore assez rare mais, avec les blogues, on commence à se multiplier et on montre un peu les dessous pas trop propres et parfois ridicules de nos administrations.
Bref, on aimerait bien tirer un peu sur les moineaux comme moi et les autres qui sont donc négatifs, qui sapent l'esprit d'équipe, qui brassent les enthousiastes en religion. Ou tirer les ficelles pour nous faire taire subtilement.
Leur courage de s'affirmer, leur belle invitation au débat public, leur carnet du 27 juin, pour vanter notre société libre et démocratique ne va pas me faire brailler. Allez intervenir sur leur blogue, vous vous retrouverez sous le feu nourri de 10 intervenants féru de langue de bois et idéologues convaincus. Ces gens ne discutent pas, ils dominent. Encore.
Monsieur Tout de go n'a pas trop pris la peine de réfléchir à la position du prof qui donne des exemples vécus en camouflant le nom des élèves et de la direction ou de parents tout en mettant son nom... ou si, il y a très bien réfléchi et il fait un peu l'innocent.
L'esprit critique a beau être au programme, au quotidien, c'est une autre histoire... Monsieur Tout de go fréquente seulement les ambitieux, celles et les quelques ceux qui épousent la philosophie au pouvoir et dépense beaucoup d'énergie pour acquérir la langue de bois pour avoir de l'avancement... Ces gens comme lui avec un plan de carrière: enseignant, directeur, consultant privé dans un monde dans un monde mue par le progrès...
Ces forces de la nature qui arriveront quelque part en avançant à visage découvert, «à visière baissée» comme l'un d'entre eux aime à dire, oublie souvent que la vie n'est pas juste un plan de carrière. On peut aussi vouloir avancer à une autre rythme. Le rythme de l'évolution technologique dans l'école est une tornade qui au quotidien n'a plus de bon sens.
Pourtant, j'aime bien l'ordinateur, je m'en sers tous les jours... Les jeunes aussi. Chez eux. Je suis prof de français, j'aime aussi l'idée de prendre le temps de travailler la maîtrise de la langue calmement et d'avoir le temps de le faire. J'aimerais qu'on cesse de répéter qu'il est ennuyant de travailler la maîtrise de sa langue. J'aimerais aussi qu'on cesse de me faire prendre des vessies pour des lanternes, de me faire gérer de grosses situations d'évaluation qui en bout de ligne permettent une perte de temps monumentale ou une tricherie qui ne veut plus rien dire. Au secondaire, les portefolios et les bilans ne sont pas praticables avec ses volumes d'élèves sans virer fou. Je n'ai pas de clé usb intégré pour me greffer un peu plus de cerveau ou deux pour la tâche ni le don d'ubiquité.
Ces gens qui vendent des machines ont décidé de nous vendre leur monde rose bonbon. Nos supérieurs nous l'imposent sans discussion tranquillement comme un rouleau compresseur. Leur monde rose bonbon au quotidien est plein de bogues informatiques et humains...
Voilà pourquoi je me permets souvent anonymenent, quand j'en ai le temps, de remettre en question leur philosophie du progrès et leur mécanique digne d'un roman de Kafka.
Je sais, ça fait manichéen de décrire les choses comme ça, mais disons que malheureusement de ce temps-là, dans les milieux, c'est comme ça, on te reproche assez vite ton manque d'enthousiasme... Changer les mots-clés et on est en plein communisme... jusqu'on nous met pas en prison, ou on ne nous déporte pas en Sibérie. On est plus subtile que ça... C'est l'évolution, parait-il...