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dimanche 9 mars 2008

Foutu merdier ou défi palpitant?

Je n’ai pas fait grand’chose pour mon enseignement cette semaine. J’Ai bien essayé, mais je n’y suis pas arrivé! Je devais avoir besoin de me reposer et de réfléchir…J’ai passé du temps avec mes gars, je me suis battu et j’ai pas fini avec des tempêtes de neige, j’ai écrit des textes pour essayer de comprendre un peu la mare où s’enlise l’éducation.

J’aurais un livre à écrire. J’aurais bien des recherches à faire pour appuyer mes thèses. En fait, j’aimerais mieux continuer de travailler ce projet intellectuel, à mon sens utile, que d’aller sur le terrain dans les conditions invivables qu’on nous donne pour faire le travail.

Je ne veux pas me plaindre, mais bon avoir deux niveaux en enseignement du français, c’est trop. Dans l’école où je suis, c’est la norme. On économise un prof ici et là en donnant à presque tout le monde des 26 périodes. IL y a une prof de français qui en a 28, je ne sais pas si c’est parce qu’elle est Black, mais c’est elle qui l’a! Elle est bien sympa. Mais elle n’est pas du genre à manifester! Elle a, elle aussi, 2 niveaux : 3 et 4. La plupart des profs n’ont pas d’enfants…

Bon, l’équipe en sec.3 semble plus réaliste, ils ont du meilleur matériel à ce qu’on dit. Ben, moi avec mon 1 et mon 4, pas de mathos bien intelligent. Mon équipe en 4 comporte des vendues à la réforme et à la nouvelle grammaire, qui ont une conception très particulière du travail d’équipe, c’est-à-dire directive. L’équipe est jeune évidemment et en pouvoir par-dessus le marché. Ben oui, les élèves sont bien meilleurs en syntaxe! m’a dit la responsable de français de l’école. Je sais pas moi pour ce que je vois de mes jeunes de sec. 4, pas mal d’entre eux font des fautes énormes. En secondaire 1, plusieurs ne mettent même pas de majuscules et de points. Mais le pire, c’est qu’à part la comparaison avec le langage parlé, les jeunes n’ont aucun système de références internes pour questionner leurs phrases. Ce qui reste de ce qu’on leur a enseigné est trop lacunaire et fragile. En secondaire 4, vu le moment où j’arrive dans l’année, je n’ai pas le temps d’installer quoi que ce soit d’utile. Mes tentatives d’enseigner l’analyse logique sont pratiquement vaines. Et l’impératif de produire un texte argumentatif sous peu prend l’essentiel du temps. Il a fallu montrer longtemps ce que c’est.

En sec.1, ben, ben fines les filles, mais ce sont elles qui ont donné un 10 pages à lire en évaluation. Bref, on ne partage pas les mêmes vues. Elles appliquent et finalement constatent le désastre pour l’éponger en partie, comme c’est la manière de faire de nos jours. J’ai comme un bug dans cette approche. C’est à mon sens la dérive des 30 dernières années : monter sans cesse les exigences au niveau cognitif en réponse à la sous-performance des jeunes selon la bonne vieille conception : si on exige plus, ils donneront plus. Cependant, on éponge les mauvais résultats, ce qui biaise toute l’affaire. On voit où mène cette approche : à certains résultats navrants…

Exigeons bien oui, mais ce qui est à leur portée : des apprentissages de base. Systématisons une didactique de la phrase. Une maîtrise de la grammaire de base. L’orthographe. Pour la composition, allons-y dans le simple au début (les classiques : raconte ce que tu as fait pendant tes vacances, etc.) et peut-être qu’à la fin du secondaire, on pourra les lancer sur des productions plus organisées, mais ils partiront avec une base solide. Là, on ré-enseigne sujet amené, posé, divisé et les jeunes te disent qu’ils ont vu ça, mais ils ne le maîtrisent pas plus… comme le reste d’ailleurs…

En sec. 1, j’ai décidé de faire bande à part. Jusqu’à maintenant, on me laisse tranquille. J’ai l’air de me débrouiller avec un groupe assez difficile. Et de fait, la relation commence à être bonne. J’enseigne de l’analyse grammaticale, je veux travailler la conjugaison, je fais faire de petits textes, je fabrique des questionnaires avec des questions de repérage pour les lectures. Je crois que je vais stimuler la lecture de bandes dessinées. Au moins, ils vont tous un peu lire…

Bref, je suis un peu morose à la veille de reprendre le boulot. La fin d’étape de mi-avril risque d’être difficile à atteindre en un morceau avec une production écrite en formatif (bon, évalué vite tout de même), une en sommatif à corriger à fond, puis une compréhension de texte à corriger et un bulletin à produire. Tout cela en continuant d’animer le parquet. Je ne parlais que de mes groupes de sec.4. J’ai un groupe pour un super orthopédagogue en sec.1 à aussi soutenir et évaluer…

Et je vais avoir 40 ans le dernier jour pour entrer les notes. Beau cadeau!
Je vieillis bref et depuis mon burnout d’il y a dix ans, ma marge énergétique est limitée et je dois la gérer avec attention et respect. J’ai beaucoup de mal à le faire dans ces conditions extrêmes.

J’en viens à souhaiter que la prof que je remplace revienne en fin mars, moment où sa prescription médicale de repos sera réévaluée.

Bon faut me ressaisir!

Faut voir le truc comme une ballade reposante dans la nature. Non, c'est con! Comme un défi palpitant pour le superprof que je suis... Guère mieux mais l’image des galères me rend dépressif!

1 commentaire:

Le professeur masqué a dit…

Goéland, j'ai trois niveaux, mais heureusement ce sont des élèves assez performants. Comme tu l'écris, on ne cesse de surstimer les profs de français ou de sous-estimer leuir tâche.

Aujourd'hui, je prends congé à mes frais pour corriger. Tu ne peux pas toujours rentrer le soir et te taper deux heures de correction quand la journée a été merdique.