Je reçois ce matin un commentaire d'une dame que j'ai appelé Modame Chose sur ce blogue.
Ma réponse était trop longue pour la fênetre des commentaires. Ce texte traitait de la problématique du plagiat qui selon elle est explicable parce que les ordres du primaire et du secondaire ne sensibilisent pas suffisamment les jeunes aux droits d'auteur et n'enseignent pas suffisamment les habiletés de référencements.
Je trouve cette perspective fort limitée pour ne pas dire gnagnan. Je vous préviens ce billet n'est pas le moins long ni le plus «polytically correct» de ma carrière d'oiseau de malheur!
De toute façon, voilà une autre belle occasion de reparler du drame en éducation qui sévit de nos jours où une bande de gens déconnectés et flyant dans les grands principes éducatifs qui n'ont aucun fondement sinon que des textes d'universitaires dont l'expérience de leur auteur tient à l'observation de jeunes adultes a pris le contrôle de la machine éducative. Ils auraient tous avantage à aller faire un élevage d'animaux ou un cours de dressage ou d'aller enseigner à des enfants pour saisir la psychologie de l'apprentissage. Le milieu des élèves en trouble d'apprentissage est aussi des plus formateur, car on ne peut pas errer avec eux. Mais bon, je ne crois pas qu'ils veulent descendre de leur confortable position pour aller vraiment patauger dans les sous-bassements du fonctionnement réel des humains. Leur colloque, leur TIC miraculeux, leur congrès, leur table de concertation, leur pédangogisme leur va trop bien et les payes qui viennent avec aussi pour remettre en question tout ça.
Un des premiers principes évident et observable de l'apprentissage est que l'adulte qui se met en relation active avec un jeune devient rapidement pour lui un leader référence auquel ce jeune veut démontrer sa capacité, il veut lui plaire. On n'a pas inventé le mot maître pour rien. C'est fondé dans une certaine réalité des choses... Ensuite, que pour intégrer une connaissance, il faut la pratiquer, la répéter platement longtemps, et parfois comprendre bien plus tard ce qu'on fait et trouver son sens dans ce qu'elle nous a permis de développer. Faut avoir la confiance et l'admiration de l'adulte qui nous oblige à cet effort. Enfin, il faut bien sur que l'apprenant soit vraiment instruit par une rétroaction réelle de ses progrès. Cela le renforce dans son sentiment de compétence.
Or, ces gens, depuis des années, font le déni de cette réalité, de ces trois principes, de trois façons. D'abord, ils ont fait en sortent de détruire le statut du prof en le confinant dans un rôle d'accompagnateur dans la foulée d'idées inappropriée à la tâche.
Avec le socio-construictivisme - qui est une vision émanant des sciences sociales de la construction des perceptions ou interprétations sociales propice à la sphère du politique et, on en conviendra, à l'adulte capable d'autonomie de pensée -, l'éducation est entrée dans le monde des apparences et il est perdu depuis.
Ensuite, ces gens ont installé un travers propre à l'analyse intellectuel universitaire qui est l'exhaustivité de la démarche. Or, chez un jeune apprenant, l'exhaustivité est plutôt propice à court-circuiter sa capacité de gérer l'apprentissage. J'ai dû justement réapprendre à simplifier quand j'ai travaillé avec des jeunes en difficultés d'apprentissage. On m'a supervisé et aidé dans cette tâche. Je n'ai jamais autant appris sur l'apprentisage que durant ces mois. Avec l'exhaustivité des informations, on veut éviter ainsi qu'il fasse des erreurs en n'ayant pas été informé de tout pour bien mener son activité en oubliant que le processus de la plupart des matières de bases est constructif et qu'on peut le potentialiser par une démarche qu'on dit circulaire où l'on intègrera au fur et à mesure les détails de plus en plus raffinés à tenir compte dans l'acquisition d'une compétence. Ce processus progressif doit tenir compte de la maturation intellectuelle de l'apprenant qui franchit par pallier des sauts intellectuelles lui permettant d'acquérir des habiletés toujours plus complexes. Piaget (intelligence) et Kolberg (moralité de l'enfant) avait pourtant pratiquement tout dit sur ces évidences que chacun peut observer dans le quotidien de l'enseignement aux jeunes si on a bien sûr appris à voir ce processus sur lequel ils avaient attirés notre attention.
Non, nous sommes à l'ère des contextes signifiants et de la résolution de problèmes sans avoir pris la peine de faire développer suffisamment les sous-habiletés qui en permettent l'appropriation. Contamment, on place le jeune dans des contextes qui lui sont pourtant faussement significatifs. On ne peut être poète accompli, écrivain, journaliste, analyste de l'actualité, vulgarisateur scientifique, historien, grammairien linguiste, etc. sans avoir franchi un certain nombre de pré-requis intellectuels nécessaires. Et pourtant, on nous encourage à faire comme si cela était possible dans nos manuels scolaires et cette pédagogie de projet. Cette exhaustivité significative est proprement improductive et démobilisante au final. Elle provoque une inflation de la personnalité intellectuelle immature des jeunes et créent en bout de ligne l'incompétence, la dévalorisation alors qu'on voulait créer l'estime de soi.
Enfin, le pendant de l'exhaustivité qui évite l'erreur, la dernière mitraille en règle de la psychologie de l'apprentissage par ses gens aveugles, est la tendance à rendre impossible notre capacité de donner des rétroactions réelles et «guidantes» à nos jeunes en nous enfermant dans un système d'évaluation qui interdit de donner de la valeur aux rétroactions quotidiennes qui suivraient au jour le jour la progression réelle de l'atteinte des objectifs intermédiaires de l'apprentissage au profit d'évaluation de tâches complexes inatteignables dont les critères brumeux font l'objet de discussions sans fin dans les milieux de l'éducation.
Enfin, ces gens vont sur la place publique nous édifier de leurs réflexions. Parfois, je perds patience.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire