En réponse à "Les élèves fortunés réussissent aussi en milieu défavorisé" qui fait sa propagande tordue...
Hé oui F.P. est Jo, Livinston!
M. Guité,
J’ai franchement du mal à suivre vos raisonnements. IL me semble qu’on apprend dans cette étude que les enfants, dont les parents sont issus de la classe moyenne et qui vont dans des écoles moins réputées, réussissent mieux que la moyenne dans des écoles à milieux défavorisés. On y apprend que ces enfants se mélangent moins aux autres. CE que je comprends du socio-constructivisme, c’est que c’est dans l’interaction avec les pairs en générant des conflits cognitifs qu’on permet l’apprentissage. Je ne vois pas comment s’applique le socio-constructivisme à votre situation. Évidemment, on parle d’effet culturel, ses enfants ont une autre ambiance parentale et un milieu de vie différent. On peut supposer des valeurs différentes face à l’école. Et une mentalité différente face à l’enjeu de faire des efforts. Ces parents suivent de près leur enfant et demande aux enseignants du soutien pour leur enfant. Ils draineraient vers leurs enfants l’attention des enseignants… Voilà ce qu’on apprend dans l’étude en question.
CE que je vois dans cette étude, c’est un effet de l’encadrement parental. Pas une validation du socio-constructivisme qui parle de la construction dans l’interaction sociale du sens et de la connaissance du monde.
On peut certes penser que les parents des jeunes quart-monde ont moins les outils pour revendiquer une attention à leur jeune. Et que l’influence culturelle joue en ce sens. Mon observation cependant me montre que beaucoup de nouveaux immigrants mettent de la pression sur leur enfant pour réussir. On le sent au travers de notre interaction avec les enfants. Mais on ne voit pas les parents. Mais bon le quart-monde est vaste et tout mettre dans le même panier peut nous induire en erreur. Bref, ce n’est pas sur ce sujet que porte l’étude, mais bien sur la fraction de la classe moyenne qui envoient leur enfant dans l’école locale plutôt que les écoles réputés.
Je rappellerai que la critique du sociocontructivisme n’est pas dans son évaluation de l’influence sociale dans la construction de la connaissance, mais bien dans sa méthode qui souvent ne présente aucun intérêt pour l’apprentissage de savoir qui ne s’y prête pas. C’est la généralisation du modèle socioconstructivisme qui surtout pose problème à bien des intervenants, car en nous plongeant dans l’impérative pédagogie de projet et dans l’interaction entre les pairs, le travail d’équipe, on gruge le temps de l’enseignement explicite, systématique et structuré des notions de base comme la connaissance du fonctionnement de la langue ou l’apprentissage des base du calcul. Je ne ridiculise pas socio-constructivisme, mais les fidèles qui lui vouent un culte. Quand le nécessaire pour faire ce travail adéquatement disparaît toujours plus de nos manuels scolaires qui s’égarent dans des activités ingérables, qui méprisent les bases réelles des jeunes, il y a de quoi s’inquiéter et s’indigner. Si on fait des manuels scolaires depuis si longtemps, c’Est que voyez-vous un enseignant n’est pas une machine qui peut travailler 100 heures par semaine. Nous avons besoin que la didactique soutiennent notre rôle qui est surtout d’animer les activités d’apprentissage. S’il faut penser à tout toujours, on ne dort plus, Monsieur.
Quant à la transformation de la langue, les linguistes nous montrent depuis longtemps l’influence de l’usage, du sociale sur les nouvelles normes. Influence sociale n’est pas le socio-constructivisme qui est une théorie cognitive qui montre que, dans certaines situations, l’interaction entre les pairs qui confrontent leur représentation du monde, crée les conditions d’un déséquilibre générateur de nouvelles perceptions. CE courant paraphrase un lieu commun : de la confrontation des idées naissent des idées nouvelles. On n’invente rien.
Ma principale critique du socio-constructivisme, c’est que son application à l’enfant est inadéquate. L’enfant est à construire ses premières représentations du monde, selon le développement normal de l’intelligence. Il passe d’une représentation concrète, peu complexe cognitivement, à des modes de représentation plus abstraits. Les représentations des enfants sont fragiles et souvent inconsistantes. L’enfant a besoin de modèles qui renforcent certaines représentations du monde. Pour développer l’organe de représentation, il faut l’exercer avec des représentations stables, pas avec une mouvance de représentations qui déséquilibre et stresse l’enfant, comme on veut le faire avec une exposition à des tâches complexes sans préparation adéquate.
On place l’enfant devant des enjeux de l’âge adulte, sans égard à son niveau de développement. On veut faire des écrivains depuis 30 ans avec des jeunes en développement au lieu de leur apprendre la base du langage écrit, sa grammaire. Avec la réforme, on atteint des sommets, on fait confronter 2-3 textes et réagir l’enfant. Je vous parle d’une évaluation de la méthode Rendez-vous de sec.1. qui propose la lecture de 10 pages de texte, dont 7 extraits avec une banque de questions visant à observer le style, et les procédés utilisés, de la reprise d’information quand un jeune connaît à peine ses pronoms en sec.1 parce qu’ on n’enseigne plus systématiquement et régulièrement par une reprise régulière au primaire des connaissances de base. Voilà le problème d’une philosophie socio-constructiviste, c’est l’aberration fonctionnelle dans laquelle elle nous plonge. Je dois complètement repenser une approche avec ces jeunes en difficultés ou en retard scolaire.
Mais évidemment placer le jeune devant des représentations stables demandent de notre part un engagement et des prises de position. Quoi enseigner? C’est notre influence et oui elle est biaisée, personnalisée, mais il faut assumer ce rôle sans quoi on prépare des gens instables pour leur avenir. Sans former avec lui ses représentations qui activent son appareil intellectuel, comment parviendra-t-il à se développer? Évidemment laisser à l’éducateur ce pouvoir, ce pouvoir d’enseigner certaines représentations du monde, est risqué pour le pouvoir.
Aussi, c’est pourquoi je crois qu’on nous propose de plonger les enfants dans le gouffre de la représentation autonome ou socialement construite en dévalorisant la fonction contrôlante de l’enseignant dans ce processus et qui restera inconsistante faute d’une certaine répétition. Pour certain apprentissage de base, comme la grammaire, mais aussi les tables, c’est un désastre d’enlever l’avantage d’un enseignement explicite, structuré, progressif au profit de trop nombreuses périodes de temps alloués à des projets cognitivement inaccessibles pour un enfant. Les acquisitions faites restent superficielles, on fait de l’enfant un bon perroquet d’idées qu’ils ne peut franchement analyser par lui-même. D’ailleurs on ne lui enseigne plus aucune méthode d’analyse simple comme l’analyse grammaticale le faisait. A mon sens, c’était fondamental dans l’acquisition de la faculté d’analyse en plus d’être un excellent outil d’intégration des connaissances des fait de langue.
On perd notre temps royalement. Ou au contraire, on vise à rendre nos jeunes incapables de faire autre chose que de suivre une opinion consensuelle, même stupide, portée par des leaders minables. On est loin des idéaux de faire des gens autonomes intellectuellement consistants qui feront évoluer notre société.
L’école doit déjouer les facteurs sociaux, pas les encenser. L’enseignant doit trouver le langage qui lui permet de communiquer son savoir à tous les enfants et à les mettre en action pour que ce savoir connaissent un apprentissage. Le rôle directeur de l’enseignant est crucial pour soutenir les acquisitions des jeunes peu importe la provenance des jeunes. Le rôle de l’école est d’amener son apport particulier, la transmission d’un bagages de connaissance et de méthodes qui permettent à l’humain de se développer, pas de rejouer ce que l’école de la vie apporte…
Encore là, le bon sens ne nous indique-t-il pas de former des groupes plus homogène pour adapter un enseignement adapté avec une économie de moyen et une efficacité accrue.
Évidemment, si tous les intervenants autour de l’enfant soutiennent l’importance de l’apprentissage scolaire, notre tâche s’en trouvera facilitée. Encore faut-il que l’enfant sente qu’il apprend quelque chose, qu’il progresse. Pour le moment, avec des méthodes sur le marché, qui trop souvent mettent la barre trop haute au plan cognitif pour nos enfants, qui nous obligent à consciencieusement adapter du matériel perpétuellement pour une classe hétérogène de 30 élèves, on a l’impression qu’on rame pour rien et pour peu…
D'un enseignant qui en a marre de la folie idéologique...
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