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samedi 21 novembre 2009

C'est la faute à Microsoft!

Cette semaine, j'observais le Powerpoint brillamment organisé de la collègue qui fait des cours à distance dans une maîtrise en éducation. C'était très joli et attrayant... En même temps, les concepts qu'elle mettait en scène, je les reconnaissais trop. C'était les beaux concepts abstraits de notre cher programme de formation de l'école québécoise avec ses visées contre lesquels on ne s'opposer et ses compétences transversales.

On en parle ensemble depuis un moment de ce programme. Et curieusement, à force de mettre autant d'énergie à présenter ses concepts, je sens bien qu'elle commence à les prendre au sérieux.

Combien de Powerpoint, de jolies bulles de couleurs et de jolies flèches bleues en courbes, qui présentent des concepts abstraits difficiles à bien définir,  nous ont ainsi illusionnés? Clic, clic, clic, la magie des présentations tape-à-l'oeil nous éblouit. Y met-on de la perspective? Confronte-t-on ces beaux concepts à d'autres concepts pour réfléchir à la valeur de ces derniers. Non. Jamais. Non, il s'agit de mettre en scène, de remettre une fois de plus en scène, devrais-je dire, l'illusion de cohérence qui suscite l'adhésion, d'estomper, de ne pas brusquer le destinataire, de le contenter dans sa sphère qui veut se faire divertir, qui ne veut pas se déséquilibrer. Powerpoint est un outil de rhétorique puissant quand on sait s'en servir... Avec la version 2007 et l'univers raffiné de Windows Vista, le résultat est subjuguant...

Faire un Powerpoint demande beaucoup de temps.  On en vient à donner de la valeur à  ce qu'on investit autant.

Or, en éducation, pour moi, ce qui compte ce n'est pas l'abstraction et le fait d'y croire, c'est comment opérationnaliser tout ça concrètement... C'est, d'une part,  mettre ces concepts théoriques au front de la validation par l'expérience.  Et d'autre part, de faire la confrontation de ces beaux concepts avec ceux de d'autres horizons théoriques et de recherches... Et là, c'est une toute autre histoire!

Par exemple, quand on met les objectifs et les concepts du programme de formation en relation avec ce qu'on sait du développement des enfants dans l'univers de la psychologie du développement, disons qu'on a de quoi se poser quelques questions... Quand je repense à mes cours de psychologie de l'apprentissage qui mettaient beaucoup d'accent sur l'éthologie, le comportement animal, et la biologie du cerveau, je me demande où est la compréhension profonde de l'humain qui apprend dans ce tas d'énoncés spectaculaires que le powerpoint de la collègue défile.

Quand jamais on ne valide l'applicabilité d'un programme de formation, en allant sur le terrain voir ce que l'on obtient comme résultat concret ou en observant comment même on arrive à mettre en scène ces concepts «prise de tête», quand jamais on ne confronte le construit théorique, on vire en rond dans sa tour d'ivoire avec une impression de vérité... C'est une faiblesse de l'univers de l'éducation, il n'y a pas de traditions de recherche bien sérieuses dans sa courte histoire et, pour la plupart des gens de pouvoir, les poseurs de question, les chercheurs donc, sont des emmerdeurs...

L'occasion de faire une maîtrise en éducation pourtant est là, juste derrière l'écran de la collègue: en interaction réflexive avec ses élèves; en observant, en se posant des questions, en suivant son intuition, en expérimentant, en partageant ses observations avec d'autres collègues, pas dans des Powerpoints tape-à-l'oeil...

Et si j'avais à lui suggérer un contre-point théorique pour penser sa pratique, ce ne serait pas en sciences de l'éducation qui met trop, à mon sens, d'énergie à former des faiseurs de powerpoints ou à nous vendre le programme des copains MELSeux, mais bien dans un département de psychologie qui s'intéresse à l'ensemble du fonctionnement d'un être humain. On s'intéresse là à l'intelligence, au développement, à l'apprentissage, à la motivation, en plus d'y recevoir une solide formation scientifique... Je ne peux pas en dire autant de ce que j'ai vu dans les départements de sciences de l'éducation et de ce qui émane de leur cours...

Mais bon, comprendre la réalité et la penser n'est pas, je le comprends et même de plus en plus l'accepte (je fais avec), son objectif. Non, c'est un diplôme et son grade avec, comme ils disent, tous les droits, honneurs et privilègent qui s'y rattachent!

Voilà pourquoi elle prendra 3 cours la session prochaine, même si elle est déjà débordée avec 2 ce trimestre et que je la trouve souvent peu investie dans notre travail ici qui n'est pourtant pas sans défis stimulants à relever.... Comme on dit, chacun ses priorités!

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