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vendredi 13 décembre 2013

Pourquoi les enfants n'aiment pas l'école?

Depuis 15 ans que je suis dans le métier, j'en ai entendu des niaiseries et j'en ai aussi lu!

Mon cours de psychologie cognitive était loin dans ma casquette, mais il en restait toujours des traces qui me faisaient douter des âneries du monde de l'éducation.

Pour faire changement, je suis en train de lire ce livre plus qu'intéressant, écrit par un expert en psychologie cognitive, David Willingham, enfin il est professeur à l'Université de Virginie. C'est un livre écrit à l'intention des enseignants sur le fonctionnement de notre cerveau et ses implications pour l'apprentissage.


Capitaine Hurlevent disait chez le Profquifesse qu'il achèterait 1000 Légendes pédagogiques pour moins expliquer ses refus de faire des projets avec les collègues. Moi, j'achèterai 85000 Pourquoi les enfants n'aiment pas l'école pour en donner un à tous les profs de la province. On arrêterait-tu d'en dire des niaiseries? Peut-être moins, en tout cas! Lecture obligatoire pour l'establishment des Sciences de l'éducation et nos amis du MELS.


C'est un livre qui nous explique avec bien des exemples comment fonctionne la conscience qui réfléchit (mémoire à court terme), emmagasine les informations, les traite et qui apprend. Il fournit des pistes pratiques pour l'enseignement et défait un bon nombre de mythes pédagogiques aussi en apportant surtout beaucoup de nuances, ce qui rend son exposé fort intéressant. D'ailleurs, on dirait qu'il a écrit son livre en essayant de respecter les principes qu'ils nous expliquent!


Je pense que si on prenait les deux livres, celui de Willingham et celui de  Baillargeon, qu'on ajoutait aussi n'importe quelle synthèse des recherches sur l'efficacité en enseignement (Hattie, par exemple) et qu'on passait en revue notre beau Programme de formation de l'école Québécoise et qu'on y enlevait tout ce qui ne devrait pas y être pour le salut de nos enfants, parce que sans fondement ou carrément erroné. Ben, j'ai l'impression qu'on serait bien obligé d'en réécrire un... Car, il ne resterait plus grand-chose. Maudit que nous sommes dus pour passer à autre chose!


Bref, il faut enseigner des connaissances, les connaissances générales permettent la compréhension en lecture qui est automatique quand le cerveau peut faire un sens avec ce qui est stocké en mémoire à long terme (le Nirvanet, les connaissances disponibles sur Internet ne servent pas trop à nous faire réfléchir efficacement); il ne faut pas avoir peur du par coeur quand c'est utile; apprendre, c'est faire et refaire, s'entrainer quoi. Ce n'est surtout pas penser que les jeunes peuvent penser et faire comme un expert (si on veut qu'ils apprennent quelque chose en tout cas). Les experts ont commencé par être des amateurs. Préparer une tête à penser, c'est surtout lui faire automatiser bien des processus pour dégager la mémoire de travail. Il faut au moins dix ans dans un domaine pour devenir un expert. La métacognition, la tête pleine ou débordée, c'est absurde et plate! Il est difficile d'approfondir et de faire approfondir la compréhension, de passer du concret que l'on connait à l'abstrait qui résume ou unifie beaucoup de situations qui obéissent à une règle ou une loi; nous restons le plus souvent dans des processus de compréhension de surface, idéalement il faut donner beaucoup d'exemples pour permettre l'éclosion de la pensée plus profonde; il faut pour cela surtout ne pas s'enfarger dans les détails à cause d'un manque de connaissances générales ou du domaine... et j'en passe et des meilleures.

Bref, pour apprendre, il faut y penser, et notre job est donc de faire en sorte qu'ils y pensent! Même si fondamentalement, on n'aime pas plus qu'il ne faut réfléchir. C'est logique, quelque chose à laquelle on doit trop souvent penser qui encombre notre mémoire de travail doit la dégager, la mémoire arrive à se dégager en automatisant ce qui nous occupe, ce qui laisse de la place pour penser à autre chose...

On a tous appris à conduire et à lire en étant au début bien occupé...

Bref, on n'aime pas faire des trucs trop compliqués ni trop faciles pour nous et nous aimons tous les histoires. Les jeunes obéissent aux mêmes lois.

En terminant, j'ai aimé une phrase qui disait en gros que la plupart des jeunes ont plus de points en commun pour apprendre que de caractéristiques qui les rendent différents.


À LIRE IMPÉRATIVEMENT!

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