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samedi 13 mars 2010

Intégrer qu'ils disaient!

Variations sur un thème: l'intégration.

1-Intégration des élèves en difficulté

On fait grand tapage qu'il manquerait 1300 professionnels en éducation.

Ce ne doit pas dater d'hier! On raconte qu'un professionnel en congé de maternité n'est pas remplacé à la CSDM. Ce qui est bien avec l'information, c'est qu'on n'est pas toujours obligé de poser de questions et on respecte la nature du discours informatif! Je me demande donc pourquoi?

Évidemment, j'avais remarqué qu'il fallait être persistant pour obtenir une évaluation d'un jeune.

Bon, il est difficile pour moi de ne pas penser à la politique d'intégration des élèves en difficultés en classe ordinaire dans un tel contexte de pénurie de professionnels. On élimine depuis des années les classes d'adaptation scolaire où je crois qu'on en gérait pas mal avec des gens, qui sans être ces professionnels, avaient l'espace pour faire des interventions pertinentes et développer des expertises auprès des enfants en difficulté. Bon, dans la classe ordinaire de l'école publique devenue une sorte de salle des urgences, il est un peu difficile d'avoir un prof qui doit tout faire pour aider individuellement des cas lourds. Différenciation, pontifie les directions adjointes. Oui, oui, en même temps,  on n'a que deux bras, deux jambes, une tête...

2- Intégration des savoirs et de métaphores

Parlant d'intégration, je note aux passages d'une de mes lectures la réforme veut qu'on permette aux jeunes d'intégrer les savoirs. C'est à la mode l'intégration. Je ne suis pas contre, mais bon j'intègre ce que je comprends et ce que j'ai pu apprendre. Ainsi, un certain André «Renard» Roux serait sorti de son terrier pour refaire l'histoire de la réforme:
D’autres chercheurs qui possédaient une grande expertise dans l’approche socioconstructiviste ont pu démontrer que des pratiques qui mettent plus l’accent sur des apprentissages expérientiels que sur la transmission de contenus permettent aux élèves d’intégrer leurs savoirs au lieu de les oublier peu de temps après les avoir acquis. [Je mets l'italique].
Au risque de passer pour un des «beaux-frères-mal-renseignés-qui-ont-une-opinion-et-qui-détiennent-la-vérité-absolue-sur-tout » (ce sont les mots du renard), je trouve cette affirmation quelque peu présomptueuse. On attend toujours, je pense, la «démonstration» de la «grande expertise» de ces chercheurs dans l'approche socioconstructiviste.

Le texte intègre des métaphores qui nous éclairent sur l'impression qu'on les hérauts de la réforme d'être de nouveaux martyrs, mais attention ils sont «résilients», plein de courage!

Le titre a la couleur du texte: Le jour où l’on a voulu tuer Thélème - Réflexions sur un retour à l’eugénisme intellectuel. Curieusement, je découvre que l'Abbaye de Thélème décrite par Rabelais dans  Gargantua où l'on veut instituer un «Fais ce que voudras» développe une conception eugéniste: "Ici apparaît pour la première fois depuis l’Antiquité la notion d’« eugénisme ». Les pensionnaires de Thélème seront sélectionnés. Les femmes seront « belles, bien formées et bien naturées, les hommes beaux, bien formés et bien naturés »" (Abbaye de Thélème, Wikipédia). Bref, drôle de titre, le renard décale l'eugénisme de Thélème à l'eugénisme intellectuel, qui dans son esprit renvoie, on le suppose, aux traditionalistes qui veulent sélectionner les gens sur des bases intellectuelles. Je notais dernièrement, que l'esprit de la  réforme cependant se passait apparemment bien dans des écoles privées où l'on sélectionnait. Et que la contestation de la réforme la plus vive vient de l'école publique montréalaise prise dans l'impossibilité de sélectionner et les classes hétérogènes. Mais bon...

Rabelais opposait dans cette vision utopiste l'esprit d'une éducation monastique pleine de règles et de contraintes. Comme dans la réforme, toutes ces bonnes gens apprenaient dans la liberté ou le libre-arbitre. Le résultat était rien de moins qu'exceptionnel:

Ils étaient tant noblement instruits qu'il n'y avait parmi eux personne qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d'instruments harmonieux, parler cinq à six langues et en celles-ci composer, tant en vers qu'en prose. Jamais ne furent vus chevaliers si preux, si galants, si habiles à pied et à cheval, plus verts, mieux remuant, maniant mieux toutes les armes. Jamais ne furent vues dames si élégantes, si mignonnes, moins fâcheuses, plus doctes à la main, à l'aiguille, à tous les actes féminins honnêtes et libres, qu'étaient celles-là. Pour cette raison, quand le temps était venu pour l'un des habitants de cette abbaye d'en sortir, soit à la demande de ses parents, ou pour une autre cause, il emmenait une des dames, celle qui l'aurait pris pour son dévot, et ils étaient mariés ensemble; et ils avaient si bien vécu à Thélème en dévotion et amitié, qu'ils continuaient d'autant mieux dans le mariage; aussi s'aimaient-ils à la fin de leurs jours comme au premier de leurs noces.
                                                        Rabelais, Gargantua, Chapitre LVII


Bon, parler 5 à 6 langues et tout cela, sans règle aucune, me laissent songeur. Rabelais n'avaient pas appris à écrire à Thélème et devaient avoir, comme aujourd'hui certains, l'impression que l'apprentissage pouvait être plus facile que cet ordre contraignant.

3-Intégration des TIC

Pour moi, formation aux TIC, cette semaine. Bref, on a regardé naviguer la conseillère de sites en sites. On a pris des notes. On a copié des fichiers, papillonné des applications «cutes». Mais bon, voilà la formation. Après, l'intégration des TIC suppose des heures et des heures d'exploration des sites par l'enseignant pour voir comment articuler tout ça dans sa classe. Et franchement, quand je passe derrière, c'est pour me rendre compte trop souvent que le survol superficiel avec la conseillère montre finalement ce que sont beaucoup de ces sites, des survols souvent limités éparpillés aux 4 coins du Web. Pour un bout de celui-là, faudrait acheterun logiciel, pour celui-là, un abonnement élève, etc. Que de joies à découvrir! Pour faire changement, ou animer le TBI, ce tableau numérique si fabuleux, que je n'ai jamais vu encore en action parce que bon, la vie est ainsi, l'intégration suppose aussi bien des sous.

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