Ce matin, je m'installe avec mes enfants pour jouer à Malarky, un jeu qui sur l'emballage semble intéressant et le jeu propose qu'à partir de 10 ans, on peut y jouer. Mon plus jeune va avoir bientôt 10 ans, je me pose pas plus de questions. On essaye! Petit épisode qui me parle encore de mon dada actuel: l'éducation. Prêt Jo?
Bon, rapidement, je résume le jeu qui ressemble au jeu du dictionnaire: dans un banque de questions insolites sur des phénomèmes divers de la vie, on pige une question qu'un des participants lit sans voir la réponse. Puis, on attribue au hasard qui aura, à l'insu de tous, la question et sa réponse. Tous les autres joueurs ont le mandat de bluffer une réponse, celui qui a la vraie réponse en donnant la bonne réponse doit quand même faire comme si ça lui venait d'une zone particulièrement allumé de sa créativité. Bref, il doit éviter de lire.
Bon, on vote pour les meilleures réponses et des points sont attribués aux meilleurs bluffer, à ceux qui trouve la bonne réponse, etc.
Alors on lit la première question: pourquoi les enfants du tiers monde souffrant de malnutrition ont souvent un très gros ventre. On distribue les cahiers, je suis bluffer. BOn, je me concocte une histoire de bactéries qui prolifèrennt dans les ventres mal nourris! C'est d'ailleurs à moi de présenter, je bafouille un peu. Mais bon je m'en sors pas trop mal. Puis viens le tour de mon fils qui aura bientôt 10 ans. Il est là déjà le moton dans la gorge, les yeux humides au bord d'éclater. Je réalise que la tâche est franchement difficile. Moi, j'ai tout mon bagage et une relative aisance en langue, je m'en sors. Mais pour un jeune de 10 ans, ouille, je comprends le côté déconnecté. En fouillant, il avait la savante réponse: le fameux ventre est causé par un manque de protéines, caractéristiques des enfants nourris à base de riz. Le ventre est gros à cause d'une accumulation de liquide ou parce que le foie est anormalement gros.
Bon, même moi remettre tout ça dans mes mots en quelques minutes m'aurait demandé un certain effort...
Mon fils, qui a quelques peines à lire certains mots encore, n'a pas trop de conception de la biologie, les protéines ne doivent pas être une fréquentation régulière de son horizon et finalement recracher tout cela n'est pas une tâche des plus aisée.
On pourrait certainement s'exercer à faire ce jeu en se donnant un peu plus le temps de préparer nos réponses. Leur donner une forme écrite qu'on peut lire. Mais à l'évidence, si je peux me servir de mon bagage de connaissances pour organiser un bluff, je ne vois pas comment mon garçon y arrivera. Bref, je conclus: le jeu est plus un jeu d'adultes que d'enfants ou d'adolescents assez doués.
J'ai bien observé l'effet de mettre mon enfant dans une situation d'échec, devant une tâche tout à fait inaccessible.
Je relis les théories socio-constructivistes: on y parle de conflits cognitifs, que de la confrontation des points de vue va naître un conflit permettant à chacun de se faire une représentation nouvelle. Ou de la confrontation de nos connaissances antérieures à d'autres conceptions, on va développer le conflit et créer un déséquilibre et enfin un nouvelle conception enrichie, intégrante. Bon, voilà ce que j'en comprends pour le moment.
Ce qui me fascine, c'est que toujours les présentations sont très théoriques et je me demande toujours oui mais bon sang quel est le genre de connaissances qu'on passe dans ce genre de mise en situation. En grammaire, j'ai vraiment l'impression que de mettre nos conceptions antérieures sur la table et discuter entre pairs des heures ne va pas mener à une meilleure saisie de la grammaire. Non, le jeune a besoin d'un guide pour l'aider à se rappeler ce qu'il sait, rectifier des erreurs, puis consolider les connaissances antérieures, enfin passer aux notions nouvelles à apprendre, faire des observations, des exercices, exercer, répéter, réévoquer, y revenir régulièrement pour faire le sillon dans le disque dur quoi!
Je ne vois pas ce que le socio-constructivisme peut bien venir foutre d'intelligent là-dedans. Car on est dans un savoir méthodique basé sur une connaissance assez fixe que partage une tradition sur la compréhension de la langue et son fonctionnement. Il y a une norme à transmettre: pas une évolution cognitive.
ET si je vais plus loin, franchement, comment un enfant à part de répéter comme un perroquet ce que pense sa mère ou un prof peut-il bien produire un point de vue personnel, cognitivement élaboré j'entends. Enfin, même chez l'ado, la pensée est le plus souvent très primaire. Contredire l'autorité, dire comme les amis (culture ado) et encore répéter des points de vue adultes entendus sans trop comprendre. Bref, conflit cognitif de points de vue de jello, je crois pas que ça mène bien loin que le jello mélangé deux couleurs! Livingston, ça doit pas être mauvais!
Qu'on le fasse à l'occasion, mettre en scènes les idées de nos jeunes, pour se rendre comte de la vacuité ordinaire et courante de nombreux ados, pourquoi pas? Leur inexpérience normale de la vie pour juger de la valeur des idées ne sera pas comblé à l'école, mais à l'école de la vie. Ils sont justes encore immatures et en apprentissage, pas encore rendus au point d'assumer dans une vie des positions confrontables. Bon, il se pratique en faisant suer les adultes à coup d'arguments ballons vides tournés vers leur nombril, c'est déjà ça...
Pour moi, le socio-constructivisme doit émaner de la thérapie de groupe d'adultes qu'on a stupidement appliqué à la réalité des enfants. Le pire, c'est qu'un tas de connards répète ad nauseum cette stupidité en trouble d'objet d'application et qu'on impose un modèle pédagogique prévu pour la thérapie de groupe adulte!
Je dis peut-être une grosse énormité Jo! Mais bon à vue de bec, ce pourrait être vraisemblable. Une belle illusion de réalité! Oyez! oyez! Qu'on suscite un conflit cognitif! Je veux apprendre quelque chose! - Calme toi, Livinston! - Enfin, je vais mettre mon esprit limier sur l'affaire pour vérifier cette hypothèse.
Bref, j'en reviens à mon point, on veut faire de nos jeunes des spécialistes de Malarky avant de leur avoir donné une éducation, de la culture, des connaissances générales...
On a une grosse poutre à s'enlever de l'oeil Livingston! On est des gros méchants dominateurs qui veulent transmettre de la culture et des connaissances, Jo...
Livingston, on va manger une frite dis? Ouin Jo, une poubelle au plus vite!
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