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vendredi 4 décembre 2009

Ironie et décadence, ces décades où on danse, les décatis du caporal, les décapés du capital

Réponse à un commentaire chez Missmath dont je n'encombre pas le site de mes observations et réflexions...

Frankie,

Je crois voir de l'ironie.

Je n'ai pas de solutions au bordel ambiant. J'ai remarqué néanmoins que les trop nombreuses distractions et le laisser-être et s'exprimer des enfants d'aujourd'hui les disposent très peu à adopter le calme nécessaire à de nombreux apprentissages scolaires. L'éparpillement dans des activités d'apprentissage mal coordonnées ne me semblent absolument pas aider dans  l'acquisition effective des savoirs à enseigner.

Je ne crois pas que les solutions proposées par l'aventure de la réforme n'améliore la situation.

Je me rappelle seulement que pour avoir  eu des enseignantes religieuses peut-être défroquées dans ma jeunesse encore en fonction dans les années 70 pendant mon primaire que leur art avait un certain impact: on apprenait. Leurs activités un peu routinières ont laissé des marques dans ma mémoire, on ne leur balançait pas à la figure un «c'est plate» pour se croiser les bras. Ça ne se faisait pas dans ce temps-là... Et on ne nous martyrisait pourtant pas du tout. Il n'y avait pas tous ces gadgets et néanmoins on apprenait.

Je me rappelle aussi que les maths ne se contextualisaient pas systématiquement avant le programme de 94. On passait de séries en séries toujours plus complexes. On nous plongeait occasionnellement dans des problèmes à résoudre.

J'ai compris le monde plus tard et appliqué mes connaissances de maths bien solides en moi. Là, les nombreuses fois où j'ai enseigné des maths, j'ai passé beaucoup de temps à expliquer le monde des adultes à des enfants pour qu'ils puissent comprendre les problèmes. Le profit, les rabais, les taxes, les emprunts, l'hypothèque, des calculs de salaire... On n'apprenait pas tout ça dans mon enfance, on ne nous faisait pas gérer des résolutions de problèmes en 4-5 ou 6 étapes en 4e année, mais en 4e, on savait par coeur nos tables. On savait trouver les facteurs d'un nombre pour l'avoir tellement répétés en fin de primaire. Quand tu te pointais devant les défis de factorisations en algèbre, quelques années plus tard, t'étais équipé pour les résoudre et trouver du plaisir à ces jeux d'essais intuitifs, de solutions à tester. L'autre jour, la collègue m'a sorti deux problèmes salés de factorisation, je me souvenais comment faire... 25 ans plus tard... 5 minutes avant dîner et 10 minutes après et mes gribouillis et mes solutions étaient là. La collègue a passé une bonne heure et l'enseigne! Combien de nos jeunes résolvent ce genre de problèmes de nos jours?

Bon, la conclusion de ce que je développe dans mon dernier billet est une sorte de boutade. Je suis loin de vouloir revenir à la religiosité autoritaire de ces époques.

Je souhaiterais néanmoins un peu plus de solidarité du monde adulte dans l'encadrement des jeunes qui ont besoin qu'on les éduque pour développer le sentiment d'être capable et devenir des adultes consistants au final. Je souhaiterais un peu plus de consistance aussi dans nos stratégies communes d'éducation.

Nous avons aussi comme collectivité besoin d'éléments outillés intellectuellement pour répondre adéquatement aux exigences des besoins de compétences dans différents domaines.

Quand faire réussir est le mot d'ordre général et que l'objectif s'atteint (encore là, même pas selon les chiffres) en diluant les critères d'évaluation dans une soupe incompréhensible et en diluant la consistance des formations élémentaires et secondaires dans une sorte d'animation-garderie-spectacle qui a un impact assez discutable, je crois qu'on perd le sens de ce qu'on veut faire.

Pour moi, il importerait davantage de viser une scolarisation effective et réel de 50 % de la population, que de grossir les trous du tamis pour faire joli et se retrouver avec des générations d'alnalphabètes fonctionnels.

Parce que franchement, avec le peu de maîtrise des enseignements de base partout corroborés par l'observation dans différents milieux des générations montantes, on se demande comment on trouvera la compétence, celle des professionnels, dans quelques années.

En lisant les nouvelles ces derniers jours, je remarque que l'on parle de reconnaître plus facilement la formation des immigrants dans de nombreux domaines professionnels qu'on semble avoir besoin à la pelle. Je demande franchement pourquoi on a tant besoin d'étranger pour faire fonctionner notre société. On n'arrive plus à développer par nous-mêmes les compétences ou quoi?

Comme société, cette mollesse décadente partout visible ces dernières années a de quoi nous interpeler...

Et pis je note aussi que peu de gens du milieu observent, réfléchissent et partagent leur réflexions et leur questionnement. Beaucoup font de l'ironie et répète comme des perroquets des arguments fabriqués relayés dans un style témoin de Jéhovah qui a tout compris, mais qui pédale à s'expliquer quand tu oses leur poser une ou deux questions non prévues par le bréviaire...

1 commentaire:

Frankie a dit…

Merci bien de cette réponse.

Soit dit en passant, il y’avait peut-être une touche d’humour dans mon bref message sur le blogue de Missmath, mais il y’avait surtout un fond de sincérité. Étant chrétien moi-même, je peux témoigner très positivement de mes cinq années dans une école privée secondaire où certains religieux pratiquaient encore l’enseignement.

J’aime bien le parallèle que tu fais entre l’époque des sœurs et frères enseignants et celle d’aujourd’hui. Il est vrai que leur grande force (autrefois) a été d’aider les jeunes à développer leur intuition. Ce n’est pas pour rien que parmi les boomers et les X, on retrouve beaucoup d’entrepreneurs qui ont eu du flair pour démarrer et vivre de leurs propres entreprises.

Dans mon cas personnel, c’est certain qu’avoir de l’intuition ne fait jamais trop mal, mais comme je suis électronicien de profession, disons qu’il m’a fallu bien développer mon côté méthodique, pour ne pas dire algorithmique. Concevoir une machine à états (automate) fait appel à de l’analyse et de la synthèse, tout comme lorsqu’on mon prof de maths, à l’université, nous demandait de calculer un lagrangien à deux variables …

Donc, sans être enseignant et sans savoir tous les rouages de la réforme, je crois sincèrement qu’un retour en arrière sur les méthodes d’apprentissage ne ferait pas de mal, et s’assurer de faire la balance entre le développement de l’intuition et de l’algorithmique.

Je termine sur l’option d’accueillir un paquet d’immigrants pour combler les postes d’une future pénurie. Je ne crois pas que ce soit une bonne solution. Au contraire, je miserais sur les gens déjà ici, en corrigeant le tir au niveau éducatif, spécialement les néo-Québécois, dont certaines communautés ont plus de 30% d’assistés sociaux …