Pages

samedi 7 août 2010

Fissures dans le «Polytically correct»

Tiens, un petit sujet chaud pour changer!

Cet été, je suis en France en touriste pépère. Disposant de facilité d'hébergement et d'un certain confort en pleine côte d'Azur, la famille de ma conjointe y vit, j'ai le loisir de calmement vaquer à mes occupations sans trop stresser pour m'adapter, ce qui tranche avec mon mois de juin où l'on a fait, avec nos sacs aux dos, les pays scandinaves. Tranquillement, après une période des plus oisive, faite de plages et de lecture, je rouvre un peu les yeux sur ce qui m'entoure et depuis peu la télé, ici française.

Intervention française sur la délinquance «ethnique»


Fait étonnant, cet été, le gouvernement français s'active avec diverses propositions assez musclées à l'encontre d'une certaine délinquance «ethnique». Et hier carrément, des ministres se sont mis à dire ce qu'on ne peut dire en France et dans bien des pays occidentaux en fait: «Même si ce n'est pas bien de le dire, comme tout le monde sait, on ne peut pas ne pas faire un certain lien entre la délinquance et l'immigration».


Hier, on intervenait pour expulser les Gens du voyage (Roms ou Tsiganes) occupant un terrain illégalement tout en présentant les résultats d'un sondage sur l'opinion des Français concernant les mesures proposées par Sarcozy et son équipe. On y révélait de forts taux d'appui des Français à certaines mesures mises de l'avant par la présidence récemment: la possibilité de révoquer la citoyenneté française à des délinquants ethniques, une volonté d'intervenir pour enrayer la délinquance dans certains secteurs avec diverses mesures pour le moins étonnante au pays des Droits de l'Homme (rendre les parents de délinquants responsables et passibles  de peine d'emprisonnement, imposer même après la peine des bracelets électroniques aux délinquants, démanteler les camps illégaux romanichels, peine plancher de 30 ans pour le meurtre de gendarmes et de policiers, etc.)


Et les mesures, d'après ce sondage récent, recueillent un appui de la population assez impressionnant et ce, autant des gens votant pour la droite que des fidèles de la gauche. Au Parti socialiste, qui était d'abord monté aux barricades, on semble maintenant désarçonné par ce fort vent d'appui.



Observations directes de réalités dont il ne faut pas parler

Pour qui s'est un peu intéressé à la question ces dernières années, il faut dire que ces problèmes couvent depuis longtemps ici. Combien de conversations ai-je pu entendre ces dernières années où des Français expriment leur exaspération devant divers abus constatés du système par une population ethnique issue des vagues d'immigrations récentes? On sent une forte présence étrangère partout en France maintenant. A vue d'oeil, on dirait un bon 30% de la population un peu partout n'est pas de souche, comme on dit par chez nous. On aurait tort de croire qu'on trouve seulement à Paris des «zones de non-droit». Ici même à Saint -Raphaël, les Roms ont débarqué et saccagé un grand parc publique. A leur départ, on a sorti 12 tonnes de déchets de l'endroit. Dans certains quartiers de Fréjus, l'agglomération adjacente, régulièrement de jeunes arabes mettent le feu à des voitures me contait un membre de la famille élargie en visite. Sa propre bagnole y était passé il y a quelques années, lui qui travaille pour une entreprise familiale présente depuis les années 50 dans ce quartier de Fréjus. J'ai pu voir quelques jeunes à l'allure arrogante en ville qui tranchent avec les habitudes ordonnées, discrètes et polis des Français. Passer dans certaines zones deviennent des «provocations», exprimés en ces termes par des délinquants ethniques réclamant le contrôle de certaines zones qu'ils se croient en droit de s'approprier. Dans ces villes de retraités, évidemment le sentiment de sécurité est souvent remis en question par cette délinquance visible et tapageuse. Les gens se barricadent en France auront remarqué les touristes parmi les moins observateurs. Fréjus compte maintenant son quartier de RMistes (équivalent de nos BS) au couleur ethnique certaine et plusieurs s'éloignent de ces zones «chaudes». En 2007, je passais à Marseilles et on me disait de faire gaffe avec les Arabes de certains secteurs. J'ai entendu les récits épiques d'altercations nocturnes avec recours à un langage intimidant pour se faire respecter («tu te barres, l'ami, ou je t'explose la tronche!») d'un ami Québécois installé à Marseilles depuis des années. Un autre ami, un costaud, en visite chez ce dernier, s'est même fait agressé un soir sans avertissement. La réalité derrière ces sondages ne me semble pas de la fiction seulement opportuniste, contrairement à ce qu'on aimerait croire.


Ceci dit, ici la crise frappe de chômage beaucoup de gens et contrairement à ce qu'on fait au Canada, qui ne me semble pas moins frappé, on en parle régulièrement dans les médias.  Bref, les gens ont peut-être du temps pour exprimer certaines indignations qui couvent depuis longtemps. Ces périodes sont, on le sait, historiquement propice à la montée des intolérances.

Parallèle avec l'éducation

Cette situation me rappelle cet article paru au début du mois sur des mesures en Grande-Bretagne permettant le recours à la force par les enseignants à l'école. J'ai été frappé par la présence, dans les commentaires de l'article qui en faisait état sur un blogue québécois, d'un ras-le-bol de beaucoup de gens sur les conduites irrespectueuses des jeunes. Même si cette mesure ne joue pas dans l'ethnique, il m'a semblé que l'on y exprimait plus ouvertement que ces dernières années, la nécessité d'une certaine vigueur pour régler les problèmes d'inconduites.

Dans tout ceci, ne voit-on pas un peu l'expression d'un ras-le-bol du laisser-faire et laisser-être d'un manque d'interventions et d'exigences dans le domaine du respect des règles de vie en société? Il semble que l'on remette en question la recette usée de l'approche rationnelle qui consiste à tolérer et d'inviter les gens à une meilleure conduite en leur tenant un discours explicatif, en les mettant en réflexion. On commence à remettre au goût du jour des expressions comme la punition, l'autorité. J'ai vu le mot «détention» pour «retenu» sur un autre blogue. Il faut dire que je ne suis pas étonné: j'ai été témoin de classes à quelques occasions à titre de suppléant à l'allure de «zone de non droit».

Suffit les gants blancs et les pincettes?

En revenant, dans l'ethnique, j'ai été étonné de sentir une certaine interprétation  ou supposition de manipulation pour prendre le contrôle de certaines zones à Montréal par des postures «victimisantes» exagérées dans les propos d'un blogueur très fréquenté. Et ce, sans trop susciter de vagues. Vous ne trouvez pas que l'expression (l'air) du temps change un peu?

Et je me demande si finalement ces débats souvent houleux qu'on observe dans les fils de discussions sur Internet ne donnait pas finalement plus de présence réelle à certaines préoccupations des gens qui ne sont pas toujours «policaly correct», ces sujets qu'on aborde avec des pincettes depuis tant d'années.

Aucun commentaire: