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mercredi 23 février 2011

Petit plaisir sadique!

Bon, je ne crois pas que ça fait un titre très «politiquement correct», mais il ne renvoie pas non plus à un trait de personnalité. C'est un moment comme ça qui m'est arrivé hier lors de l'examen de mon groupe de sec.4. 

Ces jeunes sont un groupe assez immature en plus d'avoir plusieurs membres assez limités ou  qui ne donnent pas leur potentiel. Enfin, plusieurs d'entre eux sont rendus là parce qu'il faut bien les faire avancer à défaut de pouvoir les faire reculer. Bref, le secondaire 4 est le groupe difficile, qui t'envoie promener régulièrement, celui dont tous les profs se parlent en coulisse un peu tous les jours. Bon, ils ont de bons moments aussi quand il n'y en a pas trop de gelés.


Toujours est-il que personne à l'école ne les voit en secondaire 5 l'an prochain avec cette attitude générale. Aussi, le directeur est venu leur dire récemment que, pour le moment, avec leur attitude, il n'est pas certain que l'on allait avoir un groupe de secondaire 5 l'an prochain. Il faut savoir que, pour bien de nos élèves, juste arriver à cette marche est l'objectif ultime car, en secondaire 5, il y a le Bal. Et le Bal ici, c'est une histoire vraiment de démesure qui implique toutes les familles élargies de chacun des élèves. Le gros truc avec les robes, les bagues, les séances de photos qui durent des heures, un gros décor, etc. Au point que réussir l'année et décrocher le diplôme vraiment est très secondaire pour nombre d'entre eux. 


Bref, depuis une semaine, on les sent dans l'eau chaude et on leur sert avec un plaisir tout à fait palpable une confrontation avec la réalité. 

Vu que j'ai le mandat de la direction de donner des notes qui reflètent leur capacité et leur manque d'investissement, je leur ai choisi pour l'examen un texte sur la «violence à l'école». C'est de niveau secondaire 4 tiré du même genre de méthode qu'on utilise ici. Bref, théoriquement, ils devraient s'en sortir. Je pressentais que le sujet allait être coriace pour eux, mais bon, à voir leurs visages, leur non-verbal, leurs mines déconcertées et leurs interactions à la fin de la séance, il était clair qu'il venait de comprendre qu'on n'allait pas leur la jouer facile. Comme d'habitude, je leur ai donné tous les éléments techniques à réviser, on est dans le texte argumentatif et évidemment, ils n'ont pas trop daigné se préparer, étudier ou poser des questions et les voilà dans la mouise.


En sortant de ma classe, je croise la prof d'anglais qui ne sait plus elle non plus quoi faire pour faire avancer ce groupe réfractaire et j'ai partagé mon petit plaisir de les avoir vu se confronter seuls un fois au réel niveau d'exigence du secondaire 4. Elle m'a appris qu'elle a fait exactement de même avec un examen de niveau sans concession. 


Après toutes nos patiences, nos invitations, notre soutien, notre abnégation dans la tâche de les aider continuellement à avancer, avec cette impression continuelle qu'on tient à bout de bras une situation à la limite de la décence en éducation en leur donnant des notes de passages la plupart du temps qui sont le fruits à 80 % de notre investissement, à les voir abuser de notre sollicitude avec une attitude ingrate complète, nous devons avouer que ce petit moment à les observer rencontrer juste un minimum de réalité scolaire nous procure un bien doux plaisir ! Faut être «maso» pour enseigner de nos jours des fois et, en ces moments de changement de position des rôles, on savoure probablement davantage le moment. J'aime bien la période d'examen finalement!


Bon, l'examen dure  3-4 séances, avec un volet écriture. Le plaisir risque de se prolonger!

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