Dans ce texte, je réagis à un commentaire de François Guité sur le blogue du Raeq.
On ne saurait nier que le cerveau est une machine extraordinaire qui se construit en faisant des relations. Évidemment, l’école tend à se concentrer sur le développement intellectuel, notamment en développement des langues et des mathématiques.
Je crois que le lien entre les talents en mathématiques et ceux musicaux est depuis longtemps répertorié.
Je crois que l’école s’occupe de plus en plus de permettre de répondre aux besoins divers en développement en offrant des programmes particuliers (sport-études, option théâtre, option en musique, option en art, etc.).
Est-ce à dire qu’il faut arrêter de faire les activités spécifiques et utiles qui développent le cerveau gauche à l’école et qui ont leur utilité dans la vie? Ou encore diminuer ce temps précieux d’apprentissage pour les arts?
Est-ce à dire qu’il faut faire faire des arts et de la musique encore plus? Ils me semblent que depuis longtemps, on fait faire du dessin, du chant aux enfants au primaire, de la peinture, de la gymnastique pour le corps et que les activités parascolaires stimulent ces côtés créatifs. Personnellement, j’enseigne le français et je continue mon petit cheminement amateur avec ma guitare, je bricole toujours avec plaisir quelques inventions loufoques et tente de réparer mes bagnoles pour le plaisir de me confronter à ses défis. L’école du cerveau gauche ne m’a jamais brimé en quoi que ce soit. S’il y a de quoi, je l’en remercie de s’être contenté de m’apprendre l’essentiel et de m’avoir laissé seul découvrir le reste. Si on m’avait obligé à faire de l’haltérophilie ou à jouer aux échecs, si on m’avait forcé à lire plus que ce qu’on me proposait, si on m’avait forcé à faire des montages électroniques, si on avait occupé tout mon esprit en exigeant des trucs compliqués de moi, en aurait-il resté pour mes besoins à moi, ma créativité à moi? Mon propre processus d’humain, qui peut se passer de la machine éducative… Néanmoins, ce que cette machine m’a donné m’a permis d’aller à la rencontre de très nombreuses réalités fascinantes.
Pour moi, l’école tue la créativité en voulant s’occuper de tout. J’ai appris la créativité en admirant des gens qui l’étaient autour de moi, pas dans un cours de découverte. La vie est une découverte qu’on peut à chaque instant utiliser pour se stimuler.
Ceci dit l’école m’a appris une chose importante : un lien corrélationnel entre deux phénomènes ne montre pas de causalité nécessairement, comme on ne peut pas dire que la présence de pompiers sur le lieu d’un incendie prouve que les pompiers en sont la cause… Bref, il est un peu exagéré de dire que les activités d’art ont des effets positifs sur le développement intellectuel sur la foi d’une étude préliminaire qui concluent : much of their research was of a preliminary nature, yielding several tight correlations but not definitive causal relationships.
Et qui ajoute : Although “there is still a lot of work to be done,” says Dr. Gazzaniga, the consortium’s research so far has clarified the way forward. “We now have further reasons to believe that training in the arts has positive benefits for more general cognitive mechanisms.”
Bref, ces bons chercheurs travaillent sur des hypothèses de recherche et n’en sont qu’au commencement. En passant, en fouillant un peu, aucune de ces recherches ne sont disponibles pour évaluer la méthodologie et les échantillonnages. Comme trop souvent, parions que les études préliminaires ont porté sur un échantillon d’étudiants du premier cycle universitaire. Et donc la pertinence d’application aux enfants en serait douteuse. Autre détail intrigant, sur trois spécialistes qu’on présente en fin d’article, en fouillant, aucun n’avait dans son cv universitaire d’études publiées touchant le domaine des arts : Postner est un spécialiste en attention sélective, Jonides s’intéresse à la mémoire à court terme et Dunbar s’intéresse au développement des hautes habiletés intellectuelles (raisonnement, habiletés scientifiques). Ils ne s’intéressent apparemment aux arts donc que depuis très récemment. Personnellement, je me méfie des œuvres d’organisation qui cherchent des mécènes comme la Dana fondation (The Dana Foundation is a private philanthropic organization with particular interests in neuroscience, immunology, and arts education.)
On a construit l’architecture de la réforme sur des groupes et des études tout aussi douteuses.
En conclusion, même si je ne renierai absolument pas l’importance des arts dans la formation de l’être, je suis tout à fait à l’aise avec la politique et l’analyse d’un Sarcozy qui veut recentrer l’école primaire de la France vers un objectif louable : obtenir que les jeunes y apprennent leur base en langue et en mathématiques, parce qu’une nation a besoin de gens rigoureux pour se développer. Rien n’empêchera les enfants de faire des arts aussi pour se développer. Si on ne profite pas de la marge précieuse d’apprentissage que constitue cet âge pour faire les acquisitions difficiles des bases intellectuelles, le cheminement scolaire est rudement compromis. A quand pour notre propre société, une analyse aussi perspicace.
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