Il y a deux semaines, j'ai fait le projet de faire pratiquer un résumé de 15 lignes à mes jeunes de 3e secondaire.
Le texte à résumer comptait 4 bonnes pages de texte: un chapitre de roman. J'envisage d'aborder avec eux un peu la manière de s'y prendre: segmenter le texte en ses parties importantes, repérer en surlignant les éléments essentiels du chapitre. Rédiger le résumé avec des phrases courtes et claires. Puis je prévois aussi rappeler les éléments du schéma narratif qu'on leur répète année après année et qui constitue, je dirais, la structure la plus simple pour saisir l'important de l'accessoire dans un texte narratif. Puis, bref, je leur pointe un texte où faire l'exercice.
Ben, ça n'a pas été de la tarte!
Pourtant, l'extrait d'une vingtaine de paragraphes n'était pas d'une complexité fabuleuse. Huit paragraphes présentent le contexte: un petit village dans les années 50 où on installe une patinoire municipale pour la première fois par un hiver mordant, puis un personnage féminin tente de faire apprendre à patiner son ami, un Français râleur, avec trois moments: avant, pendant, après. Assez simple quoi.
Ben, les filles, je n'ai que des filles dans ce groupe, n'avaient encore jamais fait de résumés. Bref, on a fini par lire le texte ensemble, faire les questions, puis j'ai dû passer en revue les 20 paragraphes avec elles pour en extraire les idées principales, discuter de ce qui était essentiel, de ce qui l'était moins et enfin, elles ont pu se mettre à écrire quelque chose qui ressemblait à un bon résumé. Puis, avec chacune, je dois prendre le 25 lignes débordantes qui ont été produites et discuter de ce qui pourrait être reformulé, des détails qui pourraient être coupés pour garder l'essentiel à une compréhension globale du chapitre.
Heille, toute une aventure!
Depuis le début de l'année, j'essaie souvent de faire extraire les idées principales des paragraphes à mes élèves de deuxième cycle dans des textes courants. Et, franchement, ce n'est pas une mince affaire. Dans les trois niveaux, ils s'accrochent à des détails, arrivent rarement à avoir une vue d'ensemble. Reformuler pour eux-mêmes la compréhension du paragraphe en un petit titre semble tenir d'une magie dont ils n'ont pas la science.
J'ai suggéré avant-hier à ma collègue du premier cycle de commencer un peu à les initier au résumé et j'ai trouvé intéressante sa réponse: «Je pense leur faire faire le résumé du livre qu'ils sont en train de lire». J'avais exactement le même projet cette étape-ci avec les miens.
Je lui ai expliqué toute la peine qu'a représenté ce petit 15 lignes et on a convenu que, peut-être, on assume trop souvent que nos élèves savent résumer. On se contente souvent en guise de stratégie de leur demander de résumer les chapitres par 2-3 phrases pour pouvoir en fin de parcours résumer l'ensemble. Bien, franchement, après mon expérience, je me demande si on prend vraiment au sérieux l'enseignement du résumé, si on mesure la complexité de l'acte de synthèse qui est requis dans ce genre de production devenue banale pour quiconque est passé par le cégep et l'université.
Enfin, je me propose à l'avenir de faire faire cet exercice plus souvent. Je considère la capacité de faire un bon résumé comme un outil assez important dans la suite des études d'un jeune. On a toujours plus tendance à leur faire produire des textes où ils doivent communiquer des informations en respectant une certaine structure, rarement on s'attache à développer au préalable l'extraction juste des informations qu'ils récoltent. On s'étonne après de voir de nombreuses informations importantes sur le sujet manquer dans les productions finales.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire