Je viens de lire un texte qui démonte, comme dans l'émission Comment ça marche? le «bête solutionnaire» de la réforme qui s'achète en se laissant endormir par des sophistes parce que le prof moyen, le parent moyen, le penseur moyen ne pense pas vraiment. Il en a juste l'air. Il collectionne les beaux raisonnements et les reproduit, les disserte avec un air savant dans des conversations de salon ou devant une classe, les twitte, les diffuse sans prendre la peine de faire son petit examen de la solution. Sans franchement en plus se douter qu'il ne comprend rien à rien du sous-jacent . Personne ne connaissait ça, par exemple, des compétences transversales et je me demande si on le sait même un petit peu plus aujourd'hui même s'il est banal de «ploguer» maintenant pour faire «in» l'expression. En tout cas, on ne les évaluera plus, paraitrait-il, faute de bien les saisir, si je ne m'abuse, est-on en train de méditer dans les hauts lieux de l'éducation! Ça aura pris 10 ans pour se réveiller, mais bon, qu'est-ce que 10 ans dans l'histoire du monde après tout! Moi, j'ai juste pas compris la première fois et ai senti que le gars qui avait rédigé le truc s'emmêlait lui-même dans sa corde. Je suis devenu sceptique de la réforme à cet instant. Mais bon, j'ai pas de mérite, chez nous, c'est un réflexe. J'ai beaucoup de doute que l'esprit critique se montre à l'école, ça prend un peu plus de percussion au départ pour sonner la naïveté satisfaite. On a pu trop de marge, si vous me comprenez! Et pis bon, faut laisser le jeune à son processus d'apprentissage. Bref, les jases d'Oies au secondaire inondent les tympans...
Juste pour montrer l'aberration conceptuelle de la chose, ma copine fait des cours ÉDU (quelle horreur!) d'université avec la Teluq. La définition de compétence, c'est un tableau sur 2 pages. Elle est évidemment sonné presque « sans connaissance»! Je lui ai dit: «Welcome in the wonderful world of the wizard of Oz». Et la parabole tibétaine, où un moine remplit une tasse de thé devant son apprenti trop plein de certitudes (et non, ce n'était pas des connaissances nécessairement, bande de twitter-speedzen) et la laisse déborder pour lui faire la leçon ne l'a pas aidée! Comme dirait un autre que j'ai lu ce matin à la chute rigolote, faudra ramasser le dégât pareil!
Bref, j'aurais pu écrire ce texte, je connaissais ces études en psycho-cognitive et sur la lecture, mais bon Normand Baillargeon y a pensé avant moi! Dans sa compilation de textes Contre la réforme, on retrouve ce texte publié dans la revue A bâbord et ça s'intitule :
2 commentaires:
Comme toujours quand il s’agit de « nouveaux outils », on voit apparaître la horde des pros et celle des antis, nous promettant miracles ou apocalypses.
Personnellement, je préfère dire que les nouvelles technologies sont soumises à l’utilisation que va en faire l’enseignant et cesser de faire croire qu’elles vont envahir l’école, en sonnant le glas des apprentissages qui s’y font encore.
Déjà, il serait bon de préciser un peu de quelles technologies (Internet, les ordinateurs, les TBI) et de quelle école nous parlons (Maternelle, Primaire, Secondaire). On peut en effet parfaitement imaginer un usage positif du TBI dès la Maternelle, et considérer que les élèves de cet âge ne devront apprendre l’usage d’un ordinateur que plus tard. Ce n’est qu’un exemple.
Une autre façon d’aborder la question : ces technologies sont-elles propres à améliorer les apprentissages faits par les élèves sur un plan cognitif ? La réponse n’est pas si simple. Les méta-analyses de Slavin, par exemple concluent que ce sont les méthodes d’enseignement qui ont le plus d’effets sur les élèves, devant les programmes et les moyens technologiques. Il est clair qu’une méthode pédagogique inefficace restera inchangée, même si elle baigne dans le plus high tech des environnements numériques. Si en même temps qu’on enseigne l’usage de la calculette, on décide de ne plus demander aux élèves d’apprendre leurs tables de multiplication, il est clair qu’ils ne les connaîtront pas. Mais cela n’empêche pas la rumeur d’imputer à l’arrivée de la calculette dans les classes, les déficiences en calcul.
Mais on peut aussi se demander si ces technologies peuvent améliorer les pratiques des enseignants.
Seront-t-ils plus efficaces avec des craies multicolores, un tableau vert et une brosse ? Ou bien avec un TBI, ses palettes d’outils graphiques, ses capacités de stockage, etc. Personnellement, étant praticienne de l’enseignement explicite et utilisant un TBI quotidiennement depuis presque deux ans, je peux affirmer que cet outil facilite ce genre de pratique et permet encore plus d’efficacité.
Le débat sur les TICE fait passer au second plan les méthodes pédagogiques et c’est bien dommage. En effet, nous savons maintenant que les méthodes pédagogiques ne se valent pas toutes et le plus sophistiqué des environnements numériques ne rendra pas meilleure une méthode inefficace. De la même manière qu’il n’annulera pas les effets d’une méthode efficace.
En matière éducative, les raisonnements binaires ne rendent pas compte de la réalité et aboutissent à des aberrations du type : « apprendre à déchiffrer empêche la compréhension », « accumuler des connaissances ne permet pas de raisonner » et la sempiternelle opposition entre tête bien faite et tête bien pleine … En ce sens, l’article de Normand Baillargeon est très intéressant et j’adhère complètement à l’idée que l’on ne peut raisonner sur du vide, ainsi qu’il l’explique. ED Hirsch a une expression très parlante à ce sujet, il évoque le « velcro mental » au sujet des connaissances qui viennent s’agréger les unes aux autres fournissant ainsi matière à réflexion et raisonnement. Mais je pense aussi que les TICE peuvent être au service de cette acquisition des connaissances, sous le contrôle étroit de l’enseignant. J’enseigne en primaire, donc je réagis par rapport à ce niveau d’enseignement. En tout cas, j’aimerais pouvoir considérer l’enseignant comme un professionnel c’est-à-dire quelqu’un qui est redevable des résultats obtenus et qui choisit les meilleurs outils pour y parvenir.
Cordiales salutations et merci pour vos textes toujours très riches.
Merci pour cette intéressante réflexion. Je crois aussi que la technologie peut aider à l'amélioration de notre enseignement.
Je vois très bien des potentiels à ses outils dans le cadre de méthodes efficaces d'enseignement.
Malheureusement, les développeurs de TIC ne se concentrent que sur la pédagogie de projets contestée par pour le moment et voient dans la numérisation du système la justification des programmes et la panacée à nos déboires d'application de la réforme socio-constructiviste actuelle au Québec. Il y a là pour plusieurs un mirage.
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