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vendredi 9 avril 2010

S'inspirer du langage des chiens? !!! - ajouts

Ma conjointe a été 17 ans monitrice d'équitation et a fait de l'élevage canin. Je suis souvent fasciné par sa connaissance de la psychologie animale.

Récemment, elle m'a appris une chose tout à fait inouïe! Les chiens communiquent clairement leurs limites et même éduquent leur progéniture avec un langage des plus clairs: Grrrrr!

D'abord, j'ai remarqué amusé que quand le chiot, qui s'incruste chez nous depuis une semaine, faisait un truc dérangeant, ma conjointe grognait, juste un petit grrr, pas besoin de baver là! Le chien comprenait instantanément le message. Depuis, j'éduque moi (oui , oui à pas mordre les chaussures par exemple) aussi le chien avec des grognements ou je lui dis que j'en ai marre qu'il me morde le pied pour s'amuser de la même manière. Heille, c'est magique! Efficace. Pourtant, je croyais en connaître un bout sur les chiens, mais là, wow!

Hier, je lui disais justement que j'étais fasciné par cette efficacité redoutable et elle m'a raconté comment les mères souvent éduquent leurs chiots et gèrent leur petit monde à coup de morsures au collet et de grognements, ça peut aller jusqu'à plaquer au sol sur le dos. Elle me disait que ce n'est pas tous les chiens qui savent parler le chien. Quand les humains les retirent de leur milieu naturel, de leur vie de chien, ils se peut qu'un chien n'ait pas appris le signal non équivoque du grognement. Elle a observé aussi chez ses chiennes porteuses différents styles: certaines mères se laissaient faire, d'autres étaient des plus autoritaires ou très directives. Ensuite, les chiens en bande aussi utilisent ce langage pour se signifier de garder une distance respectable ou affirmer sa position hiérarchique dans le groupe. C'est aussi une manière simple de signifier:  Heille tu me tannes, laisse-moi tranquille!

Les chevaux ont aussi ce langage. Elle m'a parlé qu'il y avait des étalons qui étaient de très bons pères qui jouaient avec les poulains. Et qui, quand il finissait par être tanné de jouer et que le jeune ne voulait pas lâcher, il communiquait un langage clair: il baisse la tête, arrondit l'encolure, les oreilles en arrière, mord plus fort au collet (leur jeu favori en passant) et si ça ne le fait pas: il tape.  A la longue, ils en viennent à comprendre les signes fort visuels et non équivoque.

A  l'écoute de tout cela, je remarquais encore une fois qu'une certaine expression d'agressivité est normale dans les relations entre congénères animaux et qu'en bout de piste, les animaux, où les hiérarchies et les messages sont clairs, font souvent des animaux assez calmes. Je me disais que franchement en nous interdisant les humains de plus en plus toute violence contrainte ou expression d'agressivité modérée, même celle qui ne fait que renforcer un langage clair du besoin de respect, d'être laissé en paix, peut-être que nous rendions finalement notre langage de moins en moins clair pour exprimer certains besoins évidents d'intégrité, de repos, de distance raisonnable.

Enfin, à voir la normalité des enfants d'aujourd'hui de «gosser» les adultes et manquer au final d'éducation, je me dis qu'il y a des coups de dents qui se perdent! Tiens, ça me rappelle mes scouts, les jalons d'apprentissages y étaient décorés de coups de dents!

Enfin, voilà bien longtemps, depuis mon entrée dans l'âge adulte et aussi dans les cercles intellos universitaires que je remarque que la violence  le rôle de l'agressivité dans les rapports est un tabou indiscutable, alors que je l'avais connue comme une composante réelle dans mon enfance sans m'en porter vraiment plus mal. J'ai toujours cru que l'expression de l'agressivité pour défendre son besoin d'intégrité avait une certaine légitimité. Et aussi qu'une utilisation adroite de cette force formait à l'apprentissage du respect de l'autre. En fait, on le voit, les animaux utilisent naturellement un forme de contrainte pour favoriser l'émergence de rapport plus harmonieux et tempérée.

On s'étonne des explosions de violence qui est de l'agressivité exacerbée ou de l'affirmation extrême de son besoin de respect. Quand on est élevé à tout endurer et à ne pas avoir le droit de grogner et de mordre pour se faire respecter, on peut comprendre qu'un jour, la colère contenue explose comme une bombe.

Je ne crois pas comme d'autres que l'information règle l'agressivité. C'est l'éducation au respect de l'autre et à la clarté non équivoque de ces messages d'énervement par un contrôle de l'agressivité dans des gestes de contrainte éducatif qui apprend aux jeunes à gérer des rapports plus harmonieux. Ensuite, les animaux sortis de la sphère maternante apprennent à gérer aussi leur relation de façon plus libre entre congénères.

Je me demande si les enfants ont assez d'espaces pour gérer eux-mêmes de nos jours avec ces centres de la petites enfance et l'école qui constamment gèrent les conflits pour eux. Ensuite, y a-t-il encore des figures parentales pour contraindre le jeune à ce respect de l'autre dans des moments clés de son histoire, ne serait que pour apprendre à lire clairement la gradation de l'énervement de l'autre, les messages clairs d'un abus contre l'intégrité de l'autre? Si les enfants apprenaient les limites respectables à ne pas franchir par une accompagnement clair de l'adulte qui se fait respecter, on verrait peut-être plus de respect de l'autre chez nos adolescents et moins de violence gratuite ici et là.

Quand on observe les animaux, on met rapidement en doute des visions rousseauistes faisant de l'homme un être bon naturellement. Non, pour le devenir, comme l'animal qui apprend à gérer son rapport à ses congénères, il a besoin d'être éduqué. L'agressivité n'est pas une chose à réprimer, mais à contraindre et orienter, bref à éduquer puisque indéniablement c'est une force (émotionnelle, comportemental aussi) que nous avons en nous  pour ne pas se faire écraser par l'autre, pour équilibrer nos rapports finalement entre congénères.

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